« Elles sont à l'opposé des femmes extrêmes. Le contraire des femmes fatales. Ce sont les gourmandes, les femmes de plaisirs, les dames de coeur. Épicuriennes par nature et par inclination, par vocation, Mme de Sévigné, Mme de Tencin, Juliette Récamier, Colette, Arletty, Louise de Vilmorin, Françoise Sagan se ressemblaient, malgré les différences d'époque, de style et de mode. Elles avaient un air de famille. C'étaient des héroïnes de la vie, des charmeuses de l'existence, et celle-ci leur rendait la politesse. Elles croyaient à la légitimité du bonheur et mettaient le malheur en résidence surveillée », écrit Françoit Bott. Il évoque aussi Virginia Woolf et Katherine Mansfield, qui auraient pu se rencontrer un après-midi de septembre 1917 à Londres.
François Bott a l'art, en quelques pages délicates et légères, de restituer une allure, une silhouette, une insolence à vivre.
Un bonheur de lecture pour les amateurs de femmes.
Entouré de jeunes et jolies infirmières, Van Dongen vit ses derniers jours à Monaco en mai 1968. Atteint, entre autres, de la maladie de Parkinson, il n'aura pas le loisir de les déshabiller, de les peindre et de les aimer. Alors il se souvient et reviennent sur ses lèvres ses conquêtes féminines, ses amis Picasso, Max Jacob, Arthur Cravan.
Cette confession imaginaire est un enchantement perpétuel. Une valse folle dont on voudrait ralentir le rythme pour ne pas arriver à la dernière page.
C'est aussi un hymne à la vie, à l'amour, aux femmes et à leur corps.
Du "France-Soir" de Pierre Lazareff au "Monde", dont il dirigea le supplément littéraire, en passant par "L'Express" et "Le Magazine littéraire", François Bott a promené son exigence et son impatience dans une République des Lettres dont il a très vite saisi les postures et impostures. C'est donc avec un bonheur rare qu'il étrille Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Françoise Giroud, Claude Sarraute, Jean-Edern Hallier, etc. Mais l'essentiel de cette magnifique "Traversée des jours", ce sont des portraits écrits au fil de l'amitié ou de l'admiration. On croise ici Roger Vailland, Alphonse Boudard, Simone Signoret, Barbara, Tahar Ben Jelloun, E. M. Cioran, Louis Nucéra, Ernst Jünger, Jacques Laurent, Françoise Sagan et tant d'autres dont on entend les voix, à lire François Bott. Un festin jouissif pour tous les amoureux des livres et de la vie.
Connaissez-vous l'adresse du paradis ? Pour Raymond et Simon, deux écoliers devenus des amis inséparables, le paradis - le jardin des rêves, la cathédrale des chimères, le palace de l'enfance -, c'était le Vel'd'Hiv", le vélodrome d'Hiver, à l'angle du boulevard de Grenelle et de la rue Nélaton, dans le quinzième arrondissement. Simon, fils d'un médecin juif, et Raymond, fils du concierge du Vélodrome, en connaissaient tous les recoins, tous les secrets et toutes les légendes, toutes les mythologies. Car, dans les insouciantes années 1930, le Vel'd'Hiv était le temple du cyclisme sur piste et de la boxe. Les Six-Jours et de grandes rencontres pugilistiques s'y déroulaient, sans oublier les meetings du Front populaire. À l'extérieur de la piste en bois, il y avait les gradins populaires et, à l'intérieur, le restaurant à la mode, où se retrouvaient les people, comme on dit à présent. D'un côté, le Tout-Paname et, de l'autre, le Tout-Paris, dans lequel des demi-mondaines jetaient aux coureurs des bouquets de violettes. Le Vel'd'Hiv" prouvait que Paris était une fête. " Que fais-tu ce soir ?" demandait-on. Réponse : " Je vais à Grenelle. " Puis, les 16 et 17 juillet 1942, ce fut la grande rafle. Complice des nazis, la police française arrêta des milliers de Juifs, qui furent rassemblés au Vélodrome d'Hiver. Le rendez-vous de toutes les festivités devint le lieu de la tragédie. L'enfer après le paradis. Raymond aperçut une dernière fois Simon et son père, avant qu'ils ne disparaissent dans la foule, pour être emmenés vers le Grand Nulle Part.
Vel'd'Hiv raconte le destin de deux enfants, deux amis, emportés dans la tourmente de l'Histoire et séparés l'un de l'autre, alors qu'ils se croyaient inséparables. Un roman servi par une écriture d'une impitoyable légèreté.
Notre époque proscrit les " états d'âme ".
Elle nous conseille de les réprimer ou de les dissimuler soigneusement. Défense de flâner, de rêver, de s'émouvoir ! Par bonheur, il reste la littérature. C'est la " réserve " ou le dernier refuge de la délicatesse et de l'affectivité. C'est " le coeur d'un monde sans coeur "...
On trouvera dans ce livre cinquante-cinq portraits d'écrivains contemporains qui se promènent sur la planète des sentiments D'Emmanuel Berle à Stefan Zweig, en passant par Tristan Bernard, Antoine Blondin, Henri Caleté, Cioran, Jean Cocteau, Colette, Léon Paul Fargue, Elie Faure, Francis Scott Fitzgerald, Jean Giraudoux André Hardiesse, Valéry Larbaud, Jacques Laurent, Paul Morand, Jean Paulhan, Henri-Pierre Roché, Roger Vailland, Paul Valéry, Léon Worth et Marguerite Yourcenar.
Ces Gens nous démontrent que la littérature est seulement soucieuse de la couleur des journées, des climats qui s'annoncent, des amours qui passent et des silhouettes qui s'éloignent. Afin que " Toutes les choses et d'ici-bas soient murmurées une fois dans l'ombre, une fois encore sur des lèvres tièdes ".
Quelques-unes d'entre elles : Zelda Fitzgerald, symbole de toutes les générations perdues ; Ava Gardner, la sublime comtesse aux pieds nus ; Helen Hessel, l'héroïne de Jules et Jim ; Billie Holiday, la plus grande chanteuse de blues ; Milena Jesenska, la passion de Franz Kafka ; Julie de Lespinasse, l'amoureuse mystique du siècle des lumières ; Carson McCullers, la fiancée de l'Amérique ; Louise Michel, l'héroïne de la Commune de Paris ; Edith Piaf, dont les brèves amours avec Marcel Cerdan firent pleurer la France ; Sylvia Plath, météore des lettres américaines ; et Jean Rhys, la passante exotique de toutes les rives gauches d'Europe. " Ces femmes, ces ombres, écrit-il, je les ai aimées comme un romancier aime ses personnages, particulièrement ses personnages féminins. Je me suis invité dans leur univers, dans leur subjectivité, et je les ai traitées comme des héroïnes de roman. Pour certaines (Sylvia Plath et Jean Rhys), j'emploie le je. Leur histoire est écrite à la première personne, car je me suis efforcé de recomposer, de réinventer leur monologue intérieur. De sorte que, dans ces récits, tout est véridique, tout est imaginé ; tout est exact, tout est romanesque. " Le style impeccable de François Bott ajoute au plaisir de ces rencontres avec des femmes d'exception.
Les écrivains sont entourés de fantômes qu'ils entretiennent en secret, comme des danseuses ou des demi-mondaines.
Parfois, certains de ces fantômes les tirent par la manche, pour devenir des personnages de roman. Voilà comment, durant le printemps 2003, Isidore Ducasse, le plus ténébreux des poètes français nés à Montevideo, Arthur Cravan, le plus fantasque des poètes boxeurs, et Rik Van Steenbergen, le flambeur des casinos et des tables de poker, ancien champion du monde cycliste, se sont retrouvés colocataires du même roman.
Après avoir passé son enfance sur les bords du Rio de la Plata, Isidore Ducasse (alias comte de Lautréamont) mourut, obscur et solitaire, dans un garni, rue du Faubourg Montmartre, pendant le siège de Paris, en novembre 1870. Arthur Cravan disparut mystérieusement au Mexique, en 1918, sans avoir eu le temps d'inaugurer ces années folles dont il avait été le précurseur. Rik Van Steenbergen s'éteignit à Anvers, dans la misère et la solitude...
Pendant des semaines, de Paris à Montevideo, des bords de l'Escaut à ceux du Rio de la Plata, François Bott est allé sur les traces de ses personnages. La poésie, la boxe, le cyclisme, le poker, la roulette, le jazz se mêlent dans ce roman qui s'efforce de pénétrer les secrets d'Isidore, d'Arthur et de Rik, et le mystère de leur disparition.
Un ancien jeune homme revient en Normandie et, cédant aux caprices de sa mémoire, se souvient de sa rencontre avec Raphaël, en 1947. Raphaël qui deviendra l'ami majuscule, le frère électif.
Dans les années 1950, « la vie ressemblait encore à une promesse ». François Bott a la nostalgie tendre et joyeuse lorsqu'il évoque les mythologies littéraires et cinématographiques qui séduisaient ses amis, surnommés « Les Mousquetaires » : Édith Piaf, Rita Hayworth, Gene Tierney, Françoise Sagan, Jean-Paul Sartre, Albert Camus. Un seul homme politique les fait rêver : Pierre Mendès France.
Le destin est un « despote sénile et gâteux ». La guerre d'Algérie sifflera la fin de la récréation. Raphaël résiliera son sursis et sera tué dans les Aurès en mars 1962, quelques semaines avant le cessez-le-feu.
François Bott suit ses personnages à la trace. Il n'est dupe de rien ni de personne, car le temps vient toujours où les vies « prennent des couleurs d'arrière-saison ». De la guerre d'Algérie à Mai 68, c'est l'histoire d'une génération, les sixties.
Un roman enchanteur. Une littérature sans cheveux blancs.
Robert et René Maupas, Rose, Juliette, Jim Anderson, Lady Brett, Gatsby, Cécile et même les silhouettes de passage, comme la mascotte ou Léon Morand... Tous les personnages de ce roman montrent l'existence comme un grand jeu de cache-cache entre divers destins qui finiront par se recouper, se rejoindre, avec une impression de " déjà vu ", pour illustrer la phrase de Paul Eluard : " Le hasard n'existe pas. Il n'y a que des rendez-vous. "Et comme si l'amour, les sempiternelles raisons du coeur étaient le seul rempart, si précaire, si fragile, contre le naufrage, la défaite de toute vie.Tout cela sur fond de rumeurs, de bruit, de fureur : les tourments, le tumulte et la tourmente de l'Histoire, servis par un style majestueux et un humour à fleur de mots.