Mexico, fin des années 80. Luisa, 17 ans, va au lycée, et s'ennuie.
Pour susciter l'intérêt de Tomas, elle lui montre un article trouvé dans un journal local à propos d'un cirque ukrainien ambulant qui circule à travers le Mexique, d'où se sont évadés douze nains... disparus sans laisser de traces ! Luisa décide de partir à leur recherche et convainc Tomas de l'accompagner. Les voilà partis en car, à travers le Mexique, pour se rendre à Oaxaca, sur la côte pacifique et plus particulièrement la plage de Zipolite, fréquentée par les hippies du monde entier. Luisa a juste omis de prévenir ses parents...
Une fois à destination, les deux adolescents se mêleront à la faune très colorée qui vit sur le sable : drogue, alcool, un peu de sexe, beaucoup de musique... mais pas l'ombre d'un nain ukrainien ! Chloé Aridjis décrit admirablement l'atmosphère irréelle de cette plage où vivent hors du temps ces jeunes venus d'un peu partout, qui ne cherchent rien et n'attendent rien, sinon passer quelques jours, quelques semaines dans une sorte de bulle.
Un drôle de petit livre, très court, moins de 200 pages, portée par une langue poétique. Un texte attachant et largement autobiographique.
11 août 1986 - Berlin Juste devant moi, dans cette rame de métro bondée, était assise une très vieille femme, presque centenaire je dirais, coiffée d'un foulard qui encadrait un large front, protubérant comme une planète en colère. Elle avait des yeux noirs enfoncés dans leur orbite et un visage carré aux lourdes mâchoires qui était remarquablement masculin. Tout semblait horriblement familier et j'avais l'impression d'avoir déjà vu ce visage, mais en noir et blanc. Plus je la regardais, plus j'étais certaine que c'était. oui, que c'était Hitler, Hitler en vieille femme dans ce métro berlinois. Aucun membre de ma famille ne me crut. C'était absurde, Hitler s'était suicidé dans son bunker en 1945, tout le monde savait ça...
Tatiana a quatorze ans quand elle a cette terrifiante vision. Dix ans plus tard, elle revient à Berlin pour étudier, puis pour y vivre de petits travaux, pour rêver un peu, pour être seule. Elle flotte dans la vie, se promène sur un nuage, ne s'implique jamais nulle part. Son obsession, c'est cette ville et son horrible passé, la guerre d'abord, puis le Mur, la coupure. Elle va croiser d'autres fantômes, se mêler à eux dans les rues, le métro encore, les mystérieux souterrains côté Est, nous entraînant à sa suite dans des récits d'une grande poésie, même s'ils sont parfois très noirs. Jusqu'au jour où la violence va frapper.
De temps en temps, je ne peux pas m'empêcher de penser que j'aurais pu faire de stas de choses dans m avie. Finir la fac, passer mon diplôme, rajouter des titres, pourquoi pas, à mon CV. J'aurais pu avoir un bureau et un stylo plume, avec des gens qui frapperaient à ma porte pour me donner des documents à signer. Ou, au moins, avoir mon propre classeur et une ligne directe. Mais je me suis toujours plus intéressée à être plutôt qu'à devenir... L'ambition n'a jamais été une priorité pour moi, ni le mriage ni l'aventure... Marie est gardienne de musée, à la National Gallery, à Londres. Un métier qui vous rend parfaitement invisible aux autres, les visiteurs étant là pour regarder les oeuvres d'art mais sûrement pas les gardiens. Cela convient bien à cette jeune femme sans attaches - pas de mari, pas d'enfants, guère de famille, peu d'amis, pas d'amoureux - et qui 'flotte' dans la vie. Marie va nous entraîner dans ses promenades qui sont autant d'errances à travers Londres et Paris, où elle se rend pour de courtes vacances, et c'est un émerveillement de la suivre au fil de ses découvertes, car elle écrit dans une langue extrêmement poétique et imagée. Jusqu'au jour où un acte d'une grande brutalité déchire la sorte de voile protecteur dans lequel elle s'était plus ou moins dissimulée.