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Marcel Gauchet
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Le noeud démocratique : Aux origines de la crise néolibérale
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 10 Octobre 2024
- 9782073085313
Le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un «nouveau monde» déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XX? siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite «bourgeoise» pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette «crise de la réussite», comme il y eut un «vertige du succès» stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au noeud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire «néolibérale», dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir.
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L'avènement de la démocratie Tome 4 : Le nouveau monde
Marcel Gauchet
- Folio
- Folio Essais
- 7 Novembre 2024
- 9782073087287
Que s'est-il passé pour qu'advienne silencieusement, dans le sillage de la crise économique du milieu des années 1970, un monde nouveau dont nul n'avait anticipé les traits ? En quoi consiste au juste sa nouveauté, qui à la fois marque le triomphe du principe démocratique à une échelle jamais vue et rend sa mise en oeuvre si problématique ? Telles sont les questions soulevées par la dernière étape en date de l'avènement de la démocratie qui sont au centre de ce livre. Nous vivons la phase ultime de la «sortie de la religion», la religion ne se résumant pas à la foi personnelle, comme nous la concevons aujourd'hui, mais formant le principe organisateur des sociétés d'avant la nôtre. Ce processus paraissait parvenu à son terme ; il ne l'était pas. Nous nous pensions «absolument modernes» ; nous en étions encore loin. Nous le sommes brutalement devenus, et cela change tout, des conditions de la coexistence planétaire à l'identité de chacun d'entre nous. Notre organisation politique conservait dans sa forme l'empreinte de la soumission aux puissances venues d'en haut. Celle-ci s'est volatilisée, en révélant une fonction de l'État-nation que nous ne soupçonnions pas et qui en fait le soubassement du monde mondialisé. Nous habitions une histoire que nous pensions toute tournée vers l'avenir. Elle restait hantée par le passé, en réalité, comme le bond en avant de la production du futur nous l'a appris, en donnant à l'économie une place hégémonique dans la vie collective. Les libertés individuelles que nous pensions avoir conquises continuaient secrètement d'être prises dans l'appartenance sociale. L'effacement de cette dernière leur a conféré une autre portée, en faisant apparaître une société des individus qui gravite autour des droits de l'homme. Le paradoxe est que cette formidable avancée des moyens de l'autonomie humaine donne, à l'arrivée, une société qui échappe à ses membres, des démocraties incapables de se gouverner. Une chose est de disposer des instruments qui permettent de maîtriser son destin, une autre est de savoir s'en servir. L'histoire de la libération est derrière nous ; l'histoire de la liberté commence.
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Le désenchantement du monde ; une histoire politique de la religion
Marcel Gauchet
- Folio
- Folio Essais
- 24 Novembre 2005
- 9782070329434
Il est des ouvrages qui, très vite, s'imposent comme des classiques contemporains. Depuis sa parution en 1985, cette Histoire politique de la religion est tenue pour telle. L'ouvrage comble, il est vrai, une grande lacune, depuis les travaux pionniers de Durkheim, Max Weber et Rudolf Otto, en rendant au sujet la place qu'il mérite.
Car le religieux a modelé activement, et plus profondément qu'il n'y paraît, la réalité collective dans toutes les sociétés jusqu'à la nôtre, en particulier les formes politiques.
Marcel Gauchet propose un renversement de perspective : on a voulu voir l'histoire des religions comme un développement ; or la religion pure est au commencement. Ce que nous appelons «grandes religions» correspond, en fait, à autant d'étapes d'une mise en question du religieux dans sa rigueur primordiale. De ce point de vue, il faut mesurer la spécificité révolutionnaire du christianisme et son rôle à la racine du développement occidental. Marcel Gauchet caractérise le devenir des sociétés contemporaines, depuis l'essor des techniques jusqu'à l'enracinement des procédures démocratiques, comme un mouvement vers une société hors religion. Le monde d'aujourd'hui ne s'explique que par la sortie et l'inversion de l'ancienne économie religieuse. Sa particularité, c'est le désenchantement du monde.
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L'avènement de la démocratie Tome 3 : A l'épreuve des totalitarismes, 1914-1974
Marcel Gauchet
- Folio
- Folio Essais
- 16 Mars 2017
- 9782072718946
Dans le sillage de la crise du libéralisme examinée dans le volume précédent, ce troisième volume est consacré à la crise totalitaire sur laquelle débouche la Grande Guerre. Il s'efforce d'en établir la signification dans l'histoire de la démocratie.
Les totalitarismes ne se contentent pas, en effet, de combattre les démocraties «bourgeoises» comme si elles leur étaient étrangères, ils en procèdent. Ils leur lancent un défi qu'elles sont mises en demeure de relever.
D'où ont-ils pu sortir? Au-delà des circonstances, ils ont partie liée avec des idéologies d'un genre nouveau, nées autour de 1900, à l'enseigne de la révolution et de la nation. Marcel Gauchet en retrace la genèse. Elles sont à comprendre, montre-t-il, comme des «religions séculières», c'est-à-dire des antireligions religieuses résultant d'une phase spécifique et périlleuse du processus de sortie de la religion.
Le coeur de l'ouvrage est formé par la reconstitution des trois expériences qui méritent le nom de totalitaires au sens strict : le bolchevisme, le fascisme et le nazisme. L'accent est porté sur la dynamique qui les anime, voie royale pour en appréhender l'essence à partir de leurs contradictions intimes.
Mais l'intérêt de la perspective est aussi d'éclairer par contraste les transformations profondes qu'a connues la démocratie. Les grandes réformes politiques et sociales d'après 1945 prennent tout leur sens en tant que réponses au défi totalitaire. Au vrai, la «démocratie libérale» telle que nous la connaissons aujourd'hui est issue de cet effort pour surmonter les failles dont se nourrissaient les refus totalitaires.
Le XXe siècle n'a pas été seulement le théâtre de tragédies sans exemple. Il a été également le siège d'une réussite aussi méconnue que décisive qu'il n'est que temps de tirer de l'ombre.
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L'avènement de la démocratie propose, échelonnées sur quatre livres, à la fois une histoire philosophique du XXe siècle et une théorie de la démocratie.
L'entreprise constitue la suite du Désenchantement du monde. Ce qui advient avec la sortie de la religion, c'est un monde où les hommes ambitionnent de se gouverner eux-mêmes. Mais c'est en fait le monde le plus difficile à maîtriser qui soit. Ce sont les péripéties de ce parcours tumultueux, traversé d'embardées et de crises, dont il est fait une analyse raisonnée.
Le premier volume, La révolution moderne, est une sorte de prologue. Il campe l'arrière-fond, en retraçant sous une forme ramassée la révolution qui court entre 1500 et 1900, celle de l'autonomie. Surtout, il s'emploie à identifier les trois composantes spécifiques du monde désenchanté, du point de vue politique, juridique et historique. L'originalité de notre démocratie tient à la combinaison de ces trois éléments, qui est simultanément son problème permanent.
Le deuxième volume, La crise du libéralisme, présente une analyse en profondeur des années 1880-1914, qui constituent la matrice du XXe siècle, de ses tragédies et de ses réussites. En même temps que sont jetées les bases de la démocratie libérale, à la faveur de l'association du régime représentatif et du suffrage universel, le nouvel univers qui se déploie fait exploser le cadre hérité de l'univers religieux qui avait soutenu l'édifice des libertés fraîchement acquises. Ce sera la source des folies totalitaires comme ce sera le ressort de l'approfondissement et de la stabilisation des démocraties libérales.
C'est précisément cet épisode crucial qu'examinera le troisième volume, À l'épreuve des totalitarismes. Le quatrième et dernier volume, Le Nouveau Monde, sera consacré, dans la même perspective et avec les mêmes instruments de lecture, à la réorientation de la vie de nos sociétés depuis le milieu des années 1970 et à la nouvelle crise de croissance de la démocratie dans laquelle elle nous a plongés.
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L'avènement de la démocratie Tome 2 : La crise du libéralisme
Marcel Gauchet
- Folio
- Folio Essais
- 27 Mai 2014
- 9782070458844
L'avènement de la démocratie propose, échelonnées sur quatre livres, à la fois une histoire philosophique du XXe siècle et une théorie de la démocratie.
L'entreprise constitue la suite du Désenchantement du monde. Ce qui advient avec la sortie de la religion, c'est un monde où les hommes ambitionnent de se gouverner eux-mêmes. Mais c'est en fait le monde le plus difficile à maîtriser qui soit. Ce sont les péripéties de ce parcours tumultueux, traversé d'embardées et de crises, dont il est fait une analyse raisonnée.
Le premier volume, La révolution moderne, est une sorte de prologue. Il campe l'arrière-fond, en retraçant sous une forme ramassée la révolution qui court entre 1500 et 1900, celle de l'autonomie. Surtout, il s'emploie à identifier les trois composantes spécifiques du monde désenchanté, du point de vue politique, juridique et historique. L'originalité de notre démocratie tient à la combinaison de ces trois éléments, qui est simultanément son problème permanent.
Le deuxième volume, La crise du libéralisme, présente une analyse en profondeur des années 1880-1914, qui constituent la matrice du XXe siècle, de ses tragédies et de ses réussites. En même temps que sont jetées les bases de la démocratie libérale, à la faveur de l'association du régime représentatif et du suffrage universel, le nouvel univers qui se déploie fait exploser le cadre hérité de l'univers religieux qui avait soutenu l'édifice des libertés fraîchement acquises. Ce sera la source des folies totalitaires comme ce sera le ressort de l'approfondissement et de la stabilisation des démocraties libérales.
C'est précisément cet épisode crucial qu'examinera le troisième volume, À l'épreuve des totalitarismes. Le quatrième et dernier volume, Le Nouveau Monde, sera consacré, dans la même perspective et avec les mêmes instruments de lecture, à la réorientation de la vie de nos sociétés depuis le milieu des années 1970 et à la nouvelle crise de croissance de la démocratie dans laquelle elle nous a plongés.
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Il y a un malheur français, bien spécifique : pourquoi sommes-nous les champions du monde du pessimisme et du mécontentement de nous-mêmes ? Pourquoi vivons-nous notre situation, notre place dans l'Europe et le monde, comme un malheur incomparable ? Marcel Gauchet aborde ce problème d'une façon originale, en procédant d'abord à un vaste examen historique, qui le conduit des XVIIe-XVIIIe siècles jusqu'à la période immédiatement contemporaine. Au passage, il analyse en profondeur le règne de De Gaulle et celui de Mitterrand, l'un et l'autre matriciels pour comprendre notre présent.Puis il s'attaque aux ressorts de la société française d'aujourd'hui, dont il dissèque les maux:pourquoi la mondialisation et l'insertion dans l'ensemble européen sont-elles ressenties en France avec une particulière inquiétude ? Pourquoi le divorce entre les élites et le peuple prend-il chez nous ce tour dramatique ? Quelle responsabilité incombe aux dirigeants dans la montée de ce qu'on appelle, sans beaucoup y réfléchir, «populisme» ? Quel rôle enfin joue, dans le marasme français, le néolibéralisme, cette idéologie qui veut se confondre avec le cours obligatoire des choses et qui porte en elle la dépolitisation de nos sociétés, à laquelle Mitterrand a converti la France sans le dire ?
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La démoccratie règne sans partage ni mélange. Elle est venue à bout de ses vieux ennemis, du côté de la réaction et du côté de la révolution. Il se pourrait toutefois qu'elle ait trouvé son plus redoutable adversaire : elle-même.Ce livre rassemble des textes écrits sur vingt ans qui scrutent sous différentes faces le prodigieux changement auquel il nous a été donné d'assister. Nous avons vu la démocratie non seulement l'emporter et avancer de façon décisive, mais revenir à ses sources en se recentrant sur les droits de l'homme et en se remodelant à leur école. Sauf que, par un retournement encore plus inattendu, cette ressaisie des premiers principes la conduit en réalité à saper ses propres bases. Elle se défait en progressant. C'est cette difficulté d'être inédite qu'explore Marcel Gauchet, de la politique à la psychologie, en passant par l'éducation.«Rien n'échoue comme le succès», observait Chesterton. La démocratie survivra-t-elle à son triomphe ?
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La droite et la gauche : histoire et destin
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Le Debat
- 7 Octobre 2021
- 9782072952531
Le clivage droite-gauche est une de ces créations françaises qui ont fait le tour du monde. Il est le produit d'une histoire marquée depuis la Révolution française par une conflictualité aussi intense que complexe. Mais le parcours qui a conduit à la mise en place de cette division canonique des opinions et des identités politiques est loin d'être linéaire. En reconstituer les étapes, comme le fait Marcel Gauchet, est l'occasion de revisiter d'un oeil neuf la singularité de notre histoire politique, en même temps que d'éclairer la signifi cation de ce couple devenu peu à peu constitutif de la vie démocratique. La grande question d'aujourd'hui étant de savoir s'il conserve sa raison d'être au milieu des bouleversements que connaissent nos sociétés, ou s'il appartient à une époque en train de se clore.
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Robespierre ; l'homme qui nous divise le plus
Marcel Gauchet
- Gallimard
- L'esprit De La Cite - Des Hommes Qui Ont Fait La France
- 18 Octobre 2018
- 9782072820922
Robespierre reste une énigme, et une énigme qui soulève les passions. Il a ses admirateurs inconditionnels et ses détracteurs farouches. À la ferveur pour l' « Incorruptible » des uns répond la répulsion pour le « Tyran » sanguinaire des autres. Cette division reflète l'antagonisme des mémoires de la Révolution française. 1789 et 1793 continuent de symboliser les deux faces opposées de notre événement fondateur : le glorieux avènement de la liberté d'un côté et la dérive dans la Terreur de l'autre. Or Robespierre a pour originalité de faire le lien entre ces deux visages. Le champion des droits du peuple à la Constituante est aussi le pourvoyeur de la guillotine de la Convention montagnarde. Comment passe-t-on de l'un à l'autre ? Rupture ou continuité ?
C'est cette question classique que reprend ce livre. Il s'efforce d'y répondre en scrutant minutieusement l'itinéraire de pensée que l'abondant discours robespierriste permet de reconstituer. Un parcours qui éclaire le sens de l'événement révolutionnaire lui-même.
Robespierre apparaît dans cette lumière comme l'homme qui a le plus intimement épousé le principe de la « révolution des droits de l'homme » qu'a été la Révolution française. Il est également celui qui a échoué, dans la tourmente terroriste de 1793-1794, à procurer une fondation durable au régime politique que les droits de l'homme appelaient comme leur traduction.
En quoi ce parcours donne exemplairement à comprendre le problème que la Révolution a légué à la France et que, plus de deux siècles après, elle n'a toujours pas fini de résoudre.
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Ce livre est d'abord une réflexion sur la singularité française. Il interroge la spécificité des voies que le processus général de sortie de la religion a empruntées dans l'histoire de ce pays, spécificité que concentre le terme de laïcité. Il replace sa consécration par l'État républicain dans une perspective de longue durée. Nous sommes à une étape nouvelle de ce parcours, s'efforce-t-il ensuite d'établir. La sortie de la religion se poursuit. C'est paradoxalement ce recul continué qui ébranle l'idée de la politique qui s'était forgée pour répondre à son défi. Ce n'est pas le retour, mais l'éclipse du religieux qui oblige la République à se redéfinir et à reconsidérer la place des croyances en son sein. Une redéfinition qui représente une rupture profonde pour la tradition française, tant la confrontation de l'Église catholique et de l'État y a été formatrice. Ce tournant dans les rapports entre religions et politique, s'emploie enfin à montrer Marcel Gauchet, nous introduit au coeur des transformations de la démocratie. Il offre un observatoire privilégié pour en saisir le principe et pour en dégager les principaux caractères. Il permet aussi d'éclairer les difficultés qui l'affectent et ses avenirs possibles. Que peut vouloir dire le gouvernement des hommes par eux-mêmes quand ils sont pour de bon émancipés de l'emprise des dieux ?
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Il n'y a pas plus difficile à penser que la chose politique. Son évidence nous trompe. Quelle est sa place au juste dans le fonctionnement de nos sociétés ? Nous vivons à cet égard sur une illusion que la prophétie marxiste du dépérissement de l'État n'a fait que porter à ses dernières conséquences. La société est destinée à se suffire à elle-même en se débarrassant du carcan du politique. Le marxisme est mort en tant que théorie révolutionnaire, mais sa prophétie est en train de gagner dans les esprits. Ne nous répète-t-on pas tous les jours qu'à l'heure de la mondialisation et de l'économie sans rivages les États-nations ont fait leur temps et sont voués, sinon à disparaître, du moins à la marginalisation ? La post-modernité se veut post-politique. À l'opposé de ce nouveau sens commun, ce livre plaide l'idée que le politique continue d'être ce qu'il a toujours été : ce qui tient les sociétés ensemble. Il l'a été, simplement, selon des manières et par des voies très différentes. Ce sont ces configurations fondamentales qu'explorent les études réunies ici, du refoulement initial du politique par le religieux jusqu'à ses transformations modernes et ultramordernes sous l'effet de l'orientation vers l'avenir et de la dynamique de la société et de l'histoire. La mesure de cette diversité permet de mieux apprécier le rôle caché qu'il remplit aujourd'hui. L'éclipse du politique est au coeur de la désorientation actuelle des démocraties. Elles n'en sortiront pas sans se délivrer de la chimère de son dépassement. Ce dont nous avons le plus besoin pour nous orienter au milieu de ce désarroi, c'est une intelligence renouvelée de notre condition politique.
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«Pour les esprits sidérés par la référence constante et élogieuse à la Révolution culturelle et au maoïsme, et qui se montrent sceptiques ou franchement hostiles à l'idée même d'une réactivation de l'idée communiste, il y avait de quoi se réjouir à la perspective de voir Alain Badiou confronté à l'un des plus éminents théoriciens et défenseurs de la démocratie. À l'inverse, pour ceux qui considèrent que les penseurs de l'antitotalitarisme comme Marcel Gauchet ont fait le lit d'une re-légitimation du néolibéralisme en partie responsable de la crise actuelle, il y avait aussi de quoi se frotter les mains à l'idée de le voir débattre avec l'un des critiques les plus consistants et sévères du libéralisme contemporain».
Martin Duru et Martin Legros.
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Avec Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, le philosophe Marcel Gauchet s'est définitivement imposé depuis 1985 comme un penseur et un témoin capital de notre époque. Marcel Gauchet restitue ici un certain itinéraire intellectuel de la France : que penser des espoirs suscités par le structuralisme dans les années 1960 ? Au-delà de la «pensée 68», y a-t-il une génération intellectuelle issue de Mai 68 ? Qu'a représenté l'antitotalitarisme ? Quelle pensée de la société et de la politique après Marx ? Que faire de Freud, un siècle après la découverte de l'inconscient ? Que peut la philosophie aujourd'hui ? Comment comprendre le moment historique où nous nous mouvons : en d'autres termes, que signifient «la sortie de la religion» ou bien encore l'exaltation des droits de l'homme ? Marcel Gauchet déploie une réflexion originale sur le changement fondamental qui affecte l'humaine condition lorsque celle-ci devient condition historique.
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Pour une philosophie politique de l'éducation
Marie-Claire Blais, Marcel Gauchet, Dominique Ottavi
- Pluriel
- 3 Avril 2013
- 9782818503348
Ce livre propose une réflexion sur la signification politique de l'éducation dans les sociétés démocratiques, articulée sur plusieurs thèmes : le statut de l'enfant, la nature de l'égalité, la place de la culture, la fonction du civisme. Sans dogmatisme, il propose d'abord de clarifier ces questions et les dilemmes auxquelles elles donnent lieu : faut-il centrer l'enseignement sur l'élève ou sur les savoirs ? Comment développer le respect des cultures singulières dans le souci de forger une culture commune ? Le civisme peut-il s'enseigner ? L'école peut-elle être à la fois égalitaire et exercer une fonction de classement, etc.
C'est sans doute parce que l'école concentre ainsi les plus vifs paradoxes de la démocratie contemporaine qu'elle est à ce point un sujet sensible.
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La pratique de l'esprit humain ; l'institution asilaire et la révolution démocratique
Marcel Gauchet, Gladys Swain
- Gallimard
- Tel
- 21 Juin 2007
- 9782070780952
Pouvoir social, pouvoir subjectif ; puissance sur l'autre, disposition de soi : rupture visible et bouleversement insensible, c'est de concert, indissolublement, aux origines de notre monde, que le lien collectif et le rapport de soi à soi se sont trouvés transformés. Le retour démocratique de la souveraineté entre les mains des hommes est allé strictement de pair avec un ébranlement secret, chez chacun de ces individus politiquement émancipés, des bases et des repères de sa possession de lui-même. C'est à l'élucidation de certaines des voies et des formes qu'a empruntées, à l'aube du siècle dernier, cette réinvention fondatrice de l'univers humain-social que le présent ouvrage est consacré. Il s'attache au point privilégié de réfraction où la face manifeste et l'arrière occulte du changement se sont simultanément projetés et conjoints : la pratique de la folie. Absence à autrui et étrangeté à soi, la folie a joué à la fois comme révélateur des virtualités nouvelles inscrites dans le pouvoir de la société sur ses membres (folie qu'on entreprend de traiter), et comme révélateur de la crise intime de la maîtrise consciente (folie qu'on s'efforce de penser). L'asile, laboratoire politique où s'est déployé précocement et comme nulle part ailleurs l'exorbitant système substitutif qui s'est avéré, depuis, être partout la vérité cachée de la puissance de production d'eux-mêmes recouvrée par les hommes contre les dieux.
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Transmettre, apprendre
Marie-claude Blais, Marcel Gauchet, Dominique Ottavi
- Pluriel
- 21 Septembre 2016
- 9782818504796
Apprendre, qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'est-ce que cela suppose ? Par quelles voies cela passe-t-il ? À ces questions, l'école contemporaine apporte une réponse catégorique : l'école traditionnelle s'est trompée, elle a voulu transmettre des connaissances détenues par un maître en les inculquant à des élèves passifs. Cette pédagogie de l'imposition ne marche pas. Il faut lui substituer une pédagogie active faisant de l'enfant l'acteur de la construction de ses savoirs.
Nous sommes au moment où cette réponse se révèle aussi fausse, dans sa demi-vérité, que la philosophie antérieure. Tout est à reprendre. C'est le problème fondamental de l'école d'aujourd'hui, ignorante des mutations qu'elle doit opérer. Pour le résoudre, dégageons les origines historiques de ce nouveau modèle pédagogique, observons ses limites et réfléchissons à cette expérience primordiale dont les adultes refoulent le souvenir : la difficulté d'apprendre, qui ne se sépare pas de la nécessité d'une transmission.
Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi sont philosophes.
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Dialogue avec l'insensé ; à la recherche d'une autre histoire de la folie
Gladys Swain, Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 25 Octobre 1994
- 9782070739080
Gladys Swain est morte en 1993, à quarante-huit ans. Médecin-psychiatre, elle s'était fait connaître par deux livres : Le sujet de la folie et La pratique de l'esprit humain, écrit en collaboration avec Marcel Gauchet. Sa réflexion est le produit d'une génération, la génération de 1968, qui a eu à traverser la remise en question radicale de la discipline psychiatrique, sous les feux croisés de l'antipsychiatrie et de la psychanalyse, dans une époque dominée par les figures de Foucault et de Lacan. De cette expérience, Gladys Swain avait tiré un questionnement historique original. D'où l'intérêt de réunir aujourd'hui les études qui ont jalonné sa recherche. Elles se répartissent sous quatre chefs. Un premier groupe de textes traite du problème de la naissance de la psychiatrie au lendemain de la Révolution française. Une deuxième série d'articles s'attache au destin de quelques notions majeures, comme la mélancolie et l'hystérie. Un troisième ensemble envisage quelques-unes des composantes et conditions de rupture freudienne autour de 1900. Une dernière étude examine les remodelages paradoxaux de la pratique psychiatrique récemment entraînés par les substances psychotropes. Dans leur éventail chronologique et thématique, les élements de ce recueil dessinent une problématique d'ensemble dont Marcel Gauchet montre la cohérence et la fécondité.
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La révolution des pouvoirs ; la souveraineté, le peuple et la représentation, 1789-1799
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 14 Septembre 1995
- 9782070742974
De l'été 1789 jusqu'au coup d'État de Brumaire, la recherche d'un «tiers-pouvoir» n'a cessé de hanter le débat sur l'organisation représentative. La Révolution est obsédée d'unité, unité de la Nation souveraine et de ses représentants, unité des pouvoirs entre eux grâce à la subordination de l'organe d'exécution au suprême pouvoir d'expression de la volonté générale. Contre cette doctrine dominante, un courant critique aussi divers qu'insistant s'est continûment employé à faire valoir la nécessité d'un pouvoir supplémentaire, situé en tiers non seulement entre le législatif et l'exécutif, mais entre le peuple et les élus chargés de parler en son nom. C'est ce courant qu'il s'est agi de tirer de l'ombre.Son intérêt premier est de permettre de comprendre de l'intérieur le pourquoi de l'échec politique de la Révolution française. Il a été fondamentalement un échec à concevoir et à constituer un système représentatif viable.Mais, au-delà de la Révolution, c'est le parcours de la démocratie sur deux siècles qui acquiert une intelligibilité nouvelle. Ce tiers-pouvoir dont rêvaient les révolutionnaires est très exactement celui auquel les cours constitutionnelles donnent corps un peu partout aujourd'hui. Ces efforts lointains pour le définir dans l'abstrait nous font saisir le sens de son incarnation actuelle. Ils nous autorisent à resituer les affirmations parallèles du pouvoir du juge et du pouvoir de l'opinion auxquelles nous assistons dans le déploiement de la logique représentative sur la longue durée.
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L'avènement de la démocratie Tome 1 : La révolution moderne
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 8 Novembre 2007
- 9782070786152
L'avènement de la démocratie propose, échelonnées sur quatre livres, à la fois une histoire philosophique du XXe siècle et une théorie de la démocratie.
L'entreprise constitue la suite du Désenchantement du monde. Ce qui advient avec la sortie de la religion, c'est un monde où les hommes ambitionnent de se gouverner eux-mêmes. Mais c'est en fait le monde le plus difficile à maîtriser qui soit. Ce sont les péripéties de ce parcours tumultueux, traversé d'embardées et de crises, dont il est fait une analyse raisonnée.
Le premier volume, La révolution moderne, est une sorte de prologue. Il campe l'arrière-fond, en retraçant sous une forme ramassée la révolution qui court entre 1500 et 1900, celle de l'autonomie. Surtout, il s'emploie à identifier les trois composantes spécifiques du monde désenchanté, du point de vue politique, juridique et historique. L'originalité de notre démocratie tient à la combinaison de ces trois éléments, qui est simultanément son problème permanent.
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Macron, les leçons d'un échec : comprendre le malheur français II
Marcel Gauchet, Eric Conan, François Azouvi
- Stock
- 6 Octobre 2021
- 9782234085039
Le « dégagisme » qui s'est exprimé avec l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République a résulté de la prise de conscience d'une impasse française imputée à ses prédécesseurs et concurrents. Il a incarné la promesse d'y échapper. Cela donne au bilan de son action une portée particulière. Dans quelle mesure est-il parvenu à se saisir des causes de ce malaise et à y remédier ?
Dans la ligne de l'analyse développée dans Comprendre le malheur français, ce livre analyse les réussites et les échecs d'un quinquennat pas comme les autres.
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L'auteur replace la crise actuelle de la démocratie dans la perspective d'une première crise de croissance au début du XXe siècle et qui a culminé dans les assauts totalitaires des années 1930. Selon lui, les démocraties sont entrées dans une nouvelle crise de croissance depuis les années 1970 directement liée à l'approfondissement des principes démocratiques.
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Refonder l'université ; pourquoi l'enseignement supérieur reste à reconstruire
Olivier Beaud, Alain Caillé, Pierre Encrenaz, Marcel Gauchet, François Vatin
- La découverte
- Cahiers Libres
- 7 Octobre 2010
- 9782707166463
En mai 2009, alors que s'enlisait la lutte engagée par les enseignants-chercheurs contre le décret statutaire issu de la Loi de 2007 sur les universités, un petit groupe d'universitaires lançait dans la presse et sur Internet un ' Appel à refonder l'Université '. Ce manifeste, qui recueillit alors plus de cinq mille signatures, a été perçu comme un tournant décisif dans le débat. Ce groupe de ' Refondateurs ', qui réunit des représentants de disciplines et de sensibilités idéologiques les plus variées a continué à réfléchir à une indispensable refonte de l'enseignement supérieur. Et c'est le fruit de la réflexion originale de ce groupe qui est présenté dans ce court ouvrage par quelques-uns de ses animateurs. La réforme qu'ils proposent est fondée sur la conviction suivante : la société française ne peut plus se permettre de confiner l'Université au rôle de voiture-balai de l'enseignement supérieur, avec la charge d'accueillir le public que les autres établissements (classes préparatoires, classes de BTS, grandes, mais aussi moyennes ou petites écoles) auront refusé. Cette situation est tout à la fois antidémocratique, car elle favorise le développement de formations privées, payantes et pas toujours de qualité, et néfaste au développement scientifique et intellectuel français, car elle marginalise les universités, qui sont au coeur de la production de savoir et de la transmission de la culture. L'ouvrage présente un ensemble de solutions qui permettraient de remettre l'Université au service de la société. Si les problèmes sont complexes et les obstacles nombreux, on n'échappera pas à la nécessité d'une réforme de fond de l'ensemble de l'enseignement supérieur français. Car prétendre réformer l'université sans toucher aux autres cursus est un leurre. Cette politique aveugle continue à aggraver le mal qu'elle prétend soigner en entretenant la fuite des étudiants, elle engendre la désespérance de enseignants-chercheurs sans l'appui duquel toute réforme est vouée à l'échec, et coûte cher à la nation sans espoir de profit.
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Comprendre le malheur français
Marcel Gauchet, Eric Conan, François Azouvi
- Stock
- Les Essais Stock
- 9 Mars 2016
- 9782234075412
Il y a un malheur français, bien spécifique à ce pays : pourquoi sommes-nous les champions du monde du pessimisme et du mécontentement de nous-mêmes ? Pourquoi vivons-nous notre situation, notre place dans l'Europe et le monde, comme un malheur incomparable ?
Marcel Gauchet aborde ce problème d'une façon originale, en procédant d'abord à un vaste examen historique, qui le conduit aux xviie-xviiie siècles, jusqu'à la période immédiatement contemporaine. Au passage, l'auteur analyse en profondeur le règne de De Gaulle et celui de Mitterrand, l'un et l'autre matriciels pour comprendre notre présent.
Puis Marcel Gauchet s'attaque aux ressorts de la société française d'aujourd'hui, dont il dissèque les maux : pourquoi la mondialisation et l'insertion dans l'ensemble européen sont-ils ressentis en France avec une particulière inquiétude ? Pourquoi le divorce entre les élites et le peuple prend-il chez nous ce tour dramatique ? Quelle responsabilité incombe aux dirigeants dans la montée de ce qu'on appelle, sans y réfléchir, « populisme » ? Quel rôle joue, dans le marasme français, le néo-libéralisme auquel Mitterrand a converti la France sans le dire ?
Enfin, l'auteur montre que nous sommes aujourd'hui au plein coeur d'une période d'idéologie, d'autant plus pernicieuse qu'elle n'est jamais repérée pour ce qu'elle est, mais toujours confondue avec le cours obligatoire des choses : il s'agit de l'idéologie néo-libérale, qui va de pair avec la dépolitisation de nos sociétés.