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Erving Goffman
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Mise en scène vie quotidienne 1
Erving Goffman
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Avril 1973
- 9782707300140
Rencontres fortuites, échanges de paroles, de regards, de coups, de mimiques, de mots, actions et réactions, stratégies furtives et rapides, combats ignorés de ceux-là mêmes qui se les livrent avec l'acharnement le plus vif, telle est la matière première qui constitue l'objet, inhabituel, de la présentation de soi.
Pour ordonner ces miettes de vie sociale - résiduelles pour la sociologie canonique qui les néglige - sur lesquelles il concentre l'attention la plus minutieuse, goffman prend le parti de soumettre à l'épreuve de l'explicitation méthodique une intuition du sens commun : le monde est un théâtre. le vocabulaire dramaturgique lui fournit les mots à partir desquels il construit le système des concepts propre à abstraire de la substance des interactions quotidiennes, extérieurement dissemblables, les formes constantes qui leur confèrent stabilité, régularité et sens.
Ce faisant, goffman élabore dès la présentation de soi, son premier livre, les instruments conceptuels et techniques à partir desquels s'engendre une des oeuvres les plus fécondes de la sociologie contemporaine et qui sont peut-être aussi au principe de la constitution des catégories fondamentales d'une nouvelle école de pensée : en rompant avec le positivisme de la sociologie quantitative en sa forme routinisée et en s'accordant pour tâche de réaliser une ethnographie de la vie quotidienne dans nos sociétés, la présentation de soi peut être tenu pour un des ouvrages qui sont au fondement du courant interactionniste et, plus généralement, de la nouvelle sociologie américaine.
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Il y a le stigmate d'infamie, tel la fleur de lys gravée au fer rouge sur l'épaule des galériens.
Il y a les stigmates sacrés qui frappent les mystiques. il y a les stigmates que laissent la maladie ou l'accident. il y a les stigmates de l'alcoolisme et ceux qu'inflige l'emploi des drogues. il y a la peau du noir, l'étoile du juif, les façons de l'homosexuel. il y a enfin le dossier de police du militant et, plus généralement, ce que l'on sait de quelqu'un qui a fait ou été quelque chose, et " ces gens-là, vous savez...
".
Le point commun de tout cela ? marquer une différence et assigner une place : une différence entre ceux qui se disent " normaux " et les hommes qui ne le sont pas tout à fait (ou, plus exactement, les anormaux qui ne sont pas tout à fait des hommes) ; une place dans un jeu qui, mené selon les règles, permet aux uns de se sentir à bon compte supérieurs devant le noir, virils devant l'homosexuel, etc., et donne aux autres l'assurance, fragile, qu'à tout le moins on ne les lynchera pas, et aussi l'espoir tranquillisant que, peut-être, un jour, ils passeront de l'autre côté de la barrière.
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Les caractéristiques des institutions totalitaires.
La carrière morale du malade mental. la vie clandestine d'une institution totalitaire. les hôpitaux psychiatriques et le schéma médical-type.
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Mise en scene vie quotidienne 2
Erving Goffman
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Avril 1973
- 9782707300638
Cet ouvrage représente l'aboutissement d'une recherche constante dans l'oeuvre de goffman : décrire de façon quasi grammaticale ce qui constitue l'étoffe de la société (de toute société), les rapports entre les gens.
De même que la phrase : " auriez-vous du feu ? " obéit à des règles grammaticales strictes que le locuteur est obligé d'appliquer s'il veut se faire comprendre (et qu'il applique sans y penser) de même les comportements " interpersonnels " alors manifestés (façon de s'approcher, mouvements réciproques du regard, forme de l'adresse - " vous ", " monsieur ", etc.) sont régis par des règles rituelles auxquelles il faut se conformer si l'on ne veut pas choquer.
Il y a pourtant une différence, que goffman souligne à plusieurs reprises : si les règles linguistiques forment une grammaire, les règles rituelles constituent un " ordre ". et l'ordre social, à la différence d'une grammaire, n'est pas au-delà de l'éthique, car il n'est pas simplement un code fonctionnel, mais il traduit aussi des rapports de domination et de profit. il s'ensuit que " mal " se comporter à une tout autre dimension que " mal " parler (au sens de faire des " fautes " de syntaxe).
C'est cette dimension proprement politique du comportement inter-individuel qui se découvre progressivement au long des sept articles qui composent le livre et qui se complètent en un cheminement du plus simple au plus complexe, du plus extérieur au plus intériorisé.
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Les rites d'interaction
Erving Goffman
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Octobre 1974
- 9782707300225
La vie sociale est un théâtre, mais un théâtre patriculièrement dangereux.
A ne pas marquer la déférence qu'exige son rôle, à se tenir mal, à trop se détache des autres comédiens, l'acteur, ici, court de grands risques. celui, d'abord, de perdre la face ; et peut-être même la liberté : les hôpitaux psychiatriques qont là pour accueillir ceux qui s'écartent du texte.
Il arrive ainsi que la pièce prene l'allure d'un drame plein de fatalité et d'action, où l'acteur-acrobate - sportif, flambeur ou criminel - se doit et nous doit de travailler sans filet.
Et les spectateurs d'applaudir, puis de retourner à leurs comédies quotidiennes, satisfaits d'avoir vu incarné un instant, resplendissant dans sa rareté, la morale toujours sauve qui les soutient.
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Connu en France pour son analyse minutieuse de la « présentation de soi » et des « institutions totales », Erving Goffman s'est aujourd'hui imposé comme un auteur classique en sociologie.
Du fonctionnement de l'asile psychiatrique à la vie sociale dans une île des Shetland, de la « ritualisation de la féminité » dans les photographies publicitaires à la nature des interactions sociales, les six textes réunis dans ce volume offrent un riche éventail de la variété de ses préoccupations. Yves Winkin encadre ces textes d'une biographie intellectuelle du sociologue et d'un entretien avec lui, offrant ainsi une introduction sans équivalent en langue française à l'oeuvre de Goffman.
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L'héritage pragmatique a consigné notre expérience dans un univers stratifié, fait de multiples réalités.
Chacune nous impose sa perspective ou son schéma, son cadre. une séquence quelconque de notre expérience ordinaire, une épreuve décisive ou une expérimentation - tout comme une fiction dramatique, une répétition, un rite ou un jeu - sont naturellement et socialement cadrées. c'est ainsi que nous savons comprendre ce qui se passe dans une situation et raconter ce qui nous est arrivé. c'est ce à quoi nous employons le plus clair de notre temps, dans nos conversations quotidiennes et dans nos débats publics.
Loin de se contenter d'une distinction des domaines d'activité selon leur nature et le cadre qui leur " conviendrait ", et loin d'accorder à l'acteur le pouvoir de construire ses situations, goffman, fidèle spectateur et inlassable observateur de nos impostures, s'acharne à explorer les défaillances et les troubles de l'engagement qui fondent la richesse d'un monde toujours en suspens sur la vulnérabilité de notre expérience.
Face à toutes les figures sociales de l'imposteur - le malin génie des cadres - notre attention se schématise et nous apprenons à réparer : ancrage de l'activité, justifications, narrations. et dans cette création continuée du lien social, la dramaturgie du monde s'enrichit d'une strate de plus, quitte à contraindre le malin génie à se montrer toujours plus compétent.
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Erving Goffman a passé sa vie à s'approcher du langage. Avoir consacré son oeuvre à écrire la grammaire de nos comportements quotidiens le menait inévitablement à étudier ces comportements qu'on dit linguistiques. Expression fautive qui laisse croire qu'il ne s'agit que de faire en disant. On fait autant avec des silences, des exclamations, des onomatopées. Surtout, et c'est là peut-être l'apport essentiel de Goffman ici, il faut échapper à cette régression à l'infini qui captive le linguiste : que le langage toujours répond au langage, que le signifié toujours présuppose un autre signifié, toute sortie barrée vers le dehors des mots. Il n'en est rien. Ainsi, une réponse, verbale ou non, suppose moins une question préalable qu'elle ne permet, parfois, de reconstruire quelque chose comme un possible objet de référence, ou bien on parle tout seul, et le soliloque qui ne suit rien est encore une façon de traiter une situation sociale ; ou l'on fait une conférence sur un sujet quelconque, y compris l'art des conférences, et ce qu'on dit vraiment, c'est que le monde existe et qu'il est cohérent puisqu'on peut en parier. Enfin, si l'unique condition de félicité qui légitime les échanges est que l'autre ne soit pas fou, et si l'on est prêt à tout invoquer pour éviter de conclure qu'il l'est, ne s'ensuit-il pas que la moindre parole peut, à l'occasion, présupposer toutes choses au monde, et les plus improbables ? Jamais Goffman n'avait poussé aussi loin sa réflexion sur nos actes. Que celui-ci doive rester son dernier livre est un grand regret ; qu'il ait pu nous le laisser, une consolation.
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Erving goffman, l'inventeur de l'infiniment petit en sociologie, cherche la domination masculine non seulement dans les discriminations ou les comportements couramment dénoncés comme sexistes.
Mais aussi et surtout dans les gestes du quotidien, dans chaque situation oú la différence des sexes est mise en jeu, mise en scène comme expression d'une prétendue " nature ". l'arrangement, alors, c'est la construction sociale du genre, qui donne à des différences biologiques entre les sexes, non pertinentes dans la plupart des entreprises humaines, une si grande importance sociale. comme le montre claude zaidman dans son introduction, ce texte contribue à enrichir notre analyse du monde contemporain en définissant un type bien particulier de relation sociale, entre ségrégation et proximité, oú femmes et hommes sont " with-then-apart " - ensemble-séparés.
Il interroge chacun et chacune sur sa représentation du féminin et du masculin, et sur les rapports de sexe mis en oeuvre dans les sociétés modernes.
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Nous avons découvert, avec erving goffman (1922-1982), combien la vie sociale est une scène : image inversée de l'institution, son drame c'est de n'être jamais totale mais morcelée.
Comédie de la disponibilité ou chorégraphie des attentions rituelles, la scène est congestionnée. les questions qui l'agitent, nos histoires sociales fondamentales - comment inviter ? comment saluer ? comment réparer une offense ou apaiser un échec ? - concernent les conditions de félicité de nos actes, les définitions partagées de l'acceptable, le traitement normal, civil ou moral, de ces " objets de valeur ultime " que sont nos visages.
Les lectures de goffman réunies ici explorent l'art du sociologue comme metteur en scène, son inlassable étonnement devant l'étendue de nos vulnérabilités comme devant les ressources qu'elles nous procurent pour savoir ce qui peut ou non le dire, dans quel contexte et avec quelle pertinence.
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Comment se conduire dans les lieux publics
Erving Goffman
- Economica
- Etudes Sociologiques
- 6 Mai 2013
- 9782717864410
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Stigma: notes on the management of spoiled identity
Erving Goffman
- Adult Pbs
- 7 Décembre 2006
- 9780140124750
The dwarf, the disfigured, the blind man, the homosexual, the ex-mental patient and the member of a racial or religious minority all share one characteristic: they are all socially "abnormal", and therefore in danger of being considered less then human. Whether ordinary people react by rejection, by over-hearty acceptance or by plain embarressment, their main concern is with such an individual's deviance, not with the whole of his personality. "Stigma" is a study of situations where normal and abnormal meet, and of the ways in which a stigmatized person can develop a more positive social and personal identity.
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Asylums: essays on the social situation of mental patients and other inmates
Erving Goffman
- Adult Pbs
- 7 Décembre 2006
- 9780140137392