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Jacques Henric
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La boxe ? Une guerre, oui, avec ses drames et ses gueules cassées ; la vie et la mort au bout des gants mais avec des règles et une éthique. Torero dans l'arène, boxeur sur le ring, leur carburant c'est la rage. L'écrivain Jacques Henric rencontre Jean-Marc Mormeck à la veille de son dernier combat. L'histoire et la philosophie de la boxe s'emparent de lui. Après tout, l'écriture est une arme comme le poing.
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Le 27 mai 1918, Joë Bousquet, jeune soldat de vingt ans et futur Grand poète, reçoit une balle qui le laisse paralysé et impuissant à vie. Un jour de mai 1932, un écolier de sept ans et demi, Jacques Lusseyran, futur Grand héros de la Résistance, perd à jamais l'usage de ses yeux. Le 3 octobre 2018, le narrateur de La Nuit folle a son oeil droit qui explose alors qu'il se dirige en voiture vers un des lieux où vécut le Grand poète infirme.
« J'aime les hommes qui tombent », écrivait Melville. Comment, où et quand tombent-ils, les hommes ? Ce roman est un exercice d'admiration, pour les hommes entrés dans la nuit lumineuse ; pour les femmes de la nuit, héroïnes porteuses de leur propre lumière.
La Nuit folle est aussi une interrogation sur le mal. La nuit peut être rendue folle par la guerre, par le sexe, par la drogue. Cloîtré dans sa chambre de Carcassonne, Bousquet reçoit des jeunes filles pour des rencontres mystérieuses. Il se passionne pour la fin'amor et le récit des prouesses sexuelles du Grand troubadour Guillaume IX, duc d'Aquitaine. Jacques Henric est amené à porter un nouveau regard sur le récit de la femme aimée, La Vie sexuelle de Catherine M.
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Un homme regarde, sur un écran, des scènes pornographiques. Mais ce ne sont pas des acteurs qui jouent la comédie. La jeune femme qui se soumet aux désirs de ce partenaire inconnu est l'auteur de ce livre étonnant et incorrect, La vie sexuelle de Catherine M. Comment cela a-t-il commencé ? Étonné, indigné, indifférent ou amusé parfois, devant ce que les gestes et les soupirs révèlent, Jacques Henric tente de raconter. Mais comment raconter une vie amoureuse ? La grâce de la première rencontre, la fascination pour la jeune femme sans interdit qui se dit « hors du mal » ? Toutes les littératures - de Proust à Bataille, de Sade à Anaïs Nin - ont décliné les joies du sexe, l'abîme de l'amour, l'expérience violente de la jalousie. Les romantiques et les libertins ont mis en scène l'énigmatique jouissance féminine, la crudité érotique et le cynisme pornographique. Qui est la jeune femme sur l'écran ? Une victime humiliée ou une déesse perverse ? Elle est la femme aimée, celle qu'il contemple dans son sommeil. À la brutalité des images, Jacques Henric oppose son amour absolu, sa tendresse que rien ne peut abîmer. Et cette certitude : « À la fin des fins, il n'y aura eu que nous. »
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Deux femmes : la jeune Lucie, sa mère Marie.
Deux amis : Picasso, Maillol. Deux villes : Cerbère, Port-Bou. Deux pays : la France, l'Espagne. Entre les deux, une frontière. Mais qu'est-ce qu'une frontière ? Entre deux pays. Entre deux femmes. Entre le corps d'un peintre qui peint et le corps d'un modèle qui pose. Entre la vie et la mort. Depuis 1939, cinq cent mille républicains espagnols, vaincus par Franco, passent d'Espagne en France. Terme imprévu de leur exode : un long internement derrière les barbelés des " camps de la honte " français.
Un matin de septembre 1940, un homme seul refait le même chemin, mais en sens inverse, de la France vers l'Espagne. Il est allemand, il s'appelle Walter Benjamin. Quel lien entre les tragédies collectives et l'histoire vécue de chaque sujet humain ? Au narrateur de ce roman de trouver la réponse. A lui d'apprendre à se situer, à tout instant, dans le temps. Il disposera, pour ce faire, d'un instrument ad hoc : une moto (nouveau modèle roadster de chez BMW) ; de deux alliées : la vitesse, et la lumière ; d'un lieu privilégié pour chacune de ses étapes : l'habitation d'une femme.
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L'Italie. Le matin. La couleur rose des pierres et du ciel. Le bruit d'ailes des pigeons. Après une nuit d'un intense vacarme intérieur. Vous émergez d'un état de fatigue tenace et ancienne. Harassé et pourtant doué étrangement d'une énergie neuve. Carrousels s'ouvre sur ce réveil-là, sur cette manière de naissance-là. Un de ces moments de lucidité aiguë qu'on connaît après dépression ou usage abusif de toxiques, au cours duquel l'histoire du monde et votre histoire singulière vous apparaissent soudain dans un fantastique télescopage de formes, couleurs, de sons et de mots. Aux souvenirs personnels, aux images de votre débâcle intime se mêlent visages et événements de l'histoire ancienne ou contemporaine.
Le roman - à la fois autobiographie, essai, carnet de voyage, poème, récit historique, journal intime. - est construit autour de trois axes?: trois voyages, effectués à un court intervalle l'un de l'autre, en Grèce, à Jérusalem, en Italie. Par le lien qu'il établit entre la chute d'un seul (il y a une référence insistante à la fresque peinte par Masaccio, Adam et Ève chassés du Paradis terrestre) et la dégringolade de tous, il constitue une invite à suivre le fil d'une vérité - d'une cruauté - qui court d'une catastrophe à la suivante.
Aux couleurs des pierres et du ciel italiens, ajoutons un autre rose?: celui des braises sur lesquelles nous marchons et qui nous donnent parfois, comme le suggérait Sade, ce bizarre air de danser.
J.H.
Le chef-d'oeuvre de Jacques Henric, initialement publié en 1980 dans la collection d'avant-garde littéraire « Tel Quel » que dirigeait Philippe Sollers au Seuil. Indisponible depuis trop longtemps, il est ici reproduit quasi à l'identique.
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Animant un "atelier d'écriture", le narrateur (l'Ecrivain) retrouve une ancienne relation à lui, un architecte (l'Archi) qui va lui confier son crime, le suicide de son fils et les rapports étranges, d'où ne sont pas absentes les débauches sexuelles, qu'il entretenait avec sa femme (la Pianiste), interprète de Satie. Erik Satie, qui apparaît ici sous un jour surprenant mais parfaitement véridique, propre à choquer ceux qui se font de la musique une image idéalisée, à enthousiasmer ceux qui, ayant lu Freud, Bataille ou Genet, savent de quelle fermentation obscure la beauté est le résultat. A côté de Satie, voici Picasso, et le saxo ténor Albert Ayler, qui révolutionna le jazz dans les années 60 et mourut noyé dans l'Hudson. New York et Istanbul font aussi partie des fantasmes évoqués dans la prison. La sexualité, voire la pornographie, l'iconoclastie, la transformation physique des corps soumis à l'enfermement, tels sont quelques-uns des thèmes non pas "traités", mais comme mis en musique par ce texte insolite, provocant, qui s'organise tantôt sous forme de journal intime, tantôt au rythme du jazz, tantôt en épousant l'allure plus ample de déambulations dans les villes.
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La liste est longue des peintres et des écrivains par qui le scandale est arrivé. Aux noms de Goya, Manet, Flaubert, Sade, Joyce...il nous faut aujourd'hui ajouter ceux de Scorsese et Rushdie. Un cinéaste puis un romancier se sont à nouveau rendus coupables du crime de lèse-sacré. Pourquoi images et écrits ont-ils toujours ce pouvoir d'affoler les communautés humaines et de mettre en péril les morales ? Et pourquoi est-ce le sacré que, toujours, on invoque pour faire barrage à la force insurrectionnelle de tel tableau, de tel film, de tel livre ? Jacques Henric, dans {la Peinture et le Mal}, avait proposé un début de réponse. Il poursuit ici son enquête en prenant pour objet le roman. Ainsi sur la scène de sa tragi-comédie défilent de graves, joyeuses ou pittoresques figures : Ulysse, Kafka, Nietzsche, Jarry, Leiris, Bataille, Stendhal, Céline, Warhol et les autres...des mystiques, des femmes, des saints, des fous, des prostituées... Il y a dans la littérature un "parti de la mort" et un "parti de la joie". Jacques Henric montre dans quel camp se situe le roman.
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Jacques Henric naît en décembre 1938. Il appartient à cette génération qui fait ses premiers pas quand se déclenche la Seconde Guerre mondiale. Les souvenirs de ces temps tragiques - la défaite, l'Occupation nazie, le gouvernement de Vichy, la Collaboration, la Résistance, les combats de la Libération, la découverte de l'extermination des Juifs... - ne sont pas étrangers aux engagements politiques et littéraires qui seront plus tard les siens : l'adhésion au parti communiste, les luttes anti-coloniales, le compagnonnage avec Tel Quel, le bref épisode maoïste, l'aventure d'Art Press - Politique est le récit, tantôt grave tantôt drôle, du parcours d'un écrivain pour qui l'écriture et la politique, sans jamais se confondre, ont toujours tissé entre elles des liens complexes, comme ce fut le cas pour les avant-gardes littéraires du début du xxe siècle. Politique est aussi une réflexion sur les manipulations et les défaillances de la mémoire, et en un temps où est bradé ce que la modernité littéraire a produit de plus fort, cet essai autobiographique se veut une manière de traité anti « anti-moderne ».
En quelques mots : Les mémoires littéraires-politiques-artistiques de l'auteur, qui a traversé l'après-guerre, côtoyé le PC et ses illustres figures (notamment Aragon), avant de se rapprocher du groupe Tel Quel puis de fonder Art Press. Ces mémoires rappellent des causes, des combats, et offrent une galerie de portraits sur fond de fresque historique engagée et délibérément placée sous les couleurs de la modernité.
L'auteur : Jacques Henric est né en décembre 1938. Il a été enseignant (spécialiste des enfants malades). Il a participé à des ateliers d'écriture dans les prisons. Il a collaboré à Tel Quel, Critique, Libération. Ilest membre du comité de rédaction d'Art Press.
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Atteint d'un cancer de la prostate, l'auteur doit subir une intervention chirurgicale qui va mettre en jeu, fût-ce provisoirement, son pénis et sa virilité. Le chirurgien s'appelle...Casanova ! Dès lors, la piste du libertin de Venise est un fil rouge qui nourrit une interrogation sur l'instinct de vie, le spectre de la mort, et la place qu'y occupe la sexualité. Au sortir de cette épreuve, le narrateur éprouve le besoin de prendre un peu distance avec le monde occidental dans lequel il s'est formé, pour aller chercher d'autres perspectives dans un ailleurs qui prend essentiellement le nom d' " Afrique ". Où se trouvent le Bien, le Mal ? Est-on si sûr d'en détenir les clés ? L'équilibre fugace de " la balance des blancs " se heurte à la question de la domination, de l'exploitation, et aussi bien de l'aliénation.À partir d'un événement de sa vie personnelle, Jacques Henric reconsidère une certaine histoire occidentale, et trouve dans l'art et la littérature quelques modèles de rupture qui, en leur temps, ont fui eux aussi leurs origines : Melville, Rimbaud, Segalen, Gauguin... Mais bien d'autres auteurs (de Joyce à Catherine Millet, de Leiris à Quignard, etc.) accompagnent cette réflexion sur le vacillement des certitudes et des évidences.
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Suzanne et les vieillards : Tryptique
Jacques Henric, Joëlle Ferry, Joséphine Le foll
- Desclee De Brouwer
- 7 Mai 2002
- 9782220050614
Qui ne connaît, au moins par un tableau, l'histoire de Suzanne, cette belle et pieuse femme, injustement accusée par deux anciens et sauvée par l'intervention de Daniel, alors tout jeune homme ?
Pour méditer cet épisode et en restituer la profondeur, trois auteurs conjoignent ici leurs voix : un romancier, une exégète et une historienne de l'art.
Jacques Henric maintient ensemble, dans une fiction suggestive inspirée des ?uvres du Tintoret, les pensées du scénariste d'un film sur Suzanne et les vieillards, celles de Tintoret, de son modèle, puis de Suzanne elle-même parlant au peintre, chaque voix dramatisant la scène et lui donnant son épaisseur. Joëlle Ferry, abordant la structure du texte biblique, en ressaisit les portées juridique (critique de la corruption des juges), morale (Suzanne, modèle de fidélité conjugale et d'observance de la loi) et théologique (omniprésence d'un Dieu soutenant l'espérance de son peuple). Joséphine Le Foll propose une généalogie du motif pictural de Suzanne : de la figure de l'Eglise, agneau menacé par les loups dans une fresque des catacombes, à la Nymphe surprise d'Edouard Manet, en passant par Tintoret et Rembrandt, elle montre la tension qui fait la richesse de ce thème. -
Une ancienne ferme en Andalousie. Un homme s'éveille, un cinéaste, dans cette région désertique où il tourne un film censé se passer, en partie, dans la Palestine du XIIe siècle. Le héros est un adolescent, Baudouin IV, roi lépreux de Jérusalem... Depuis quelques jours, le tournage est interrompu : un plan de mains, d'apparence très simple à filmer, n'a pu être achevé. La prise impossible fait que, soudain, le réel tout entier va basculer. Le roman de Jacques Henric, où les arts de la figuration - sculpture, peinture, photographie, cinéma - sont pris en charge par l'écriture, mêle histoire ancienne et événements contemporains (croisades, actuelle guerre du Liban), héros fictifs et personnages réels (Cervantès, Rodin, Fernandel, Bataille, Picabia, Jane Birkin). On ressent, d'un bout à l'autre du livre, qu'une malédiction pèse sur l'homme : l'exigence de se représenter, l'impossibilité d'y parvenir. Y a-t-il, se demande Jacques Henric, d'autres souffrances que celle-ci, d'autres tragiques échecs que celui-ci ? Car elle s'en va la figure du monde est un roman à l'image du monde qui nous entoure : seule l'ironie parvient à en atténuer la grande brutalité. La question centrale du livre étant celle de la représentation des corps, une certaine crudité sexuelle était inévitable. L'auteur ne juge jamais : il se contente de nommer le visible avant qu'il disparaisse. Dans la foulée de saint Paul, c'est sa manière de lui rendre, à ce visible, justice...
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Les coulisses d'un demi-siècle de vie littéraire française.
Le 6 août 1971, sur la couverture d'un volumineux carnet, Jacques Henric inscrit pour la première fois le mot " Journal ". Il le tiendra à jour quotidiennement pendant plus de quarante ans. Ce document exceptionnel et inédit, conservé à l'IMEC, raconte, année après année, l'aventure de jeunes écrivains regroupés au sein de la revue Tel Quel , mais aussi celle de leurs célèbres aînés - romanciers, poètes, philosophes - comme Barthes, Bataille, Genet, Kundera, Ponge ou Lacan...
Philippe Sollers, Régis Debray, Pierre Guyotat, Alain Robbe-Grillet, Marc-Édouard Nabe, Christine Angot, Philippe Murray, Jean-Edern Hallier, Michel Houellebecq, Jean Baudrillard, Gabriel Matzneff, Bernard Pivot : ces notes journalières donnent un éclairage inédit sur la vie quotidienne de ces personnalités du monde des lettres, entrées au Panthéon de la littérature. Elles mettent également en scène les querelles intimes, réconciliations, controverses, débats théoriques et polémiques idéologiques qui ont enfiévré le milieu intellectuel des années 1970 à nos jours.
Enfin, ce livre raconte en filigrane la vie de son auteur auprès de Catherine Millet (La Vie sexuelle de Catherine M ., 800 000 ex. vendus en France, traduit dans plus de 40 pays), leur défense commune de l'art contemporain et la naissance de l'incontournable mensuel Art Press.