4 février 1912. Le jour se lève à peine. Entourés d'une petite foule de badauds, deux reporters commencent à filmer. Là-haut, au premier étage de la tour Eiffel, un homme pose le pied sur la rambarde. Il veut essayer son invention, un parachute. On l'a prévenu : il n'a aucune chance. Acte d'amour ? Geste fou, désespéré ? Il a un rêve et nul ne pourra l'arrêter. Sa mort est l'une des premières qu'ait saisies une caméra.Hanté par les images de cette chute, Étienne Kern mêle à l'histoire vraie de Franz Reichelt, tailleur pour dames venu de Bohême, le souvenir de ses propres disparus.Du Paris joyeux de la Belle Époque à celui d'aujourd'hui, entre foi dans le progrès et tentation du désastre, ce premier roman au charme puissant questionne la part d'espoir que chacun porte en soi, et l'empreinte laissée par ceux qui se sont envolés.
Dire tu ? Dire vous ? Que la solution s'impose comme une évidence ou qu'elle nous plonge dans les affres du doute, il nous faut faire un choix. Et ce choix, d'emblée, nous place au coeur d'enjeux considérables, car ces tu et ces vous que nous employons sans y prêter attention sont plus que des pronoms. Ils engagent notre relation à l'autre.Infatigable collectionneur d'anecdotes, Étienne Kern mène l'enquête sur ces deux simples mots, les jeux qu'ils permettent, les faux pas qui nous guettent. Il nous convie, chemin faisant, à un voyage inattendu à travers la langue et la littérature.
« Avez-vous bien des ennemis ? » Voilà ce qui préoccupe Balzac, dans la lettre qu'il écrit à son confrère Eugène Sue le 18 novembre 1832. Sue répond sur le même ton : « Les ennemis ? Oh ! très bien, parfaits et en quantité. » La course aux honneurs est indissociable de la condition d'écrivain, particulièrement au XIXe siècle, quand la presse devient toute-puissante et que les tirages des livres augmentent. Autant de motifs d'envie et de ressentiment pour nos chers auteurs : Balzac accuse Hugo d'utiliser des journalistes à sa botte pour l'éreinter, lequel Hugo se brouillera avec Dumas pour une sombre histoire de rivalité théâtrale ; Lamartine, qui vend ses fonds de tiroir pour gagner de l'argent, devient la risée de ses pairs ; quant aux Goncourt, ils crient au plagiat perpétuel : Flaubert a copié leur usage de l'imparfait, Zola vole le sujet de leurs livres...
C'est parce qu'ils sont écrivains, parce qu'ils savent quel mot fait mouche et fait rire, que leurs haines sont si savoureuses pour nous, lecteurs. Traits d'esprit, ruses et dédains, mensonges et duperies : ne boudons pas notre plaisir.
Voici l'occasion rêvée de plonger malicieusement dans l'histoire de la langue et de la littérature françaises tout en révisant votre grammaire. De Balzac ("Il l'atteignit si furieusement de son poignard qu'il le manqua") à Céline ("On va remanger de la saussisse"), vous saurez tout sur les plus jolies bévues, perles et fautes de français commises par la fine fleur de nos écrivains ! Au menu : orthographe, syntaxe, lapsus, répétitions, mais aussi fautes ludiques, fautes géniales et poétiques, fautes dues à l'émotion, "coquilles" de légende - et même, laissée volontairement par nos deux auteurs, une célèbre faute à retrouver dans leur texte... Anne Boquel et Étienne Kern, professeurs de lettres, ont notamment publié «Une histoire des haines d'écrivains, de Chateaubriand à Proust» et «Une histoire des parents d'écrivains, de Balzac à Marguerite Duras».