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Une société décente est une société dont les institutions n'humilient pas les personnes placées sous leur autorité, et dont les citoyens n'en humilient pas d'autres. Une bonne part de l'attention des philosophes se porte sur l'idéal d'une société juste, basé sur l'équilibre entre les notions de liberté et d'égalité. Mais un tel idéal est inenvisageable. Il semble donc plus urgent de tenter d'instaurer une société décente, parce qu'il n'est pas besoin d'attendre que la justice advienne pour satisfaire à l'idéal d'une société décente, et parce que supprimer un mal douloureux est plus urgent que de créer de nouveaux avantages. La démonstration de Margalit est des plus concrètes, envisageant à travers les détails de notre quotidien l'ensemble des actes humiliants rendant la vie parfois si difficilement supportable. L'analyse du fonctionnement des multiples formes de l'humiliation se combine ici à une argumentation longuement mûrie et, bien plus, profondément irriguée par l'expérience personnelle de l'auteur. Pour le philosophe Michael Walzer, La Société décente «est un livre splendide. Un compte-rendu exact des principes moraux guidant nos institutions politiques et nos usages sociaux, mais également un ouvrage merveilleusement attentif aux détails et nuances de la vie quotidienne. Ce livre fini, la décence prend largement le pas sur la justice en tant qu'idéal moral distinctif».
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Un officier de Tsahal se fait lyncher par la presse israélienne après avoir, lors d'une cérémonie, oublié le nom d'un de ses jeunes soldats mort peu de temps avant lors d'une opération. L'officier a-t-il commis une faute ? Quel est le rôle du souvenir dans notre vie intime, et dans la vie collective d'une nation ? L'Éthique du souvenir est un court et magnifique livre qui, pour répondre à cette question, examine avec simplicité, force et minutie les rapports qu'entretiennent le souvenir et l'éthique. Dans une langue lumineuse, dépourvue de tout jargon, Avishai Margalit déroule un raisonnement dont la rigueur n'exclut pas le recours à l'émotion. Se fondant sur le "souci d'autrui" (care), Margalit dégage, en parallèle à la morale, une philosophie de l'éthique à la fois individuelle et collective, insistant sur son ambiguïté et son exigence. Dans sa tentative de réponse à la question du devoir de mémoire (existe-t-il des communautés de mémoire ? Y a-t-il des événements dont nous devrions
nous souvenir oe), Avishai Margalit met au jour la nécessaire présence
d'une autorité chargée de la transmission du souvenir, le "témoin moral".
Il s'interroge enfin sur le rôle de l'oubli et sa filiation avec le pardon. Audelà
de son ancrage dans l'Ancien Testament, l'ouvrage fait appel aussi bien à la pensée de Platon ou de Freud qu'à des événements de l'histoire contemporaine. Avec humanité et humour, ce texte nous force à nous
interroger sur nos rapports à autrui et sur le rôle que le souvenir des vies
passées, de leurs souffrances et de leurs joies, peut jouer dans une
politique inspirée par l'éthique.
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Du compromis et des compromis pourris ; réflexion sur les paix justes et injustes
Avishai Margalit
- Denoël
- Mediations
- 8 Mars 2012
- 9782207111239
Etre capable de faire des compromis est une grande vertu politique, particulièrement lorsqu'il s'agit de sauver la paix.
Mais il existe des limites morales à l'acceptation des compromis. Ces limites, y compris lorsque la paix est en jeu, sont tout le sujet de ce livre. Quelles sont-elles? A partir de quand une paix garantie par un compromis devient-elle injuste ? Et à quel moment un compromis devient-il fondamentalement pourri - c'est-à-dire ce quelque chose qu'il ne faudrait jamais accepter, quoi qu'il advienne ? Mais qu'en est-il lorsqu'un compromis pourri se révèle nécessaire ?
Avishai Margalit nous montre que nous ne devons pas seulement nous soucier de savoir ce qui rend une guerre juste, mais nous soucier de savoir quels types de compromis permettent une paix juste, seule garante de la sécurité sur le long terme.
En étudiant une vaste série d'exemples, pour l'essentiel tirés du XXe siècle, de l'accord de Munich au pacte germano-soviétique en passant par les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens, Avishai Margalit propose une méditation approfondie et originale sur la nature même du compromis politique, son ambiguïté morale intrinsèque et ses implications toujours lourdes de conséquences.
Il nous offre ainsi des outils pour analyser de manière probe et précise les choix de nos dirigeants. Le compromis, à la condition d'être pensé, peut être la moralité en actes.