« Maman a disparu. C'est pas simple. Il a fallu le redire plusieurs fois, décomposer la phrase, la prendre et la secouer. Maman a disparu. Quelle folie de phrase. Si je la chuchote, les larmes me montent et me brûlent, si je la prononce avec une voix de fer, comme un vieux robot fatigué, ma-man-a-dis-pa-ru ma-man-a-dis-pa-ru, ça me fout la chair de poule et l'impression d'une catastrophe planétaire imminente. Si je la crie, si je la jette loin sur les routes, en plein coeur de ces villes qui scintillent et grincent sous ma peau, si je la crie si fort que ma voix casse, alors je crois que ce n'est plus vraiment triste. Pas aussi triste que ça. Je dirais plutôt affolant. Sidérant. Ou encore stupéfiant. Voilà. C'est affolant sidérant stupéfiant et ça me rend le coeur dingue, et étrangement vivant aussi. »
Après de nombreuses hésitations, Sara a enfin trouvé les mots justes pour exprimer ce qui autrefois n'était que silence.Itinéraire d'une adolescence passée à chercher des soleils au fin fond des nuits noires, ces poèmes sont autant de cris que de murmures, autant d'amour que de haine. Porté par le vent, rêveuse et en colère, Sara écrit ce qu'elle n'a jamais dit, ce qu'elle ne dira sans doute jamais.Un univers sombre où la lumière vient, par intermittences, y déposer ses secrets, ses espoirs, sa promesse de paix et de sérénité.