avec quarante ans de recul on s'aperçoit que les grands thèmes développés dans nations nègres et culture, non seulement n'ont pas vieilli, mais sont maintenant accueillis et discutés comme des vérités scientifiques, alors qu'à l'époque ces idées paraissaient si révolutionnaires que très peu d'intellectuels africains osaient y adhérer.
l'indépendance de l'afrique, la création d'un etat fédéral continental africain, l'origine africaine et négroïde de l'humanité et de la civilisation, l'origine nègre de la civilisation égypto-nubienne, l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines, etc., tels sont quelques thèmes principaux explorés par cheikh anta diop, l'historien africain le plus considérable de ce temps.
En 1954, Cheikh Anta Diop, au terme d'un long et fructueux travail de recherche, opère, avec Nations nègres et Culture, un tournant décisif dans l'historiographie africaine et mondiale : l'Egypte pharaonique, contrée africaine de la Vallée du Nil, appartient, en totalité, des balbutiements prédynastiques jusqu'à la fin des dynasties indigènes, à l'ensemble de l'univers négro-africain.
En 1967, c'est-à-dire treize ans après, le savant africain reprend ses idées essentielles sur les origines de l'humanité actuelle et sur la parenté entre l'Egypte ancienne et l'Afrique noire profonde : l'Antériorité des civilisations nègres était ainsi établie. En 1981, son oeuvre culmine avec Civilisation ou Barbarie, synthèse et prolongement de sa réflexion historique face au devenir de l'humanité.
La réédition, en 1992, d'Antériorité... remet en circulation un ouvrage majeur de la problématique historique africaine. Ouvrage longtemps épuisé, mais constamment demandé, recherché. La leçon est celle-ci. L'égyptologie, pour prendre toute signification en tant que science historique vivante, doit nécessairement renouer avec les civilisations négro-africaines, par-delà le formalisme froid de l'exégèse des textes.
Cette leçon inaugurale de Cheikh Anta Diop est devenue d'ores et déjà le bréviaire de l'égyptologie africaine et afro-américaine. Que l'égyptologie occidentale entende enfin, à son tour, la leçon de Cheikh Anta Diop pour le renouvellement des études égypto-nubiennes.
J'ai voulu dégager la profonde unité culturelle restée vivace sous des apparences trompeuses d'hétérogénéité.
Seule une véritable connaissance du passé peut entretenir dans la conscience le sentiment d'une continuité historique, indispensable à la consolidation d'un etat multinational. (. ) il n'est pas indifférent pour un peuple de se livrer à une telle investigation, à une pareille reconnaissance de soi ; car, ce faisant, le peuple en question s'aperçoit de ce qui est solide et valable dans ses propres structures culturelles et sociales, dans sa pensée en général, il s'aperçoit aussi de ce qu'il y a de faible dans celles-ci et qui par conséquent n'a pas résisté au temps.
Il découvre l'ampleur réelle de ses emprunts, il peut maintenant se définir de façon positive à partir de critères indigènes non imaginés, mais réels. il a une nouvelle conscience de ses valeurs et peut définir maintenant sa mission culturelle, non passionnément, mais d'une façon objective, car il voit mieux les valeurs culturelles qu'il est le plus apte, compte tenu de son état d'évolution, à développer et à apporter aux autres peuples.
Ch. a. d.
Introduction à l'oeuvre et à l'action de Cheikh Anta Diop au moyen d'un recueil de textes précédés d'une introduction.
Cheikh Anta Diop (Sénégal) a été un chercheur pionnier dans la contestation de l'histoire et de la civilisation africaines telles qu'affabulées et travesties par les Occidentaux. Il a aussi été un combattant pour l'indépendance et l'unité africaine, sur tous les plans mais notamment culturel, et contre la Françafrique et le néocolonialisme. Véritable esprit encyclopédique, il aura été « l'Africain de tous les refus ».
Fascicule introduit par Dialo Diop, médecin-biologiste à la retraite de l'UCAD (Université Cheikh Anta Diop de Dakar), chercheur et professeur universitaire et ancien Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), parti fondé en 1976 par Cheikh Anta Diop, interdit par le Président Senghor et qui ne fut légalisé qu'en 1981 par le successeur de ce dernier, Abou Diouf..
Ouvrage écrit en français, anglais, wolof et pulaar.Cet ouvrage, qui regroupe 110 illustrations commentées, témoigne de l'origine africaine de la civilisation égyptienne. L'Égypte est africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser (Professeur Vercoutter). Le professeur Leclant reconnaît à l'Égypte Ce caractère africain dans son tempérament et sa manière de penser. Concernant la parenté entre les langues africaines et l'égyptien ancien, le professeur Sauneron souligne L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance. La parenté en ancien égyptien et en wolof des pronoms suffixes à la troisième personne du singulier ne peut être un accident (Cheikh Anta Diop).
Écrits et publiés entre 1962 et 1977, ces articles mettent en évidence les différentes perspectives et méthodes avec lesquelles Cheikh Anta Diop aborde le champ et les problèmes qu'il analyse : antériorité du fait Nègre, arguments sur l'origine nègre du peuple et de la civilisation de l'Egypte Antique. et répond aux nombreuses critiques formulées par ses adversaires à propos de l'apparition de L'Homo sapiens en Afrique.
Toutes les recherches scientifiques que cheikh anta diop a menées depuis quelques décennies sur les fondements historiques de la civilisation africaine culminent en cet ouvrage capital, affirmation de l'identité nègre, dont le titre marque avec force l'enjeu : civilisation ou barbarie.
" pour nous, écrit cheikh anta diop, le retour à l'egypte dans tous les domaines est la condition nécessaire pour réconcilier les civilisations africaines avec l'histoire, pour pouvoir bâtir un corps de sciences humaines modernes, pour rénover la culture africaine. loin d'être une délectation sur le passé, un regard vers l'egypte antique est la meilleure façon de concevoir et bâtir notre futur culturel.
L'egypte jouera, dans la culture africaine repensée et rénovée, le même rôle que les antiquités gréco-latines dans la culture occidentale. " cette oeuvre exemplaire s'articule autour de grands thèmes qui s'inscrivent dans le débat culturel contemporain : la démonstration de l'origine africaine de l'humanité, à la fois au stade de l'homo erectus et à celui de l'homo sapiens, fondée sur les données de la chronologie absolue, de l'anthropologie physique et de l'archéologie préhistorique ; la description des lois qui gouvernent l'évolution des sociétés dans leurs différentes phases (clans, tribus, nations) ; l'identification des différents types d'etats et celle du moteur de l'histoire dans les etats à " mode de production asiatique " ; l'étude des différentes révolutions de l'histoire, surtout de celles qui ont apparemment échoué et que la théorie classique n'a jamais prises en compte ; une définition de l'identité culturelle et une approche des relations interculturelles ; l'évaluation de l'apport scientifique du monde noir égyptien à la grèce en particulier ; les prémisses d'une nouvelle philosophie largement fondée sur les sciences et l'expérience scientifique et qui pourrait, peut-être, un jour, réconcilier l'homme avec lui-même.
Toute l'oeuvre de cheikh anta diop milite en faveur de l'unité de l'afrique noire ; de cette unité, gage d'indépendance vraie, l'auteur, partisan d'un état fédéral d'afrique noire, pose ici les fondements.
Dès qu'il est affirmé, le principe de l'unité transforme tous les problèmes auxquels l'afrique s'affronte. à l'inverse de ce que les compromissions de l'empirisme provoquent, par le geste unitaire une voie de développement est indiquée, claire, dynamique, convaincante. mais la volonté d'unité appartient au politique ; dans ce livre, cheikh anta diop, fort de son grand savoir des réalités africaines, démontre seulement le bien-fondé et la fécondité de son option.
Qu'il nous suffise d'énumérer dans l'ordre des différents niveaux éclairés par le principe et soumis à l'inventaire et à l'analyse objective. pour les hommes, il n'y a pas d'unité sans mémoire : il s'agit de restaurer la conscience historique africaine. ii n'y a pas d'identité nationale et fédérale sans un langage commun : l'unification linguistique est possible. pire que la balkanisation, la sud-américanisation guette l'afrique désunie : unité politique et fédéralisme.
Cheikh anta diop aborde le problème démographique et celui de l'émancipation de la femme africaine. un des plus stimulants chapitres, en rapport direct avec la crise actuelle de l'énergie et avec la sécheresse qui sévit en ce moment en afrique tropicale, concerne les sources d'énergie que le continent noir pourrait exploiter abondamment : hydraulique ou hydroélectrique, solaire, atomique, géothermique, etc.
L'industrialisation, la conquête et l'organisation du marché intérieur, les moyens de transport s'insèrent dans la même perspective, ainsi que la formation des hommes nécessaires à cette vaste entreprise : formation des cadres techniques, fonds d'investissements, recherche scientifique et réformes universitaires. ce texte-programme donne à penser sur les immenses ressources de l'afrique et sur sa puissance potentielle ; écrit il y a une trentaine d'années, il reste toujours aussi actuel par les solutions qu'il propose ; et aussi admirable par la foi dont il témoigne.