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harry laus
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Le Colonel a trois jardins.
L'un, potager, pour cultiver des choses vivantes dont l'existence lui tient compagnie. L'autre, de papier, pour faire vivre une épouse et un fils. Le troisième est un jardin secret, condamné par l'intolérance d'un billet et hanté par le fantôme d'un motocycliste.
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Les vingt nouvelles de bis-titre laconique donné par harry laus à la réédition conjointe de ses deux premiers recueils parus en 1958 et 1961- inaugurent, avec les trois textes inclassables réunis sous le titre sentinelle du néant, la publication complète aux éditions corti de cette oeuvre-témoignage d'un artiste peignant avec compassion la violence des milieux, des passions et des climats.
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Ces 21 récits et nouvelles, à dessein présentés dans l'ordre chronologique de leur écriture, ajoutent encore à l'étrangeté qui se dégage de l'ensemble de l'oeuvre de Harry Laus.
Une étrangeté sans rapport avec un quelconque exotisme tropical, issue de la vie même de l'auteur et de ses expériences d'enfant et d'adolescent, alimentée par un regard d'adulte qui se porte toujours sur l'insolite, la marge, l'écart, la faille, le manque.
Déjà orphelin de mère, Harry Laus est tôt confronté à la déchéance et à la mort d'un père mis à l'écart (La Visite), puis à la panique dans le milieu inconnu où il a été transplanté (La Clef).
Il découvre les hésitations de sa sexualité (Prélude, L'Adolescent). Et l'on assiste simultanément à la naissance puis à l'installation du sentiment de culpabilité (La Procession, Le Voyage, La Cage). Un sentiment qui a progressivement envahi l'autobiographie et la fiction, au point de devenir l'un des fils conducteurs de l'ensemble de l'oeuvre, où le débat de(s) conscience(s) est maintes fois structurel.
Devenu Cadet, puis militaire de carrière, Harry Laus expérimente notamment la dépersonnalisation (Perspective, En ligne droite) et la brutalité (Le Ministre). Un lieu à l'atmosphère un peu fantastique lui sert de refuge : c'est Le Joyau - un étrange bijou de nouvelle, où l'on peut lire aussi l'éveil de la sensibilité de l'auteur aux arts plastiques.
Les nouvelles de la maturité et de la vieillesse appellent le même adjectif : étrange, étrange, étrange.
Etrangeté des personnages le Docker fragile, le Rameur déçu, l'adolescent fasciné par le chiffre 3 de Caixa d'Aço, le bellâtre archivé, la Maria-ballast, du nom de son lieu d'exercice, la vieille ingénue de Cambirela. Etrangeté des situations et des comportements : l'inceste en intention Comme toujours, le choix de La Première balle, la disparition restée Sans réponse.
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Ici, on veille.
Un écrivain hanté par la question de son utilité et de sa liberté.
Un employé de bureau obsédé par le projet humanitaire d'arrêter le temps.
La population d'un village côtier du far south brésilien visitée par une apparition.
Trois nouvelles autour de quelques insomniaques de l'absolu, égarés dans le relatif.
C. c.
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Quatrième de couverture Je rentre de trois nuits passées en manoeuvres, quatre jours entiers en quelque sorte hors de moi-même. Ce qui m'impressionne (même si j'en reconnais la nécessité), c'est que je ne m'adonne pas aux activités diverses de ma vie de façon totale. Dans mes relations avec l'armée, je ne m'implique pas car je sens que la littérature en souffre. Et quand je me plonge dans les livres, c'est en pensant à mon métier de soldat ; non par amour pour lui, mais à cause de ma dette, du paiement de ma dette qui augmente avec la solde de chaque mois. A quoi bon me consacrer à l'une des activités en étant malhonnête à l'égard de l'autre ? Est-il possible, par désir de solder une dette, de sacrifier la satisfaction intime de se réaliser ? Ces questions m'assaillent aux moments les plus inattendus, m'envahissent et me rendent absent. Je garde le silence et ne participe plus aux conversations générales. (...) Bref, pendant ces quatre jours de manoeuvres, j'étais hors de moi-même. Presque méconnaissable. Complètement éloigné des livres et des pensées majeures, presque réduit à un individu qui se nourrit et dort, sans avoir conscience de pouvoir tirer de lui-même autre chose que les obligations quotidiennes de gagner sa vie et de jouir (1949).