Janvier 1854:en faisant paraître Les Filles du feu, recueil de nouvelles suivi de douze sonnets rassemblés sous le titre Chimères, Nerval, par-delà les crises de folie et la maladie, prouve au monde que son génie reste intact. Abolissant les frontières entre ici et ailleurs, entre autrefois et aujourd'hui, entre autobiographie et songe, ces textes ont fasciné les plus grands auteurs du siècle suivant, de Proust à Yves Bonnefoy, en passant par André Breton ou encore Julien Gracq, qui écrivait:«Il y a chez Nerval une infusion omniprésente du souvenir, une chanson du temps passé qui s'envole et se dévide à partir des rappels même les plus ténus de naguère comme de jadis, et que je ne vois à aucun autre écrivain.»
Dernière oeuvre de Kleist, Le Prince de Hombourg, dont Heine disait que c'était le génie même de la poésie qui l'avait écrite, fait figure de testament de l'écrivain. L'histoire de ce prince «indigne» qui désobéit à ses supérieurs, craint la mort et souffre de somnambulisme suscitera chez chaque lecteur une interprétation différente : réquisitoire contre le militarisme prussien, contre le despotisme, contre la loi ; histoire d'un jeune révolté qui finit par se soumettre, d'un roi qui renonce à son intransigeance ; plaidoirie pour l'Etat militaire, pour la discipline ; tragédie, comédie ; hymne à la vie, à la guerre, à la liberté, à la nuit, cette pièce, en forme de paradoxe, trône comme un chef-d'oeuvre au sommet du classicisme allemand.
«Léo Burckart»constitue une réflexion romantique sur la politique et le pouvoir au XIXe siècle.«L'imagier de Harlem»est un drame faustien contemporain des drames wagnériens. Une tentative de spectacle total, échappant à l'espace et au temps.