Un inconnu nommé Goebbels.
Dans les images documentaires de l'Allemagne nazie, Joseph Goebbels (1897-1945), maître de la Propagande et de l'« Éducation du peuple », grand organisateur de la Nuit de Cristal, expert en maniement des masses, orateur enflammé, est partout. Au point même qu'on lui prête des formules célèbres dont il n'est pas l'auteur : « Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver »...
Pourtant, au-delà de ces apparitions insistantes, de ces évocations anecdotiques, de son suicide final avec sa femme Magda et leurs six enfants, le public en sait-il beaucoup sur son environnement familial ? Sa personnalité, sa formation, sa vie ? Son rôle précis dans l'extermination des Juifs d'Allemagne ?
Cet ouvrage dresse le portrait d'un polémiste impitoyable à l'égard de ses adversaires, d'un manipulateur conscient et cynique, d'un virtuose de la ruse et de la séduction, d'un jusqu'au-boutiste blasé, viscéralement antisémite et païen. Il s'en dégage en même temps, grâce aux citations tirées des textes mêmes de Goebbels - ses écrits, ses articles, ses allocutions radiophoniques, ses discours -, un tableau saisissant de l'Allemagne nazie.
Le Bauhaus, ses ambitions, ses métamorphoses, ceux qui l'ont marqué.
Une tentative sans précédent - malgré l'abondance de littérature sur le sujet - pour sortir le Bauhaus de la légende dans laquelle on l'a enfermé, et pour le saisir dans la perspective globale qui l'a constamment inspiré. Au-delà des disciplines qui s'y sont illustrées (architecture, design, arts plastiques, etc.), l'ouvrage fait comprendre dans quelle perspective et sur quel fond d'angoisses et d'espoirs s'est élaborée l'oeuvre du Bauhaus.
Futurisme, expressionnisme, dadaïsme, culture prolétarienne, agit-prop, nouvelle objectivité, réalisme social ?... Difficile de s'y retrouver dans toutes ces notions à la fois esthétiques et politiques qui se répandent en Europe durant la première moitié du XXe siècle !
Les origines des courants se réclamant de ces notions, leurs programmes, leurs imbrications :
Tel est d'abord ce qui est mis en évidence par Lionel Richard. Socle de ses analyses, la vie littéraire et artistique en Allemagne. Mais il montre, à partir de là, les influences, les interrelations qui s'exercent dans les pays européens, notamment dans la France de l'époque. Ainsi voit-on comment, tout particulièrement, le vieux rêve apocalyptique de destruction et de régénération traverse les productions intellectuelles allemandes des années 1920-1930, pour aboutir, inséparable de certaines racines sociales et articulé sur le racisme, à un crépuscule des dieux à la manière nazie.
Ce livre, initialement paru en 1976 dans la collection de poche 10/18, était épuisé depuis longtemps.
Déjà solidement documenté, il a été enrichi de nouvelles recherches de l'auteur.
Il reste la description la plus suggestive de l'arrière-fond d'où, au XXe siècle, ont surgi aussi bien les avant-gardes artistiques dans leur diversité que les esthétiques sociales sous la coupe d'idéologies.
La période reconstituée ici, de la fin du XIXe siècle au seuil de la Seconde Guerre mondiale, fut porteuse, on le sait, des pires horreurs. La voici, à travers ses productions culturelles, comme un creuset d'élans créateurs et d'expériences passionnantes.
Lionel Richard, spécialiste internationalement reconnu de l'Allemagne nazie et de l'Expressionnisme, analyse ici l'ensemble de ce mouvement, sa nature et ses répercussions en Allemagne de 1905 aux années 1920. Il dégage, surtout, les caractères essentiels de l'esthétique "expressionniste" dans tous les domaines où elle s'est manifestée : arts plastiques, architecture, poésie et prose narrative, musique, danse, cinéma. Tel est ce qui fait, la démarche étant rare, la grande originalité de ce nouveau livre.
Le 18 novembre 1881, au pied de Montmartre, Rodolphe Salis fonde à Paris le Chat Noir, et l'épopée du cabaret commence. Partout en Europe, son exemple fait école. Comment est-on passé de la taverne au caf 'conc', puis au cabaret ? De quelle manière cette évolution s'est-elle illustrée ? Toute une époque nous est restituée ici, avec ses artistes, ses aspirations, ses programmes esthétiques. Ce qui s'en dégage clairement, c'est comment s'accomplit en Occident, du XIXe au XXe siècle, un tournant de civilisation.
Fondé sur une documentation solide, ce livre démystifie les prétentions des élites occidentales, depuis le XVIe siècle, à vouloir que l'Occident domine le monde. Il dresse le bilan intellectuel des turpitudes qui ont permis l'entrée d'une masse d'objets « exotiques » (ustensiles ornementés, statues, masques) dans les musées occidentaux. De Dürer à Picasso, l'histoire de l'art s'y entremêle à la littérature, à l'anthropologie, à la sociologie.
N'était-il pas possible de déceler, dès 1933, quelle serait la politique exterminatrice des nazis en Allemagne, voire en Europe ? L'antisémitisme allemand était-il alors si négligeable que ses capacités de nuire ne pouvaient être soupçonnées ? Les hauts dignitaires des Eglises ont-ils pris la juste mesure de ce qui arrivait ? De leur côté, les notabilités juives se sont-elles comportées avec toute la clairvoyance espérée ? Quelles personnalités, quels groupes sociaux ou professionnels n'ont pas été à la hauteur de ce qu'ils étaient censés représenter ? Dénonçant les lieux communs qui, sans preuves et sans analyse, abondent dans beaucoup trop d'ouvrages sur le Troisième Reich, Lionel Richard répond ici à ces questions essentielles à partir de recherches de première main, en se fondant sur les documents d'origine : brochures, discours, articles dans l'organe nazi Völkischer Beobachter.
Ces documents, il les traduit et il en cite de larges extraits à l'appui de ses explications. Se défiant de toute généralisation abstraite et de tout commentaire d'ordre philosophique, se concentrant sur des aspects précis et peu traités du Troisième Reich (la stratégie des institutions chrétiennes, les organisations culturelles juives, l'antisémitisme par le cinéma, la mise en scène de l'illusion mensongère dans un camp comme celui de Thérésine), il montre comment la machinerie nazie a été mise en place et a fonctionné.
Il ne se retranche pas, toutefois, derrière une prétendue neutralité scientifique. Il n'hésite pas à indiquer où sont à situer les responsabilités. D'un style vif, porté par une volonté de polémique avec les actuelles présentations bien-pensantes du Troisième Reich, ce livre unit salutairement l'érudition historique à la clarté de l'expression. Le système nazi n'en apparaît que mieux dans la réalité de son abomination.
Pour l'Allemagne tout entière, et pour Berlin en particulier, la République de Weimar est une parenthèse paradoxale : quatorze années de production artistique, d'innovation technique et de bouillonnement intellectuel exceptionnels dans un contexte général d'inflation, de chômage, de luttes sociales.Métropole ouvrière et première cité commerciale d'Europe, Berlin est une ville en effervescence, baignée dans une atmosphère fiévreuse plus que d'années folles, avec ses hauts lieux, ses bas-fonds, ses innombrables théâtres, cinémas, cabarets, médias et grands magasins. De la révolte de l'expressionnisme finissant à la dérision dadaïste et aux premières manifestations d'un réalisme violemment caustique, une nouvelle génération artistique a surgi_: Otto Dix, Bertolt Brecht, Kurt Weill, Fritz Lang...
En 1929, le krach de Wall Street bouleverse tout. Avec le retour de la crise, le président de la République, Hindenburg, appelle Hitler au poste de chancelier le 30 janvier 1933. C'est la fin, pour une soixantaine d'années, du rayonnement culturel de Berlin en Europe.
Les meilleurs spécialistes français et allemands sont ici réunis pour faire revivre le Berlin de ces années intense avant l'apocalypse.
Il s'agit dans cet ouvrage de comprendre rationnellement ce qui a pu changer par rapport à la République de Weimar, en montrant l'enjeu que représentait Berlin dans la stratégie politique des dirigeants nazis. Ces derniers prennent en effet en charge la capitale de l'Allemagne, qui doit de ce fait devenir le reflet évident de leur pouvoir et de leur conception du monde. Ils héritent d'un passé culturel qu'ils vont subvertir, falsifier, transformer à leurs fins. Pour parvenir à cette transformation, ils ont utilisé la terreur, la répression et la séduction.
Dans toutes les sociétés, les instances de pouvoir ont encouragé la transmission d'apprentissages techniques de génération en génération. en occident, jusqu'au XVIIIe siècle, cette transmission s'est effectuée au seul contentement, ou presque, des castes et familles influentes. L'orientation en a changé avec l'accession des bourgeoisies nationales aux leviers de l'économie, et ensuite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, grâce au travail industriel. Les masses furent alors poussées à s'ouvrir aux « choses de l'art » à travers le développement de l'enseignement public et l'entreprise de vulgarisation des connaissances. ce sont ces tentatives d'éducation artistique, jusqu'aux expériences de réforme des « arts appliqués », avec la fondation d'écoles professionnelles spécialisées, qui sont décrites dans ce livre sur plus d'un demi-siècle. De leur analyse, en toute logique, se dégage une interrogation sur leur efficacité. Les programmes d'initiation aux oeuvres d'art qui ont été élaborés au début du XXe siècle, les efforts pour poser les bases d'une esthétique populaire, les systèmes d'enseignement stimulant l'inventivité n'auraient-ils cultivé, en définitive, que des illusions ?
Au XXe siècle, le pouvoir nazi fut la plus perverse et la plus efficace entreprise de destruction de l'homme et des valeurs humaines. Sa base reposait sur des principes systématiques de négation, d'exclusion, d'anéantissement qui sont loin d'être nés avec lui, ou même dans la quinzaine d'années précédant son intronisation. Adolf Hitler n'en est pas l'inventeur. Il les a mis en application.
D'où vient Adolf Hitler ? Etait-il prédisposé à devenir ce qu'il est devenu ? Par qui et par quoi a-t-il été façonné ? Où chercher les responsables de son ascension ?
Incessantes images de défilés, de parades, de manifestations de masse avec discours : tel est Berlin après l'arrivée au pouvoir de Hitler. Mais pas seulement !... Les croisés du Troisième Reich entrent en campagne pour imposer leur vision du monde dans une capitale dont la population vote majoritairement à gauche depuis des années. Les voici qui partent à sa conquête par la violence, la terreur, le racisme, les camps de concentration ! Ils investissent la ville de leurs organes administratifs, politiques et répressifs. Ils se lancent dans une architecture monumentale de faux prestige. Berlin doit devenir le reflet évident de leur pouvoir. Ils vont, en habiles séducteurs, subvertir, falsifier, transformer à leurs fins le passé culturel dont ils héritent. Ce que veulent Hitler et Goebbels : que Berlin soit la capitale du monde, mais aussi, avec les studios de Babelsberg, la capitale du cinéma. Il faut la guerre pour que s'effondrent petit à petit ces rêves barbares. En 1945, Berlin est le plus grand champ de ruines de toute l'Europe occidentale. Comme si les dirigeants nazis n'avaient programmé leur croisade que pour une catastrophe. Avec Detlev Briesen, Gerhard Brunn, Bernard Genton, Jürgen Kuczynski, Kurt Pâtzold, Almuth Püschel, Mikhaïl Semiriaga, Klaus Strohmeyer, Vincent von Wroblewsky.