Filtrer
Kenza Sefrioui
-
Le Maroc raconté par les mots de Kenza Sefrioui : Kenza Sefrioui raconte le Maroc par 80 mots phares, en darija, l'arabe dialectal marocain. Chaque mot est traduit, expliqué et replacé dans son contexte. Chaque mot ouvre un récit sur deux pages où l'on peut deviner l'histoire, l'étymologie, les traditions ancestrales et la société marocaine contemporaine. On y découvre aussi comment l'auteure l'a rencontré, l'a aimé, et comment celui-ci l'a forgée. "80 mots du Maroc" suit, par thématiques, les grands enjeux du quotidien de l'ensemble des Marocains et de l'auteure. Ce livre est aussi le moyen de montrer quels sont les mots qui marquent notre vie, quels sont les mots qui nous affectent et nous définissent. Il est une invitation à s'ouvrir au monde tout en se questionnant sur ses propres mots. Déjà parus dans la même collection : "80 mots de l'Inde" et "80 mots d'Afghanistan".
-
Le livre à l'épreuve ; les failles de la chaîne au Maroc
Kenza Sefrioui
- En Toutes Lettres
- Enquetes
- 10 Février 2017
- 9789954393871
Synopsis des enquêtes 1.Mais où est le livre ?
Rareté des bibliothèques, disparités géographiques, fragilité du secteur au Maroc... Le livre et la lecture ne sont pas suffisamment accessibles.
2.Une bibliothèque comme un point d'eau L'aventure isolée d'un militant de la société civile, dans son village de Bouhouda, au nord de Taounate, pour créer une bibliothèque rurale et initier une dynamique citoyenne.
3.Les blanches mains de la censure Les publications importées de l'étranger sont soumises à un contrôle exercé par le ministère de la Communication. Officiellement, on ne censure pas au Maroc, mais les procédures font comprendre implicitement que certains titres ne sont pas les bienvenus.
4.Livres piratés À Rabat et Casablanca, le centre-ville est inondé depuis quelques années de livres piratés, menaçant les librairies déjà fragilisées et dans l'indifférence des pouvoirs publics.
5.Chercheurs de livres L'absence de dépôt légal et les faiblesses du circuit de diffusion rendent difficile l'établissement d'une bibliographie nationale. La Fondation du roi Abdul-Aziz Al Saoud à Casablanca envoie chaque année deux documentalistes dans quinze petites villes, à la recherche des livres introuvables.
6.Partir pour exister ?
L'absence de circuits stimulants du livre au Maroc amène certains auteurs convaincus de leur talent à passer par des circuits éditoriaux étrangers, français et moyen-orientaux selon leur langue, qu'ils résident au Maroc ou non.
7.Les nouveaux passeurs de livres Pour endiguer le problème de la lecture au Maroc, de nombreuses initiatives ont vu le jour, suite au Mouvement du 20 février, et s'appuie sur les réseaux sociaux. Le numérique au secours du livre... -
-
La revue Souffles (1966-1973) ; espoirs de révolution culturelle au Maroc
Kenza Sefrioui
- Editions Du Sirocco
- 1 Novembre 2012
- 9789954918708
" Une étude pionnière consacrée à une revue maghrébine " [Salim Jay] qui questionne une période essentielle de l'histoire du Maroc.
Créée à Rabat en mars 1966 par un petit groupe de jeunes poètes d'expression française, Souffles a été, tout au long de ses sept années d'existence, une tribune singulière dans le paysage de la presse marocaine, en évoluant du laboratoire d'écriture, où les lecteurs découvrirent notamment Tahar Ben Jelloun ou Mohammed Khaïr-Eddine, à l'engagement culturel et politique.
Avec son projet de restructuration de la culture nationale, elle a porté un véritable mouvement littéraire et intellectuel, avant de devenir la tribune du mouvement marxiste-léniniste.
Disparue en 1972, après l'arrestation d'Abdellatif Laâbi et d'Abraham Serfati, son histoire, retracée au travers des textes et des témoignages de ses contributeurs, montre que sa vision moderniste et progressiste invitait à des questionnements toujours d'actualité.
-
Tendrara est un village de l'Est marocain qui connut laprospérité grâce à la culture de la truffe et de l'Alfa, herbe servant dematériau à la fabrication de papiers de grande qualité.
Mais ladésertification et le dérèglement clima- tique ont causé la ruine du village etde ses habitants.
Yzza Slaoui, jeune photographe marocaine engagéepour le développement de Tendrara, a remué ciel et terre pour financer qui unepompe à eau, qui une salle de classe... C'est sur la route y menant qu'elle estdécédée il y a trois ans.
Elle nous laisse un travail sensible danslequel on perçoit la construction d'un regard empli de douceur et debienveillance. Sans sensationnalisme, elle nous invite chez les villageois etnous déambulons avec eux à leur rythme ; à la boulangerie, pendant l'Aïd, ausouk, pendant une tempête de sable...
Dès les premièrespages du livre, un paysage
désertique aride, quelques bergers,
un âne, un campement, une famille
baignant un cheval. Leshumains ne sont
pas seuls ici. Puis Yzza nous prend
parla main pour rentrer dans la ville
puis dans les maisons. J'imagineYzza aller
à la rencontre de ces espaces et de ces gens
de la même manière. Son style est calme,
son regard posé,accompagnée de son
appareil photo moyen format et de sacellule
manuelle. Les tons et les couleurs de sa
pellicule sont doux, presque atténués.
Extrait du texted'Anastasia Taylor-Lind
Sur les hauts plateauxsemi-désertiques de la région de Tigri, au sud de Tendrara, quelques nomadesrésistent encore. Les plus riches d'entre eux ne possèdent plus que quelquesdizaines de bêtes ; de maigres troupeaux de
moutons et de chèvresqui se traînent le long de routes en mauvais état, vers les rares hassi, lespuits où s'abreuver.
Le pâturage a disparu, les troupeaux ne peuventplus vivre de ce qu'ils trouvaient sur le parcours et les éleveurs sontcontraints d'acheter le aâlf, le fourrage pour les nourrir. L'orge se paie auprix fort. Ils s'endettent
pour que leurs bêtes survivent. Ilscomptent les saisons qu'il leur reste avant d'être obligés de s'établir enville. Les terres se craquellent.
La sécheresse a eu raison de lavie en communauté qui animait, jusqu'il y a encore quelques années, les plateauxde Dahra, avec des douars de nomades constitués le temps d'un rassemblement. Onn'en voit aujourd'hui
presque plus. Le tissage a quasiment disparu àcause de la pénurie de laine.
L'aridité a aussi eu raison desanimaux qui peuplaient Dahra : oiseaux, lévriers, gazelles de l'Oriental. De AïnBeni Mathar à Traride, petite agglomération disséminée non loin de Tendrara,c'est une succession de terres
stériles, là où les anciens sesouviennent d'une région belle et verdoyante, avec une faune et une flore riche.Il y neigeait en hiver et à la belle saison, pendant trois mois, on cueillait latruffe blanche.
Seuls, sans aide aucune, les nomades subissent lesconséquences du réchauffement climatique. Les tentes se rapprochent de Tendrara.S'installer non loin de la route permet de s'établir non loin d'un hassi et desubvenir aux besoins en eau de la
famille et de ce qui reste dutroupeau.
Jonchée d'épaves de citernes, de carrioles et de camionsabandonnés, la route qui était jadis celle du nomadisme n'est plus que celle del'exil, de la déchéance et de la misère, dans cette région où la pauvreté estl'une des
plus dures du pays. « Les gens ici acceptent de vivre avecpeu, mais même ce peu leur est refusé », résume Abderrahmane, ancien nomadeinstallé depuis plus de
trente ans à Traride. À l'intérieur de samaison, il a gardé une tente dressée où il lui arrive de manger et de passer lanuit. Un nomade reste nomade dans l'âme.
Extrait dutexte de Kenza Sefrioui et Hicham Houdaïfa