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Fayard
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J'ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss.
Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l'Empire russe venus à Paris avant 1914.
Il est simplement le récit d'une destinée singulière à laquelle jai souvent rêvé.
Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d'amour de son petit-fils. -
Ce livre est le récit d'une longue lutte contre la peine de mort. Il commence au jour de l'exécution de Claude Buffet et de Roger Bontems, le 24 novembre 1972, et s'achève avec le vote de l'abolition, le 30 septembre 1981.
Depuis lors, l'abolition s'est étendue à la majorité des États dans le monde. Elle est désormais la loi de l'Europe entière. Elle marque un progrès irréversible de l'humanité sur ses peurs, ses angoisses, sa violence.
À considérer cependant les exécutions pratiquées aux États-Unis, en Chine, en Iran et dans de nombreux autres pays, le combat contre la peine de mort est loin d'être achevé. Puisse l'évocation de ce qui advint en France servir la grande cause de l'abolition universelle.
R.B. -
J'avais écrit ce livre, où se mêlent récit d'un drame judiciaire et réflexions sur la justice et le métier d'avocat, après l'exécution de Claude Buffet et Roger Bontems, en novembre 1972, à Paris, dans la cour de la prison de la Santé. Tous deux avaient été condamnés à mort par la Cour d'assises de Troyes pour avoir pris en otage et égorgé, à la Centrale de Clairvaux, une infirmière et un gardien. Leur grâce avait été refusée par le Président Pompidou.Depuis lors, la guillotine a été reléguée dans les caves d'un musée, et la peine de mort a disparu de nos lois. Mais elle sévit encore dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis. Et la tentation d'y revenir n'a pas disparu de tous les esprits. Cette justice qui tuait, la voici à l'oeuvre dans ce livre. Il n'est pas inutile que de nouvelles générations, plus heureuses à cet égard que la nôtre, la connaissent.R.B.
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Ce livre est le récit de mon voyage au pays du pouvoir. Il commence au lendemain de l'abolition de la peine de mort en octobre 1981 et s'achève à mon départ de la Chancellerie, en février 1986. Il y est beaucoup question de justice, parfois de politique.
Le temps écoulé rend singulières les passions que soulevait alors mon action. Le cardinal Lustiger m'avait prévenu au lendemain de l'abolition : « On ne touche pas à la mort impunément. » Ces années de luttes, je les raconte telles que je les ai vécues. Le lecteur ne sera pas surpris d'y trouver, mêlée au récit des événements, l'expression de mes convictions sur ce que devrait être la justice dans la République.
De tout ce que j'ai pu réaliser à cette époque, l'essentiel demeure : irréversibilité de l'abolition, suppression des juridictions d'exception, dépénalisation de l'homosexualité, progrès des droits des victimes, ouverture aux citoyens de la Cour européenne des droits de l'homme, amélioration du régime des prisons, et bien d'autres mesures encore.
Je n'ai pas non plus dissimulé mes échecs, qu'il s'agisse de la surpopulation carcérale, de la pauvreté budgétaire, ou de convaincre l'opinion que la première mission de la justice est de faire respecter la loi et de garantir les libertés individuelles comme le prescrit la Constitution, et non d'être le pompier de la délinquance, comme on s'obstine à le faire croire.
En achevant cet ouvrage, ma conclusion est simple : « Lecture faite, persiste et signe. » R.B. -
Libres et égaux... l'émancipation des Juifs 1789-1791
Robert Badinter
- Fayard
- Divers Histoire
- 19 Avril 1989
- 9782213023526
Rien, à dire vrai, ne me prédisposait à m'attacher à l'histoire de l'émancipation des Juifs sous la Révolution. Jusqu'au jour où, suivant pas à pas Condorcet, je rencontrai une délégation de Juifs, conduite par Maître Godard, venant demander en janvier 1790 à la Commune de Paris de soutenir leur cause auprès de l'Assemblée nationale. Il y avait donc eu sous la Révolution, au sujet de la citoyenneté des Juifs, discussion, résistance et bataille politique.Cet événement, si lourd de portée dans l'histoire des Juifs de France et d'Europe, a bien peu compté dans la Révolution. Pourtant, à l'analyser de près, il se révèle chargé de signification. Car l'émancipation, à la veille de 1789, si elle était presque acquise pour les Juifs du Sud-Ouest, n'était rien moins que certaine pour les autres.La raison politique commandait de différer leur émancipation, ou du moins de l'accomplir progressivement en fonction de leur assimilation. Mais cette démarche prudente était inconciliable avec les principes des droits de l'homme que les Constituants avaient proclamés. Refuser aux Juifs le droit d'être des citoyens comme les autres, aux mêmes conditions que les autres, c'était leur dénier la qualité d'hommes comme les autres, et renier la Révolution elle-même. Ainsi l'émancipation des Juifs apparaît en définitive comme une victoire de l'idéologie sur le pragmatisme, de la force des principes sur la force des choses.R.B.
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Le procès Bousquet : Haute Cour de justice 21-23 juin 1949
Robert Badinter
- Fayard
- 26 Octobre 2022
- 9782213722337
« Il advient que la justice transforme un innocent en coupable. Mais il est plus rare que l'institution judiciaire transforme un coupable en innocent.
Ce fut pourtant le cas de René Bousquet, ancien secrétaire général de la police de Vichy, d'avril 1942 à décembre 1943, et proche de Pierre Laval. Envoyé en Allemagne par ses amis de la Gestapo en juin 1944, Bousquet choisit de rentrer en France en mai 1945 pour y être jugé par la Haute Cour de justice. Comme il l'avait annoncé à ses proches, tout se passa bien pour lui.
René Bousquet fut mis en liberté provisoire en juillet 1948 et jugé par la Haute Cour du 21 au 23 juin 1949. Il bénéficia d'un quasi-acquittement. La Haute Cour, composée de parlementaires, pour certains résistants, le releva même de l'indignité nationale pour services rendus à la Résistance... Il put alors entreprendre le front haut une nouvelle carrière dans le monde des affaires.
Dénoncé en 1978 par Darquier de Pellepoix, ancien commissaire général aux questions juives, Bousquet se vit rattrapé par son passé, notamment par le drame de la rafle du Vel' d'Hiv en juillet 1942, à laquelle il avait fait procéder par la police française.
Une nouvelle plainte ayant été déposée contre lui en 1991, Bousquet fut, avant un nouveau procès, abattu par un dément, à Paris, en juin 1993. Sa mort a interdit à la justice de se prononcer à nouveau.
Au-delà de l'intérêt historique de ce déni de justice que fut son procès, demeure une question essentielle : comment la Haute Cour de justice a-t-elle pu acquitter René Bousquet et lui délivrer un véritable brevet de Résistance ? C'est l'énigme que cet ouvrage présente. » Robert Badinter Robert Badinter et Bernard Le Drezen ont retrouvé aux Archives nationales le compte rendu sténographique du procès de René Bousquet en juin 1949. Nous publions ici l'intégralité de ce texte, véritable enregistrement écrit des audiences. -
Théâtre Tome 1 ; cellule 107 ; les briques rouges de Varsovie ; C.3.3.
Robert Badinter
- Fayard
- 10 Mars 2021
- 9782213718361
J'ai toujours aimé le théâtre.
Au lendemain de la guerre, j'ai découvert son pouvoir d'envoûtement du troisième balcon où se juchaient les étudiants.
La jeunesse s'est enfuie, mais la passion est restée. Elle devait porter ses fruits. J'ai écrit en secret des pièces de théâtre. Nombre d'ébauches ont pris le chemin de la corbeille à papier, mais quelques-unes ont échappé à ces excès de dépit amoureux. Les voici réunies sous le titre optimiste de Théâtre I.
Au lecteur d'être, par la grâce de l'imagination, le metteur en scène et l'acteur de ces pièces. Frappons les trois coups. Instant magique, le rideau se lève...R. B.
Né à Paris en 1928, Robert Badinter, avocat, fut ministre de la Justice (1981-1986), président du Conseil constitutionnel (1986-1995) et sénateur (1996-2001). -
A ce moment de mon existence déjà longue, me retournant vers ce qui fut un combat passionné, je mesure le chemin parcouru vers l'abolition universelle. Mais, tant qu'on fusillera, qu'on empoisonnera, qu'on décapitera, qu'on lapidera, qu'on pendra, qu'on suppliciera dans ce monde il n'y aura pas de répit pour tous ceux qui croient que la vie est, pour l'humanité tout entière, la valeur suprême, et qu'il ne peut y avoir de justice qui tue.
Le jour viendra où il n'y aura plus, sur la surface de cette terre, de condamné à mort au nom de la justice. Je ne verrai pas ce jour-là. Mais ma conviction est absolue : La peine de mort est vouée à disparaître de ce monde plus tôt que les sceptiques, les nostalgiques ou les amateurs de supplices le pensent.
R. B. -
De la naissance de la République à 1914, l'idéologie pénitentiaire demeure constante: la prison doit être un lieu de peine, mais aussi d'amendement; elle est faite pour transformer les délinquants autant que pour les punir. Pour les républicains, une discipline ferme mais humaine et les bienfaits de l'instruction peuvent toujours ramener le délinquant au droit chemin, c'est-à-dire à un comportement conforme aux valeurs de la République. Dès lors, son idéal lui commande, plus qu'à toute autre forme de gouvernement, de se pencher sur les prisons, de les transformer, de les humaniser enfin.Or la République ne le fait pas. C'est, dira-t-on, faute de moyens plus que de bonnes intentions. Mais, précisément, la question posée est bien celle-là: pourquoi la République s'est-elle refusée à prélever les ressources nécessaires pour changer la prison, en finir avec la misère, la promiscuité, la corruption de la vie carcérale, toujours dénoncées et toujours reconduites? Pourquoi accuser les tares d'un système pénitentiaire indigne des valeurs de la République _ et de son intérêt bien compris, puisqu'il nourrissait la récidive _ et cependant se garder d'y remédier?A travers le prisme de ses prisons et de sa politique répressive, c'est un visage secret de la République qui se révèle.
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Un antisémitisme ordinaire ; Vichy et les avocats juifs (1940-1944)
Robert Badinter
- Fayard
- Divers Histoire
- 9 Avril 1997
- 9782213598024
Un siècle et demi après l'émancipation des Juifs par la Révolution française, le régime de Vichy promulguait une législation qui faisait d'eux des parias dans leur patrie.En présence de ce droit antisémite, il importe de savoir ce que fut l'attitude de l'administration, des juridictions et des milieux professionnels concernés.S'agissant du Barreau, ce livre, fruit de recherches dans les archives professionnelles et judiciaires, retrace comment, au-delà des réactions individuelles, l'émergence d'un antisémitisme érigé en règle ordinaire de la société française ne suscita ni refus de principe, ni rejet massif, ni protestation collective.Ce livre évoque aussi les souffrances morales de ces avocats qui furent exclus du Barreau, comme des confrères véreux, par une loi promulguée par un Maréchal de France, incarnation de la gloire nationale, simplement parce qu'ils étaient nés juifs.R.B.
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Nous, représentants des peuples et des Etats souverains de l'Europe, héritiers d'une longue et douloureuse Histoire, dépositaires d'une grande civilisation, avons décidé de constituer ensemble une Union qui assure aux Européens les bienfaits de la paix, de la démocratie, des droits de l'homme, de l'éducation et de la culture, du progrès économique et social, d'un environnement protégé et de la solidarité.En conséquence, nous avons conclu le présent Traité qui donne à l'Union européenne une Constitution fondée sur nos valeurs communes.
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Les entretiens de provence - le juge dans la societe contemporaine
Robert Badinter
- Fayard
- 9 Avril 2003
- 9782213614410
La période actuelle est marquée, dans les sociétés occidentales, par une remarquable montée en puissance du juge : développement de la justice constitutionnelle, création et essor des juridictions internationales, « judiciarisation » de plus en plus étendue de la vie sociale, etc. C'est sa fonction plus que son statut qui assure au juge un charisme nouveau : le juge dit le droit et crée du droit. Ce faisant, il est amené à codifier les valeurs de notre temps, à exercer une sorte de pontificat laïc.Pour prendre la mesure de ce phénomène, Robert Badinter (ancien garde des Sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel) et Stephen Breyer (juge à la Cour Suprême des Etats-Unis) ont réuni à Bonnieux, au cours de l'été 2000, des personnalités du monde judiciaire : Antonio Cassese (premier président du TPIY), Dieter Grimm (ancien vice-président de la Cour constitutionnelle de la RFA) et Gil Carlos Rodriguez Iglesias (président de la Cour de justice des communautés européennes). Le philosophe anglais Ronald Dworkin s'est joint à eux.De leurs réflexions et discussions, très libres de ton, est né ce livre. Il est publié simultanément en version anglaise, par la New York University Press.
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Le 28 ventôse an XII, Portalis présente au Corps législatif le projet de loi réunissant les 36 lois civiles déjà votées, sous le titre « Code civil des Français ». Evoquant les travaux de codification, il s?écrie : « Dans le calme de toutes les passions et de tous les intérêts, on vit naître un projet de Code civil, c?est-à-dire LE PLUS GRAND BIEN que les hommes puissent donner et recevoir. »Pourquoi, là où la monarchie absolue et la Révolution avaient échoué, Bonaparte a-t-il réussi à doter la France d?un « Code civil des Français » ? Pourquoi la France, qui a changé dix fois de Constitution en deux siècles, a-t-elle conservé le Code civil ? Pourquoi la codification, de 1801 à 1804, demeure-t-elle comme la campagne d?Italie de l?art législatif ?
C?est la naissance politique de ce « plus grand bien » qui est retracée dans cet ouvrage. -
Après avoir étudié toutes les sources disponibles, Robert Badinter propose ici sa vision du procès de Jésus dans une pièce de théâtre dense et bouleversante. Après une longue préface qui revient sur le contexte historique du procès, il met en scène de manière totalement inattendue et passionnante les acteurs d'une tragédie qui fonde notre Histoire.
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Vladimir Poutine : l'accusation
Robert Badinter, Bruno Cotte, Alain Pellet
- Fayard
- Documents Fayard
- 19 Avril 2023
- 9782213726120
Cet ouvrage présente les fondements de l'accusation contre Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, auteur du crime d'agression contre l'Ukraine et des crimes de guerre et contre l'humanité commis par les forces russes dont il est le chef suprême.
Robert Badinter est ancien ministre de la Justice et président du Conseil constitutionnel.
Bruno Cotte, membre de l'Institut, est président honoraire de la chambre criminelle de la Cour de cassation et ancien président de chambre de première instance à la Cour pénale internationale.
Alain Pellet est ancien président de la Commission du droit international des Nations unies et président de l'Institut de droit international. -
Depuis quarante ans, la société française souffre d'une grave maladie: le chômage de masse.Ce mal a suscité une déferlante législative à tel point que le droit du travail apparaît aujourd'hui comme une forêt obscure où seuls les spécialistes peuvent trouver leur voie. Loin de favoriser l'emploi, le Code du travail suscite ainsi un rejet souvent injuste.
Il faut réagir.
Il n'est pas de domaine de l'Etat de droit qui ne repose sur des principes fondamentaux. C'est à mettre en lumière ces principes, disparus sous l'avalanche des textes, que cet ouvrage est consacré. Sur leur base, il appartiendra aux pouvoirs publics et aux partenaires sociaux de décliner les règles applicables aux relations de travail, selon les branches et les entreprises.
Mais rien ne sera fait de durable et d'efficace sinon dans le respect de ces principes. Puisse l'accord se faire sur eux, dans l'intérêt de tous.
Robert Badinter est professeur émérite de l'université Paris I Panthéon Sorbonne et ancien président du Conseil constitutionnel.
Antoine Lyon-Caen est professeur émérite de l'université Paris Ouest Nanterre et directeur d'études à l'Ecole deshautes études en sciences sociales (EHESS).
Dessins© Plantu -
Une autre justice : contributions à l'histoire de la justice sous la Révolution française (1789-1799)
Robert Badinter, Collectif
- Fayard
- 9 Novembre 1989
- 9782213024288
Il n'est point de période judiciaire plus riche et plus significative que celle qui s'ouvre avec les Etats généraux et s'achève avec le Consultat. C'est le temps où se défait un long passé, où se forgent des institutions judiciaires entièrement nouvelles, fondées sur la souveraineté du peuple et inspirées par la philosophie des Lumières. Jamais notre justice ne connaîtra en si peu d'années un tel bouleversement.La justice de la Révolution nous a légué des institutions essentielles comme le Tribunal de cassation, la réduction des voies de recours, le juge de paix qui deviendra le juge d'instance, les jurés et la procédure d'audience de la Cour d'assises. Surtout, elle a fait prendre conscience qu'il n'est pas de justice pénale sans assistance de l'accusé par un avocat librement choisi, et sans débat public et contradictoire.Les grands principes de notre législation pénale _ légalité, proportionnalité, nécessité de la peine, non-rétroactivité de la loi pénale, égalité devant la loi _, les constituants les ont inscrits dans la Déclaration des droits de l'homme qui a aujourd'hui valeur constitutionnelle dans notre droit. Nous leur devons aussi la conception d'une pénalité qui prenne en compte l'espérance de l'amendement du condamné. Nous leur devons enfin l'exemple de convictions fortes, dictées par l'idéal d'une justice respectueuse des Droits de l'homme, soucieuse de la liberté individuelle et au service de la paix civile. C'est dire que leur message n'est pas perdu et demeure encore source d'inspiration.R.B.Ont collaboré à cet ouvrage: R. BADINTER, J. BOEDELS, M. BOULET-SAUTEL, J.-D. BREDIN, N. CASTAN, J. COMMAILLE, H. DONTENWILLE, J.-L. GAZZANIGA, J.-L. HALPERIN, J. HILAIRE, P. L. ASCOUMES, A. LEBIGRE, J. LEONNET, R. MARTINAGE, R. MARTINEAU, F. MONNIER, A. MOREAU, P. PONCELA, J.-P. ROYER, B. SCHNAPPER, G. THUILLIER.
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Condorcet ; un intellectuel en politique
Robert Badinter, Elisabeth Badinter
- Fayard
- Biographies Historiques
- 18 Octobre 1989
- 9782213024080
Lorsque la Révolution commence, le marquis de Condorcet occupe une situation privilégiée dans la société. Mathématicien célèbre à vingt-cinq ans, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences à trente-deux ans, il est membre de l'Académie française et inspecteur des Monnaies. Ami de Voltaire et d'Alembert, il apparaît comme le dernier des encyclopédistes. Il est célèbre dans toute l'Europe des Lumières et lié aux plus brillants esprits du temps. Disciple de Turgot, il a vécu à ses côtés ses réformes et sa disgrâce. Enfin il est le mari heureux de la belle et spirituelle Sophie de Grouchy.Cet homme comblé est aussi un homme passionné de justice. Il s'est élevé contre toutes les erreurs judiciaires de la fin de l'Ancien Régime. Ami des Noirs, il lutte contre l'esclavage et la traite. Ami des Protestants et des Juifs, il milite pour la reconnaissance de leur citoyenneté. Adversaire de la peine de mort, il soutient la cause de l'abolition. Et il est le seul à réclamer pour les femmes l'égalité entière des droits.Dès le début de la Révolution, cet intellectuel s'engage dans la lutte politique. Sous la Constituante, il se prononce parmi les premiers en faveur de la République. Député à la Législative, il propose son célèbre plan d'Instruction publique qui inspirera un siècle plus tard les fondateurs de l'Ecole républicaine. Député à la Convention, il refuse par conviction abolitionniste de voter la mort du Roi et rédige le projet de Constitution le plus démocratique qu'on ait élaboré jusqu'alors. Partisan de l'union des républicains, il se détache de ses amis Girondins sans pour autant rallier les Montagnards. Décrété d'accusation en juillet 1793, il se cache à Paris jusqu'en mars 1794. Il écrit alors l'Esquisse d'un tableau des progrès de l'Esprit humain, son oeuvre maîtresse. Pour ne pas compromettre la sûreté de celle qui l'héberge, il quitte son refuge. Arrêté, il est trouvé mort dans sa cellule le 29 mars 1794.Telle fut la vie de cet intellectuel engagé qui connut l'échec politique mais dont la pensée, selon le mot de Jean Jaurès, fait partie du patrimoine de la République.