«Certains critiques m'avaient détourné de lire Au bon beurre, laissant entendre qu'il existait, entre Jean Dutourd et le couple immonde qu'il a peint, une obscure connivence. Or, à mesure que, ces jours-ci j'avançais dans le livre, j'éprouvais un sentiment de délivrance : Enfin me disais-je, tout de même, cela aura été dit. Ce couple à qui, plus ou moins, nous aurons eu tous affaire, pendant quatre ans, le voilà dénoncé, exposé sur un pilori qui désormais dominera l'histoire de ces noires années. Que l'auteur de ce beau livre soit un homme courageux, il faudrait pour le nier ne rien connaître de la lâcheté qui, aujourd'hui, incite tant de paupières à se baisser opportunément, scelle tant de lèvres.» François Mauriac.
Paris, en 2024. La tour Eiffel est encerclée par des immeubles en aluminium, on ne trouve plus de papeteries, le bois de Boulogne est une jungle, les pigeons ont envahi les gratte-ciel déserts, mais surtout, les femmes ayant cessé de procréer, la «planète des jeunes» est devenue la planète des vieux. Même la Chine ne compte plus que quelques millions d'habitants.Le narrateur, âgé de soixante-dix ans, rencontre dans la rue - spectacle extraordinaire! - un homme de trente ans, Frédéric Poinsot, père de trois enfants. Il l'aborde et confronte avec lui le présent au passé. Il avait vingt ans en 1974.Dans ce roman visionnaire, on retrouve le Dutourd drôle et féroce du Bon Beurre, minutieux des Horreurs de l'amour, et on découvre un Dutourd inattendu, curieusement attendri par la jeunesse et l'enfance.
Edmond Du Chaillu est un charmant enfant.
Malheureusement, il a une tête d'épagneul, avec des poils et de grandes oreilles pendantes. Doté d'un coeur humain et d'une âme d'homme, il débute dans la vie avec le poids de cette " fatalité canine ". Cela lui vaudra d'être torturé, tant à l'école que plus tard, au service militaire, et d'occuper une position solide et confortable d'être à part. Cela lui vaudra surtout de connaître, plus que tout autre, la solitude.
Ni l'argent, ni les chiens ne l'en consoleront. Jusqu'à ce qu'il rencontre l'amour - fou ? - d'une jeune femme de vingt-cinq ans, veuve et sans parents, qui va bouleverser son existence. C'est sur le mode comique que Jean Dutourd choisit de nous raconter cette tragique vie... de chien, symbole de la vie d'artiste.
Lorsque parurent en 1963 Les horreurs de l'amour, le grand critique André Thérive écrivit que c'était un chef-d'oeuvre, mais, précisait-il, «un chef-d'oeuvre insulaire», c'est-à-dire qui resterait unique dans son genre, que nul ne pourrait jamais imiter.Ce roman, qui a l'épaisseur des ouvrages de Dostoïevski ou de Dickens, qui est une somme sentimentale et psychologique comme celle de Proust, qui a la complexité, la minutie et les vastes mouvements de la vie, raconte les amours tragiques d'un député quinquagénaire et d'une dactylo de 25 ans. Mais au-delà de l'anecdote ou de l'intrigue, encore que celle-ci soit traitée comme elle doit l'être, il se dégage de toutes ces pages ce qui fait les oeuvres durables:une vision du monde, une philosophie, une métaphysique.
Lorsque parurent en 1963 Les horreurs de l'amour, le grand critique André Thérive écrivit que c'était un chef-d'oeuvre, mais, précisait-il, «un chef-d'oeuvre insulaire», c'est-à-dire qui resterait unique dans son genre, que nul ne pourrait jamais imiter.Ce roman, qui a l'épaisseur des ouvrages de Dostoïevski ou de Dickens, qui est une somme sentimentale et psychologique comme celle de Proust, qui a la complexité, la minutie et les vastes mouvements de la vie, raconte les amours tragiques d'un député quinquagénaire et d'une dactylo de 25 ans. Mais au-delà de l'anecdote ou de l'intrigue, encore que celle-ci soit traitée comme elle doit l'être, il se dégage de toutes ces pages ce qui fait les oeuvres durables:une vision du monde, une philosophie, une métaphysique.
Le déjeuner du lundi est un livre qui a toujours eu ses amateurs.
Il fut plusieurs fois réédité. Les gens qui le connaissent sont curieusement sensibles au charme qu'il peut avoir. On me dit quelquefois qu'avec dix ans d'avance j'ai inventé le nouveau roman. En effet, il y a dans Le déjeuner du lundi quelques ingrédients qui ont, par la suite, fait la fortune de cette école littéraire. Voilà bien ma chance ! J'ai fabriqué un " nouveau roman " alors que personne n'était prêt à en lire ! C'est tout moi, cela.
Je ne suis jamais à l'heure.
«La première vertu de ce livre brûlant, c'est l'éloquence. Elle s'exhale d'un coeur en deuil, elle jaillit d'une âme indignée. Je dis bien d'une âme. L'homme de Dutourd a une âme. Il paraît que l'homme aurait une âme. Pas une conscience intellectuelle. Une âme. Qu'il y en aurait de grandes et de petites. On voit que Dutourd ne recule devant nulle nouveauté. N'en doutons plus:Les taxis de la Marne datent un tournant de la sensibilité française.»Alexandre Vialatte.