A la faveur de la construction d'un barrage aux abords d'un village condamné par le nouvel édifice, le destin d'un homme au passé trouble entre en résonance avec celui d'une petite communauté isolée en pleine montagne. Dans des paysages dont la splendeur contraste avec la violence fruste des moeurs, un combat tellurique et intimiste à la fois.
Dans un village isolé entre mer et montagne, une petite communauté tente d'échapper à la misère en entretenant d'étranges coutumes. Isaku n'a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg au-delà de la montagne. Devenu d'emblée chef de famille, Isaku se voit attribuer une responsabilité dont il ne peut imaginer les conséquences. Une tempête s'annonçant cette nuit-là, d'immenses feux sont allumés sur la plage. Chargé de surveiller ce rite ancestral, Isaku va assister à l'arrivée d'un navire qui, ayant repéré les feux depuis le large, s'approche de la plage pour échapper au naufrage. Mais une barre rocheuse déchire la mer aux abords du village, et le piège se referme sur ce bateau qui, sous les yeux horrifiés de l'enfant, sombre en offrant à la communauté sa précieuse cargaison.
A travers ce récit envoûtant et cruel, Akira Yoshimura évoque la violence presque primitive d'une communauté villageoise totalement isolée dans un Japon hors du temps. S'appuyant sur le cycle des saisons, il décrit les conséquences de cet enfermement sur le destin d'un enfant dont la naïveté ne peut engendrer la révolte ni quelque autre forme de jugement face à la misère.
Akira Yoshimura fait ici le récit de l'effroyable tremblement de terre qui, en 1923, a détruit Tokyo et toute sa région. Au récit très documenté de la catastrophe, à la description presque clinique de l'horreur et de ses conséquences, l'auteur ajoute avec subtilité l'histoire de deux sismologues en rivalité sur les prévisions, l'origine et les conséquences de cet épisode terrifiant.
En 1945, Takuya est affecté au bureau d'information des forces armées japonaises. Le 15 août, jour de la reddition du Japon, l'ordre est donné de tuer les prisonniers américains, Takuya se porte volontaire. Quelques semaines plus tard, il apprend sa condamnation à mort pour crimes de guerre. Commence pour lui une longue errance, et un voyage inutile durant lequel il tente d'échapper à sa mémoire.
Elle a seize ans, elle vient de mourir. Allongée sur un tatami, elle voit deux hommes arriver et offrir de l'argent à ses parents. Par-delà la mort, elle observe alors ce qu'il advient de son corps vendu à la science. Eichi et Sone se retrouvent par hasard. Voisins dans l'enfance, ils vivaient près d'un cimetière ouvert à tout vent, un fantastique terrain de jeux où ils faisaient parfois de terrifiantes découvertes. Mais Sone a déménagé à la mort de son père et personne n'a su ce qu'il était devenu... Deux magnifiques récits à travers lesquels Yoshimura fait preuve d'une remarquable modernité d'écriture. Pour aborder le thème de la mort sans jamais se laisser gagner par le sinistre ou le morbide, il atteint une pureté de style dont la sonorité cristalline fait écho à l'étrangeté de son univers.
Un condamné à perpétuité est libéré pour bonne conduite après plus de quinze ans de prison. Il tente de se réadapter à la vie mais, par hasard et malgré sa bonne volonté, ses pulsions le rattrapent.
Kikutani vient de passer plus de quinze ans en prison quand il est libéré pour bonne conduite selon le principe de la libération conditionnelle. Comme l'exige la loi, il est mis sous la protection d'un tuteur qui va le suivre dans ses premiers mois de réadaptation à la vie normale.
Inquiet, logiquement perturbé et angoissé par sa nouvelle situation, Kikutani ne parvient pas à reprendre son autonomie, d'autant plus qu'il s'était parfaitement adapté à la prison. Incapable de s'éloigner du foyer de réinsertion, il loue un studio à quelques rues de là, trouve un emploi grâce au soutien de l'institution post-carcérale et se compose peu à peu un quotidien acceptable.
Mais, alors que son comportement est en tout point exemplaire, son tuteur lui propose de se remarier. Et soudain tout bascule.
Dans un style épuré, Liberté conditionnelle entraîne son lecteur au coeur de la dérive névrotique d'un homme détruit, incapable malgré beaucoup d'efforts et de soumission d'échapper à ses pulsions et de reprendre son destin en main.
Des nouvelles élégiaques, où le passé se mêle au présent, qui mettent en valeur l'écriture délicate de ce grand écrivain. Le Japon d'aujourd'hui mais aussi celui d'hier, alors que reviennent les souvenirs sur les rives d'un fleuve, dans les rues de Tokyo ou sur le chemin du Mont Fuji.
Un homme rêve de pouvoir préserver le corps humain au-delà de la mort tel un fossile brillant comme du mica. Quelques jeunes gens ayant perdu le goût de vivre décident de faire un ultime voyage vers les étoiles, de s'élancer ensemble tels des oiseaux du haut de la falaise dans le grand bleu de la mer.
Composées entre 1953 et 1964, ces quatre histoires terribles où il est question d'amour et de pauvreté mettent en scène des enfants pris dans la tourmente des années 1950 au Japon, dans un pays vaincu, misérable, occupé par les puissances occidentales. Quatre nouvelles magnifiques qui constituent à elles seules les fondements de l'oeuvre de cet immense écrivain mort en 2006.
Un homme vient d'épouser une toute jeune femme mais celle-ci se dérobe à ses caresses, apparemment hantée par de terribles songes qui habitent ses nuits et ne lui laissent aucun répit. En proie à de nombreux malaises, elle révèle finalement à son époux qu'elle attend un enfant. Telle une statue de plâtre la jeune femme passe de longues heures immobile face à cet homme qui l'observe en silence, qui scrute son moindre souffle, son moindre battement de cil, la moindre arrête de son corps maigre. A la naissance de l'enfant qui n'est pas le sien, l'homme sait la violence dont il est le fruit mais l'accueille sans rien dire en espérant qu'ensemble, ils oublieront.
Jiro, un garçon de seize ans un peu attardé fait, depuis la mort de son père, une fixation sur les funérailles. Il connaît si parfaitement les coutumes locales concernant la veillée et l'inhumation au cimetière bouddhique que les gens ont pris l'habitude d'avoir recours à ses services contre menue monnaie. Sa silhouette en queue de cortège, une houe sur l'épaule, est devenue familière. Lors d'une cérémonie, Jiro se lie d'amitié avec une enfant visiblement pauvre et qui porte sur son dos un bébé si maigre qu'il semble inanimé.
Kiyota et sa petite soeur Hisae s'introduisent de nuit dans les écuries d'un centre de recherches produisant des sérums contre les morsures de serpents. Les deux enfants viennent libérer un cheval promis à la mort le lendemain matin. Ils ont en effet compris que leur père adoptif, employé dans ce centre, va agir : ils l'ont vu administrer aux chevaux de terribles tortures. Dans l'obscurité, les gamins conduisent l'animal aux portes de la ville, marchent en silence au-delà des lumières, s'enfoncent loin dans la campagne et finissent par se cacher dans un cimetière où ils se reposent enfin. Mais au matin, l'animal se cabre et reprend le chemin de l'écurie, entraînant à sa suite la petite qui, pas plus que lui, ne supporte la faim qui lui vrille les entrailles.
Composées entre 1953 et 1964, ces quatre histoires terribles où il est question d'amour et de pauvreté mettent en scène des enfants pris dans la tourmente des années 1950 au Japon, dans un pays vaincu, misérable, occupé par les puissances occidentales. Quatre nouvelles magnifiques qui constituent à elles seules les fondements de l'oeuvre de cet immense écrivain mort en 2006.
Elle a seize ans, elle vient de mourir.
Allongée sur un tatami, elle voit deux hommes arriver et, contre son corps, offrir de l'argent à ses parents. dans une grande voiture noire, les deux messieurs déposent son cercueil. a travers les parois, elle voit sa mère s'éloigner, sa ruelle sordide, les passants, le ciel, puis plus tard le porche de l'hôpital. lentement le long véhicule contourne le bâtiment et entre, discrètement, par-derrière. eichi et sone se retrouvent par hasard.
Voisins dans l'enfance, ils vivaient près d'un cimetière ouvert à tout vent, un fantastique terrain de jeux oú ces gamins faisaient parfois de terrifiantes découvertes. mais, à la mort de son père, sone a déménagé et personne n'a su ce qu'il était devenu, ce que le deuil avait fait de lui. deux magnifiques récits à travers lesquels yoshimura fait preuve d'une remarquable modernité d'écriture. pour aborder le thème de la mort sans jamais se laisser gagner par le sinistre et le morbide, il atteint une pureté de langage telle que sa sonorité cristalline fait écho à l'étrangeté de son univers.
Dans les dédales d'un hôpital, un homme prélève des spécimens osseux sur les cadavres. Enfant, il observait déjà son beau-père qui, après les tremblements de terre, rôdait dans les décombres. La nuit, il sculptait en secret d'inquiétantes miniatures... Un jeune homme en partance pour l'université s'assied sur un banc. Dès lors il ne vivra plus jamais ce à quoi il était destiné. Un autre le rejoint bientôt et peu à peu l'entraîne vers l'univers du renoncement, celui de l'abandon. Ensemble, ils vont quitter Tokyo, suivre une route lointaine, atteindre la montagne et s'élancer enfin du haut de la falaise dans le grand bleu de la mer. A travers ces récits, Akira Yoshimura nous entraîne aux confins du monde. Mais la poésie de son écriture est d'une telle beauté que seule s'impose dans nos mémoires l'envoûtante singularité de son imaginaire.
Un homme étrange s'engage au sein d'une équipe chargée de construire un barrage en hatue montagne. Perdu dans la brume, tout au fond d'une vallée mal connue, se révèlent les contours d'un hameau, mais les travaux ne sont pas remis en question par cette découverte: le village sera englouti sous les eaux.
Au cours de ce terrible chantier, le destin de cet homme entre en résonance avec celui de la petite communauté condamnée à l'exil. A la veille du départ aui leur est imposé, il observe les premières silhouettes alignées sur le sentier escarpé. Elles sont innombrables et portent sur leur dos un singulier fardeau.
Des images de toute beauté, inoubliables.