Le soldat Tamura erre, affaibli, dans les plaines dévastées des Philippines. Nous sommes en 1945 et la débâcle de l'armée japonaise est totale. Livré à lui-même, en proie à la solitude, la faim, la peur et sa propre folie, Tamura nous plonge dans l'enfer de la guerre et dans ses instants fugaces de beauté désespérée. De rencontre en rencontre, avec l'ennemi ou un autre soldat en déroute, un dilemme s'impose à lui : faut-il rester humain ou sauver sa peau?
Les Feux, chef-d'oeuvre de la littérature japonaise, lu dans le monde entier et adapté au cinéma, symbolise la tragédie de tous les hommes pris dans l'engrenage d'une guerre dont la logique les dépasse mais qui finit, peu à peu, par les dévorer.
" Me suis-je endormi ou suis-je tombé dans une sorte d'inconscience, ce n'est pas clair. Je repris progressivement conscience en sentant des coups répétés dans mes côtes. Puis, à l'instant où je réalisais que cette série de coups m'était portée par des chaussures, je fus saisi ferrement par le bras, et je repris complètement mes esprits. Un soldat américain me tenait le bras droit, un autre braquait sur moi le canon de son fusil. " Ne bouge pas, tu es mon prisonnier ! " " Ainsi Ôoka Shôhei, soldat japonais mourant, fut-il capturé, le 25 janvier 1945, par deux soldats américains dans l'île de Mindoro.
Des récits et des descriptions d'une extrême précision : voilà d'abord ce que nous offre ce Journal d'un prisonnier de guerre, qui évoque l'effondrement des troupes japonaises dans la guerre des Philippines, puis la vie de Japonais détenus par les Américains dans un camp sur l'Île de Leyte. Mais le témoignage d'Ôoka est aussi, parmi tous ceux qui sont apparus au vingtième siècle, l'un des plus puissamment méditatifs. Il unit, aux lucides observations d'un survivant, la générosité et la profondeur de pensée d'un immense écrivain.
Ôoka fut un spécialiste de Stendhal avant de devenir l'un des grands écrivains japonais d'après-guerre. Depuis sa première lecture de La Chartreuse de Parme en 1933 jusqu'à sa mort en 1988, il ne cessa d'approfondir sa recherche sur la vie et l'oeuvre de Stendhal. Mon Stendhal est un recueil des articles qu'il a publiés sur ce sujet dans les magazines littéraires de l'époque. Chacun éclaire un aspect singulier de la vie et de l'oeuvre de Stendhal, souvent au prisme d'un critique français (Taine, Balzac, Thibaudet, etc.) ou japonais (Ueda Bin, Mori Ôgai, Tanizaki Jun'ichirô, et bien d'autres auteurs qui ont contribué à la réception de Stendhal au Japon à partir de 1900). Interrogeant le point de vue de chacun, Ôoka écrit pour ainsi dire une histoire de la réception de Stendhal en France et au Japon. En même temps, il développe et approfondit une question qui intéresse tous les lecteurs de littérature : quelle est la nature de l'amour que suscite en nous la lecture d'une oeuvre littéraire ?
À travers le prisme de ce témoignage, le lecteur pourra appréhender l'évolution de la critique et de la pensée littéraires au Japon tout au long du XXe siècle. Il pourra découvrir en filigrane les fondements de la pensée romanesque d'Ôoka Shôhei, et même, en retournant le miroir, interroger son propre rapport à la littérature sous l'angle singulier de l'amour qu'il porte lui-même à ses auteurs d'élection.
Peut-on trouver ailleurs qu'au japon une poésie qui, ayant connu son apogée il y a plus de mille ans, jouisse encore d'un aussi vaste public ? comment expliquer autrement que par la continuité d'une longue tradition l'intérêt toujours vivace que les japonais portent au haiku, au tanka, à une poésie qu'ils pratiquent tous les jours ? art de l'ellipse et de la suggestion : tous les amoureux de " silence " trouveront dans ce livre une réponse aux questions que se pose ôoka makoto sur le sens et l'avenir de la poésie.
Lui-même, poète, critique et essayiste, tient depuis 1979 en première page du journal asahi la rubrique " poèmes de tous les jours " oú, commentant quotidiennement un poème, il donne accès pour des millions de lecteurs à la poésie japonaise ancienne et moderne.
Voici cent poèmes qu'il a choisis pour nous.