Lucien Becker est un poète rare et sa voix unique fut saluée par Camus, Paulhan, Bousquet, Cadou, Char. Il a composé, en marge de la vie littéraire et de ses mouvements, une oeuvre brûlante autour du corps de la femme, seul rempart contre le néant.
Résistant pendant la guerre, il ne cessera de résister à la poésie et à ses entours illusoires. À cinquante ans, abandonnant tout, il se retira dans le silence avec la femme de sa vie, et la mort qu'il attendait en toute sérénité ne le surprendra pas. Pour n'avoir jamais été à la mode, Becker ne se démode pas. Il parle de l'amour charnel comme personne.
Voici sa poésie complète et sa correspondance avec les plus grands écrivains français du XXe siècle.
Un recueil de 40 poèmes introuvables, publiés à 40 exemplaires chez P.A.B. (Alès) en 1947. Chacun des poèmes est accompagné par une encaustique du peintre Frank Wohlfahrt.
Becker est un poète totalement désespéré mais bien décidé à vivre cependant.
Pendant des années Becker a posé sur le monde un regard d'enchanteur désenchanté. Rien n'était plus neuf que ce constat désolé où en mots simples et en images contenues le monde était en même temps détruit et magnifié. Jamais Becker n'élève le ton. Le poème avance à petit bruit, à mi-voix; c'est sur un ton de confidence neutre que s'exprime Becker. Il ne recherche pas l'harmonie des mots. Et pourtant il naît de son écriture la musique la plus déchirante, la plus prenante.
Il fallait bien pour que ce désespéré demeure au monde que quelque chose l'y retienne et l'y ancre. L'amour était pour lui l'expérience primordiale et la seule, l'immense consolation de vivre. Alain Borne