Une femme d'aujourd'hui interpelle Cervantes, génial inventeur de Don Quichotte, dans une suite de quinze lettres. Tour à tour ironique, cinglante, cocasse, tendre, elle dresse l'inventaire de ce que le célèbre écrivain espagnol a fait subir de mésaventures à son héros pourfendeur de moulins à vent.
Convoquant ainsi l'auteur de toute une époque pour mieux parler de la nôtre, l'autrice de Pas pleurer brosse le portrait de l'homme révolté par excellence, animé par le désir farouche d'agrandir une réalité étroite et inique aux dimensions de son rêve de justice.
Comment se faire un nom ?
Comment émerger de la masse ?
Comment s'arracher à son insignifiance ?
Comment s'acheter une notoriété ?
Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ?
Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d'anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d'adulation ?
« Le roman de Lydie Salvayre permet d'atteindre, sans aucun effort, des profondeurs abyssales, et de poser des questions éternelles ».
Lire.
L'homme qui se livre ici est coupable. Quel est son crime ? Entre les murs de sa prison, de son avocat à son psy, cet ancien guide au musée de Port-Royal confesse les dessous d'une enfance marquée par la haine d'un père violent et le tourment d'être le témoin muet d'un lent féminicide, tout en méditant les pensées de Pascal dont il fut un ardent défenseur. La parole est acide, jouissive, douloureuse parfois, salutaire peut-être...
« Ma mère s'appelle Montserrat Monclus Arjona, un nom que je suis heureuse de faire vivre et de détourner pour un temps du néant auquel il était promis. Ce soir, je l'écoute remuer les cendres de sa jeunesse perdue et je vois son visage s'animer, comme si toute sa joie de vivre s'était ramassée en ces quelques jours de l'été 36, et comme si, pour elle, le cours du temps s'était arrêté le 13 août 1936. »
« L'un des plus beaux textes sans fiction de ces dix dernières années ».
Le Magazine littéraire.
L'humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d'une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de pauvre bien élevée et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s'est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d'intimidation, tout en faisant l'éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.
Atteint d'un cancer, Anas s'exile dans un village de Provence. Il rêve de longues balades et d'un peu de repos. Mais pour Émile, Dédé, et autres pensionnaires du Café des Sports, l'affaire est claire : c'est un basané au chômage, venu pour les juger. Le malaise des locaux alimente celui de l'arrivant. Et sans dialogue possible, peurs et peines de chacun se muent bientôt en haine.
"Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère."
Petit traité destiné à instruire les analphabètes du sexe, à désengourdir les gourds et à défâcher les méchants.
Sept femmes. Sept allumées pour qui l'écriture n'est pas un supplément d'existence mais l'existence même. Sept ouvres dont la force et la beauté ont marqué Lydie Salvayre et décidé pour beaucoup de sa vie. Sept parcours, douloureux pour la plupart, dont elle suit les élans, les angoisses, les trébuchements et les fragiles victoires.
Une mère et sa fille vivent recluses dans un petit appartement. Devant un huissier de justice chargé de procéder à l'inventaire de leurs biens avant saisie, elles vont se livrer à de furieux soliloques et tisser le récit de leurs batailles et de leurs douleurs.
Lydie Salvayre, est l'auteur de vingt romans, parmi lesquels La Déclaration, La Compagnie des spectres (prix Novembre) et BW (prix François-Billetdoux). Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Certains ont été adaptés au théâtre. Elle a été récompensée par le prix Goncourt 2014 pour Pas Pleurer.
Lorsque Jimi Hendrix entame les premières notes de l'hymne national américain devant la foule de Woodstock, c'est le cri retentissant de toute une génération qu'il fait entendre. Une génération qui ressent un violent sentiment de révolte face à la guerre du Vietnam. Une génération pour laquelle la musique représente un refuge, un foyer. Dans une langue inspirée et mélodieuse, Lydie Salvayre retrace la vie du célèbre guitariste. Elle entonne un hymne captivant à la gloire d'un musicien de légende.
Un homme se déclare.
Sa femme l'a quitté. et sa violence est égale au chagrin qu'il éprouve. déclaration d'amour donc, autant que de guerre, l'une et l'autre mêlées, indissociables. déclaration qu'il va bientôt destiner au monde, un monde regardé sans nulle complaisance, comme si la douleur conférait un surcroît de lucidité.
Des souvenirs vont assaillir sa mémoire, et les visions de l'amour perdu vont se mêler aux épisodes d'une enfance sombre.
Devant ce passé et ce présent qui l'aliènent, il va chercher désespérément des issues. mais le mal est si profond, ses causes sont si anciennes, que rien ne pourra le délivrer de la folie qu'il porte en germe.
Il faudra donc qu'il traverse cette dernière épreuve, qu'il aille, en quelque sorte, jusqu'à l'extrême de lui-même, avant de se réconcilier avec la vie.
Il est le roi incontesté du hamburger et de la frite, le champion toutes catégories de la globalisation.
Mégalomane, tobold veut conquérir un dernier marché : la postérité. il engage une jeune femme pour écrire un livre à sa gloire. ecrivain en déveine, la narratrice accepte, par nécessité et par fascination. commence une initiation savoureuse autant que périlleuse au monde du pouvoir et de l'argent.
Suzanne, la narratrice, est depuis plus de trente ans l'employée exemplaire de monsieur Meyer et ne souhaite rien d'autre que cette servitude bien réglée. Mais désormais elle va devoir partager son territoire avec une nouvelle secrétaire, une femme vulgaire, mamelue, péremptoire et dont les idéaux petits-bourgeois choquent sa morale pudibonde et sa conception de la vertu. Au coeur de ce huis clos somme toute banal, les sournoiseries quotidiennes, les punitions, les petites batailles acharnées, dérisoires, prennent les dimensions d'une guerre civile. La gêne, l'antipathie, le dégoût deviennent obsession, haine, désespoir. Le délire puis la folie s'installent. Lydie Salvavre, à travers cette fable ironique et cruelle, fait de la vie de bureau le révélateur du cadre où se déroulent toutes nos guerres, petites ou grandes : la vie commune.
L'inspecteur Arjona, chargé par les Renseignements généraux d'infiltrer un groupe de délinquants, s'oblige à rédiger des rapports secrets à l'adresse de son ministre de tutelle.
Mais deux éléments inopportuns perturbent la rédaction de ses écrits : l'abus de haschich auquel le contraignent ses mauvaises fréquentations, et la présence bouleversante, dans le groupe observé, d'une jeune personne prénommée Dulcinée.
Et l'on va voir, insidieusement, le ton implacable et martial des premiers rapports s'adoucir, vaciller, s'amiévrir et se désordonner, jusqu'à complètement se retourner. Et notre inflexible agent des RG, être gagné, insidieusement, à la cause délinquante, et plus encore à la cause amoureuse.
Cette ironique métamorphose donne à Lydie Salvayre l'occasion de fustiger avec une allègre férocité les tenants d'un Ordre renforcé contre ceux-là qui, petitement, le menacent. C'est l'occasion aussi pour elle d'écrire, car elle a un coeur, une histoire d'amour silencieuse et nocturne.
Un quadragénaire esseulé décide d'appliquer le Discours de la méthode à sa vie quotidienne. Mais pour faire face à la mort prochaine de sa mère, Descartes ne lui est d'aucun secours. Il finit par consulter, non sans défiance, l'extravagante et très peu cartésienne Mita. Elle saura l'initier à l'amour et l'orienter dans le brouillard. Avec une allégresse ravageuse, Lydie Salvayre réhabilite la science du coeur.
Vingt ans de labeur, les mains calleuses, le dos courbé, l'ouvrier rentre chez lui épuisé. Harassé par le bruit, il frappe ses enfants qui crient et bat sa femme pour qu'elle la boucle. Des murs de l'usine à ceux du foyer, des années teintées de gris se succèdent. Unique lueur d'espoir : le directeur a promis une médaille.
Qui est B.W. ? Éditeur, sportif, voyageur, lecteur, le compagnon de Lydie Salvayre est un homme hors du commun. Atteint d'une maladie des yeux qui le rend aveugle, privé de lecture, il est comme un ours en cage. Lydie Salvayre à ses côtés recueille ses coups de gueule, regrets, témoignages, et les rassemble en un roman d'une puissance hors du commun.
Il s'agit de belles âmes. En visite chez les pauvres. Cela se fait.
La visite est organisée par Real Voyage qui prône un tourisme un peu particulier puisqu'il consiste à faire découvrir l'envers des grandes villes et leur désolation.
Projet admirable - nous vous demandons d'applaudir - qui va être sérieusement mis à mal.
Car dans l'autobus qui conduit ces très charitables personnes à travers six pays d'Europe, il y a Jason, le trouble-fête, que les pleurnicheries de ses voisins et leurs hoquets indignés enragent à l'extrême.
Et il y a Olympe. Olympe qui se tait. Olympe qui se tait parce qu'elle n'a pas les mots qu'il faut, ni les façons, mais dont le rire s'entend de l'autre côté de la mer.
Un homme, veuf depuis deux mois, propose dans sa conférence de rendre vie à l'art de la conversation, selon lui gravement menacé.
Qu'il se présente comme un personnage risible autant que pathétique, que son deuil le détourne constamment de son sujet, que son projet soit chimérique et son discours déraisonnable, qu'importe. ce qui compte, c'est son goût immodéré des principes qui régissent la conversation et la vigilance qu'il porte aux périls qui compromettent sa pratique. tour à tour mordant, sarcastique, cocasse, grandiloquent, mégalomane ou tendre, il va prononcer, devant un public médusé, un requiem ponctué d'axiomes oú la disparition de son épouse et la mort annoncée de la conversation se mêleront de très étrange manière.
Contient 1 CD audio. Durée de l'enregistrement : 52 mn
«Une fois devant la porte, annoncez-vous distinctement. Soyez sobres. Frappez et dites : Maître Échinard ou Maître Un Tel, Huissier de Justice. Dans de semblables circonstances, point n'est besoin d'être disert. L'effet de surprise devra être total. Après le temps normal de la sidération, comptez de deux à dix minutes : des galopades en tous sens se feront entendre, des cris étouffés, des mouvements de panique, des bruits de meuble qu'on déplace, tout un affolement qui traduit bien aux yeux du juste la culpabilité des saisis. Restez calmes. Sachez attendre. Ayez la patience du chasseur embusqué.»
Contaminée est en effet Lydie Salvayre, toute au plaisir de sa bouleversante rencontre.
D'égale à égal, on la sent tour à tour, séduite, amoureuse, fascinée, moins par le maître que par l'homme. Peut-être en raison de leurs origines communes, elle nous le présente comme son frère en révolte à travers leurs exaspérations partagées. C'est le peintre par la voix de l'écrivain, et c'est aussi la femme et l'homme qui s'indignent ensemble contre le "monde suicidé", contre le labeur, contre la mort.
Mais si Lydie Salvayre aime Picasso, on comprend que c'est bien plus encore parce qu'il est pour toutes les provocations, pour toutes les jouissances, pour tous les plaisirs, pour toutes les forces de vie. Femme, elle sait l'accueillir, malgré sa légendaire vulgarité de ruffian parce qu'il a su peindre les femmes "plus vivantes, plus fiévreuses et plus folles que jamais", écrivain, elle l'admire d'avoir pris "le seul risque vers lequel il vaut la peine d'aller, celui de vivre et de créer." S.
R Lydie Salvayre n'écrit ici, ni un essai, ni un roman, ni un récit. Ce texte qu'elle ne veut définir a surgi en elle avec violence, avec bonheur, à la seule vision des carnets de Picasso datés de 1964.
"Sept femmes. Sept figures emblématiques de la littérature qui ont follement investi leur vie. Leur relation à l'écriture est passionnelle, et, pour certaines d'entre elles, les a conduit au suicide. Singulières et exigeantes, elles transcendent leur douleur personnelle dans l'oeuvre. Leur rapport au quotidien, qu'elles considèrent médiocre et sans intérêt, est vécu comme tragique. Mais ce « quotidien » n'est-il pas aujourd'hui celui qui a marqué l'Histoire ? Celui du Paris d'avant-guerre, des Années folles, de la Russie stalinienne.
Comment retranscrire une oeuvre au travers de la vie même de son auteur ?
Lydie Salvayre s'adonne à cet exercice de portraitiste, comme l'ont déjà magnifiquement réussi Cioran et Sainte-Beuve, en choisissant celles dont la lecture a marqué sa vie et par là-même fécondé son oeuvre : Emily Brönte (1818-1848), Colette (1873-1954), Virginia Woolf (1882-1941), Djuna Barnes (1892-1982), Marina Tsvetaeva (1892-1941), Ingeborg Bachmann (1926-1973) et Sylvia Plath (1932-1963). Dérangeantes, scandaleuses, elles ont témoigné à leur façon du monde dont elles ont autant souffert qu'elles ont contribué à la façonner. Leurs oeuvres sont désormais des monuments littéraires. Lydie Salvayre les fait revivre en écrivant leur histoire, leur beauté, leur démesure, leur rébellion mais aussi leur côté sombre et leur désespérance."