Diane, qui a atteint un âge qu'on préfère taire, se rend dans une boutique de pompes funèbres pour acheter une concession et se retrouve avec un emplacement prévu pour "deux" cercueils... La voilà qui recherche parmi les hommes qui l'ont aimée celui qui serait prêt à devenir son compagnon du grand sommeil. Un roman aussi grave que fantasque, qui mêle la vie et la mort, l'amour et la solitude, l'émerveillement et le chagrin.
Une nuit de 1798, le grand argentier de Saint-Jean-d'Acre trouble la paix d'un monastère savoyard. Son épouse s'est enfuie avec un seigneur ottoman, et il réclame à grands cris l'aide des trinitaires, réputés racheter aux Maures les captifs et les esclaves. Dès l'aube, le frère Lucas, jeune moine inexpérimenté, est hissé sur un âne et poussé dans la direction de l'Espagne, où la fugitive aurait été aperçue en compagnie de son amant. Ainsi commence une aventure qui lui fait traverser une Europe secouée par l'insurrection et la révolte. A la poursuite du couple adultère, le moine Lucas franchit le détroit de Gibraltar et parvient à Alger, où les trinitaires sont devenus de riches potentats, complices du commerce des esclaves. L'Eglise a bien changé... et lui aussi, qui découvre l'Islam, se dépouille de quelques illusions et perd son pucelage, puis s'éprend - sans oser se l'avouer - de la jeune femme qu'il est censé ramener dans le droit chemin.
Vive et inspirée, l'écriture de V. Khoury-Ghata donne un élan irrésistible à ce roman picaresque où se dessinent déjà les clivages et les antagonismes du monde contemporain.
Dans le Beyrouth des années 1950, une jeune fille grandit entre ses soeurs, sa mère et son frère, sous la férule d'un père violent. Rebelle et exalté, le frère écrit des vers qui lui valent la fureur du père, ses coups, ses brimades, sa haine. Bientôt chassé du toit familial, le gracieux jeune homme aux rêves immenses s'enfonce dans une déchéance qui le brisera, terrassant chez lui toute volonté, puis toute raison. Spectatrice impuissante de son martyre, la jeune fille, qui deviendra l'auteur de ce livre, y puisera la soif et l'énergie d'écrire.
Ce très beau texte autobiographique est pétri d'une fidélité bouleversante à l'égard du frère adoré qui a transmis sa plume. Mais admiration et reconnaissance ne s'expriment pas sans une culpabilité douloureuse, que ce "roman" tente d'adoucir par un hommage déchirant au frère sacrifié.
C'est comme une somnambule qu'Emma Chattlehorse, malade et désespérée, quitte la luxueuse hacienda de son mari, traverse à pied Mexico, s'engouffre dans un car puis disparaît vers une destination qu'elle-même ignore. Au terminus, un Indien la prend sous sa protection et la conduit vers un groupe de masures accrochées à flanc de montagne. Commence alors la nouvelle vie de "la Maestra". Entre les mains de cette femme défaillante, toute une population fantasque, déguenillée, imprévisible, va désormais déposer ses espérances et ses désillusions...
Ce petit roman si mexicain, V. Khoury-Ghata l'a écrit avec un bonheur qui jamais n'exclut la gravité : elle entraîne sa "maestra" dans un tourbillon de situations émouvantes où peu à peu prend forme une parabole sur la confrontation des cultures, les aléas de la civilisation, et le précaire scintillement des "vraies richesses".
Si les morts voulaient bien rester tranquilles, les écrivains pourraient inventer leurs histoires en toute quiétude.
Hélas, au moment où vénus khoury-ghata commence ce nouveau livre, elle ne soupçonne pas dans quels conciliabules ses défunts vont l'entraîner. c'est d'abord sa mère - pourtant analphabète - qui se penche par-dessus ses pages d'écriture, l'interpelle, la critique et y va de ses propres commentaires. surgit cette maison d'enfance entourée d'orties, où planent les ombres d'un père menaçant et d'un frère trop fragile dont l'amour de la poésie fut traité, mais nullement guéri, aux électrochocs.
Puis la silhouette de jean, l'époux aimé, trop tôt et trop cruellement décédé. et celle de m., peintre fantasque et narcissique, aux impérieuses prétentions de consolateur... on n'en finit pas de vivre avec ceux qui ont fait de nous ce que nous sommes. voilà pourquoi ce roman aux inflexions très personnelles improvise une musique orphique, mystérieuse et envoûtante, oeuvre de poète autant que de mémorialiste, à lire et à entendre telle une élégie, pour que vienne la nécessaire paix intérieure.