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Kondratieva Tamara
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Bolcheviks et jacobins ; itinéraire des analogies
Tamara Kondratieva
- Belles Lettres
- Histoire Belles Lettres
- 20 Octobre 2017
- 9782251447537
La Révolution française fut tout au long du XIXe siècle, et dans les années de la révolution de 1917, la référence majeure des révolutionnaires russes :
Son usage sur une si longue durée a pesé sur les consciences et l'action historiques. Pendant plusieurs générations un va-et-vient continu se déroula entre l'assimilation avec les Jacobins et le rejet des ressemblances. Après 1917, une prolifération d'analogies s'empara de l'imaginaire collectif : Lénine est-il un nouveau Robespierre ?
Faut-il trouver en Bonaparte un modèle pour Staline ? En fait, dans l'expression "Bolcheviks-Jacobins" s'expriment les doutes sur l'identité des Bolcheviks.
Le refoulement des problèmes recouverts par Thermidor, la peur de ce mot, l'acceptation ambiguë ou le refus total des parallèles avec la Révolution française éclairent une difficulté centrale pour la nouvelle politique économique (NEP) conçue par Lénine comme "auto-thermidorisation". Les acteurs de la révolution russe ne se voulaient pas jacobins mais affirmaient être les seuls et les premiers révolutionnaires authentiques.
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Les soviétiques ; un pouvoir des régimes
Tamara Kondratieva
- Belles Lettres
- 18 Janvier 2011
- 9782251444055
En Union Soviétique, le mode de vie et l'organisation du travail dans les kolkhozes, les villes fermées, les unions des créateurs, les usines du complexe militaro-industriel étaient régis par une multitude de régimes particuliers.
Dans ce livre, des historiens russes et français se penchent sur cette réalité largement ignorée et démontrent ainsi combien le régime soviétique était pluriel. Qualifié de totalitaire sous Staline puis d'autoritaire après sa mort, ce régime perd son caractère englobant quand on étudie de près les mondes clos des différentes catégories de sa population. Au-delà des divisions administratives, nationales, sociales ou professionnelles relativement connues jusqu'ici, les auteurs appréhendent la population à travers les manières dont elle réagit aux règles particulières imposées par les différents régimes en vigueur à l'époque.
Ils montrent comment les Soviétiques n'existent pas en tant qu'entité pleine et entière niais sont composés de groupes d'individus distincts, identifiables presque individuellement. Contrairement à une opinion répandue à propos d'un consensus imposé par le pouvoir, ce livre montre un écart entre les stratégies individuelles et la norme collective qui s'est brusquement accrue dans les années 1970: ce déséquilibre a été provoqué en réaction à une pratique d'organisation sociale, mêlant des dogmes idéologiques acquis après 1917 à des usages séculaires de gouvernance.
L objectif de l'ouvrage est de faire découvrir aux lecteurs la diversité des expériences vécues par les Soviétiques, selon la catégorie à laquelle ils appartenaient. En Union Soviétique, la ligne du Parti était certes prégnante mais son suivi était beaucoup plus lâche que ne le représente aujourd'hui encore une mémoire figée depuis la guerre froide.
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Gouverner et nourrir : Du pouvoir en Russie (XVIe-XXe siècles)
Tamara Kondratieva
- Belles Lettres
- 6 Septembre 2002
- 9782251380575
Si le même signifiant confond nourrir et gouverner (kormit'), la table et le trône (stol), c'est que la langue tend à l'historien un indice: une représentation du pouvoir perce à travers les temps indépendamment du régime politique. Quelle culture la soutend? Quels effets s'y mêlent?En Russie comme en URSS, on peut observer un écart considérable entre l'émergence institutionnelle de l'Etat moderne (XVIe-XXe siècles) et les pratiques courantes de l'exercice du pouvoir.Tamara Kondratieva part de l'hypothèse que les bolcheviks ravivent l'ancienne fonction nourricière du pouvoir. Réinvestissant le Kremlin désaffecté depuis le XVIIIe siècle, ils organisent une hiérarchie de nomenklatura dont le réseau de ravitaillement rappelle le don en nourriture pratiqué aux XVIe-XVIIe siècles à la cour tsarienne. L'étude de la similarité entre deux époques éloignées illustre une rencontre capitale entre le passé et le futur contenu dans le projet révolutionnaire. L'observation de certaines pratiques telles que la rémunération des fonctionnaires, la tutelle seigneuriale ou étatique aux XVIIIe et XIXe siècles, éclaire le problème de la nature des régimes politiques en Russie tsariste et soviétique. Bien qu'ils soient incarnés par des structures d'Etat différentes, force est de constater qu'ils émanent du même type de représentations que la pensée politique qualifie de « domestiques ». Le modèle domestique fonctionne si clairement que les formules habituelles telles que «le despotisme de l'Etat autocratique » ou « l'omniprésence de l'Etat totalitaire » deviennent du coup très opaques. L'idéologie communiste n'était certainement pas seule aux commandes des conduites et des choix des dirigeants soviétiques.Tamara Kondratieva, professeur d'histoire contemporaine de l'Université de Valenciennes, est l'auteur de Bolcheviks et Jacobins. Itinéraire des analogies (1989) et de La Russie ancienne (1995).