Yoshinobu devient shôgun non grâce à sa naissance mais à ses talents, et malgré son orgueil de guerrier, il préféra la voie de la paix au tumulte des armes. Il fut, à la fin du XIXe siècle, le dernier shôgun du Japon féodal. A travers sa carrière mouvementée dans un monde en plaine mutation, se dessine le portrait attachant d'un homme solitaire, d'un shôgun éclairé, d'un politicien visionnaire évoluant au milieu de nobles de cour décadents et de samouraïs dévorés d'ambition.
Mort en 1913, le dernier shôgun a été le témoin de la naissance du Japon moderne, et vu l'ancien Edo devenir peu à peu le Tôkyô nostalgique du début du XXe siècle.
Au XVIe siècle, dans le Japon ravagé par la guerre civile, un enfant pauvre et ambitieux s'enfuit d'un monastère pour se mettre au service du grand Nobunaga. Son manque d'attrait physique lui a valu le surnom de "Singe", mais son intelligence et sa rouerie lui permettent rapidement de s'illustrer dans les batailles et de recevoir des domaines en remerciement. Alors commence pour lui une ascension de tous les échelons du pouvoir : promu samouraï, puis général, il se révèle un stratège de génie autant qu'un diplomate machiavélique, avant de poursuivre ses guerres de conquête à la mort de Nobunaga et de réaliser son rêve de grandeur : devenir le "Grand Pacificateur", le maître incontesté du Japon réunifié.
Ieyasu, le célèbre chef de guerre, bâtisseur de la ville d'Edo {devenue Tokyo) et premier shogun de la dynastie des Tokugawa qui dirigea le Japon de 1603 à 1867, n'avait probablement pas dès l'origine une telle ambition. Fils aîné du maître du Mikawa, une petite province prise en étau par les puissants clans Oda et Imagawa, il passe une grande partie de son enfance comme otage chez les premiers puis les seconds. Il retrouve la liberté à quatorze ans et épouse une femme proche des Imagawa. En 1560, il s'allie à Oda Nobunaga, lui apporte un précieux soutien dans sa politique d'expansion territoriale et lui témoigne une loyauté indéfectible au point de faire exécuter sa femme et ordonner à son fils aîné de se faire seppuku. Ieyasu est un homme rustique, peu curieux des goûts raffinés des nobles de la capitale, il a toutefois les qualités d'un guerrier patient et rusé. Il modifie souvent ses alliances au moment où cela l'arrange Il s'allie d'abord à Takeda Shingen, à qui il voue une véritable admiration, puis change d'avis et cause la mort de Shingen et de son fils. En 1586, Ieyasu fait allégeance à Hideyoshi après l'avoir affronté à la bataille de Nagakute...C'est le portrait de l'un des trois plus grands seigneurs de guerre de l'histoire du Japon qui est brossé dans cette saga très documentée. Un grand roman épique où les valeurs chevaleresques et le code d'honneur des samouraïs croisent les intrigues politiques et les conspirations les plus perfides dans une lutte effrénée pour le pouvoir.
Shiba Ryôtarô (1923-1996) est considéré au Japon comme le maître du roman historique d'après-guerre. Révélé en 1959 par Fukurô no shiro (Le Château des hiboux), qui obtient le prestigieux prix Naoki, il renouvelle le genre en l'enrichissant d'une véritable dimension érudite. Auteur de centaines d'essais, de récits et de romans historiques, prépubliés en feuilletons et suivis par des millions de lecteurs, il rencontre un immense succès qui a fait de lui l'un des auteurs japonais les plus populaires de la seconde moitié du XXe siècle.