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anna rozen
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À la différence des peureux et des valeureux, les gens heureux n'ont pas trop d'histoires, de petites alors, pour rire, des bricoles faussement graves, des pseudo-chamboulements sans conséquence. Leur en inventer tient du prodige, faire sentir que leurs vies sur coussins d'air sont néanmoins à portée de catastrophes est un art tout particulier. Prenez Germain Pourrières, le héros de Loin des querelles du monde d'Anna Rozen, son septième opuscule publié au Dilettante, romancier germanopratin old school, vendeur et populaire, toujours en passe d'un dîner chic et succulent, en permanence à portée de maîtresses suaves et piquantes, et détenteur d'un agent, Jean-François, gourmet et compréhensif. Il a bien un neveu dionysiaque et non paramétrable, en partance pour l'Inde, qui encombre la douche et dont la petite amie végane commet des sculptures atroces ; il y a certes sa soeur, Bergère, repliée loin de tout et reconvertie dans les dessous en poils de chèvre, dont l'amant potier catche des pains de glaise lors de happenings fougueux ; joignons au dossier l'ambition dérangeante d'un projet romanesque non commercial, une parabole SF narrée dans un style exigeant. Mais tout cela n'est en apparence qu'ondées suivies invariablement d'embellies. Il faudra la mort de Jean-François pour que Germain laisse s'épandre, secrètes, en lui tapies depuis toujours,"de vieilles larmes refoulées, calmes comme une saignée et qui le soulagent", une amertume débondée qu'amplifiera encore une idée soudaine et glaçante de son éditeur.
Au fil de ce qui prend les apparences d'une fable sociale et d'un marivaudage grinçant, Anna Rozen, avec un art certain du tacle et du faux ami, excelle à faire sentir au lecteur la lente avancée des ombres et, inexorable, la pesante montée du désenchantement.
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Le premier avec qui je me sois commise disait - au temps où je ne me laissais pas convaincre - " on ne connaît vraiment une personne qu'après avoir fait l'amour avec.
" J'avais très envie de le connaître.
J'avais bien compris que sa bouche fine, d'un carmin lisse et sans cesse mouillée promettait une avidité contagieuse.
Dans mes rêves j'allais jusqu'à l'inimaginable. Mais, couchée bien à plat sur son lit, je ne consentais même pas à me défaire de mon soutien-gorge chair.
Je passais pour une oie blanche alors que je me savais d'une audace infinie.
Comment le lui faire entendre ?
Nous nous sommes fâchés et il a fallu des vacances sans parents pour que j'ose lui lancer par écrit un S.
O. S. sans équivoque auquel il n'a pas tardé à répondre.
Pour ce qui est de se connaître à fond, il avait raison.
Au terme d'un dépucelage mouvementé, je me suis aperçue que je ne l'aimais pas du tout.
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Voilà un gros demi-siècle bien tassé qu'Anna Rozen coule des jours heureux sur cette planète qui va de mal en pis, et ce depuis la nuit des temps. D'Alger à Lorient et de Toulouse à Paris, elle a toujours pris le parti de voir le côté drôle des jours, des villes et des gens. S'intéressant au risible de toute chose il était naturel qu'un jour elle se penche sur les nuits de Valérie : une quarantenaire d'aujourd'hui, typique d'un certain style de vie facile, mais pas toujours tranquille.
A travers quelques nuits ridicules - elles ne l'ont pas toutes été - on observera Valérie se débattant, comme ses contemporains, au pays de la mauvaise conscience et de la bonne volonté. Le hasard a placé un ado sur sa route.
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Les gens marchent dans la rue, parlent dans les cafés, font des déclarations, des confessions, des témoignages à la télévision, soupirent au musée, chuchotent au cinéma, dorment dans le train. Les gens papotent avec leurs amis, boivent des verres, engueulent leurs enfants. Les gens sont gentils, bêtes, méchants, en colère.
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on attend toujours quelqu'un ou une surprise.
il y a les vieux avec une bouteille à leur nom et beaucoup d'amis à leur table. les beaux, debout au comptoir qui toisent, ou parlent au barman sans regarder personne. et les filles. et moi. il y aura stevie wonder. c'est l'époque de songs in the key of life, le double album soleil, orange. le titre me faisait l'effet d'un testament. a l'image de la très célèbre chanson joy inside my tears de stevie wonder, qui s'achève une première fois puis reprend pour quelques minutes encore, réveillant une nouvelle ivresse à la saveur sans égale, la narratrice se pose la question de la renaissance du désir.
l'ambiance de la nuit, les joies charnelles de la soul, les délices de la danse et de la solitude sont évoqués ici avec tant de justesse que le lecteur de cette nouvelle ciselée en sortira étourdi.
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La rencontre ; épisode 1
Jérôme Attal, Anna Rozen, Fanny Salmeron, Denis Parent
- Sable Polaire
- 6 Février 2019
- 9782490494255
Coup de foudre.
Premier pas.
Insomnie.
SMS.
Impatience.
Rêverie.
Rendez-vous.
S'embrasser.
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Clash Tome 3
Jérôme Attal, Anna Rozen, Fanny Salmeron, Denis Parent
- Sable Polaire
- 10 Avril 2019
- 9782490494507
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Lorsque Anna doit cohabiter avec son double, la Bombe, une version épanouie, encombrante et un brin nymphomane d'elle-même, ça tourne vite à la dispute. D'accord sur rien mais forcées de tout partager, l'auteur nous livre leur histoire avec un humour piquant et une sincérité sans pareille.
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Les yeux grands ouverts depuis un demi-siècle déjà, Anna Rozen ne goûte les plaisirs comateux et oniriques de la myopie que depuis quelques années.
Loin de se désoler de ce handicap qui, sans doute, n'est que le prélude à d'autres maux, elle en profite pour porter sur ses contemporains un regard ébahi et sur ses pages une acuité accrue (pas encore presbyte!) Soucieuse de vous faire partager cette vision fraîche, c'est avec une générosité teintée de malice qu'elle vous invite à ouvrir l'oeil sur trois nouveaux personnages.
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Vous croyez vraiment que pour éprouver " le grand amour " il ne faut pas se connaître? Ou ne se connaître qu'à peine ? Il me semble, moi, que j'aime plus, au fur et à mesure que je connais mieux...
Je crois que l'espèce de coup de foudre initial, s'il a lieu, se renforce avec le temps, quand on trouve chez l'autre, en plus de l'inexplicable élan, des "raisons " d'aimer. Des raisons d'avoir raison d'aimer sans raison.
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Edmond est laid. Pire : il n'a rien pour lui. Ni curiosité charmante, ni même flagrante monstruosité. Il est celui qui regarde à défaut d'être visible. Celui qui se réfugie dans les salles obscures et devient critique de cinéma. Jusqu'au jour où son profil « atypique » intéresse une agence, qui lui promet de renaître à la lumière. Mais les spotlights de la publicité ne vous présentent pas forcément sous votre meilleur jour...
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Deux, elles sont deux : elle et l'autre, la pauvre Elle et Autre-la-terrible. Miss Anna et Sister Bomb : allantes et offertes aux poids des regards ; l'une qui endure souffrance, l'autre qui en jouit dans l'instant ; l'une qui se tend et s'offre, l'autre qui se retient, s'affole ; l'épanouie et la rétractée. Siamoises et conflictuelles, elles ne sont d'accord sur rien : l'art de draguer, la valeur du string, conclure vite ou non. Et pourtant, il faut que l'une fasse avec l'autre et surtout avec le désir, ce « chien chinois sans poil » nous souffle la Bombe, le chihuahua pathétique qui s'enrhume, tremble et trottine. Elles vont donc ainsi : soudées, partageant les rencontres, les soirées moites et les salons du livre, les élans sans suite et les occasions perdues, soeurs de chaîne et copines comme cochons. Et puis un jour, coup de gueule : tout implose. La bombe s'éclipse. L'une a-t-elle mangé l'autre ou l'autre avalé l'une ?
Anna Rozen, face miroir, nous offre ses deux profils et nous assure d'une chose : le désir a les yeux vairons.
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Bonheur 230 - la deux cent trentième utopie, la bonne, donc la dernière. Enfin, les humains sont vraiment humains, libres de se consacrer à l'activité qui leur plaît. Fini l'argent, adieu le progrès, sexe à volonté. Bien entendu, tant de bonheur a un prix. Chacun doit accepter de payer - littéralement - de sa personne. Garder la meilleure part de soi et léguer le reste à la communauté. Glagol, Rouk ou Nog, tête, torse ou jambes, il faut choisir. Mais certains, comme Great, le Grand Entrepreneur, ne jouent pas le jeu. Alors, si même l'utopie est corrompue, où va-t-on ? Avec ses héros en pièces détachées, Anna Rozen bâtit une fable ironique et légère sur notre civilisation du plaisir immédiat. Clonage, biotechnologies, cybersexe annoncent notre futur post-humain. Bonheur 230, ça commence demain.
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Cressida, auteure à succès, n'est plus tout à fait ce qu'elle était et préfère se perdre dans sa mémoire plutôt que de voir ce qui est en train d'advenir.
Marthe est plus conventionnelle et se regarde vieillir aux côtés de Fernand, cramponnée dans une rassurante routine. Et puis il y a les autres. Toutes ces femmes qui s'inventent un rôle, un destin, une vie... avant la mort. Avec esprit et justesse, Anna Rozen nous décrit comment le temps se joue cruellement de ses victimes.