Filtrer
Policier & Thriller
-
Emmanuel Bove commence à écrire vers 1922 et trempe tout d'abord sa plume dans le genre populaire. Sous le pseudonyme de " Jean Valois " et avec la collaboration active de Suzanne, sa femme, il publie de nombreux romans alimentaires. C'est grâce à Colette qui a remarqué une de ses nouvelles parue dans Le Matin, qu'il publie son premier livre sous son nom : Mes Amis. Sorti en 1924, le livre est un succès et suscite l'intérêt d'auteurs aussi divers que Rilke, Beckett, Max Jacob ou Sacha Guitry. Jusqu'à la guerre il continue d'écrire abondamment (Armand, Un soir chez Blutel, La coalition, La Mort de Dinah, L'Amour de Pierre Neuhart et le fameux Bécon les Bruyères...) tout en collaborant à des journaux et à des revues proches du Front Populaire. Son attirance pour le roman policier est sans doute à rapprocher de son expérience de journaliste à Détective et Paris soir, journaux friands de faits-divers les plus sordides qui racontent le tragique du quotidien. En 1933, il donne aux éditions Émile Frère sous le pseudonyme de Pierre Dugast son premier " polar " : La Toque de Breitschwantz, qu'il souhaitait aussi titrer La Fiancée du Violoniste. Le Meurtre de Suzy Pommier publié la même année et chez le même éditeur, porte en revanche sa signature. Suzy Pommier, grand espoir du cinéma français participe à la première d'un film où elle tient le rôle titre.
Visiblement nerveuse, elle s'éclipse dès la fin de la séance et donne rendez- vous à son amant à son domicile aux alentours de minuit. Le lendemain matin, la jeune actrice est retrouvée morte dans sa baignoire, dans des circonstances qui rappellent étrangement le scénario du film qu'elle vient de tourner. Appelé sur les lieux du crime, l'inspecteur Hector Mancelle prend l'affaire en main. Seul contre sa hiérarchie et des faits par trop évidents, il va mener une enquête astucieuse sans négliger aucun détail. Malgré les obstacles et les doutes, le détective-policier va finir par faire surgir une vérité que personne ne soupçonnait. Le lecteur quant à lui sera sans doute surpris de découvrir un auteur dans un registre très différent de celui de Mes Amis. L'écriture blanche et neutre d'Emmanuel Bove s'efface au profit d'un récit plus classique qui respecte les codes du genre policier. Visiblement l'auteur, non sans une certaine jubilation, joue avec les contraintes formelles du genre. Avec une indéniable maîtrise, l'intrigue est rondement menée jusqu'à la scène finale, théâtrale, ou le meurtrier sera enfin démasqué. Une curiosité donc, à découvrir. Lorsqu'Emmanuel Bove meurt en 1945, ses livres ne sont quasiment plus édités. Il faudra attendre les années 70 pour voir l'écrivain sortir de l'oubli en partie grâce à son traducteur allemand, Peter Handke qui oeuvra beaucoup pour redonner à l'écrivain une place de choix dans le paysage littéraire français. Aujourd'hui la plupart des textes de Bove sont disponibles à l'exception notable cependant de ses romans policiers.
-
Une trilogie noire ; le meurtre de Suzy Pommier ; un Raskolnikoff ; la toque de Breitschwanz
Emmanuel Bove
- EST TASTET
- 16 Août 2018
- 9782868180650
Le Meurtre de Suzy Pommier. Durant la projection de son nouveau film, la jeune et ravissante vedette de cinéma, la prometteuse Suzy Pommier, s'éclipse. Les spectateurs restent pantois car, à la fin, cette dernière meurt étranglée par son amant dans la baignoire au cours d'une scène d'une rare violence. Dérangeant certes, mais le mauvais jeu de son partenaire demeure encore plus outrageant. On pourrait en rester là sauf que le lendemain matin, on découvre l'actrice, chez elle, étranglée...
Dans sa baignoire ! Toute l'intrigue, ficelée de main de maître, entreprend de nous conduire rapidement vers le meurtrier. Ce serait sans compter sur un jeune inspecteur Hector Mancelle qui bravant sa hiérarchie, va finir par obtenir, à force d'obstination lucide, les aveux du véritable assassin. Emmanuel Bove possède la subtilité d'entraîner son lecteur en des méandres apparemment indistincts forgeant par la suite un discernement sans appel.
Raskolnikoff. Comme une sorte d'hommage à Dostoïevski ouvrant la porte à la dubitativité... La Toque de Breitschwanz Ou autrement dit une voie toute tracée à des personnages oscillant entre pauvreté et richesse tels les protagonistes de ce roman policier signé en 1933 sous le pseudonyme de Pierre Dugast, roman subodorant des accents freudiens question sexualité et papier monnaie, deux obsessions au demeurant quotidiennes et planétairement partagées...
Le cadavre d'une femme - disparue et recherchée - enterrée dans le jardin d'un pavillon de banlieue ouvre le bal aux investigations les plus fouillées nous emportant en une valse de découvertes toutes plus incroyables les unes que les autres sauf lorsque l'on connaît l'essence psychologique des ambitieux et celle plus enfouie des amours foudroyées. A travers un Paris bien défini tel le puzzle de la vie, le commissaire Croiserel (serait-ce un nom révélateur ?) s'adonne corps et âme afin de dévoiler les coupables - toujours au 36 quai des Orfèvres - à la manière d'un Hercule Poirot prenant le ton d'un Jules Maigret.