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Folio
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C'est en corrèze, sur le plateau de millevaches, l'histoire de la famille de pythre, une histoire qui va de la fin du siècle dernier à nos jours.
Au commencement, il y a andré pythre qui arrive un soir au village, venu d'un canton voisin, le bout du monde, avec une demi-idiote, sa femme ou sa domestique, on ne sait.
André pythre est un personnage hors du commun, taciturne et mélancolique, en qui semblent se résumer des siècles de privations et d'entêtement à survivre en même temps qu'une volonté féroce de s'en sortir, d'échapper au nom impossible, au granit, à l'eau, au ciel trop bleu, à la jalousie des autres, à cette terre noire et froide qu'il faut disputer aux genêts, aux ajoncs, à la pierre. mais comment vaincre la " maudissure " qui vous suit, vous et les vôtres depuis si longtemps, comment vaincre ce qui gît en vous-même et vous entraîne vers le silence et la nuit ?
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Au milieu des vents, des pluies et des voix sombres des bois du plateau de Millevaches, dans la grande nuit corrézienne, voici l'histoire de trois femmes fières. Yvonne, Lucie, Amélie : les trois soeurs Piale. Trois vies de femmes : l'interminable déception, les rêves qui se brisent comme de la vaisselle, un goût de vieille neige dans la bouche, et toutes ces chambres où l'on n'arrive pas à se réchauffer, l'enfance perdue, la stupeur, l'incrédulité devant le temps qui a passé, les rires blancs, l'acceptation de la mort et du recommencement, même s'il n'y a ni commencement ni fin, mais seulement ce don, ce versement de sang, cette cascade qui tombe d'être en être, interminablement.
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" Ce que je suis : un écrivain en route dans sa langue. C'est dans la langue qu'on chemine, autant que dans le paysage. Parfois je m'arrête en plein vent : mes mots aussitôt ravalés, comme le voile blanc sur la bouche des femmes druzes, comme un souffle d'homme sur la soie protégeant un sexe humide de femme. Je marche un peu seul sur la route de Hermel. Le chauffeur s'est endormi dans la voiture. Pas de secret à découvrir ou à livrer : je suis en mouvement sur la terre rouge de la Bekaa, entre deux chaînes de montagnes. Peut-être ne suis-je là que pour oublier ce qu'une femme a fait de moi : un être hors de lui, condamné à marcher, penser, parler seul (trois langues à la bouche et nulle envie qu'elles s'ébruitent dans l'après-midi poussiéreuse). "
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«Je songe à cette très jeune fille assassinée au début des années 60, à Siom, sur les hautes terres limousines. Je songe à celui qui l'a peut-être tuée, et qui se cachait dans son nom propre, Lavolps, comme un renard en son terrier. Tous deux sont morts, et seule l'écriture peut aujourd'hui les rendre à leur innocence.» Richard Millet.
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«J'ai vu s'éteindre, à Siom, sur les hautes terres limousines, entre les années 60 et le début de ce nouveau millénaire, le monde rural dans lequel je suis né. J'ai vu finir une civilisation qui avait duré des siècles. Ils sont tous morts, les Bugeaud comme toutes les grandes familles siomoises, et c'est pourtant parmi eux, hommes et femmes que j'ai vus vivre et que je croyais immortels, que j'erre aujourd'hui, perdu ou sauvé par l'écriture, ombre parmi les grandes ombres de Siom.»
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Il est professeur dans une banlieue difficile de Paris. Mais ses racines plongent dans le Limousin, au coeur de la province française. Dans ses classes, les élèves sont durs, violents. Peut-être d'autant plus qu'il est, lui, resté un enfant, l'enfant soumis d'un père tyrannique, l'enfant abandonné d'une mère trop tôt enfuie et qu'il recherche dans chaque femme.Lauve, Lauve le pur, est à jamais du côté de ceux qui ont tout perdu, qui ont toujours tort, ni là ni ailleurs : intellectuel pour les paysans, provincial chez les Parisiens, faible parmi les forts, innocent avec les innocents.
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« Je suis descendue ouvrir la porte que faisait trembler un semi-remorque chargé de rondins, tremblant moi aussi devant cet homme d'une cinquantaine d'années, un peu plus grand que ne le sont les hommes des hautes terres : quelqu'un d'épuisé, ou qui revient de loin, ou encore un homme revenu de tout ; un homme qui ne s'aimait pas, c'était visible, ma mère m'avait appris à les reconnaître, les plus dangereux, selon elle, car ils exigent tout d'une femme, sans contrepartie, parfois même jusqu'au sacrifice suprême. » Estelle, la narratrice, est serveuse dans un routier, à Saint-Andiau, dans le haut Limousin. Sa vie, à la monotonie désespérante, bascule avec l'arrivée d'un écrivain, qui, après avoir tant attendu de l'écriture, a renoué avec son métier d'instituteur. Elle va projeter sur « le maître » son désir, son dévorant besoin d'amour...
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L'angelus ; la chambre d'ivoire ; l'écrivain Sirieix
Richard Millet
- Folio
- Folio
- 25 Avril 2001
- 9782070412983
Voici trois courts romans, d'abord publiés séparément et rassemblés ici parce qu'ils peuvent se lire comme trois variations sur le thème de la création artistique : la musique pour L'angélus, la peinture dans La chambre d'ivoire et la littérature avec L'écrivain Sirieix. Trois autoportraits dans lesquels la ressemblance avec l'auteur est à la fois certaine et mensongère - en tout cas ironique. Les femmes, aussi, y sont infiniment présentes, impitoyables, lointaines à force d'être proches.
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Nouvelle édition révisée par l'auteur en 2010
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Entre l'éclipse d'août 1999 et les mois qui suivent les tempêtes de la fin du siècle, une femme achève de raconter à son amant ce qui l'a conduite à fuir son Québec natal, sa famille et sa langue maternelle, l'anglais, pour venir vivre à Paris. Elle est radiologue. L'amant est un altiste réputé, originaire des hautes terres limousines. Entre eux, une relation très étrange, dans laquelle la parole compte autant que le sexe, et l'enfance autant que la musique. Ils s'aiment dans la proximité comme dans l'éloignement et la multiplicité des aventures parallèles, entre ce centre du monde qu'est l'île Saint-Louis à Paris, et Montréal, Amsterdam, Venise, Cracovie, Beyrouth...
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Chacune de ces histoires raconte un secret, et chacune est à l'image du secret qu'elle raconte : retenue et mélancolique d'abord, et puis violente, cruelle, montrant des êtres tourmentés d'avoir à confronter à d'autres leurs fantasmes, leurs souffrances, leurs extases.
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«Il était de ces êtres, si incompréhensibles aujourd'hui, qui ont le goût de la solitude : une solitude qui était plus un accomplissement que de la misanthropie ou la contestation de l'ordre social qu'elle est devenue dans une société qui a fait du vivre-ensemble, de la transparence, du festif, de la convivialité, une des figures de la démocratie où les solitaires sont suspects aux vertueux hédonistes du nouvel ordre moral. Mais s'il aimait autant la solitude, c'était qu'il pouvait ainsi laisser libre cours à ce qu'il faut bien appeler son originalité ou ses bizarreries.»
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«On m'avait assez répété que j'étais laid : il me fallait le devenir, et j'avais, à quinze ans, assez de jugeote pour deviner que tout se jouerait dans le domaine amoureux, à tout le moins sexuel, puisque, je le savais déjà, j'étais de ceux à qui l'amour est refusé, et qui, par conséquent, doivent séparer ce sentiment du désir qui en est la dimension incendiaire, et consolatrice.» À travers la confession déroutante d'un homme qui, dès l'enfance, a grandi persuadé que sa mère le trouvait laid, Richard Millet cerne au plus près les tourments de la dissonance et de la solitude, et livre, dans une langue superbe, une singulière éducation sentimentale.
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« Elles auront été mes plus sûres amoureuses ; nous n'avons, elles et moi, rien espéré d'autre que le bonheur d'être ensemble, quelques heures par semaine, dans l'invention perpétuelle du regard, de la voix, de quelques gestes - avec une fantaisie et une ingénuité qu'elles perdront bientôt. Elles auront cherché dans ce qui leur restait d'enfance leur plus vive féminité : moments soudains et rares d'une proximité qui nous bouleversa et qui est moins le fruit de la stratégie amoureuse que de l'abandon. »