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Prix
Marcel Cohen
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Eloge de l'éléphant d'Asie
Marcel Cohen
- Chandeigne
- Bibliotheque Lusitane
- 22 Novembre 2024
- 9782367322476
Domestiqué depuis plus de 5000 ans, et associé à toutes les activités humaines, l'éléphant d'Asie n'a cessé de fasciner les voyageurs. L'exagération aidant, s'agissant d'un animal en tout point exceptionnel, et les auteurs se plagiant sans vergogne, il n'est pas excessif d'afirmer que le mythe, en Occident a, pendant des siècles, tenu lieu de connaissance. À peine altérées, bien des légendes ont survécu jusqu'à nos jours. On en trouvera plusieurs recensées ici, ainsi que les explications qu'elles appellent.
Ce livre se veut une évocation de l'éléphant d'Asie à travers les âges et sous tous les angles envisageables, qu'il s'agisse de sa capture, de son dressage, de sa situation actuelle ou des plus récentes découvertes scientifiques le concernant. -
«Je sais bien que les objets familiers sont synonymes d'aveuglement : nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l'habitude. Mais le coquetier, dans le placard à vaisselle, et ne serait-ce que de façon très épisodique, a eu bien des occasions de susciter quelques bouffées de tendresse à l'égard de Marie. Je me dis qu'on ne conserve pas un objet aussi modeste, et aussi défraîchi, pendant soixante-dix ans sans de sérieuses raisons.» Marcel Cohen.
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Sur la scène intérieure Tome 2 : Cinq femmes ; faits
Marcel Cohen
- Gallimard
- Blanche
- 5 Octobre 2023
- 9782073036384
«Il m'est arrivé de rencontrer des hommes admirables, cependant les seuls êtres à qui j'ai conscience de tout devoir sont des femmes. Elles se sont comportées à mon égard avec tant de naturel, de détermination et l'une d'elles de courage, que j'ai pu sous-estimer longtemps à quel point rien n'allait de soi. Orphelin et enfant caché pendant la guerre, je n'acceptais ni l'autorité des hommes qui se substituaient à mon père, ni l'attachement des femmes qui avaient les gestes de ma mère. Que l'on tentât de m'imposer une volonté ou que l'on fît preuve à mon égard de trop d'affection revenait au même : c'était insupportable et je prenais la fuite. La bonne volonté ne suffisait donc pas et, aujourd'hui encore, l'opiniâtreté des femmes dont il est question dans ce livre ne va pas sans étonnement. Tout cela a-t-il bien eu lieu comme j'en ai pourtant le souvenir très exact ?»
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Traduit du judéo-espagnol par Florence Malfatto. Établissement du texte par Ernesto Kavi. Note sur le judéo-espagnol par Marie-Christine Bornes Varol.
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Détails qui s'inscrit dans le prolongement de la trilogie des Faits (publiée entre 2002 et 2010), témoigne une nouvelle fois chez l'auteur, mais sous un angle légèrement différent, du sens tout à fait unique de l'observation, de l'introspection et de l'Histoire. En faisant du détail d'un paysage, d'une situation, d'une oeuvre d'art, l'essentiel, il renverse le point de vue habituel et réveille singulièrement le regard et la pensée de son lecteur.
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Avec son exergue méthodologique Autoportrait en lecteur donne d'emblée la clé de ce livre composé exclusivement de citations : « Les citations ont un intérêt particulier dans la mesure où ne notons jamais que nos propres paroles quel que soit celui qui les a écrites. Le « quel que soit », c'est le citateur lui-même mais sous d'autres traits, à une autre époque, en d'autres circonstances. » (Wallace Stevens, lettre à Elsie Viola Kachel le 7 janvier 1909).
Replacé dans l'oeuvre de Marcel Cohen, ce livre marque à la fois une extrémité, celle du retrait de l'auteur qui, à la manière de Charles Reznikoff (Témoignage. Les États Unis (1885-1915)) ou de Walter Benjamin (Allemands, une série de lettres), décide de composer avec une matière langagière déjà existante ; et un fil conducteur, puisque les citations dont ce livre est constitué ont été compilées tout au long d'une vie de lecteur et permettent d'esquisser le plus exigeant des portraits de l'auteur.
Les cinq chapitres du livre, qui traversent les thèmes d'une interrogation existentielle, du traumatisme des guerres du XX° siècle, de la nécessité de dire malgré tout, de la forme comme impératif éthique, et autres faits, se concluent sur des notes qui restituent minutieusement la source de chacune des citations, composant la bibliothèque idéale d'un lecteur du XXI° siècle.
Devenu rapidement indisponible dans sa première édition, Autoportrait en lecteur a été réédité en collaboration avec Héros-limite sous l'isbn : 978-2-940517-76-3. Il est désormais diffusé et distribué par Les Belles Lettres. -
Comme dans le précédent volume de Détails, qu'il complète et prolonge, l'auteur explore les mille petits riens sur lesquels nous faisons journellement l'impasse. Qu'il s'agisse des rayures du zèbre, d'une nuit aux urgences d'un hôpital, d'une larve de papillon dans le carnet de travail d'un poète, d'un chalutier arraisonné par un sous-marin ennemi pendant la Première Guerre mondiale, de la vétusté des ascenseurs new-yorkais ou d'une petite fille faisant des pâtés de sable, l'auteur témoigne d'un sens tout à fait unique de l'observation, de l'introspection et de l'Histoire. En faisant du détail, et de faits avérés, un passage obligé, il renverse le point de vue habituel et réveille singulièrement le regard et la pensée du lecteur.
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Après Faits (Lecture courante à l'usage des grands débutants) qu'il développe et amplifie, ce second tome, pas plus que le précédent, ne laisse de doute sur la volonté de l'auteur d'échapper au genre romanesque. Ce n'est pas seulement parce que la fiction lui paraît trop logique et trop sage, y compris dans ses outrances : elle reste, à ses yeux, une manière ambiguë de détourner le regard. Ce livre s'adresse donc à des lecteurs ayant peu de goût pour les histoires édifiantes et n'attendant pas qu'on leur tienne la main. L'extrême diversité des thèmes ici abordés, la volonté de regarder résolument autour de soi (comme en témoignent le titre et les notes, inhabituelles dans un ouvrage littéraire), la prolifération des chapitres, la liberté d'écriture, l'apparent effacement de l'auteur lui-même laissent clairement entendre que la littérature dispose d'un champ d'investigation infiniment plus vaste qu'il n'y paraît. C'est ainsi qu'on passe sans transition de la gare de triage de Drancy à la pianiste Clara Haskil, du bon usage de l'automobile, en cas de rupture d'une liaison amoureuse, à l'étrange odyssée de l'arbre à papillons, échappé du Muséum d'histoire naturelle. Bien au-delà de l'esthétique ou de la théorie, ouvrir ce livre est donc une aventure et il n'est nullement paradoxal d'y découvrir un suspense rappelant le roman noir : rien ne permet au lecteur d'imaginer ce qu'il lira en tournant la page.
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«Je sais bien que les objets familiers sont synonymes d'aveuglement : nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l'habitude. Mais le coquetier, dans le placard à vaisselle, et ne serait-ce que de façon très épisodique, a eu bien des occasions de susciter quelques bouffées de tendresse à l'égard de Marie. Je me dis qu'on ne conserve pas un objet aussi modeste, et aussi défraîchi, pendant soixante-dix ans sans de sérieuses raisons. La crainte de le voir disparaître confirme cet attachement. Le petit coquetier, aujourd'hui, n'est donc pas seulement la concrétion d'un souvenir. Est-il abusif d'y voir la qualité même de ce souvenir, sa texture, quelque chose d'aussi incertain que le reflet d'une aura ?» Marcel Cohen.
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Faits ; lecture courante à l'usage des grands débutants
Marcel Cohen
- Gallimard
- Blanche
- 30 Janvier 2002
- 9782070763672
Si le titre ne laisse aucun doute sur la volonté d'échapper au genre romanesque, le sous-titre pourrait, à tort, insinuer que l'auteur s'adresse, et de manière un peu condescendante, à des lecteurs ne sachant pas tout à fait lire. En réalité, c'est en tentant, autant que faire se peut, d'épousseter ses narrations de leurs scories et redondances qu'il s'est surpris en train d'écrire, bien malgré lui, quelque chose s'apparentant aux livres de lecture courante de notre enfance. On aura compris que les courts textes réunis ici ne sont pas pour autant destinés aux jeunes lecteurs : ils s'adressent à des adultes ayant peu de goût pour les histoires édifiantes et assez d'imagination pour ne pas attendre qu'on leur tienne la main. Dans ce livre, chacun voyage à sa guise. Bien au-delà de l'esthétique ou de la théorie, l'effondrement du sens (ou sa multiplicité) dans un livre n'ayant ni réel début ni fin, et qui, de manière anarchique, pourrait, tout aussi bien, proliférer à l'infini, est ici la marque même de l'époque. Mais l'absence de tout lien entre ces pages, leur extrême liberté, leur densité, est aussi ce qui permet de briller d'une étrange lumière de quartz noir. Si, par ailleurs, le regard de l'auteur nous est si proche, c'est qu'il est, essentiellement, celui d'un homme d'aujourd'hui.
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Que s'est-il passé, au début du vingtième siècle, touchant à la vie des hommes, à leur esprit et à leur coeur, quelle rupture a entraîné le monde à des années lumières de ce que fut ou de ce que nous avons cru être une civilisation. Un monde existait avec ses drames, sa misère, ses brutalités et ses monstres, et il y eut bien des prémisses alarmants ; mais une part de ce monde semblait encore tournée vers l'évidence de certaines aspirations, de certaines hauteurs ; il a pris fin, laissant soudain la place à des inventions inédites : l'abattage de masse industrialisé, la domination étatique implacable, le règne sans égal des contraintes du calcul dans tous les domaines. Si la guerre de 14 - 18, puis la Shoah et le Goulag ont culminé comme abominations sans précédents, il n'est pas certain que la « paix » revenue, nous soyons sortis de ces logiques. L'emprise généralisée de l'économie en temps de paix n'est pas sans lien avec ce que, dans la guerre, le vingtième siècle a su accoucher de pire.
En ces temps de la vie et de la régulation en masse, quel sens peuvent avoir, dans et pour la culture, l'univers intérieur des êtres, les destins singuliers, ou le souci esthétique ? Marcel Cohen interroge ces impasses et ces contraintes auxquelles nous sommes voués, dans une série de notes concises, précises, documentées. -
À une terrasse de café, un homme s'interroge sur l'étrange résonance des talons féminins. Un écrivain ne peut travailler que dans sa chambre noire de photographe amateur. Une femme de soldat s'inquiète, contre toute logique, des bonnes nouvelles qu'elle reçoit du front. Un peintre et un saxophoniste new-yorkais échangent leur montre. Une colombe ne quitte le chapeau d'un prestidigitateur que pour disparaître à jamais. Des informations très précises nous renseignent sur l'élevage intensif du porc comme sur la genèse du K. 540 de Mozart.
Tels sont quelques-uns des thèmes abordés dans ce dernier volume de la trilogie commencée avec Faits (Lecture courante à l'usage des grands débutants) et poursuivie avec Faits, II. De chapitre en chapitre, de fait en fait, le lecteur, pas plus que dans les volumes précédents, ne peut imaginer où le mènera l'auteur. En ce sens, ouvrir Faits, III est bien une aventure. On peut voir dans ces pages denses, souvent réduites au strict énoncé de faits aisément vérifiables, une incapacité, ou une répugnance, à ordonner un récit selon les critères habituels de la narration. La prolifération des thèmes abordés dans les 275 chapitres de cette trilogie, la multiplicité des lectures possibles, les notes en fin de volume, inhabituelles dans des ouvrages littéraires et qui témoignent d'une volonté de regarder notre époque au plus près, font de ces trois livres une entreprise et une aventure littéraires en tout point singulières.
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«En dépit de leur parenté, ces trois livres ne s'aiment pas beaucoup et le donnent à voir», explique Marcel Cohen à propos de ses trois premiers ouvrages, réunis ici pour la première fois. Depuis longtemps indisponibles en librairie, et accueillis très chaleureusement à leur sortie, ces livres n'en forment pas moins une trilogie. Si chacune des villes dont il est question est bien réelle, elle l'est à sa façon et la manière qu'a l'auteur de les aborder oscille entre le reportage, l'hyperréalisme et une forme de rêve éveillé. Nous assistons ainsi, et tout à la fois, aux tâtonnements d'un jeune écrivain qui cherche sa manière, et aux déambulations d'un homme à la poursuite obstinée de lui-même.
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Rencontres et partis pris : écrits sur l'art 1976-2020
Marcel Cohen
- L'Atelier Contemporain
- 16 Avril 2021
- 9782850350344
En 1976 et en 2018, soit à quarante années de distance et presque aux deux extrémités de ce recueil d'écrits sur l'art, Marcel Cohen énonce presque mot pour mot le même principe ? : "? Tenter d'expliquer une oeuvre, c'est la désamorcer. [... ] Et il n'y a aucun moyen non plus d'éviter cette réduction. On peut seulement tenter de retarder ce moment le plus longtemps possible. Et c'est en retardant ce moment que nous nous ouvrons à l'oeuvre.
? " Faut-il parler de coïncidence ?? De constance, plutôt ? : celle d'un écrivain fidèle à des rencontres dont il a fait des partis-pris sans sacrifier son exigence de retenue face aux oeuvres qu'il accompagne. En effet, à considérer ces quelque quarante analyses issues de catalogues épars, force est de parler de compagnonnages, que ceux-ci soient immédiats ou bien lointains. Antonio Saura, plus que tout autre, mais aussi Arnulf Rainer, Colette Brunschwig, Bram van Velde, Kezuo Shiraga...
? : l'auteur démontre dans l'ensemble une affinité instinctive avec les figures d'artistes auxquels l'épreuve de l'histoire ou des écueils personnels ont imposé, aux dépens de toute somptuosité esthétique, une pratique "? éthique ? ", mesurée, appauvrie, voire empêchée de leur art, ainsi qu'un sentiment très clair de leurs limites ? : "? Il serait bien étrange que, face aux situations extrêmes, des créateurs ne sentent pas toute l'inanité de leur art.
? " Ce sont donc au moins autant les hommes que les oeuvres qui importent à Marcel Cohen, et ses analyses sont presque toujours des esquisses de portraits à valeur quasi exemplaire ? : "? Un tableau n'est qu'un amas de matières colorées si l'homme qui tient le pinceau n'est pas tout à nos yeux ? ". Fidèle, Marcel Cohen l'est aussi en littérature. Suivant toujours l'analyse de Malraux qui entrevoyait dans le Goya des Désastres de la guerre, renonçant à toute débauche de son savoir-faire pour "? désaveugler ? " les hommes, le premier des peintres modernes ? ; s'en tenant sans désemparer aux paroles d'Hermann Broch contre l'art "? tape-à-l'oeil ? "? ; répétant de texte en texte tel propos précis de Beckett, Blanchot, Jabès, Kafka...
, l'auteur se montre comme le grand lecteur qu'il est, grand en cela qu'il sait reconnaître avec humilité dans les phrases d'autrui l'expression de sa propre pensée et n'hésite pas à lui laisser toute la place, avec une note sensible de gratitude. Souvenons-nous que c'était déjà sa méthode dans l'Autoportrait en lecteur. Procédant du reste par paragraphes tendant au fragment, son écriture s'assimile à cette noble pauvreté qu'il décèle chez les artistes qu'il admire, à cette "? élégance mathématique ? " dans laquelle il perçoit un idéal artistique.
Il offre ainsi, en acte, un véritable modèle d'écriture sur l'art.
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L'assassinat d'un garde dans la forêt de Pail en 1690, les rendez-vous d'un couple d'amants qui se réfugie dans le plus total anonymat, les confessions d'un marin prenant son quart à la passerelle d'un cargo, la nuit, en plein Atlantique, ou bien encore les souvenirs d'un chasseur de météorites : rien ne semble, à première vue, relier les quatorze textes de ce livre. Sans doute ces courts chapitres d'un roman improbable disent-ils, d'abord, l'impossibilité, pour l'auteur, de suivre un fil narratif qui assurerait la cohérence d'un récit. Bien au-delà de l'esthétique ou de la théorie, l'effrondrement du sens est, ici, la marque même de l'époque. Mais l'absence de tout contexte, et l'extrême liberté de ces textes denses, est sans doute aussi ce qui leur permet de briller d'une étrange lumière de quartz noir.
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Dans Le grand paon-de-nuit, comme dans les deux titres repris dans ce volume, on peut se demander s'il s'agit bien de prose, et non pas plutôt de poésie.
En lisant ces textes brefs, souvent fulgurants, on se demande même si Marcel Cohen ne nous livre pas des sujets de nouvelles, ou des réflexions, qui ne gagneraient rien à être développés. Chez un auteur qui se contente souvent de rapporter des Faits, comme dans la trilogie du même nom, on touche sans doute là l'essentiel : au fil de ces pages d'un laconisme extrême, ce qui nous captive c'est, finalement, notre rôle de lecteur : peut-être nous revient-il, et à nous seul, d'écrire le volume que nous tenons entre les mains. Le plus important, semble nous dire l'auteur, s'écrit dans le blanc de la page, le lecteur est adulte, et il a toujours raison.
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Une succession rapide de scènes, d'impressions fulgurantes, de visions froides ou hallucinées. Le narrateur, pourtant, ne participe qu'en étranger. Enfant de l'Holocauste, il ressent sa survie comme une erreur et avec un sentiment de culpabilité qui lui confèrent un pouvoir d'extralucidité. Appartenant à une génération qui ne peut plus témoigner, et ne peut pas non plus se taire, il est réduit à son seul regard sur le monde. Voilà ce qui s'exprime tout au long de quarante-neuf textes, plus ou moins brefs, tous d'une admirable densité. Qu'il s'agisse de l'Inde, de ruines mayas, de la capture d'un éléphant sauvage, de clochards new-yorkais, d'un chien courant derrière un train, ou de scènes plus intimistes, chacun de ces moments creuse un abîme en même temps qu'il semble contenir l'imminence d'une révélation et d'un espoir. Si, dans les marges de la vie, le regard de cet étranger nous est si proche, c'est qu'il est, essentiellement, celui d'un homme d'aujourd'hui.
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« Je ne saurais dire depuis combien de temps je vis à Galpa. Mois, semaines ? Cette façon de compter n'a plus grande signification. Entre les visages dont je connais chaque expression et sur lesquels je ne découvre plus de points de repère, et ma chambre, ma table, ma chaise dans la cour, j'ai découvert au temps une nouvelle dimension : l'épaisseur. Le temps est ici un sable plus ou moins lourd, un sommeil plus ou moins profond. Les événements, tous minimes, et la fissure elle-même, ne modifient plus, par une quelconque perte de conscience, ma vertigineuse plongée en avant. » Galpa... Un nom qui sent les épices, les jours de mousson, les saris parfumés, les fêtes de Holy et les « vapeurs froides du Brahmapoutre ». Une ville où chaque moment du quotidien ouvre une brèche qui s'élargit de plus en plus, fatalement, jusqu'au séisme final. Un livre à propos d'une Inde secrète et mystérieuse à celui qui porte en lui la nostalgie de ses anciennes amours et de son pays.
Prix Wepler en 2013, Prix Jean Arp de littérature francophone, Marcel Cohen est l'un des écrivains les plus remarquables de la littérature française contemporaine. Galpa, son premier roman, écrit en 1969, a été depuis réédité par les éditions Chandeigne en 1993 dans leurs ateliers typographiques.
Tout le génie de cet auteur se dévoile dès les premières pages : la simplicité apparente de ces cinq courts chapitres révèle la profonde intensité de cette langue qui sublime l'invisible. L'anecdotique - une histoire d'amour, une fête de marché, un fait divers de vengeance -libère les fragilités et les fêlures de ce monde familièrement étranger.
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Tombeau de l'éléphant d'Asie
Gerard Busquet, Marcel Cohen, Jean-Marie Javron
- Editions Chandeigne&Lima
- 1 Janvier 2002
- 9782906462830
" Ce qu'il y a de plus gros chez l'homme, c'est l'éléphant ", affirmait Alexandre Vialatte avec l'humour corrosif que nous lui connaissons.
Il résumait ainsi, et à sa façon, la place que conserve cet animal dans l'imaginaire européen. Domestiqué depuis plus de cinq mille ans, et associé à toutes les activités humaines, l'éléphant d'Asie, c'est un fait, n'a cessé de fasciner les voyageurs. A peine altérées, bien des légendes ont survécu jusqu'à nos jours. On en trouvera plusieurs recensées ici, ainsi que les explications qu'elles appellent.
De même, on découvrira quelques exemples flagrants de ces plagiats à répétition, tous à la gloire du pachyderme, et qui, depuis la plus haute antiquité, parsèment les écrits des voyageurs et résument leur étonnement sans pareil. Bien au-delà, ce livre se veut une évocation aussi exhaustive que possible de l'éléphant d'Asie à travers les âges, et sous tous les angles envisageables, qu'il s'agisse de sa capture, de son dressage, de sa situation actuelle ou des plus récentes découvertes scientifiques le concernant.
Alors que cet animal mythique, qui n'a cessé de hanter les imaginations et de nourrir toutes les civilisations asiatiques, est aujourd'hui promis à une disparition presque inéluctable, c'est un âge de l'humanité qui prend fin avec lui.
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Une collection unique, souvent imitée, jamais égalée, qui explore tous les champs du savoir et de la littérature et qui est devenue, en moins de trois décennies, la bibliothèque idéale de l'honnête homme de notre temps. Chez « Bouquins », nous publions aussi bien des dictionnaires d'histoire, de musique ou de littérature que des récits de voyage, des grands classiques de la littérature mondiale ou de l'art de vivre que des portraits de ville ou des textes sacrés. Ils ont été établis par les meilleurs spécialistes et font référence dès leur parution. « Bouquins » s'adresse à tous ceux qui ont la passion de lire et de découvrir, aussi bien à l'étudiant qu'au professeur ou à l'amateur de curiosités, bref à tous ceux qui croient encore qu'un bon livre reste l'un des plus merveilleux compagnons qui nous ait été donné depuis que Gutenberg, avec ses caractères de plomb et d'antimoine, ses moules en métal et ses poinçons, a permis aux textes, parfois tirés de la nuit de l'oubli, de rencontrer en Europe leurs lecteurs par milliers.
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Trente-cinq minutes ; trois minutes
Marcel Cohen
- Editions Chandeigne&Lima
- 9 Janvier 2009
- 9782915540505
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L'auteur a grandi, aimé, voyagé, dans l'obsession d'un mur qui se dresserait entre le monde et lui. Cet obstacle majeur, tantôt fuyant comme une abstraction, tantôt concret, le conduit à rebâtir son autobiographie par fragments éclatés, chargés de lui renvoyer le reflet de ce qu'il fut autrefois, de ce qu'il est devenu. En chapitres dont la brièveté le dispute à l'angoisse et à l'intensité, il voit des êtres familiers ou épisodiques, il entend les cri des torturés, il attend et il espère. Il est lui-même un mur. Ces textes sont une quête de sa propre identité, un constat de persécution, d'étouffement et de liberté. L'auteur dresse des décors aussi douloureux qu'inévitables:Auschwitz et le désert du Sinaï, le mur des Lamentations, Bénarès, Kaboul, New York, le Paris de l'Occupation, ou bien d'anonymes chambres d'hôtel, la maison de sa petite enfance. La pudeur de son écriture se confond avec la réserve d'une mémoire extrêmement élaborée. Un tel récit nous offre ainsi le témoignage ponctuel et halluciné d'un homme d'aujourd'hui.