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Jean michel Espitallier
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« La table de l'écrivain n'est jamais éloignée de quelque charnier » : cette phrase de Boubacar Boris Diop, qui figure au fronton du nouveau livre d'Espitallier, rend assez bien compte de ce qu'est Tueurs : un livre où alternent, dans un jeu de miroir glaçant, descriptions d'exactions commises en temps de guerre et propos tenus par ceux-là-même qui les ont commises. Les descriptions composent une fresque impitoyable, tandis que les propos des « tueurs » font ressortir la pire idéologie qui soit : l'autorisation de tuer aveuglément. Un diptyque saisissant dans lequel - qu'il s'agisse de tueurs au Rwanda, en Afghanistan, en France ou ailleurs - l'homme qui assassine se voit accordé le droit d'être un monstre sourd.
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Tandis qu'au-dehors, à quelques centaines de mètres de chez lui, des attentats ensanglantent Paris, Jean-Michel Espitallier vit un autre drame, plus intime. Sa compagne, Marina, s'éteint, « assassinée » par le cancer. Ce livre est la chronique d'une disparition, qui enregistre - au sens musical du terme - la lente et calme approche de la mort, son surgissement, capté avec une rare acuité, puis la première année dans l'absence. Sans voyeurisme, mais avec parfois la crudité que suppose la grande intimité entre les corps, Jean-Michel Espitallier consigne, au fil des jours, les remarques, les pensées, les sentiments que la perte lui inspire. Rappelant le «Journal de deuil» de Roland Barthes, mais aussi la précision des romans d'Annie Ernaux, ce récit poignant raconte le progressif effacement des traces matérielles qui évoquent l'existence de l'autre, faisant une place toujours plus vaste au souvenir, devenu seule expérience du présent. Il dessine ainsi, en creux, un émouvant portrait de celle qui fut, celle qui n'est plus, et compose une intense méditation sur le Temps. Habiter la vie en poète, c'est aussi puiser dans les ressources de la langue pour tenter de saisir l'incompréhensible et de surmonter l'insupportable.
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Syd Barrett, le rock et autres trucs
Jean-michel Espitallier
- LE MOT ET LE RESTE
- Musiques
- 11 Février 2017
- 9782360542376
Figure mythique du rock, membre fondateur de Pink Floyd dont il est le principal auteur et compositeur jusqu'au premier album, Syd Barrett sera viré du groupe dès 1968 en raison de ses excès de drogues et d'une santé mentale inquiétante. Il a 22 ans. La légende débute. Jean- Michel Espitallier cherche à comprendre les mécanismes qui créèrent le mythe de Syd Barret. Dans un style unique, drôle et érudit il en dresse un portrait touchant, à moins que ce ne soit le portrait de toute une époque. Il parle de Syd bien sûr mais aussi de lui-même et de leur vraie-fausse rencontre, des années soixante et soixantedix, du rock et de ses légendes, de Rimbaud, des feux follets qui marquèrent les arts avant de s'éteindre, des fans et de la jeunesse éternelle, de son besoin constant de réinvention.
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Le grand-père de Jean-Michel Espitallier était cow-boy. Un vrai cow-boy d'Amérique, au bout du bout du Far West : en Californie. Dans sa jeunesse, il a quitté ses Alpes natales pour aller tenter la fortune dans ces contrées lointaines qui condensaient alors toute l'espérance et tout l'or du monde. Et puis, pour une raison inconnue, il est revenu. Il a vécu le reste de son âge dans son coin de France, au milieu de montagnards taiseux dont il faisait partie, lui aussi. De cet aïeul propre à susciter des légendes, on ne sait presque rien. Son histoire est comme un trou de mémoire dans la mythologie familiale. Tour à tour enquête, western, histoire de l'univers en accéléré, peinture de la vie quotidienne des cow-boys en Californie, voyage fantastique à travers le continent américain, méditation sur la mémoire, ce récit reconstitue le parcours de ce personnage inconnu. Jusqu'à la belle histoire d'amour qui l'unit à la grand-mère de l'auteur.
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143 propositions sur la vie et la mort ; et autres petits traités
Jean-michel Espitallier
- Al Dante
- 24 Janvier 2011
- 9782847618648
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Si la mort, qui est tout ce qui n'existe plus, n'existait plus, tout ce qui n'existe plus existerait encore, et la non-existence de ce qui n'existe plus n'existerait plus. Mais en n'existant plus, la mort ne pourrait faire exister ce qui n'existe plus et sa non-existence ferait ne pas exister la non-existence de ce qui a existé. La mort ne peut donc exister qu'en faisant exister ce qui n'existe plus.
D'où nous déduirons que c'est parce que ce qui a existé n'existe plus que la mort existe...
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Ce court récit nous raconte comment et pourquoi l'être humain inventa la course à pieds et, conséquement, le stade.
Pourquoi inventer la course - surtout lorsqu'on n'a rien à fuir ?
Pourquoi inventer des lieux pour courir en rond - alors qu'on peut courir partout, d'un point à un autre ?
Ici, comme dans tous les livres de Jean-Michel Espitallier, la logique flirte avec l'absurde. C'est un livre qui propose une autre façon, peu orthoxe, de parler du sport, d'une façon drôle, parfois grinçante, voire - là où on s'y attend lemoins - dérangeante.
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"France romans" se présente comme un recueil de plusieurs milliers de noms de communes françaises qui génèrent autant de tout petits romans (sociaux, sentimentaux, comiques, épiques, terrifiants, etc.).
A l'origine de ce livre, il y a l'enchantement que procure ces toponymes dans leur saveur, leur drôlerie, leur étrangeté, leur ridicule (Vieux-Habitants, La Vallée-Mulâtre, Le Cercueil, Saint-Amand-sur-Fion, etc.). Chacune des communes sélectionnée en fonction du coefficient poétique de son nom est « illustrée » par quelque chose qui s'y rapporte.
Un livre d'une grande drôlerie à ne pas quitter, à lire à l'infini...
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Parfois, je me laisse aller à penser que l'infini est une vue de l'esprit. Objection, maître, que faites-vous des moutons qui sautent ? La raison du sommeil engendre des moutons. Le sommeil a raison de ces moutons qui sautent. En êtes-vous certain ? Les moutons ne continuent-ils pas de sauter pendant que nous dormons ? C'est une bonne question. J'en ai une autre. Savez-vous donc ce qu'ils sautent ?
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«J'ai cru rendre service aux amateurs de belles-lettres en publiant les textes qui vont suivre, convaincu que leur lecture serait d'un grand bénéfice à ceux qui auraient l'heur de s'y abandonner. [...] Que va-t-on lire, au juste ? Pas un roman - encore que l'on y rencontre des personnages et des actions violentes, un peu d'amour et peu d'idées -, ni bien sûr un poème - en dépit de quelques vers, de quelques rimes et d'un peu de musique, lesquels, parfois, pourraient faire illusion -, et pas plus un essai, une tragédie, un livret d'opéra, un petit traité, que sais-je encore, mais bien plutôt et plus précisément un fatras de choses écrites qu'il m'a paru intéressant de livrer au public. Je dois toutefois au lecteur, qu'impatiente sans doute une très saine et fort compréhensible curiosité, deux ou trois explications sur les circonstances qui m'honorent d'être le préfacier de ce terrible livre, lequel nous est parvenu par des voies escarpées et, je l'avoue, à la faveur de très excentriques et très exceptionnels hasards. Que je vous raconte...»
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Salle des machines remet en perspective l'ensemble du parcours de Jean-Michel Espitallier. Le livre s'ouvre sur son premier recueil, épuisé de longue date (Ponts de frappe), augmenté ici de plusieurs inédits, et se poursuit avec deux opuscules ultérieurs : une tragi-comédie sanglante (Fantaisie bouchère) et un pamphlet acerbe, rédigé lors de la seconde guerre du Golfe (En guerre). S'y ajoute une suite inédite, composée ces dernières années en vue d'un second Théorème d'Espitallier, finalement laissé en suspens. « Voici donc (nous précise l'auteur) un livre constitué de pièces détachées, exilées de différentes époques. Il doit être lu non comme un recueil un peu contraint de textes parfois conflictuels, mais plutôt comme un livre neuf, constitué d'un seul et même mouvement d'écriture, succession d'épisodes d'une même aventure, d'une même métamorphose, qui, accessoirement, pourra donner des débuts de réponses à l'inusable question placée en préambule : écrire, pourquoi ? »
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Tourner en rond ; de l'art d'aborder les ronds-points
Jean-michel Espitallier
- PUF
- Hors Collection Puf
- 2 Mars 2016
- 9782130735564
Cet objet familier aux automobilistes, parfois terne, parfois ridicule quand il n'est pas purement invisible dans sa banalité, est le champ d'investigation d'un poéte qui confie à ses jeux d'écriture (syllogismes, paradoxes, digressions, parodie, etc.) le soin de construire sa pensée et de mettre en action des réflexions et observations sociologiques, politiques, esthétiques, anthropologiques, etc.
Autour du rond-point. Construites par fragments et aphorismes, ces réflexions, dont les développements et les conclusions racontent notre époque, interrogent aussi le langage en le prenant au mot ou en jouant sur ses ambiguïtés et sur ses leurres. Car le rond-point a beaucoup de choses à nous raconter, sur nous-mêmes et la société dans laquelle nous vivons. Il pourrait même être le marqueur de tout ce qui constitue notre contemporanéité dans ses fantasmes et ses utopies, ses médiocrités et ses folies, mais aussi ses beautés et ses prodiges. Quand une pensée sérieuse explore, avec drôlerie et non sans dérision, ce petit monument à la gloire de la fluidité de la circulation automobile, c'est-à-dire du fantasme universel et pourtant ambigu du déplacement et de la Pagination : 128 pages liberté absolue.