jürgen habermas
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Un des plus grands philosophes contemporains, au coeur des débats politiques essentiels des notre époque, fait son entrée dans la collection " Bouquins ".
Figure majeure de la pensée contemporaine, Jürgen Habermas continue d'exercer une influence considérable sur l'ensemble des sciences sociales. Dernier héritier d'une grande tradition inspirée des Lumières, il jouit d'une renommée internationale et a dialogué avec les principaux penseurs de son temps (Adorno, Rawls, Derrida). Il a élaboré une théorie originale, connue sous le nom de l'" éthique de la discussion ", qui a totalement renouvelé la philosophie politique. Intellectuel engagé, il est aussi fréquemment intervenu dans les polémiques de l'époque, prenant position sur des sujets aussi divers que la réunification allemande, la place de la religion dans l'espace public, la construction européenne, la bioéthique.
En donnant à lire des textes essentiels et accessibles, parfois peu connus et, pour certains, traduits en français pour la première fois, ce volume permet de restituer la singularité foisonnante d'une pensée qui, depuis les années 1950, s'est attachée à explorer comme nulle autre tous les ressorts de la question démocratique. Jürgen Habermas se livre également, dans un grand entretien inédit, à une relecture en profondeur de son parcours et de ses thèses à la lumière des enjeux d'aujourd'hui. À l'heure où les démocraties occidentales sont confrontées à des défis existentiels, la puissance et la vivacité d'une telle oeuvre apparaissent plus que jamais salutaires. -
Poursuivant les recherches entreprises dans Morale et communication, Habermas cherche dans cet essai à dépasser l'opposition qui marque les débats, en philosophie morale, entre un universalisme abstrait («la morale est la même pour tous») et un relativisme contradictoire («si chacun peut défendre sa morale, comment précisément se défend-il ?»). La question morale centrale n'est plus de savoir comment mener une vie bonne, mais à quelles conditions une norme peut être dite valide ; elle n'est plus tant celle du bien que celle du juste. En ce sens, il est nécessaire de distinguer les questions morales, sur lesquelles on peut argumenter rationnellement, des questions éthiques, qui relèvent de choix subjectifs et davantage circonstantiels, propres à chacun. Habermas suggère qu'un «usage pragmatique, éthique et moral de la raison pratique» permettrait d'élaborer un consensus dans la discussion intersubjective, et ouvrirait la porte à une opinion démocratique et publique.
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Espace public et démocratie délibérative : un tournant
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Nrf Essais
- 16 Février 2023
- 9782073012289
Dans L'espace public (1962) Jürgen Habermas montrait comment à partir du XVIII? siècle le principe de Publicité avait défini un nouvel espace politique au sein duquel s'opérait une médiation entre la société et l'État, sous la forme d'une «opinion publique» qui visait à transformer la nature de la domination. À travers les discussions publiques ayant pour objet des questions d'intérêt général, l'autorité politique était soumise au tribunal d'une critique rationnelle. Mais bientôt, à l'heure des démocraties de masse, Habermas constatait (en 1990) que l'interpénétration des domaines privé et public conduisait à une manipulation de la Publicité par des groupes d'intérêts et à un singulier désamorçage de ses fonctions critiques subverties en un principe d'intégration. Aujourd'hui, Habermas radicalise son analyse. Les réseaux sociaux effacent pour certains de leurs utilisateurs la délimitation constitutive entre sphère privée et sphère publique : chacun peut parler individuellement comme auteur d'une parole publique. Si dans l'espace public traditionnel, il fallait, pour devenir un tel auteur, se soumettre à la médiation des médias qui mesuraient la vérité, la rationalité et la cohérence logique de la parole, avec les réseaux sociaux la position d'auteur est immédiatement acquise pour chacun. Cette publicité immédiate de la parole intime et privée conduit à l'érosion des critères de rationalité. «Maintenir une structure médiatique permettant à l'espace public de rester un espace inclusif et permettant à la formation de l'opinion et de la volonté publiques de conserver son caractère délibératif ne relève donc absolument pas du simple choix politique : il s'agit d'un impératif proprement constitutionnel.»
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Le large écho qu'a rencontré cet ouvrage depuis sa publication tient à la thématique «foi et savoir » comme chaîne sur laquelle se trame une histoire de la philosophie. Habermas rompt avec l'habitude de «sauter», au motif qu'ils seraient inessentiels, les processus d'apprentissage à l'oeuvre au cours des mille années de discussions entre théologiens chrétiens et juifs, mais aussi musulmans, tous formés à la philosophie - comme si la philosophie grecque faisant autorité n'avait trouvé un prolongement scientifique qu'avec l'humanisme des débuts de la modernité. Les processus de traduction réciproques qui se sont déroulés entre les doctrines bibliques et la philosophie grecque ont eu pour résultat la théologie chrétienne et la pensée philosophique moderne. Cette «osmose conceptuelle» a continué de se dérouler au fil des siècles, y compris sous les prémisses d'une pensée séculière, voire, pour ce qui est du Jeune-hégélianisme, sous des auspices polémiquement athées. Cela vaut avant tout pour les concepts fondamentaux du droit de la raison et de la morale de la raison, pour la thématique de la liberté rationnelle, ainsi que pour l'ontologie nominaliste qui prépara le cadre conceptuel fondamental des sciences naturelles modernes et des éthiques empiristes. Le fil de la discussion sur la foi et le savoir explique pourquoi les éthiques respectives de Kant et de Hume ont forgé jusqu'à nos jours des traditions qui rivalisent entre elles sans pouvoir se réconcilier. En effet, la philosophie post-métaphysique se ramifie à l'endroit précis où les questionnements de Kant sont soit assimilés par ses successeurs et raffinés par eux, soit abandonnés au bénéfice des approches empiristes. Ces deux traditions qui se sont toutefois mutuellement fécondées apportent des réponses différentes mais complémentaires à la question de la conception appropriée que la philosophie doit se faire d'elle-même en tant que discipline professionnelle. Le tome premier d'Une histoire de la philosophie : La constellation occidentale de la foi et du savoir a paru dans la même collection (2021).
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Une histoire de la philosophie Tome 1 : la constellation occidentale de la foi et du savoir
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Nrf Essais
- 21 Octobre 2021
- 9782072894558
Depuis l'apparition du platonisme chrétien dans l'empire romain, la discussion sur la foi et le savoir a façonné le développement ultérieur de l'héritage philosophique des Grecs. Dans cette discussion Jürgen Habermas trouve le fil directeur de sa généalogie d'une pensée postmétaphysique. Il montre comment la philosophie - en parallèle à la formation d'une dogmatique chrétienne dans les concepts philosophiques - s'est pour sa part approprié des contenus essentiels issus des traditions religieuses et s'est transformée en un savoir capable de fondation. C'est précisément à cette osmose sémantique que la pensée séculière qui succéda à Kant et à Hegel doit la thématique de la liberté rationnelle et les concepts fondamentaux de la philosophie pratique qui, jusqu'à aujourd'hui, se sont révélés déterminants. Alors que la cosmologie grecque a été déracinée, les contenus sémantiques d'origine biblique ont été transférés dans les concepts fondamentaux de la pensée postmétaphysique.L'histoire de la philosophie peut être aussi envisagée comme une succession irrégulière de processus d'apprentissage provoqués de façon contingente. Une telle «généalogie» non seulement met en évidence ces contingences, mais elle met en lumière la nécessité d'un concept compréhensif de raison et la conception que la pensée philosophique se fait d'elle-même à l'aune de ce concept. Habermas élabore une conception dialectique de l'émancipation de la science par rapport à la théologie et du savoir par rapport à la foi. Et il encourage l'instauration d'une relation dialogique vis-à-vis de toutes les traditions religieuses. La pensée postmétaphysique se situe entre sciences et religion.
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L'avenir de la nature humaine ; vers un eugénisme libéral ?
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Tel
- 4 Mai 2015
- 9782070149421
Face aux progrès des biosciences, au développement des biotechnologies, au déchiffrement du génome, le philosophe ne peut plus se contenter des déplorations sur l'homme dominé par la technique. Les réalités sont là, qui exigent de lui qu'il les pense à bras-le-corps.Désormais, la réponse que l'éthique occidentale apportait à la vieille question «Quelle vie faut-il mener?»:«pouvoir être soi-même», est remise en cause. Ce qui était jusqu'ici «donné» comme nature organique par la reproduction sexuée et pouvait être éventuellement «cultivé» par l'individu au cours de son existence est, en effet, l'objet potentiel de programmation et de manipulation intentionnelles de la part d'autres personnes.Cette possibilité, nouvelle à tous les plans:ontologique, anthropologique, philosophique, politique, qui nous est donnée d'intervenir sur le génome humain, voulons-nous la considérer comme un accroissement de liberté qui requiert d'être réglementé, ou comme une autorisation que l'on s'octroie de procéder à des transformations préférentielles qui n'exigent aucune autolimitation?Trancher cette question fondamentale en la seule faveur de la première solution permet alors de débattre des limites dans lesquelles contenir un eugénisme négatif, visant sans ambiguïté à épargner le développement de certaines malformations graves. Et de préserver par là même la compréhension moderne de la liberté.
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Le discours philosophique de la modernité
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Tel
- 5 Janvier 2011
- 9782070746323
Depuis que Hegel a voulu réconcilier la raison avec le réel (son célèbre «le réel est rationnel»), depuis que le Réel a charrié - voire pour certains, ne se définit que par - les massacres de masse, les génocides et les camps, nombre de philosophes ont dénoncé les Lumières et Hegel, les droits de l'individu et le salut par l'Histoire. Jürgen Habermas entreprend ici une histoire des discours critiques que l'époque moderne n'a cessé de tenir sur elle-même. Notamment, les trois réactions à l'entreprise hégélienne : celle de gauche (la philosophie de Marx exaltant la praxis), celle de droite (libérale-conservatrice) et la «postmoderne». À Heidegger, Bataille, Foucault, Derrida, tous encore obnubilés par le sujet et la raison instrumentale, Habermas oppose une pensée «postmétaphysique».
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Ce livre, publié en 1983, est un livre décisif pour cette fin de siècle. Il apporte un démenti formel à la rumeur selon laquelle la philosophie serait condamnée à la futilité et à l'inaction. S'appuyant sur une analyse lucide de la modernité, Habermas montre que si la tâche philosophique de médiation de la rationalité demande à être réévaluée, elle est non seulement possible mais essentielle. Pour le prouver, Habermas met en oeuvre une conception de la philosophie liée à la critique de la société qu'il a lui-même construite et qui préconise une coopération de toutes les activités intellectuelles revendiquant une exigence de rationalité. Il développe une théorie proprement philosophique des relations humaines dans les sociétés contemporaines, une morale non prescriptive dont les principes ne sont liés qu'à la garantie de l'intercompréhension. Enfin, par le dialogue qu'il établit avec les sciences sociales, il apporte à la société contemporaine une intelligibilité critique d'elle-même.
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La technique et la science comme "idéologie"
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Tel
- 20 Avril 1990
- 9782070719426
La technique et la science constituent désormais les forces productives les plus importantes des sociétés développées. Cette situation nouvelle pose le problème de leur relation avec la pratique sociale, telle qu'elle doit s'exercer dans un monde où l'information est elle-même un produit de la technique.Jürgen Habermas examine dans les études réunies dans ce volume l'incidence de la rationalité scientifique sur le «monde social vécu» et ses répercussions sur le fonctionnement de la démocratie. Il montre les limites de la technocratie qui tend à s'abriter derrière une pseudo-rationalité pour assurer le triomphe de ses intérêts. Il analyse le système des valeurs en cours, les finalités que se propose le corps social sans toujours en avoir conscience, la fonction des idéologies qui les systématisent.Du même coup il est ici abordé une des plus grandes questions de notre temps:comment le consensus social que postule la démocratie peut-il s'opérer dans les sociétés industrielles avancées?
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écrits politiques ; culture, droit, histoire
Jürgen Habermas
- Flammarion
- Champs Essais
- 19 Janvier 2011
- 9782081249868
L'intervention dans le débat public est pour Habermas partie intégrante de son activité de philosophe. Ces Écrits politiques doivent donc être tenus comme le lieu d'élaboration et de mise à l'épreuve de la théorie critique de la société, le témoignage de ce que la philosophie est plus que jamais l'époque actuelle «saisie par la pensée». Rédigés entre l'automne 81 et le printemps 90, ces essais abordent des questions esthétiques, culturelles, juridiques, historiques et politiques autour d'un axe central qui est celui de la question de l'identité allemande et de la culture européenne.
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Après l'état-nation ; une nouvelle constellation politique
Jürgen Habermas
- Pluriel
- 4 Septembre 2013
- 9782818503614
Produit de la centralisation monarchique et des révolutions modernes, l'État-nation apparaît aujourd'hui bien mal adapté à l'intégration économique mondiale. Les eurosceptiques, qui en revendiquent l'héritage et affirment sa pérennité, redoutent l'ouverture des frontières et appellent au refus de la mondialisation des échanges. Les euro-libéraux, qui se satisfont d'une Europe du grand marché, n'ont que faire des structures politiques et se moquent des malheurs de nos États nationaux. Les fédéralistes, qui revendiquent à la fois l'ouverture des frontières et la formation d'un espace politique intégré à l'échelle européenne, fondent leur position sur la nécessité d'élever le pouvoir politique à la hauteur de la puissance nouvelle de l'économie afin de lui faire contrepoids. Jürgen Habermas est de ceux-là. L'un des plus grands philosophes contemporains réfléchit ainsi à l'avenir des États nationaux en Europe dans le nouveau contexte mondial. Il dessine les contours d'une politique européenne qui ferait toute sa place à l'exercice de la citoyenneté et à la mise en oeuvre de la justice sociale.
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Raison et légitimité ; problèmes de légitimation dans le capitalisme avancé
Jürgen Habermas
- Payot
- Petite Bibliotheque Payot
- 18 Avril 2012
- 9782228907552
Le capitalisme avancé peut-il se transformer lui-même ? Ses structures suffisent-elles pour amortir de façon permanente la crise économique ? Sinon, la crise économique conduit-elle à une crise sociale puis politique ? Sinon, où la crise économique est-elle déplacée ? Et dans ce cas, garde-t-elle la forme d'une crise de système, ou devons-nous compter avec différentes tendances à la crise qui vont dans le même sens ?
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L'intégration républicaine ; essai de théorie politique
Jürgen Habermas
- Pluriel
- 19 Février 2014
- 9782818503959
Comment concilier l'universalité des principes sur lesquels reposent les Constitutions de nos sociétés avec la diversité des identités et avec les tendances centrifuges de la mondialisation, sources de fractures sociales ? Autrement dit : comment intégrer l'autre dans la communauté républicaine, fondée sur l'affirmation de l'égalité des droits et l'égal respect de chacun pour chacun, quand la force des choses conspire à dresser les uns contre les autres ? La pensée de Jürgen Habermas est plus actuelle que jamais. Partisan résolu de l'intégration politique, en Europe notamment, convaincu que l'État-nation a fait son temps, attentif à la diversité culturelle, il défend ici un nouveau républicanisme à vocation mondiale susceptible de conjurer le double écueil du repli nationaliste et de la dilution du corps politique dans le marché mondial.
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Quelle est la place de la philosophie dans la cité ? Jürgen Habermas aborde cette question sans cesse renaissante en esquissant le profil intellectuel de huit penseurs allemands dont l'oeuvre a marqué la conscience philosophique de notre temps : Martin Heidegger, Karl Jaspers, Karl Lowith, Ludwig Wittgenstein, Ernst Bloch, Herbert Marcuse, Theodor W. Adorno et Arnold Gehlen. Revenant sur un passé proche, Jürgen Habermas relève l'impuissance de la pensée face à une catastrophe comme le Troisième Reich. Dans notre société plus libérale, la question ne se pose plus dans les mêmes termes ; pourtant la fonction de la philosophie y paraît aussi précaire. En tant que matière d'enseignement, elle a du mal à se situer dans un monde que régissent les communications de masse. Du fait, d'autre part, de l'extension et de la mutation de l'enseignement, elle ne s'adresse plus à une élite fortunée à laquelle elle était destinée pendant des siècles. C'est pourtant à ce monde et à ses conditions nouvelles qu'il lui faut s'adapter.
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Entre naturalisme et religion ; les défis de la Démocratie
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Nrf Essais
- 21 Novembre 2008
- 9782070779703
Penseur de l'espace public comme de l'écart dans l'Etat de droit démocratique entre les normes et les faits, analyste aigu de la science comme idéologie et des menaces que les développements de la neurologie et des biotechnologies font peser sur l'avenir de la nature humaine, mais aussi inventeur de la citoyenneté cosmopolitique dans l'égalité des cultures et philosophe des limites du libéralisme postmoderne, Jürgen Habermas repère d'emblée les défis que la démocratie doit sans cesse relever. Dans le monde d'aujourd'hui, face à la résurgence de la religion, quelles sont les tâches nouvelles de la pensée sécularisée ? Le fondamentalisme est souvent présenté comme la conséquence à long terme des violences de la colonisation et des faillites de la décolonisation. Une modernisation capitaliste imposée de l'extérieur dans des circonstances défavorables génère l'insécurité sociale et le rejet culturel. Mais comment expliquer alors la revitalisation politique de la religion aux Etats-Unis, dans un contexte où la dynamique de modernisation a connu des plus grands succès ? Les pays européens ont aboli la peine de mort, ils libéralisent l'avortement, reconnaissent l'égalité de droit à toutes les orientations sexuelles, donnent un statut aux unions homosexuelles, rejettent inconditionnellement la torture et, d'une manière générale, privilégient les droits sur les biens collectifs. En d'autres termes, ils placent l'homme dans son monde et non plus sous une transcendance religieuse. Ils paraissent désormais avancer seuls sur la voie que, depuis les révolutions constitutionnelles de la fin du XVIIIe siècle, ils avaient tracée et parcourue main dans la main avec les Etats-Unis. L'importance politique des religions n'ayant cessé de croître et de s'imposer entre-temps, l'Europe, rivée sur la séparation posée par Kant entre le savoir et la foi, semble se couper aujourd'hui du reste du monde. En termes d'histoire universelle, le rationalisme occidental de Max Weber devrait-il être dorénavant tenu pour une voie d'exception ?
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Le principe de Publicité est le principe de contrôle que le public bourgeois a opposé au pouvoir pour mettre un terme à la pratique du secret propre à l'Etat absolu. Créateur d'une véritable sphère publique, ce principe circonscrit, à partir du XVIlIe siècle, un nouvel espace politique où tente de s'effectuer une médiation entre la société et l'État, sous la forme d'une «opinion publique» qui vise à transformer la nature de la domination. A l'aide d'un ensemble institutionnel déterminé, qui permet le développement de discussions publiques ayant pour objet des questions d'intérêt général, il s'agit de soumettre l'autorité politique au tribunal d'une critique rationnelle. Le modèle libéral de la sphère publique, outre qu'il repose sur la répression de l'opinion publique plébéienne, se révèle inadéquat pour rendre compte de l'espace politique des démocraties de masse, régies par un Etat social. Au terme d'un processus complexe d'interpénétration des domaines privé et public, on assiste à une manipulation de la Publicité par des groupes d'intérêts et à une reféodalisation de la sphère publique. Au sein de l'État social, la sphère publique politique est caractérisée par un singulier désamorçage de ses fonctions critiques. La Publicité d'aujourd'hui se contente d'accumuler les comportements réponses dictés par un assentiment passif. Au départ, principe de la critique, la Publicité a été subvertie en principe d'intégration. A l'ère de la Publicité manipulée, ce n'est plus l'opinion publique qui est motrice, mais un consensus fabriqué prêt à l'acclamation. En 1990, J. Habermas propose une triple révision : remise en question du concept de totalité, appréciation modifiée de la capacité critique du public, nouvelle interrogation quant à la possibilité d'un espace public. Une conception discursive de la démocratie le conduit à envisager un dédoublement de l'espace public tel que le pouvoir communicationnel puisse influencer le pouvoir administratif et s'opposer à la manipulation par les médias.
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Jürgen Habermas, on le sait, tient l'usage de communication du langage pour constitutif de la vie sociale : il définit les normes, les valeurs, les rôles nécessaires à toute communauté ; il est ce sans quoi il n'y aurait pas même de société possible. Or, cette théorie critique de la morale, du droit et de la démocratie s'appuie sur une pragmatique du langage, elle requiert l'explicitation des catégories qui rendent possible l'entente rationnelle avec autrui à propos de la vérité des faits, de la justesse des actes et des normes : vérité et objectivité, réalité et référence, validité et rationalité. Ces catégories, Habermas les reprend aujourd'hui du point de vue de la philosophie théorique, en posant deux questions clés. D'une part, la question ontologique du naturalisme : comment concilier la contingence du développement historique et naturel des formes de la vie socioculturelle avec la normativité - inéluctable du point de vue des participants à l'activité communicationnelle et propre à un monde vécu structuré par le langage, dans lequel nous nous trouvons «toujours déjà» en tant que sujets capables de parler et d'agir ? D'autre part, la question épistémologique du réalisme : comment concilier le postulat d'un monde indépendant de nos descriptions et identique pour tous les observateurs, avec la découverte de la philosophie du langage, selon laquelle nous ne disposons d'aucun accès direct, non médiatisé par le langage, à la réalité «nue» ?
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Parcours 2 (1990-2017) ; théorie de la rationalité, théorie du langage
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Nrf Essais
- 22 Février 2018
- 9782070453924
Parcours, c'est en deux volumes une trentaine de textes de Jürgen Habermas, inédits pour la plupart, devenus introuvables en langue française pour les autres. Ils balisent l'évolution d'un des derniers philosophes contemporains de stature mondiale.
Le premier volume permet de comprendre comment Habermas, ancré dans la théorie critique de l'École de Francfort, justifie, dans le prolongement de sa Théorie de l'agir communicationnel, la nécessité de passer d'une théorie de la conscience à une théorie du langage. À l'heure de la philosophie postmétaphysique, cette ouverture au langage fait de l'activité communicationnelle le fondement de la société : elle est ce qui permet la compréhension intersubjective, seule à même de définir pour le monde vécu les normes sociales, les valeurs éthiques et les procédures de la politique délibérative.
Le tome deuxième élargit encore cette réflexion au thème des conditions de possibilité de la souveraineté populaire, à l'heure de la constitution de l'Europe, mais aussi de la revitalisation politique de la religion.
Le lecteur dispose avec cet ouvrage des clefs nécessaires à la compréhension d'une pensée essentielle de notre siècle.
Traduit de l'allemand par Christian Bouchindhomme, Frédéric Joly et Valéry Pratt. Édition de Christian Bouchindhomme.
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Parcours 1 (1971-1989) ; sociologie et théorie du langage, pensée postmétaphysique
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Nrf Essais
- 22 Février 2018
- 9782072768958
Parcours, c'est en deux volumes une trentaine de textes de Jürgen Habermas, inédits pour la plupart, devenus introuvables en langue française pour les autres. Ils balisent l'évolution d'un des derniers philosophes contemporains de stature mondiale.
Le premier volume permet de comprendre comment Habermas, ancré dans la théorie critique de l'École de Francfort, justifie, dans le prolongement de sa Théorie de l'agir communicationnel, la nécessité de passer d'une théorie de la conscience à une théorie du langage. À l'heure de la philosophie postmétaphysique, cette ouverture au langage fait de l'activité communicationnelle le fondement de la société : elle est ce qui permet la compréhension intersubjective, seule à même de définir pour le monde vécu les normes sociales, les valeurs éthiques et les procédures de la politique délibérative.
Le tome deuxième élargit encore cette réflexion au thème des conditions de possibilité de la souveraineté populaire, à l'heure de la constitution de l'Europe, mais aussi de la revitalisation politique de la religion.
Le lecteur dispose avec cet ouvrage des clefs nécessaires à la compréhension d'une pensée essentielle de notre siècle.
Traduit de l'allemand par Christian Bouchindhomme, Frédéric Joly et Valéry Pratt.
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Connaissance et intérêt se présente comme une histoire de l'argumentation. Le livre examine les principales positions de la pensée moderne - kantisme et hégélianisme, marxisme et psychanalyse, pragmatisme anglo-saxon et tradition herméneutique allemande - pour mettre au jour les structures des processus de recherche qui déterminent le sens et la validité de nos énoncés scientifiques. Cette épistémologie fait partie intégrante de la théorie critique de la société, qui est la seule forme que puisse prendre aujourd'hui la critique radicale de la connaissance. La réflexion sur les sciences y occupe une place prépondérante.
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L'Union européenne est-elle désormais contre la démocratie? Avec l'épisode du référendum grec et l'effroi qui saisit tous les dirigeants de voir un peuple, auquel on avait imposé une cure problématique, entrer en résistance, la crise de la dette a révélé le déficit démocratique des institutions européennes. Jürgen Habermas nous alerte sur les risques que prend l'Europe à s'engager dans une voie «postdémocratique» pour régler la question de la dette des pays de la zone euro. L'union monétaire européenne ne disposant pas d'un contrôle supranational à sa mesure, les dirigeants allemand et français veulent une collaboration intergouvernementale renforcée. Le Conseil européen doit s'employer à la mettre en place. Ce changement en apparence minimal devrait se traduire par une perte progressive de contrôle des Parlements nationaux sur les lois de finances; cette réforme insidieuse asphyxierait petit à petit le poumon de la démocratie à l'échelle nationale, sans que cette perte soit compensée au niveau européen. Le processus grec ouvre-t-il le passage d'une Europe de gouvernement à une Europe de la «gouvernance» - joli euphémisme pour désigner une forme dure de domination politique, qui ne repose que sur le fondement faiblement légitimé des traités internationaux? La «démocratie d'un seul pays» n'est plus à même de se défendre contre les injonctions d'un capitalisme forcené, qui franchissent, elles, les frontières nationales. Il faut avancer vers et dans la constitution de l'Europe, pour que les peuples regagnent des latitudes d'action au niveau supranational, sans pour autant sacrifier la démocratie. La crise de l'Europe des gouvernements doit conduire à la constitution d'une Europe des peuples. Telle est la conviction de Jürgen Habermas dans ce petit traité de démocratie, vif, tonique et constructif.
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LOGIQUE DES SCIENCES SOCIALES ET AUTRES ESSAIS
Jürgen Habermas
- PUF
- Quadrige ; Grands Textes
- 2 Février 2005
- 9782130548805
Publiés sur une quinzaine d'années (1966-1982) les textes ici réunis peuvent être considérés comme le « laboratoire » de la Théorie de l'agir communicationnel (1981). Ils sont traduits et présentés par Rainer Rochlitz (1946-2002) l'un des grands diffuseurs de la pensée de Habermas en France. En témoignent leurs nombreux échanges ainsi que le livre, Habermas, l'usage de la raison, Puf, coll. Débats philosophiques, 2002. Philosophe et sociologue, Jürgen Habermas est avant tout un intellectuel réfléchissant sur le lien entre philosophie et politique. Après avoir été l'assistant d'Adorno, il enseigne dans plusieurs universités allemandes dont celle de Francfort. Ses nombreuses oeuvres, traduites en français, ont toujours fait l'objet de discussions et publications commentant ses positions et témoignant de son influence sur la philosophie politique contemporaine.
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Théorie de l'agir communicationnel Tome 2 : Pour une critique de la raison fonctionnaliste
Jürgen Habermas
- Fayard
- Espace Du Politique
- 8 Avril 1987
- 9782213019512
" Depuis la première génération des élèves de Hegel, la philosophie tente d'aborder le medium de la pensée post-métaphysique. Sous ces prémisses, la Théorie de l'agir communicationnel tente de poursuivre l'élaboration de quatre thèmes de la pensée post-métaphysique." Par l'esquisse d'une pragmatique formelle, je voudrais radicaliser le tournant linguistique qui, depuis Frege, ainsi que dans le structuralisme, ne fut accompli qu'au prix d'abstractions inadéquates." Par les concepts complémentaires de monde vécu et d'agir communicationnel, j'entends donner tout son sérieux à cette mise en situation de la raison qui, de Dilthey à Sartre et Merleau-Ponty en passant par Heidegger, ne fut accomplie que dans la dépendance à l'égard de la philosophie de la conscience. Une raison incarnée dans l'agir communicationnel permet d'appréhender l'ensemble dialectique que composent l'ouverture langagière au monde et les procès d'apprentissage dans le monde." En analysant la base de validité des discours, je voudrais surmonter le logocentrisme qui a marqué effectivement la tradition occidentale. L'ontologie était fixée sur l'étant en sa totalité, la philosophie de la conscience, sur le sujet qui se représente des objets, et l'analyse du langage, sur le discours constatant des faits, et par là, sur le primat de la proposition assertorique. On peut dissiper cette étroitesse de vue sans que la raison en tant que telle s'en trouve dénoncée." Sur cette voie, on peut prendre congé du concept d'Absolu mais également de la pensée totalisante de la philosophie de la réflexion s'incluant elle-même avec le monde (Kant, Hegel)." Bien qu'elle travaille ces thèmes de pensée philosophiques, la théorie de l'agir communicationnel demeure en son noyau une théorie de la société. "J.H.
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Droit et démocratie : entre faits et normes
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Nrf Essais
- 14 Janvier 1997
- 9782070733521
Droit et démocratie est une oeuvre majeure.Nul, plus que Jürgen Habermas, n'a pensé les impasses de la modernité. Alors que la Raison a cessé d'avoir son siège dans l'Histoire - notre siècle l'a prouvé, avec son cortège de violences, de guerres et de génocides -, l'État de droit, qui devrait en être l'incarnation, s'est trouvé écartelé entre ses normes et les faits, soumis, par les impératifs économiques et politiques, à une instrumentalisation fonctionnelle croissante.Au terme d'un siècle de déraison, la modernité, consciente de ses contingences, ne peut se passer d'une raison procédurale, ni d'une raison qui mette en oeuvre sa propre critique. Habermas s'est attelé à refonder la philosophie de la raison, c'est-à-dire la critique de la domination et la théorie de l'émancipation. Il pose l'activité communicationnelle comme originairement constitutive de la société : permettant la compréhension intersubjective grâce à laquelle sont précisés, définis des normes sociales, des valeurs, des rôles nécessaires à toute communauté, elle est ce sans quoi il n'y aurait pas même de société possible.Les questions du droit et de la démocratie dès lors deviennent centrales : il s'agit de penser l'écart existant entre les théories sociologiques du droit et les théories philosophiques de la justice, de redéfinir le rapport entre morale et droit, de préciser le concept normatif de politique délibérative, de fonder un nouveau paradigme du droit par-delà ceux, épuisés, du libéralisme et de l'État providence.Face aux défis que le droit et la démocratie doivent relever - de la limitation écologique de la croissance économique à la disparité croissante des conditions de vie entre le Nord et le Sud, de la liquidation du socialisme d'État à la prise en compte des flux migratoires internationaux, de la limitation de souverainetés nationales à la recrudescence des guerres ethniques et religieuses -, il y a urgence à revivifier ce que l'État de droit démocratique peut avoir de radical, à défendre sa ressource véritablement menacée : une solidarité sociale, assurément garantie par les structures juridiques, mais qui constamment doit être régénérée.«Dans les conditions d'une politique parfaitement sécularisée, l'État de droit ne peut être ni réalisé ni maintenu sans démocratie radicale. Faire de ce pressentiment une connaissance, tel est le but de l'étude que je présente ici.»