Filtrer
Xyz
-
Les animaux sont très présents dans ce recueil de quatorze nouvelles: des chiens, des canaris, un sanglier, un hamster, un corbeau et... une mouche. Mais ce ne sont pas de gentils toutous qu'on promène au parc, ni de charmants oiseaux qu'on écoute gazouiller. On leur fait plutôt la vie dure et, le plus souvent, on les tue. On y tue même un animal, échappé d'un parc industriel, qui ressemble étrangement à un être humain. C'est qu'ils vivent dans un univers sans pitié, y compris les baleines, dont la survie est sérieusement menacée. La première nouvelle se passe au Québec et l'avant-dernière, dans une gare désaffectée qui n'appartient pas à notre espace-temps. Les autres ne sont pas précisément situées, mais l'argot dans lequel s'expriment souvent les personnages évoque la France. Cet argot leur coule dans les veines, à ces êtres paumés, démunis, souvent violents, qu'il s'agisse du jeune d'une cité qui fait cramer une voiture de la fourrière, d'un père et de son fils qui font le guet, planqués dans un arbre, ou de deux truands qui ratent leur hold-up. L'argot exprime on ne peut mieux leur désarroi et leur colère, qu'il fait vibrer, résonner, retentir. Il fallait des mots éraillés à ces personnages d'écorchés. Mais l'humour affleure aussi, çà et là, car Pascal Millet joue habilement de plusieurs registres. On le trouve dans la croyance en la réincarnation d'un Chinois en chien, dans l'aveuglement excessif d'une mère pour son fils ou dans l'attaque d'un drôle de train par des fainéants qui se prennent pour des cow-boys.
-
Ray rêve de quitter le village de la Côte-Nord où il habite avec son père alcoolique, sa mère fatiguée et son frère Zeb, qui gagne leur vie en jouant aux cartes et en braconnant. Il rêve du Japon où Zeb a promis de l'emmener. Mais quand celui-ci disparaît, Ray se sent abandonné et commence à entretenir d'étranges conversations avec un fossoyeur fantôme.
Le roman est une lente élucidation des circonstances de la disparition de Zeb. Ray n'obtient d'abord pas de réponses aux questions qu'il pose. Le cadavre qu'il trouve et le meurtre auquel il assiste ne font qu'épaissir le mystère. C'est Lou qui lui apprendra finalement la dure vérité, Lou, l'amoureuse de Zeb qui rêvait de partir avec lui, elle aussi. Et c'est Beef, le sinistre patron du bar que Zeb fréquentait, qui lui donnera le fin mot de l'histoire.
Une histoire d'amour et de vengeance.
Une histoire de rêves avortés et d'ailleurs inaccessibles.
Une histoire sombre et troublante, qui nous tient en haleine du début à la fin.
-
Manu Ségalotti est un jeune Français de 20 ans, l'âge où l'on veut devenir quelqu'un (mais qui?) et faire quelque chose de sa vie (mais quoi?), l'âge où les rêves adolescents se heurtent à la réalité adulte. Sa réalité, c'est son père qui le pousse à se trouver un travail, le service militaire obligatoire, pendant un an, puis un emploi dans les archives d'une banque. Son rêve, c'est de suivre les traces de Robert Capa, le célèbre photographe de guerre.
Quand la réalité étouffe trop le rêve, Manu fait comme Kerouac : il part en voyage. Il se retrouve bien vite à Tadoussac, poussé par le désir de découvrir une autre réalité, celle que décrit Jack London, dans son roman Croc Blanc, celle de ses rêves d'enfant peuplés de cow-boys et de trappeurs, emplis du Nord et des grands espaces. C'est dans une auberge au bord de la 138, où il reviendra à deux reprises, que se déroule la majorité du roman. Là, il croise plusieurs autres jeunes en quête de rêves, eux aussi, et bien vite rattrapés par la réalité. Heureusement qu'il y a l'amitié, plus forte que tout.