Porter à la scène la question de l'utopie politique confrontée à la réalité sordide du pouvoir, dans une Allemagne presque contemporaine travaillée par l'Illuminisme et les Sociétés secrètes, tel est l'ambitieux projet de Nerval en 1838. Un premier état de Léo Burckart, en collaboration avec Dumas, n'ayant pas convenu au jeune théâtre de la Renaissance, Nerval en assuma seul la « refonte totale » qu'il fit recevoir au théâtre de la Porte- Saint-Martin et soumit à la censure. C'est ce deuxième état que donne à lire la copie manuscrite conservée aux Archives nationales. Avec quelques remaniements encore, sensibles notamment dans le prologue, mais non structurels, le « beau drame sérieux » sera créé en avril 1839, puis publié la même année avec les documents qui servirent à sa conception.
Le séjour viennois de l'hiver 1839-1840 fut pour Nerval une expérience existentielle déterminante dont il ne cessera, au cours des treize années suivantes de métamorphoser le récit, comme un retour spéculaire sur soi. Il nous a donc paru significatif de proposer au lecteur une édition de l'ensemble de ces textes, depuis la Lettre sur Vienne et Les Amours de Vienne tels qu'ils furent publiés en 1840 et 1841 puis remaniés en 1849 dans Al-Kahira. Souvenirs d'Orient, jusqu'à l'achèvement onirique de Pandora.
Par ailleurs, dès lors que la découverte de nouveaux manuscrits autographes enrichissait notre connaissance du texte de Pandora, il fallait faire le point sur ensemble des documents (manuscrits et épreuves) désormais connus. La présente édition en propose donc également l'étude critique, la transcription et la reproduction.