Poussé par la nécessité de fuir la ville, Geffray - délinquant en manque d'estime - fait la connaissance de Louis et Pauline, fermiers et parents amputés d'un fils qui les a mis sur la paille. Mais Georges, un entrepreneur en quête de reconversion, rachète la ferme où ils vivent et entend bien modeler l'espace à sa guise pour assouvir la démesure de son projet foncier.
Gravitant autour d'un canyon qui n'est autre que le poumon de la montagne, tous les personnages courent après leur dernière chance alors que leur avenir fait écho à celui du lieu. André Bucher décrit cet enjeu avec passion dans une langue immersive et poétique. Il fait se croiser des destins, mêlant leur sort à celui de cet endroit qui les recueille, sus-pendu entre ciel et terre, dans le dernier acte d'une saison de l'incertitude.
David a soixante ans et vit dans une ferme isolée, sur les hauteurs. Pour la première fois en vingt-six ans, il a décidé de ne pas déneiger la commune. Mais ce 23 décembre glacial, quand son vieil ami berger, puis celui qu'il nomme son « fils de rechange », l'appellent à l'aide, il n'y tient plus. Son tracteur est en panne, il part à pied.
Commence alors une nuit hallucinée. Pour résister au froid et à l'ivresse de la neige omniprésente, David se grise de ses souvenirs, chante et danse. Dans cette veille au pays des ombres, là où la frontière entre ciel et terre a disparu, la nature déchaîne ses sentiments comme les éléments, convoquant les fantômes du passé et les ombres du présent. L'image de sa femme, tuée par un chauffard, celle de sa fille, venue lui annoncer son divorce, Muriel encore, qu'il voudrait savoir aimer, ou une mystérieuse disparue que charrie la rivière. mènent autour de lui un bal étrange.
24 juin 2004. Sur la jetée des Saintes-Maries-de-la-Mer se profile la silhouette d'un homme, minuscule. Autrefois nommé Sam Démon, chauffeur de car et pompier volontaire, il a toujours vécu avec sa mère Élise au bord d'une étrange cascade entourée de miroirs, surplombant le ?village des Eaux-Maigres, dans le Jabron, mais c'était avant le gigantesque incendie qui a éclaté en 2002, aux abords de la petite ferme maternelle. Sur un coup de tête, Sam a usurpé l'identité d'un jeune ornithologue qu'il venait d'échouer à sauver. Mort pour tous, il a cru embarquer pour une vie nouvelle qui se révèle bientôt fantomatique, hantée par les délires d'Élise, créature à l'amour tentaculaire.
"J'enterrais mes quarante-quatre ans au Léon, bar bien connu, sorte de mosaïque d'un Sisteron baladeur et égaré, où se côtoient pêle-mêle routiers, zonards, prolos, vieux canassons et petits Beurs, avec par bonheur... de temps à autre, quelques silhouettes féminines occupées à siroter des vodkas orange. [...] J'étais privé dans la région parisienne dans les fameuses années 1960. À cette époque je pataugeais comme bien des privés dans la semoule habituelle. Fugueurs jamais retrouvés, surveillances fastidieuses, problèmes immobiliers, histoires d'adultère, extorsions de fonds, filatures, etc. - pas de quoi pavoiser.
Si bien qu'en 1971, j'ai atterri avec une toute petite valise à la porte des Alpes. Sisteron, une ville laborieuse de commerçants, où seules la citadelle, cette grande dame noire, et les montagnes environnantes, de belles dames blanches, semblaient attester que les gens du coin pouvaient avoir de temps à autre un peu d'imagination et quelque chose de plus. « On cherche aussi, nous autres, le grand secret. » Pour ce premier de ses romans dans l'ordre de l'écriture (il en a achevé la rédaction en 1988), André Bucher s'est replongé dans ses années beatniks et libertaires.
Nils Baker, privé au grand coeur sous ses dehors d'ours mal léché, a quitté Paris pour venir s'installer dans les Alpes-de-Haute-Provence, sur une terre qu'il cultive entre deux affaires à élucider. Une terre qui n'est pas à vendre, malgré l'arrivée des investisseurs attirés par les promesses touristiques de la région.
Embrouilles immobilières couvertes par les politiques locaux, meurtres, disparitions, Baker mène l'enquête. Dans sa propre ferme, il organise la résistance : en camp retranché avec son carré de fidèles, filles et garçons partageant une joyeuse communauté, il se défend, comme le dernier des Mohicans, contre les intimidations des mafieux, qui eux ne plaisantent pas. L'aventure, plutôt cocasse, tourne bientôt à la tragédie. L'enquête laisse alors place à un roman dont les personnages, comme dans tous les livres d'André Bucher, trouvent dans la nature et sa magie païenne une ultime consolation.
Samuel, le vieux, vient de mourir. C'est le moment que son petit-fils, Jérémie, dix-huit ans, a choisi pour quitter sa mère et venir vivre dans ces Alpes-de-Haute-Provence âpres et grandioses où il a passé les premières et plus belles années de sa vie. Plutôt que son grand-père, il retrouve dans la ferme familiale son père, arrivé pour les funérailles, et dont il avait été séparé depuis longtemps. André Bucher, avec sa langue rocailleuse et sonore, dit les retrouvailles difficiles, mêlées de ressentiment et d'amour, de deux hommes que réunit la dépouille de Samuel, dont ils doivent honorer la mémoire et terminer le travail. Père et fils vont s'apprivoiser mutuellement autour du noble ouvrage du patriarche, la coupe du bois.
L'auteur parvient à faire resurgir, dans ce lieu magique et imprégné de présences païennes, un passé essentiel pour des personnages en quête d'identité : à la fin du récit, Daniel et Jérémie auront reconstruit autour de la figure centrale du grand-père leur propre rapport au monde. Ils auront découvert aussi, ensemble, que leurs véritables racines plongent dans leurs enfances et dans l'amour profond qu'ils vouent à la nature sauvage.
Voici un livre qui traite sans fausse pudeur ni sentimentalisme des relations filiales. Un hymne aux grands espaces, pour des personnages en proie à l'aventure intérieure, qui affrontent leurs démons en un huis clos fascinant.
Bernie et sa femme ne se remettront pas de la mort soudaine de leur fils. La douleur, insubmersible, a eu raison de leur histoire. À quelques encablures de là, Sylvain et Élodie jouent de malchance lors des premiers remous du mouvement des? gilets jaunes: dans un accès ?de panique, cette dernière a mortellement renversé la mère? du jeune garagiste, qui devra lui aussi composer avec le deuil. Plus bas dans la vallée, Édith fuit vers l'inconnu. Son compagnon a levé une fois de trop la main sur elle mais le hasard la mènera sur la route de Bernie, ermite devenu sauveur. Dans ce nouveau roman, André Bucher déploie ?une galerie de personnages, ?unis dans le chagrin lors d'une éprouvante période hivernale, où la douleur des êtres fait écho à celle des arbres. Mais le hasard des chemins des Alpes-de-Haute-Provence les rassemblera, leur offrant un espoir de guérison, une chance de tordre la douleur.
T out commence aux premières heures de l'hiver, quand la vallée revêt son manteau de neige, cristallisant les formes, les sons et la vie elle-même. Ici, rien ne se décide sans l'accord tacite de la Nature qui impose, non sans magie, ses règles et ses caprices. Dans ce décor, souvenir d'un monde désormais abandonné à la modernité, des histoires et des vies se font et se défont au rythme des saisons. T ous les personnages sont intimement liés au milieu qui les entoure, comme au vieux cerf, animal mythique symbolisant la relation que chacun entretient avec la vallée. En mêlant une description précise et immersive de la nature et une poésie fantasmagorique. André Bucher entraîne le lecteur dans un lieu où réalité et rêverie semblent constamment cohabiter.
À l'écart est un récit où l'auteur développe un ensemble de thématiques qui circonscrivent son univers. André Bucher prend la parole et partage sa vision sur le rôle de l'écrivain-paysan, son rapport au temps et aux saisons, l'enracinement au lieu et le déracinement pas l'écriture. Qu'est-ce qu'écrire sur la vallée du Jabron et passer d'une expérience particulière à une vision plus globale ? Au fil de ces textes, André Bucher revient sur l'écologie actuelle, le rapport que ce précurseur de l'agriculture bio entretient avec la nature, le lien qu'il tisse entre ces paysages où il évolue et son imaginaire. À l'écart dessine la géographie intime d'André Bucher, permet de mieux cerner son oeuvre et porte au jour des questionnements actuels.
Avec la complicité des saisons et des éléments qui ne comptent pas se plier aux règles que les hommes croient leur imposer, Émilie s'occupe tant bien que mal d'une terre qui se mérite, dernière gardienne des lieux depuis la mort de son mari et le départ de son fils. Ce quotidien solitaire bascule avec le retour providentiel de son amour d'enfance, Victor, et l'arrivée d'entrepreneurs bien décidés à décimer la forêt environnante pour nourrir un gargantuesque projet de centrale à biomasse ironiquement loué comme écologique. S'ensuivra une lutte, un réveil de la vallée et de ses protagonistes qui se pensaient endormis, entre intérêts politiques, prises de conscience, paresse intellectuelle et résistances acharnées. Chacune et chacun jouera son rôle et donnera au récit sa force, à l'image de l'indomptable montagne de Palle qui domine les lieux et tire sa beauté de ses contrastes.
Le deuxième roman d'André Bucher est un long blues, dont les notes mélancoliques et poignantes trouvent écho dans la nature grandiose qu'il décrit si bien. C'est au bout du monde, dans la cour d'une ferme isolée au coeur de la montagne, qu'échouent les deux repris de justice qui vont tuer la mère de Tristan, sous ses yeux, le jour de ses six ans. Dès cet instant, les mécanismes habituels de la relation avec le monde seront détraqués pour lui comme pour son père.
Des années plus tard, le cauchemar va le rattraper : pour prendre la défense de ceux qu'il aime et aussi pour conjurer la culpabilité de n'avoir rien pu pour sauver sa mère, il tuera à son tour deux individus qui s'étaient introduits dans la nouvelle ferme.
Condamné avec circonstances atténuantes, il sort de prison à dix-neuf ans : son récit est alors une tentative de dénouer les fils emmêlés de son histoire.
Confession d'un enfant solitaire qui trouve dans les mots qu'il ne comprend pas toujours exactement, mais qu'il fait vivre dans ses rêveries, les raisons de continuer, le récit revient sur la douleur du deuil, sur le tête-à-tête avec un père terrassé et maladroit, et aussi, non sans ironie, sur les personnages que les institutions dépêchent auprès de l'enfant traumatisé : le " docteur de l'esprit " avec son noeud papillon, " le docteur des généralités " et surtout la maîtresse d'école, apparaissent comme des adultes sans doute bienveillants mais bien plus difficiles à comprendre que le merle et la corneille apprivoisés dont il a fait ses meilleurs amis.
L'horizon s'éclaire quand le père de Tristan revient d'une virée à Paris avec Maryse, " qui vient des hommes et du froid " et que, à l'instigation de la jeune femme, cette famille de guingois tente un nouveau départ en ouvrant, au sommet du Col de l'Homme mort, dans l'aride et grandiose paysage des Alpes-de-Haute-Provence, une ferme auberge, le Cabaret des oiseaux. Tristan grandit, entre le collège à Sisteron et les travaux de la ferme, et trouve en Germain, le vieux berger alsacien installé là un père de substitution, qui lui parle du monde et de l'amour, et surtout l'initie à la musique, à ce blues qui va rythmer toute son adolescence.
Mais c'est réellement sa relation avec Maryse, sa " mère belle " et son initiatrice, qui va illuminer sa vie. C'est pour elle surtout qu'il va agir, lui l'enfant retardé, " arrêté ", pour qui le temps est resté suspendu : au moment où débarquent dans la cour du Cabaret des oiseaux les hommes qui entendent la ramener avec eux, la rendre à son passé, Tristan décroche le fusil qu'il a appris à manier en secret...
Après Le pays qui vient de loin, roman plutôt masculin sur la transmission et la filiation, André Bucher écrit magnifiquement, avec pudeur et justesse, le roman d'apprentissage d'un garçon orphelin sauvé par trois figures féminines : celle de l'institutrice, celle de Maryse et celle de Blanche, sa " mère première ", pour qui il a voulu apprendre à écrire, pour qui il confie à la rivière un long poème nostalgique, son blues à lui, et qui plane sur le roman comme une figure protectrice et tutélaire, partie prenante d'une nature complice et bruissante.
Daniel avait vu évoluer Alice, les raquettes aux pieds, un peu en dessous des Rabasses.
Il l'avait suivie à distance, accordant ses pas dans les empreintes luisant au soleil telles des gaufres. Pas pour la surveiller, non, juste dans l'hypothèse où elle ferait une mauvaise rencontre. Daniel veilleur de jour. Il l'escortait ainsi lorsqu'il aperçut à son tour les corvidés. Alice, la quarantaine passée, secrétaire de la scierie, entend quitter son mari et échapper à la tyrannie de ses frères.
Vladimir, le bûcheron clandestin, fuit son passé. Daniel et Richard, deux vieux frères un peu rock'n'roll qui vivent reclus dans la ferme du Val Triste, ont des comptes à régler avec leur enfance. Tous vivent dans un coin de la Drôme, déserte et sauvage. Tous sont des échoués. Mais à force de rêves, ils parviendront à dénouer le fil de leur existence, pour un hiver de toute beauté !