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Table Ronde
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Août 1901, Paul Gauguin quitte Tahiti à bord d'une goé- lette pour les îles Marquises. Il débarque dans l'île d'Hi- vaoa, construit son propre faré qu'il nomme Maison-du- Jouir, peint et écrit.
Avant et après est le récit de tous ses exils et de ses com- bats : Arles, la Bretagne, Panama, Papeete. Gauguin passe également en revue toutes les morales qui l'ont poussé à fuir l'Europe et à se tourner vers un monde primitif : « Mo- rale du cul, morale religieuse, morale patriotique, morale du soldat, du gendarme. » Enfin, il évoque son amitié avec Van Gogh, sa conception de l'art, ses dégoûts et ses enthousiasmes. Une autobio- graphie parcourue « par la haine, la vengeance », pleine de « choses terribles » et aussi d'amour, considérée comme le plus grand texte de Gauguin.
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Ceci n'est pas un livre. Un livre, même un mauvais livre, c'est une grave affaire. Telle phrase du quatrième chapitre excellente serait mauvaise au deuxième, et tout le monde n'est pas du métier.Un roman. Où cela commence-t-il : où cela finit-il. Le spirituel Camille Mauclair en donne la forme définitive : c'est entendu jusqu'à ce qu'un nouveau Mauclair vienne à son heure nous annoncer une forme nouvelle.Prise sur le vif, la réalité n'est-elle pas suffisante pour qu'on se passe de l'écrire ? Et puis on change.Autrefois je haïssais George Sand, maintenant Georges Ohnet me la rend presque supportable. Dans les livres d'Émile Zola, les blanchisseuses comme les concierges parlent un français qui ne m'enthousiasme pas. Quand elles cessent de parler, Zola, sans s'en douter, continue sur le même ton et dans le même français.Je ne voudrais en médire, je ne suis pas du métier. Je voudrais écrire comme je fais mes tableaux, c'est-à-dire à ma fantaisie, selon la lune, et trouver le titre longtemps après.Des mémoires ! c'est de l'histoire. C'est une date. Tout y est intéressant. Sauf l'auteur. Et il faut dire qui on est et d'où l'on vient. Se confesser : après Jean-Jacques Rousseau c'est une grave affaire. Si je vous dis que par les femmes je descends d'un Borgia d'Aragon, vice-roi du Pérou, vous direz que ce n'est pas vrai et que je suis prétentieux. Mais si je vous dis que cette famille est une famille de vidangeurs, vous me mépriserez.Si je vous dis que du côté de mon père ils se nommaient tous des Gauguin, vous direz que c'est d'une naïveté absolue : m'expliquant sur ce sujet, voulant dire que je ne suis pas un bâtard, sceptiquement vous sourirez.Le mieux serait de se taire, mais se taire quand on a envie de parler, c'est une contrainte. Les uns dans la vie ont un but, d'autres n'en ont pas. Depuis longtemps on me rabâche la Vertu : je la connais, mais je ne l'aime pas.