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Scholastique Mukasonga
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«Elle établirait sur le Rwanda un royaume de femmes. Et pour faire advenir plus vite ce royaume, il fallait recevoir un nouveau baptême, car celui qu'elles avaient reçu d'un homme, même d'un pasteur, ne comptait pour rien.» Rwanda. Années 1930. Alors qu'un vaste mouvement de conversion au christianisme se répand en Afrique de l'Est, Sister Deborah, missionnaire venue des États-Unis, proclame que le Messie sera une «Femme noire». Accusée de sorcellerie, elle disparaît mystérieusement. Deux décennies plus tard, Ikirezi, brillante universitaire à Washington, autrefois soignée par la prophétesse, décide de partir sur les traces de la légendaire Sister Deborah et plonge dans le passé pour conter son histoire, quitte à réveiller le chaos.
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L'histoire de Julienne est celle d'une destinée d'exil : née en exil au Rwanda, son propre pays, morte au bout de l'exil dans la solitude glacée d'une grande ville d'Europe ; c'est aussi l'histoire d'un amour fou.
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Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d'altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cour de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi.
Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un "vieux Blanc", peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d'insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d'autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu'il a bâti pour elle.
Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c'est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d'une écriture directe et sans faille.
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De Kibogo, le fils du roi, ou du Yézu des missionnaires, lequel des deux est monté au ciel? Qui a fait revenir la pluie, sauvant ainsi son peuple de la sécheresse et de la famine? Est-ce Maria de la chapelle ou la prêtresse de Kibogo qui a dansé sur la crête de la montagne au-dessus du gouffre? Au Rwanda, colonisation et évangélisation avaient partie liée. En 1931, la destitution du roi Musinga qui refusait le baptême entraîna la conversion massive de la population. Souvent, ces baptêmes à la chaîne, pour beaucoup opportunistes, aboutirent à un syncrétisme qui constituait une forme de résistance. Est-ce qu'il fallait croire aux contes que prêchent les pères blancs à longue barbe ou à ceux que raconte votre mère, chaque soir, à la veillée, jusqu'à ce que le foyer ne soit plus que braises rougeoyantes? Dans ces histoires miraculeuses, la satire se mêle d'humour et de merveilleux:un immense plaisir de lecture.
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La vache du roi Musinga et autres nouvelles rwandaises : et autres nouvelles rwandaises
Scholastique Mukasonga
- Folio
- Folio 3 Euros
- 17 Août 2023
- 9782073013842
Nouvelles extraites du recueil Ce que murmurent les collines
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Cette femme aux pieds nus qui donne le titre à mon livre, c'est ma mère, Stefania.
Lorsque nous étions enfants, au Rwanda, mes soeurs et moi, maman nous répétait souvent : 3Quand je mourrai, surtout recouvrez mon corps avec mon pagne, personne ne doit voir le corps d'une Mère." Ce livre est le linceul dont je n'ai pu parer ma mère. c'est aussi le devoir de piété filiale de faire revivre, grâce à l'écriture, les travaux et les jours, les traditions ancestrales d'une communauté obstinée à survivre mais qui se sait vouée à une extermination programmée.
C'est, au seuil du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, son histoire, c'est notre histoire.
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Dans ce récit autobiographique, Scholastique Mukasonga raconte son parcours semé d'embûches pour obtenir son diplôme d'assistante sociale. En 1973, obligée de quitter le Rwanda pour le Burundi, la jeune femme a la chance d'être admise dans une école qui lui décerne le diplôme dont elle rêvait. Elle est pourtant confrontée à la dure épreuve de l'intégration, que ni son entourage ni les événements politiques ne facilitent.
Mais les vraies difficultés surgissent après : sans la nationalité burundaise, elle ne peut pas se faire attribuer de travail. Elle réussit quand même à exercer sa profession pendant cinq ans dans les collines de la région de Gitega. C'est là qu'elle rencontre son futur mari, coopérant français pour le Ministère de la Culture. La jeune femme quitte son travail pour élever ses deux enfants, puis suit son mari à Djibouti et arrive finalement en France.
C'est seulement en 1993, à l'orée de ses quarante ans, qu'elle parvient à reprendre des études et à obtenir, une deuxième fois, le si précieux diplôme. Le récit est centré sur la condition féminine en Afrique et sur le thème de l'exil : en tant que Tutsi, la narratrice a toujours été étrangère dans son pays, au Burundi elle est une exilée et, partout ailleurs, au fond, elle sera une apatride.
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«À Nyamata, nous avions depuis longtemps accepté que notre délivrance soit la mort. Nous avions vécu dans son attente, toujours aux aguets de son approche, inventant et réinventant malgré tout des moyens d'y échapper. Jusqu'à la prochaine fois où elle serait plus proche encore, où elle emporterait des voisins, des camarades de classe, des frères, un fils. Et les mères tremblaient d'angoisse en mettant au monde un garçon qui deviendrait un Inyenzi qu'il serait loisible d'humilier, de traquer, d'assassiner en toute impunité.» En retraçant son histoire, Scholastique Mukasonga dresse un tombeau de papier aux victimes tutsi de la haine raciale. Le témoignage essentiel d'une rescapée sur quarante ans de persécutions au Rwanda.
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«"La Maritza, c'est ma rivière..." a chanté Sylvie Vartan. Moi qui n'oserai pas chanter, je me contenterai de murmurer : "La Rukarara, c'est ma rivière..." Oui, je suis bien née au bord de la Rukarara, mais je n'en ai aucun souvenir, les souvenirs que j'en ai sont ceux de ma mère et de son inconsolable nostalgie.» Ainsi commence cette suite de nouvelles rwandaises, belles et poignantes, où coulent les tourments et les espoirs de tout un peuple. Se souvenir de tout, et de la mère avant tout, qui, dans sa nostalgie d'exilée, pare la rivière Rukarara de toutes les merveilles de la légende. Et se souvenir des histoires que murmurent les collines : pourquoi Viviane, même nue, porte-t-elle autour de la taille une cordelette où s'accroche un minuscule morceau de bois?... Et puis, entre la Bible et les aventures de Titicarabi, y a-t-il d'autres livres? La narratrice ne le croit pas... Et le règne d'un roi peut-il nous être conté par une vache?... Et si l'on chasse de la colline celle sur qui s'accumulent les malheurs, chassera-t-on grâce à ce bouc émissaire le Malheur inhérent à la condition humaine?... Mais Cyprien le Pygmée, rejeté de presque tous, aura, lui, un fier destin. Ces histoires s'enchâssent avec maestria comme les tesselles d'une mosaïque. Les mots de Scholastique Mukasonga coulent, cristallins, de mémoire en mémoire, jusqu'à nous montrer, même quand passe le malheur, toute la beauté de la vie.
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«Personne ne savait plus trop qui était cette présumée princesse africaine appelée Nyabinghi. Son nom était venu s'échouer sur les plages de la Jamaïque en d'étranges circonstances... Le 12 décembre 1935, peu de temps avant l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie fasciste, paraissait dans le journal Jamaïca Times un article intitulé "Une société secrète pour détruire les Blancs" : vingt millions de nègres, au nom d'une mystérieuse reine appelée Nya-Binghi, allaient déferler sur l'Europe et l'Amérique, Nya-Binghi signifiant "mort aux Blancs". Les rastas, qui adoptèrent le nom de nyabinghi, n'avaient rien de sanguinaire et, dans la torpeur bienheureuse de l'herbe sacrée, ne songeaient nullement à massacrer quiconque. Les tambours suffisaient à leur rébellion».
Du Rwanda à la Caraïbe, à l'Amérique : mystères, initiations, naissance de la musique rasta, et, dans les bouleversements du monde, quand bat le tambour et le coeur de l'Afrique, un crime fondateur... Qui a tué l'inoubliable diva Kitami, surnommée aux quatre points de l'horizon «l'Amazone noire»?...
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L'Iguifou («igifu» selon la graphie rwandaise), c'est le ventre insatiable, la faim, qui tenaille les déplacés tutsi de Nyamata en proie à la famine et conduit Colomba aux portes lumineuses de la mort... Mais à Nyamata, il y a aussi la peur qui accompagne les enfants jusque sur les bancs de l'école et qui, bien loin du Rwanda, s'attache encore aux pas de l'exilée comme une ombre maléfique... Kalisa, lui, conduit ses fantômes de vaches dans les prairies du souvenir et des regrets, là où autrefois les bergers poètes célébraient la gloire des généreux mammifères... Or, en ces temps de malheur, il n'y avait pas de plus grand malheur pour une jeune fille tutsi que d'être belle, c'est sa beauté qui vouera Helena à son tragique destin... Après le génocide, ne reste que la quête du deuil impossible, deuil désiré et refusé, car c'est auprès des morts qu'il faut puiser la force de survivre.
L'écriture sereine de Scholastique Mukasonga, empreinte de poésie et d'humour, gravite inlassablement autour de l'indicible, l'astre noir du génocide.
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La vache du roi Musinga et autres nouvelles rwandaises
Scholastique Mukasonga
- Folio
- Folio 2 Euros
- 2 Juin 2016
- 9782070469352
Nouvelles extraites du recueil Ce que murmurent les collines
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Ce que murmurent les collines ; nouvelles rwandaises
Scholastique Mukasonga
- Gallimard
- Continents Noirs
- 27 Mars 2014
- 9782070145386
«"La Maritza, c'est ma rivière..." a chanté Sylvie Vartan. Moi qui n'oserai pas chanter, je me contenterai de murmurer : "La Rukarara, c'est ma rivière..." Oui, je suis bien née au bord de la Rukarara, mais je n'en ai aucun souvenir, les souvenirs que j'en ai sont ceux de ma mère et de son inconsolable nostalgie.» Ainsi commence cette suite de nouvelles rwandaises, belles et poignantes, où coulent les tourments et les espoirs de tout un peuple. Se souvenir de tout, et de la mère avant tout, qui, dans sa nostalgie d'exilée, pare la rivière Rukarara de toutes les merveilles de la légende. Et se souvenir des histoires que murmurent les collines : pourquoi Viviane, même nue, porte-t-elle autour de la taille une cordelette où s'accroche un minuscule morceau de bois?... Et puis, entre la Bible et les aventures de Titicarabi, y a-t-il d'autres livres? La narratrice ne le croit pas... Et le règne d'un roi peut-il nous être conté par une vache?... Et si l'on chasse de la colline celle sur qui s'accumulent les malheurs, chassera-t-on grâce à ce bouc émissaire le Malheur inhérent à la condition humaine?... Mais Cyprien le Pygmée, rejeté de presque tous, aura, lui, un fier destin.
Ces histoires s'enchâssent avec maestria comme les tesselles d'une mosaïque. Les mots de Scholastique Mukasonga coulent, cristallins, de mémoire en mémoire, jusqu'à nous montrer, même quand passe le malheur, toute la beauté de la vie.
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Un texte de la grande écrivaine franco-rwandaise Scholastique Mukasonga sur l'expérience de l'exil et de la migration, de la mémoire et de l'identité.