Collection « Classiques » dirigée par Michel Zink et Michel Jarrety Stendhal La Chartreuse de Parme Cadet de grande famille fasciné par Napoléon qu'il rêve d'aller rejoindre, Fabrice del Dongo arrive à Waterloo quand commence la bataille. Mais il ne suivra pas la carrière des armes à quoi il aspirait, et consentira à devenir prélat. Avec assez de détachement, cependant, pour que l'essentiel reste bien pour lui la chasse au bonheur - c'est-à-dire l'amour.
Quand Stendhal publie La Chartreuse de Parme en 1839, le propre du roman demeure toujours à ses yeux le romanesque où rien ne compte que le récit qui se moque du sérieux, l'allègement de la vie et l'héroïsme des grandes actions comme des grandes passions. Et le paradoxe de ce livre moderne, qui est aussi une satire du pouvoir et de la cour de Parme, de ce livre où les Italiens retrouvent leur culture, c'est qu'il demeure apparenté au vieux fonds sans âge des romans où l'aventure s'accompagne d'un climat de bonheur et de gaieté.
édition de Michel Crouzet.
Le Rouge et le Noir, c'est le roman de l'énergie, celle d'un jeune homme ardent, exigeant et pauvre dans la société de la Restauration. Julien est le délégué à l'énergie provinciale, le délégué du talent à la carrière, des classes pauvres à la conquête du monde. Cette peinture, pleine, puissante, normale de l'énergie d'un homme, d'un pays, d'une époque, compose une oeuvre immense que son temps ne comprit pas mais dont la vivante influence n'est pas encore épuisée.
Albert Thibaudet.
Chassé de l'école polytechnique dans les années 1830, lucien leuwen, grâce aux relations de son père, riche banquier parisien, obtient de devenir sous-lieutenant et gagne nancy.
Tandis que son régiment de lanciers entre dans la ville, il aperçoit, derrière une persienne entrouverte, une jeune femme blonde, mme de chasteller. lui qui se croyait insensible à l'amour va s'éprendre d'elle et, lorsqu'une nouvelle carrière fera suite à sa vie d'officier de province, il n'oubliera pas cette passion. ce roman qui s'ouvre sur la délicate peinture des premiers sentiments de lucien pour bathilde, avant de faire place à cette comédie qu'est la politique et dont l'auteur s'amuse, stendhal le commence en 1834, puis, après l'avoir quasiment achevé, l'abandonne sans le corriger.
Lucien leuwen est ainsi demeuré un manuscrit de travail, avec lequel les éditeurs posthumes ont pris leurs libertés. pour la première fois, la présente édition le propose tel qu'il est, accompagné des annotations de stendhal : jugements, repentirs ou désirs. ainsi se découvre une oeuvre en train de se faire entre le galop et la bride : entre l'écriture spontanée et le moment de l'évaluation critique.
La Vie de Henry Brulard, entreprise en 1835 puis abandonnée et laissée à l'état de manuscrit inachevé, trouve son origine dans le même désir de raconter sa vie qu'attestaient ses Souvenirs d'égotisme. Et l'égotisme, qui est d'abord un mode d'observation et d'analyse de soi, se retrouve ici et oriente pour une part cette Vie du côté de l'autoportrait aussi bien que de l'autobiographie ; mais c'est également un roman puisque celui qui s'appelle Henri Beyle et s'est choisi Stendhal pour pseudonyme décide de se raconter sous un nom encore différent. L'auteur, ainsi, bouscule la tradition des mémoires : il se refuse d'ailleurs à reconstruire sa vie pour éviter de lui donner la cohérence d'un destin, et privilégie le naturel d'une écriture dénuée d'emphase. Stendhal, par cette spontanéité, veut avant tout demeurer fidèle à lui-même, et se livre au plaisir dilettante d'une création littéraire qui est un bonheur que l'on s'offre - avant de l'offrir au lecteur.
Vers le milieu du XVIe siècle, après huit années au couvent de la Visitation, Hélène Campireali, jeune fille de noble famille, regagne Albano pour y vivre près de son père. Un voisin, Jules Branciforte, s'éprend d'elle au scandale du seigneur de Campireali qui voit d'un mauvais oeil la cour que ce jeune homme pauvre fait à sa fille. Un soir d'été, grâce à une longue canne, Jules élève jusqu'à la fenêtre d'Hélène un bouquet - et elle décide de s'en saisir. Le début de cette nouvelle - qui sera plus tard la première des Chroniques italiennes - laisserait présager une idylle si l'auteur ne prenait la peine d'annoncer " les malheurs affreux qui vont former le triste sujet " de son récit. A la dernière page, néanmoins, demeure une ineffaçable impression de fraîcheur qui, jointe à la simplicité naïve des amours de Jules et d'Hélène, donne au texte sa qualité singulière.
Dans un palais à Rome, le belle princesse Vanina Vanini tombe sous le charme d'un jeune carbonaro, et use habilement de son pouvoir de persuasion pour le sauver et le garder près de son coeur. C'est un bien inattendu contrat qu'accepte Nantas, un jeune provincial sans le sou : épouser la fille volage du baron Danvilliers et reconnaître l'enfant qu'elle porte. L'ambition rassasiée du pouvoir ne saura pourtant contenter le plus grand désir de Nantas... Ginevra di Pimbo, fille d'un baron corse établi à Paris et ami fidèle de Bonaparte, se prend d'affection pour un officier italien éxilé. Ginevra va alors jusqu'à rompre tout lien avec son père, fermement opposé à leur mariage.