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Anne Catherine Blanc
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«Moana, c'est le bleu absolu que prend l'océan lorsque le regard plonge vers les profondeurs sans se rassurer sur l'élan pailleté d'un banc de poissons, l'éclat sourd d'une grappe de corail ou la masse sombre d'un tombant. Pour cette raison, moana désigne aussi l'abysse. Plonger dans le bleu angoisse et fascine. Plonger dans le bleu, c'est la petite mort, le renoncement de l'être. C'est devenir soi-même, pour quelques instants d'éternité.» Sur la presqu'île de Tahiti, Paulot, la cinquantaine, affronte une journée sans fin dans sa maison en deuil : son beau-fils Moana, 16 ans, s'est noyé. Accablé de chagrin mais étranger à un cérémonial qui lui échappe, cet îlien d'adoption ne parvient à trouver ni sa place ni ses mots au sein d'une famille recomposée, à la fois unie et fragile, qu'il aime et défend farouchement sans toujours la comprendre. Dans un état proche de l'apnée, il s'immerge au milieu de ses souvenirs et de ses démons avant de refaire surface, purifié par la douleur.
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Premier février 1767. L'Étoile, navire ravitailleur, appareille de Rochefort pour rejoindre la Boudeuse, commandée par Bougainville, et entreprendre la première circumnavigation française. A son bord s'est faufilée une jeune femme travestie en homme : Jeanne Barret. Elle est la première femme connue à avoir effectué un tour du monde. Connue, ou méconnue ? Grande amoureuse, scientifique oubliée, pionnière féministe... qui est Jeanne Barret ?
S'appuyant sur les éléments historiques avérés, l'auteur nous livre un journal de bord imaginaire de « Dame Barret », Le voyage de Jeanne. Récit d'une navigation, avec ses péripéties, sa vie à bord, ses escales où l'on découvre lieux, paysages et moeurs par les yeux d'une observatrice d'origine modeste, en ce XVIIIe siècle si dur pour les humbles, pour les femmes. Souffrant ce que souffrent les marins sur un navire bondé et insalubre, asphyxiant sa féminité pour jouer son rôle de valet puis, une fois démasquée, soumise à mille dangers (elle dort avec deux pistolets), elle gardera, selon les témoignages de l'époque, un comportement irréprochable et une grande force de caractère. Décrite comme vive, active, pleine d'entrain, elle a si fortement marqué ses contemporains que Louis XVI, lui accordant une pension royale en 1785, la désignera comme « femme extraordinaire ». -
Les continents ne sont pas fixes, ils dérivent. Les continentaux sont des migrants qui s'ignorent, des passagers soumis à cemouvement infime comme à l'écoulement insensible du temps. Des passagers en rupture de barre, en rupture d'avenir, incapables d'empoigner le gouvernail pour métamorphoser en destin leur errance misérable.
Les îles aussi dérivent avec leur équipage. Plus vite, plus loin, dans l'urgence et le péril, aspirées par le sillage néfaste des continents. Quand leur microcosme s'ouvre à l'envahisseur, les organismes, les âmes résistent mal au souffle de sesmiasmes, au viol de ses rêves frelatés.Des passagers disparaissent, asphyxiés sous les clichés dont on les affuble.
Quelques-uns se rebellent. D'autres s'adaptent.
Mais tous ont à dire, à faire. Comme les continentaux, les îliens vocifèrent, chuchotent, rient, ou bien se taisent et agissent. Comme eux, ils influencent, du geste et de la voix, la course aléatoire de notre nef des fous. Émouvants et berceurs, cruels et drôles, ces contes des îles forment le troisième livre d'Anne-Catherine Blanc.
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Il y a très longtemps, j'ai renié mes eaux profondes en regardant couler le fleuve.
Môme du bidonville, j'ai connu la rue, la faim. Mes jours, mes nuits tendent vers un but : survivre. Pour moi, c'est une promotion de servir dans un bordel miteux, esclave de ces dames et d'une taulière décatie.
Méfiance ! Son nouveau client est une toute-puissante ordure. Cette fois, notre Mamá a visé trop haut.
Faute d'y laisser ma peau, je dois les défendre, elle, la Chica et la Maria. Peu m'importe que les petites soient les proies d'un trafic abominable : les états d'âme sont un luxe hors de ma portée.
D'ailleurs, si je m'attendris, je plongerai dans le lac obscur des yeux de la Maria, qui reflètent mes propres abîmes.
Mais face à Don Jaime, je ne fais pas le poids.
Je n'ai pas non plus la force de refouler les eaux sombres de la mémoire. Inexorablement, elles m'entraînent vers le fleuve.
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« ... Ankylosés, glacés, roués par le choc des lames sous la quille, nos corps imprégnés de sel et de nuit n'arrivaient plus à réchauffer la moindre braise d'espoir. Aucun de nous ne savait plus ce qu'il faisait là. Nous n'arriverions jamais ; nous n'étions jamais partis. La nuit marine nous avait engloutis. Le froid, les ténèbres, la houle, l'embrun emplissaient l'univers. J'avais perdu le compte des heures. Le temps ne me paraissait même plus long : il était juste suspendu. Et suspendu, je l'étais aussi, pendule ridicule, détrempé, fessé, ballotté comme au bout d'un élastique dans cet enfer en négatif...» 1938 : Mamadou Diamé, tirailleur sénégalais juste débarqué d'un transport de troupes, affronte le vent et le froid dans une France au bord de la tempête.
1939 : Soledad Juarez, paysanne espagnole, franchit les Pyrénées dans la neige, son fils dans les bras, puis échoue sur une plage, dans une enceinte de barbelés.
2012 : Sur une pirogue de haute mer, puis sur le plateau d'un camion, Issa Diamé, graphiste et graffeur, poursuit son rêve d'artiste de l'Atlantique au désert libyen.
Trois êtres humains marqués dans leur chair, symboles d'un nouvel âge de l'errance, se suivent et s'entrecroisent sur les routes d'une planète d'exil.
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L'astronome de la cour, devenu aveugle, choisit de partir à l'aventure en compagnie de son chat dans une contrée imprégnée de senteurs méditerranéennes.
L'automne venu, un gardien de phare les recueille. mais les visées royales viendront troubler leur existence paisible. dans une écriture fluide, enluminée de références médiévales, un récit sensible et profond sur l'amitié, l'amour et l'accomplissement de soi.
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« - Et ce nume´ro que t'a donne´ la dame du foyer ? Tu l'as appele´ ?
- Euh... non.
- Pourquoi ?
Je reste silencieuse. Pourquoi ? je le sais bien, mais j'aimerais pouvoir ne pas re´pondre.
- Pourquoi, Luna ?
- Je n'ai pas ose´. De´ja`, a` la mairie, j'ai eu l'impression que la re´ceptionniste se moquait de moi. Elle n'a rien dit, mais je le sentais a` son sou- rire, a` son regard, comme si elle pensait tre`s fort que je n'e´tais pas a` ma place ! Au foyer, la responsable a e´te´ tre`s gentille. Mais je me suis bien rendu compte que pour elle, je tombais de la lune. Je ne savais rien des proble`mes de mes amis. En fait, depuis que je les connais, j'ai vraiment l'impression d'e^tre une idiote, de vivre sous cloche, sans rien savoir de ce qui se passe autour de moi ! Alors, j'ai honte... et j'ai peur d'appeler. Je ne sais pas sur qui je vais tomber, je ne sais pas quoi dire.
- Personne ne te demande de tout savoir du monde a` quatorze ans... ».
Griffes de lune est le re´cit d'une prise de conscience et d'un engagement imme´diat dans l'e´ternel combat pour un monde plus juste et plus ouvert.
Luna, la narratrice, passe des vacances paisibles et monotones entre ses parents, ses amis et camarades de colle`ge avant de rencontrer deux jeunes immigre´s en situation pre´caire qui vont bouleverser sa vie et lui faire prendre conscience de la re´alite´ d'un monde brutal, cruel, injuste. Pour aider ses nouveaux amis, elle de´couvre les tracasseries administratives, la complexite´ des lois qui la re´voltent mais aussi la solidarite´, la fraternite´ dans la lutte qui rendent la vie supportable. -
Polyhandicap, handicap sévère ; activités motrices et sensorielles
François Brunet, Cedric Blanc, Anne-catherine Margot
- Actio
- 1 Février 2010
- 9782906411647
Cet ouvrage s'adresse aux parents, aux professionnels des établissements spécialisés et aux associations sportives, spécialisées ou non. Il rassemble des connaissances, des savoirs et savoir-faire jusque-là séparés, pour prendre en compte toute la complexité du problème et améliorer la qualité de vie des personnes en situation de handicap sévère ou polyhandicapées. Les contenus d'activité proposés par les auteurs ont été conçus pour que le plus grand nombre puisse en bénéficier. La communication sous toutes ses formes, la recherche de perceptions et de sensations agréables, les échanges relationnels profonds accompagnent toutes les activités proposées. Il s'agit de mobiliser toutes les capacités, les plus limitées comme les plus performantes. Cette mobilisation s'organise suivant un continuum allant des activités sensorielles (massages, mobilisations passives, stimulations sensorielles, etc.), pour les plus dépendants, aux activités qui sollicitent une mobilisation plus active, comme les jeux individuels et collectifs, les activités aquatiques, pour les plus performants. Proposer un projet de vie plus « vivant ». C'est le défi collectif auquel nous invitent les auteurs.