Les « zoos humains », symboles oubliés de l'histoire contemporaine, ont été totalement refoulés de notre mémoire collective. Ces exhibitions des « sauvages », aussi bien des « exotiques » que des « monstres », ont pourtant été, en Europe, aux États-Unis et au Japon, une étape majeure du passage progressif d'un racisme scientifique à un racisme populaire. Au carrefour du discours savant, des cultures de masse et de l'intérêt des puissances coloniales, ces exhibitions ont touché un peu moins d'un milliard et demi de visiteurs depuis l'exhibition en Europe de la Vénus hottentote, au début du XIXe siècle. Ces exhibitions, peuplées d'êtres difformes et de personnes en provenance des espaces coloniaux d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie ou d'Asie, comme appartenant à un univers de l'anormalité, disparaîtront progressivement avec les années 1930, mais elles avaient fait alors leur oeuvre : bâtir deux humanités.
Véritable synthèse et de ouvrage de référence sur la question, rassemblant les meilleurs spécialistes internationaux, cette nouvelle édition de Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines (La Découverte, 2002) est entièrement refondue et largement complétée. Fruit de plus de dix ans de recherches, elle paraît à l'occasion de l'exposition « Exhibitions. L'invention du sauvage » organisée au musée du Quai Branly à Paris.
Les régions Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Alsace, Picardie, Champagne-Ardenne et Franche-Comté, de Lille à Strasbourg, ont tissé une relation unique avec les voyageurs, travailleurs, artistes, soldats, réfugiés, rapatriés et « sans-papiers » venus des Suds.
Depuis le dernier tiers du XIXe siècle, le Nord-Est est une véritable frontière d'empire qui reçoit plus d'un million de combattants et travailleurs coloniaux lors des trois conflits qui opposent la France à l'Allemagne. Parallèlement, des dizaines d'expositions coloniales et ethnographiques contribuent à la formation d'une culture coloniale et accompagnent un premier flux d'originaires des colonies vers la métropole, notamment dans les mines du Nord.
Durant tout le XXe siècle, venus des quatre coins de l'empire et du monde, recrutés et dockers chinois, soldats et étudiants d'Afrique noire, combattants, travailleurs et militants du Maghreb, migrants et ouvriers turcs, mobilisés indochinois et rapatriés vietnamiens ou d'Algérie, militants et enfants des deuxième et troisième générations, passent ou se fixent dans ces régions.
Ce livre raconte leurs parcours et s'attache également au regard posé sur ces centaines de milliers de migrants, aujourd'hui composante importante de la société locale. À travers des images exceptionnelles et inédites, c'est l'histoire « aux confins d'un empire » qui se révèle ici. Histoire longue, complexe et étonnante, toujours en mouvement, constitutive en partie des mémoires et des identités locales.
Tout au long du XIXe siècle, l'orient n'a cessé d'exercer une fascination sur les occidentaux : objet d'explorations, d'études et de fantasmes, il est au coeur de la production artistique, littéraire du siècle romantique. Le pèlerinage en Orient devient le voyage par excellence de toute une génération d'écrivains, de Pierre Loti à Théophile Gautier en passant par Gérard de Nerval ou Alphonse de Lamartine, et donne lieu à une production littéraire considérable.
Afin de répondre au goût du public pour cet orient magnifié et fantasmé, les images se multiplient. Des studios photographiques basés à Paris comme le studio Léon & Lévy et l'atelier Neurdein envoient leurs photographes pour réaliser des images qui serviront ensuite à la production de cartes postales, de publications ou de coffrets de vues stéréoscopiques. Ces reporters reviennent d'Egypte, d'Algérie, du Maroc ou de Tunisie avec une grande quantité d'images.
Portraits et costumes traditionnels, paysages (désert, oasis), scènes de vie (souks, rues, écoles, Fantasia...) constituent un véritable inventaire ethnographique, une des plus grandes sources iconographiques sur le Maghreb de cette époque.
Véritable recueil d'une histoire jusqu'alors invisible, cet ouvrage fait mémoire des centaines de milliers d'hommes et de femmes venus du monde entier dans le Grand Ouest. À travers des centaines de documents uniques rassemblés ici pour la première fois - photographies, illustrations, dessins, gravures, publicités. -, cette mémoire prend forme dans les six régions du Grand-Ouest (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, région Centre, Poitou-Charentes).
Sommaire :
Préface de Michel Le Bris 1896-1913 : Présence des outre-mers 1914-1944 : D'une guerre à l'autre 1945-1975 : Les Trente Glorieuses 1976-2008 : L'Ouest des suds
Exposition présentée au musée du quai Branly du 28 novembre 2011 au 3 juin 2012 sous le commissariat général de Lilian Thuram. Exposition présentée à Zurich et Munich à partir de juillet 2012 et jusqu'à novembre 2012.
Exposition présentée au musée du quai Branly du 28 novembre 2011 au 3 juin 2012 sous le commissariat général de Lilian Thuram.
Depuis la fin des années 1990, on a vu se durcir en France une « guerre de mémoires » autour de l'histoire coloniale et, en particulier, celle de l'Algérie ou celle de l'esclavage. Les différents protagonistes ont largement mobilisé les médias, anciens et nouveaux, saturant parfois l'espace public au point de donner le sentiment d'un débat d'une ampleur sans précédent. Et pourtant, on oublie trop souvent que le XXe siècle a été, génération après génération, une longue suite de conflits mémoriels. Comme si, sur les questions essentielles, les « guerres de mémoires » étaient en France le moyen de faire entrer le passé dans le présent. C'est ce que montre cet ouvrage, réunissant des contributions très accessibles des meilleurs historiens, politologues ou sociologues.
L'histoire de la France arabo-orientale commence dès le VIIe siècle, au moment des conquêtes arabes, et traverse treize siècles d'histoire de France, avec les présences de populations maghrébines, proche-orientales et ottomanes dans l'Hexagone. Ces présences ont contribué à bâtir l'histoire politique, culturelle, militaire, religieuse, artistique et économique de ce pays, de l'empire carolingien de Charlemagne à la République actuelle. Ce beau livre relié, à forte dimension esthétique et graphique, se veut une référence au carrefour de la culture, de l'histoire et des mémoires croisées à travers des centaines de documents, la plupart inédits.
Poaimes est un hommage à l'amour. Ces textes expriment les diverses facettes et formes de ce merveilleux sentiment à la fois simple et complexe mais si essentiel. Aimer. Il nous faut donc conjuguer ce verbe au présent car vivre c'est aimer.
Abandon Sentir sa raison qui paresse Et petit à petit s'abaisse Devant les assauts du c?ur Sentir depuis les profondeurs Jaillir un torrent de chaleur Vouloir que jamais il ne cesse Sentir un ruisseau de tendresse Déferler en vagues de caresses Avoir le c?ur qui déraisonne La raison qui s'abandonne Et tout à coup s'étonne Devant le c?ur qui se donne
Ce livre événement, un beau livre reliéà forte dimension esthétique et graphique, se veut une référence au carrefour de la culture, de l'histoire et des mémoires croisées à travers plus de sept cents documents, la plupart inédits, issus de plus de cent cinquante fonds d'archives.
À l'image de Black Britain (2007) de Paul Gilroy, de Paris Noir (Hazan, 2001) ou de Black Paris (2007), ce livre sera un événement éditorial sans précédent, une référence unique sur trois siècles de présence des Noirs en France, issus de toutes les communautés et des quatre coins du monde, pour trois siècles d'histoire commune.
Il avait peur de parcourir les pages De son vieil ouvrage Qu'il croyait, doué de raison, Capable de composer seul ses oraisons. Chaque fois qu'il voulait consulter, Il prononçait diverses incantations, Afin de suivre une lecture sans exactions, Sans qu'il ne fasse un nouveau trépassé. Il déchira une à une les feuilles du livre, Et les jeta dans les eaux du fleuve. Simplement parce qu'il voulait survivre Et oublier au plus vite ces épreuves. Il fut pris d'un profond désespoir Lorsqu'il vit intact sur l'écritoire, Ce qu'il crut ne jamais revoir, Accablé, il attendit le soir.
« Le puits des âmes » est un recueil de poèmes s'inscrivant dans une mouvance gothique et romantique. Il est également question de patrimoine ésotérique, d'histoires intimistes ou de noirceur stylisée. Le tout est raconté à travers des personnages anonymes baignés dans une atmosphère souvent tourmentée. Cette poésie est un espace dédié au surnaturel et aux superstitions de nos campagnes. Quelques poèmes abordent bien sûr des thèmes traditionnels afin d'opérer un contraste avec des sujets parfois sombres et métaphysiques. L'ensemble présente des sentiments extrêmes, des émotions et des tranches de vie de gens ordinaires. L'auteur tente d'amener le lecteur à réfléchir sur la part de réalité et d'irrationnel qui inondent notre environnement. Le but de cet ouvrage était de dresser une liste de ce que l'être humain est capable d'engendrer, le pire comme le meilleur.
Parler de racisme, c'est parler d'une histoire-monde, celle de la xénophobie, de l'antisémitisme, des préjugés, de l'esclavage ou celle de la ségrégation. Mais c'est aussi parler d'images : la caricature, les objets, l'affiche politique ou de propagande, la publicité ou le tract, la photographie ou la peinture... Nombreux sont les supports qui ont véhiculé la représentation de l'« autre » comme un être inférieur, stigmatisé dans sa différence, que celle-ci soit ethnique, religieuse, culturelle ou sexuelle. Ils relèvent d'une culture visuelle qui a contribué pendant des siècles à façonner des relations tronquées, marquées par une violence pouvant aller jusqu'à l'extermination ou au génocide. En analysant près de 250 images, l'historien Pascal Blanchard et l'anthropobiologiste Gilles Boëtsch décryptent les différentes strates de cette haine de l'autre dans une perspective à la fois historique, culturelle et thématique. Car comprendre la construction de ce discours racial sur le temps long, c'est participer à sa déconstruction. Les auteurs donnent aussi la parole à une quinzaine de personnalités : chacune livre ici un éclairage à hauteur de sa propre expérience, de ses convictions et de ses engagements. Une saisissante histoire visuelle et mondiale du racisme pour en maîtriser désormais tous les codes et représentations.
Pendant plus d'un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio... tous les supports ont participé à cette apologie de la « plus grande France ». Au coeur de l'État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l'idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l'entre-deux-guerres et se prolonger jusqu'aux dernières heures de l'Algérie française et même au-delà. Au coeur de cette dynamique, l'image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l'on appelait les « indigènes ».
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l'adhésion du plus grand nombre à l'Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l'univers symbolique structurant l'imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l'identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d'un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la « mission civilisatrice » s'est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la « République coloniale », dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l'héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.
Cet atlas permet d'appréhender l'histoire des immigrations sur le temps long et les visages multiples de la France au XXI? siècle :
- Du XIX? siècle à nos jours, des ouvriers aux réfugiés politiques, des combattants coloniaux aux secondes générations : une histoire complexe et riche.
- Étudiants, travailleurs, réfugiés, ultramarins, sans-papiers, sportifs, élus : un regard neuf et global sur les immigrations d'aujourd'hui.
- Logement, éducation, intégration, religion, démographie, culture, mémoires, identités : des outils pour aller au-delà des idées reçues.
Loin des fantasmes et des non-dits, les 120 cartes et infographies de cet atlas éclairent cette question dans sa complexité et sa diversité. Un livre pour une histoire globale, entre passé et présent, pour un regard inédit sur les immigrations qui font désormais partie de notre histoire commune.
L'empire colonial français se développe au XIXe siècle et devient le deuxième empire le plus vaste du monde, après celui du Royaume-Uni. Les contestations se multiplient dès l'entre-deux-guerres. Mais les bouleversements liés à la Seconde Guerre Mondiale accentuent la remise en question de la domination française. Commence dès lors un long processus de décolonisation, qui est aussi le plus long conflit de la France au XXe siècle, depuis les premiers soulèvements en 1943 jusqu'aux dernières indépendances au milieu des années 1970.
Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire évoquent toutes les facettes et les contradictions de ce processus, tantôt marqué par des épisodes d'une violence inouïe, tantôt accompagné de réformes et d'accords bilatéraux maintenant, des décennies plus tard, une forte dépendance des pays décolonisés vis-à-vis de la France. À travers près de 250 photographies, documents de presse ou affiches, ils décryptent l'un des plus grands basculements de l'histoire récente, et posent un regard renouvelé sur les deux faces du miroir colonial.
Le roman vrai de l'olympisme 130 ans d'histoire olympique sont revisités à travers 36 passionnants articles réunissant les meilleurs spécialistes internationaux de l'olympisme, venus de différents horizons disciplinaires - historiens, géographes, sociologues, économistes, juristes, politistes tels que Pascal Ory, Georges Vigarello, Fabrice Delsahut, Nicolas Bancel, Christina Koulouri ou Didier Poracchia. L'ouvrage est préfacé par Antoine Petit, président du CNRS, et il témoigne d'une volonté d'offrir au lecteur français un panorama international, par juxtaposition de touches successives qui, ensemble, forment un édifice bien pensé et bien pesé. L'olympisme est dépeint ici comme le reflet des enjeux et des conflits de chaque époque, depuis la question raciale à Saint-Louis en 1904 jusqu'à celle des rapports entre le CIO et les pays non-démocratiques aujourd'hui, en passant les basculements successifs du monde de la Belle Époque à la Guerre froide et à l'émergence des Suds. Traitant tant de géopolitique que d'aspects légaux ou financiers, l'ouvrage n'hésite pas à sortir des sentiers battus, s'interrogeant par exemple pour savoir si les JO de 1900 ont bien eu lieu tant ils ont laissé peu de traces, en nous initiant aux tentatives soviétiques de créer des jeux prolétaires ou en dévoilant l'affirmation d'une puissance africaine à Montréal en 1976. Les questions gênantes ne sont pas édulcorées : gouvernance du CIO, contrôles de sexe imposés aux sportives, augmentation des corps aux jeux paralympiques, gigantisme des jeux, statut des athlètes, bon usage des boycotts...
En 2005, les auteurs de cet ouvrage publiaient La Fracture coloniale, juste avant la révolte dans les banlieues. Dix ans après, l'espoir d'une évolution positive s'est effondré. Dès lors s'est imposée la nécessité de faire le bilan des crises identitaires et sociales qui traversent la France de toute part. Pourquoi ce pays a-t-il plongé dans ce maelström régressif, animé par une pensée néo-réactionnaire se délectant du déclinisme, suscitant la peur devant l'Étranger, l'immigré ou le réfugié, déversant ses imprécations contre l'Europe et la « mondialisation » ? Comment éclairer la montée en puissance inexorable du Front national, ravivant les sentiments nationalistes, la passion de l'entre-soi et de la communauté ethnique ? Pourquoi relève-t-on partout le sentiment d'une urgence au ressourcement identitaire ? Les racines de cette situation postcoloniale n'ont pas changé et aucune leçon n'a été véritablement tirée des événements de 2005.
Bien au contraire. De la faillite de notre modèle d'intégration aux atermoiements de la politique de la Ville ; de l'ethnicisation des territoires aux désastres de la lutte contre les discriminations ; de l'enkystement du chômage dans les quartiers et les outremers à la fragilisation des classes moyennes ; des thèses délirantes sur le « grand remplacement » à la haine de l'Islam ; des crispations communautaires au ressac de l'antisémitisme ; de notre impossibilité d'affronter le passé colonial aux expéditions aventureuses dans nos anciennes colonies, cet ouvrage, réunissant les meilleurs spécialistes sur ces questions, entend faire le bilan des crises et crispations qui obscurcissent tout l'horizon.
Autant d'analyses qui questionnent le renfermement identitaire pour lutter contre les obscurantismes de tout bord.
Les années 30 restent dans nos mémoires comme une décennie hors du commun, rythmée par la crise financière de 1929, le populisme et la montée des extrêmes, les tensions internationales et les conflits. Notre présent apparaît comme un fascinant écho de ces années 30. Après le succès électoral de Donald Trump aux États-Unis et la montée des populismes en Europe, en Inde ou au Japon, alors que la guerre s'internationalise en Syrie et que le choc des civilisations est à la mode, ce livre en images propose un saisissant aller-retour entre hier et aujourd'hui.
Véritable tour du monde en images, ce livre dresse un panorama complet des années 50 en revenant sur les événements politiques, sociaux et culturels majeurs de la décennie. Un rappel des temps forts construit autour d'une comparaison inédite entre les années 50 et aujourd'hui. Et si l'histoire se répétait ? Et si, en Corée, une nouvelle Guerre froide commençait ?
Reposant sur plus de mille peintures, illustrations, photographies et objets répartis sur six siècles d'histoire au creuset de tous les empires coloniaux, depuis les conquistadors, en passant par les systèmes esclavagistes, notamment aux États-Unis, et jusqu'aux décolonisations, ce livre s'attache à une histoire complexe et taboue. Une histoire dont les traces sont toujours visibles de nos jours, dans les enjeux postcoloniaux, les questions migratoires ou le métissage des identités.
C'est le récit d'une fascination et d'une violence multiforme. C'est aussi la révélation de l'incroyable production d'images qui ont fabriqué le regard exotique et les fantasmes de l'Occident. Projet inédit tant par son ambition éditoriale, que par sa volonté de rassembler les meilleurs spécialistes internationaux, l'objectif de Sexe, race & colonies est de dresser un panorama complet de ce passé oublié et ignoré, en suivant pas à pas ce long récit de la domination des corps.
À la fin du XIXe siècle, la France règne sur un immense empire : Maghreb, Afrique noire, Indochine... L'idéologie coloniale élabore un modèle de l'« indigène », sauvage que la République va doucement amener aux lumières de la « civilisation ». Après 1945, le mythe de l'assimilation potentielle des peuples colonisés se brise sur l'écueil de la guerre d'Algérie, puis des indépendances. L'image de l'immigré supplante progressivement celle de l'indigène. Aujourd'hui, la perception des immigrés de l'ex-Empire témoigne d'un retour des stéréotypes coloniaux.
Pascal Blanchard et Nicolas Bancel appellent à une analyse critique de cette page d'histoire, occultée depuis trente-cinq ans. Ce travail de mémoire permettrait de dénouer en partie les passions autour de l'immigration, enjeu majeur pour une société dont l'un des piliers fondateurs reste l'intégration.
Verdrängt und vergessen sind die Männer und Frauen, die Kinder und Greise, die man hinter Gittern oder Barrieren zur Schau stellte wie Orang-Utans, chinesische Pandabären oder bengalische Tiger. Von Hamburg bis Paris, von London bis Tokio, von Chicago bis Genf strömten Millionen von Menschen in derartige "Völkerschauen" und "Menschenzoos". Dies geschah um die Wende vom 19. zum 20. Jahrhundert - und wirkt bis heute fort.
Die Schaulustigen waren fasziniert von diesen "Wilden", die so seltsame Gebräuche hatten. Sie sahen in ihnen nur "Fremde", "Andersartige", angeblich echte "Kannibalen". Die Besucher bemerkten nicht, dass sich die westliche Welt der Schaustellungen bediente, um das eigene Selbstbild zu idealisieren. Denn es ging nicht um eine bereichernde Begegnung zwischen Kulturen, sondern darum, das Überlegenheitsgefühl der "weißen Rasse" zu stärken und die "zivilisierende" Politik der Kolonialmächte zu rechtfertigen. Zudem begegnete man den Fremden oftmals ganz und gar nicht wohltätig. Man ließ sie fieren, blieb oft sogar angesichts der vielen Krankheiten und Todesfälle unter ihnen ungerührt. Schließlich waren es ja nur "Wilde".
Hamburg war einer der europäischen Schwerpunkte dieser Entwicklung. Carl Hagenbeck verwirklichte ab 1874 als erster in Europa die Idee einer "anthropologisch-zoologischen Ausstellung". Der Erfolg dieser Veranstaltungen war - auch in finanzieller Hinsicht - so überwältigend, dass man auch anderswo versuchte die Sensationsgier zu bedienen. Völkerschauen und MenschenZoos fanden im deutschen Sprachraum u.a. in Hamburg, Berlin, Leipzig, Dresden, Köln, Düsseldorf, Dortmund, Mannheim, München, Wien und Basel statt.
Die MenschenZoos trugen auf entscheidende Weise dazu bei, dass sich die rassistische Denkweise der "Wissenschaft vom Menschen" auf breite Bevölkerungskreise ausdehnte. Denn im Gefolge dieses rassistischen Trugbildes von den Fremden, dem die Pseudowissenschaft der damaligen Anthropologie das Denkmäntelchen der Objektivität umgehängt hatte, breitete sich rassistisches Denken unter großen Teilen der Bevölkerung westlicher Staaten aus. Ein Rassismus, der einige Jahrzehnte später schreckliche Folgen haben würde.
Die "MenschenZoos" zeigen uns die Entstehung unserer bis heute fortbestehenden Vorurteile und Ängste. Sie zeugen von der Spaltung der Menschheit in einen angeblich höherwertigen und einen angeblich minderwertigen Teil.