" Ça commence par une photographie.
Mon histoire. C'est un jour d'hiver, ils portent tous deux un manteau, ils se trouvent sur un promontoire. Ils sont enlacés, la tête de ma mère contre le cou de mon père, Ivan Alejandro, et lui serre son épaule avec son bras, sa main. Ils sourient. Ils sont heureux. Radieux. Ça saute aux yeux. Je suis né de cette photographie. C'était le temps de la Splendeur des Amberson. Ils s'étaient rencontrés quelques mois auparavant à une réception du consulat de France à Los Angeles.
Et maintenant, ils vivaient en France, mariés, amoureux. Il y a trop d'amour dans cette photo. Trop de promesses de bonheur. Je ne peux pas les voir. Pas les voir ainsi, quand on pense à tout ce qui s'est passé après. Elle fait trop mal, cette image, cette icône. "
Une jeune artiste, Elaine, est proche du désespoir. Amoureux d'elle, Lucien va tout faire pour la sauver, avec un objectif : qu'elle peigne de nouveau. Il en est sûr, c'est la condition sine qua non à son rétablissement et à la réalisation de leurs projets communs et de leurs rêves. Mais lui aussi va devoir lutter contre son passé, ses failles, alors que sa vie prend un sens nouveau et inespéré. À ces deux êtres se mêle une autre voix, celle du Narrateur. Sortant de l'ombre, il admet prêter à ses personnages une part essentielle de lui-même, au point quelquefois de se confondre avec eux. Il commente l'action avec une bienveillante ironie, et hésite sur leur sort - son sort?
Le dompteur de mouches est un roman à tiroirs, puissant, intimiste, dans lequel l'auteur se livre avec sincérité. Alexandre Diego Gary aborde un sujet universel : les coups que nous donne parfois la vie. En retirant à ses personnages toute superficialité, toute enveloppe sociale protectrice, il parvient à faire de nous leurs alliés. Car c'est notre humanité, notre vulnérabilité, mais aussi notre résistance et notre capacité à espérer, qu'il révèle à travers eux.
Bonjour, Monsieur. J'ai bien l'honneur... Permettez-vous que je m'installe sur ce banc à vos côtés? Je souhaite moi aussi avoir vue sur Notre-Dame de Paris de Victor Hugo et sa magnificence architecturale toute en virginale blancheur propice à l'imagination. Et j'aimerais fort m'asseoir tout près de vous pour la chaleur humaine, le rapprochement entre les peuples et, si vous le permettez, la confidence. Voyez-vous, je m'épancherais bien un tant soit peu. Seriez-vous d'humeur à converser ou tout du moins à écouter, à prêter sans gage une oreille un peu attentive?
Le narrateur est un étrange personnage. D'autorité, il décide de raconter sa vie, et notamment ses prouesses sexuelles, à un inconnu. Il se moque bien d'être écouté ou même compris : il a chez lui une nécessité vitale à parler. Parler, c'est exister. Et de se lancer dans un discours vertigineux : dans sa bouche, la situation la plus banale devient un morceau de bravoure, une épopée héroïque!
Émouvant et sublime, le personnage créé par Alexandre Diego Gary semble trouver dans la jouissance du langage, souvent d'une crudité toute rabelaisienne, une compensation à son extrême solitude.