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Arno Camenisch
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Une station de ski miniature dans les alpes des Grisons suisses.
Paul et Georg attendent les skieurs en ce début de saison poussive et tuent le temps en jouant aux cartes, pelletant le peu de neige fraîchement tombée. Cette neige qui pourrait être la dernière, car demain est incertain. Les journées s'égrènent, monotones, rythmées par le ronronnement du téléski tandis que sourd, dans les récits et discours de ces «Vladimir et Estragon en bonnet de laine», une inquiétude métaphysique face à un monde qui n'est plus le leur.
Arno Camenisch est né en 1978 à Tavanasa, dans les Grisons. Il écrit de la poésie, de la prose, principalement en allemand, parfois dans sa langue maternelle,le romanche (sursilvan). Il vit à Bienne. Il est l'auteur de Sez Ner, Derrière la gare, Ustrinkata, soit le cycle dit des Grisons, tous publiés par Quidam en 2020. La Dernière Neige est inédit en français.
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C'est le dernier soir à L'Helvezia, le bistrot du village racheté par des investisseurs. Tous les habitués sont là : la Tante, hôtesse de tout son monde, la Silvia, l'Otto, le Luis, l'Alexi, et les autres aussi, encore vivants ou déjà morts. L'alcool coule à flots et ça fume à tout-va. On est en janvier et il ne neige pas. Il pleut comme vache qui pisse. C'est quoi cette bizarrerie climatique ? Le déluge ? On cause de ça, de tout, sans discontinuer.
Ressurgissent alors les histoires enfouies de ce village qui pourrait bien être le centre du monde. La fin est proche, mais tant qu'il y a quelqu'un pour raconter, on reprend un verre. Ce Prix suisse de littérature 2012 s'avale cul sec !
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Sez Ner est le récit détaillé d'un été à l'alpage, dans la Sursilva des Grisons, au pied du Sez Ner. Un texte à la fois poétique et documentaire. Quatre hommes y passent l'été: l'armailli, l'aide-armailli, le vacher et le porcher, dans l'ordre hiérarchique, réduits à leur fonction. Avec eux, les vaches, les cochons, la chèvre et le bouc, plusieurs chiens, un chat, des poules et leur coq. Pas de femmes, sauf la bergère du chalet voisin, qu'on voit rarement. En trois cents fragments, Camenisch dissèque le quotidien du petit groupe en autant d'images fortes. Sans commentaires ni psychologie, il restitue le travail, la routine, le temps qu'il fait, le temps qui passe.
Un travail sur la langue pour une musique ironique, parfois déchirante. "J'aime le texte sous le texte", dit Arno Camenisch.
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"La grand-mère est debout toute nue devant moi. Elle sursaute en me voyant. Elle fait les grands yeux. Elle a la bouche ouverte. Ses fausses dents ne sont pas dans sa bouche. Je sursaute moi aussi. Mais je ne tourne pas la tête. Je ne peux pas tourner la tête. Ma nuque est en bois. Je n'ai encore jamais vu ma Nona toute nue. Elle est tellement différente comme ça. Elle dit oha et elle retourne en boitant dans la salle de bain".
La vie d'un village cerné par les montagnes. Un enfant espiègle observe les adultes et, sans détour, dit le réel avec insouciance. Vif et concret, touchant et drôle, profond : Arno Camenisch donne à entendre la musique singulière de sa langue qui raconte la disparition d'un monde. Une Helvétie hors norme que le temps va engloutir. C'est Zazie dans les Grisons et c'est pas triste !