Une silhouette avait fait son entrée. Mais je ne distinguais réellement qu'un long manteau croisé de couleur brune, surmonté d'un chapeau de gangster, borsalino, peut-être Fedora. C'était en tout cas une vision. Au moment précis où j'allais détourner la tête, la silhouette avait relevé la sienne, et un regard d'une intensité sombre m'avait pour ainsi dire empoignée, deux onyx surmontés d'une hirondelle en vol, c'était le regard d'un homme jeune, et même d'un jeune homme de mon âge.États-Unis, hiver 1996:Cécile croise Sasha dans un train. Elle enseigne le français dans le Minnesota; lui rentre à New York, où il veut ouvrir un café. Tous les deux ont vingt-trois ans. Mais Sasha ne ressemble pas aux jeunes gens de son âge:il a l'air tout droit sorti des années 30! Une semaine plus tard, Cécile est à New York:ils se revoient, se rapprochent...Quelque vingt ans plus tard, alors qu'elle a tourné depuis longtemps la page de sa vie américaine, Cécile découvre que Sasha est devenu un virtuose des cocktails et une figure de la nuit new-yorkaise.Creusant le sillon de l'autofiction, Cécile Balavoine évoque avec beaucoup de sensibilité le souvenir d'un amour de jeunesse. Elle rend à Sasha un bel hommage et fait aussi un étonnant portrait du New York des années 2000, ville de tous les possibles.
Puis il s'était penché. Je m'étais approchée pour lui offrir ma joue. Mais il s'était penché encore. Et soudain, dans le choc des visages, j'avais senti l'humidité de sa bouche s'échouer au coin de mes lèvres. Je n'avais eu que le temps d'esquisser un mouvement de recul. Il avait refermé la portière, me faisant un signe de la main en me souriant tandis que la voiture démarrait et que je m'effondrais sur le dossier, essuyant mon visage avec dégoût sur la manche de ma veste en jean, le coeur battant, en retenant mes larmes.
New York, septembre 1997. La jeune Cécile est étudiante. L'un de ses professeurs est un écrivain célèbre : Serge Doubrovsky, pape de l'autofiction. Entre elle et lui s'installe une relation très forte. Les années passant, la jeune femme et l'écrivain se voient, à Paris ou à New York, ils dînent ensemble, apprennent à se connaître toujours plus intimement, échangent sur la littérature et sur la vie. Bientôt, ils n'ont plus de secret l'un pour l'autre, une confiance absolue les lie. Pygmalion ou père de substitution, Doubrovsky n'est pour Cécile ni l'un ni l'autre. Du moins se plaît-elle à le croire et à le lui faire croire.
À neuf ans, Cécile découvre la musique de Mozart, et c'est une révélation. Certains enfants s'inventent des amis imaginaires, d'autres vouent un culte à des personnages de fiction. Pour la petite Cécile, le plus grand des super-héros s'appelle Mozart ! Elle l'aime sans partage et comme un dieu.
Devenue journaliste, la passion de Cécile demeure intacte. Elle a désormais une connaissance intime et encyclopédique de l'oeuvre de Mozart. Le jour où elle doit interviewer un chef d'orchestre de renom, elle ne sait pas que sa vie va basculer. Au bout du fil, la voix du maestro la trouble comme l'avait troublée et envoûtée la musique de Mozart des années auparavant... Mais tombe-t-on amoureuse d'une voix, fût-elle celle du plus grand maestro du monde ?