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jean louis bory
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«Pas le moindre bruit ; personne ne souffle ; pas de lumière. Le couvre-feu tient le village coincé ; il est oppressé, comme une poitrine sous un genou ; ça le serre. L'heure allemande. Je n'ai pas entendu sonner minuit ; l'heure boche !»
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Instants critiques
Jean-Louis Bory, Georges Charensol
- Solitaires Intempestifs
- Adaptations Theatrales
- 17 Septembre 2012
- 9782846813594
Dans les années 1960-1970‚ Jean-Louis Bory et Georges Charensol s'illustrèrent dans l'émission radiophonique « Le Masque et la Plume »‚ sur France Inter. Deux approches différentes des films critiqués mais une semblable sincérité jusque dans la mauvaise foi. Une verve‚ un humour‚ un goût certain pour les mots et la théâtralité mais surtout une passion commune pour le cinéma rendirent leurs échanges inoubliables. Une véritable complicité fondée sur une mésentente parfaite.
François Morel
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Une belle réédition illustrée de dessins originaux, de ce texte toujours aussi vif de Jean-Louis Bory.
Paris, juste ciel ! ce n'est pas seulement les cafés-terrasses où les consommateurs assis se mêlent aux passants qui passent, ni les cabarets de Montmartre. Paris est comme Hercule - que la légende compte d'ailleurs au premier rang des fondateurs de la ville. Il a sa tunique de Nessus. C'est sa réputation. Tout se passe comme si Paris était une création du Second Empire et que son histoire se soit bloquée, figée, gelée, lac bleu du pôle, avant la Grande Guerre, celle du 1914-1918. Paris a pris la pose, attention ! le petit oiseau va sortir, c'est Napoléon III et Offenbach, clac ! le petit oiseau est sorti, c'est la Belle Époque. L'ennui est que Paris a gardé la pose.
Jean-Louis Bory (1919-1979) était écrivain, journaliste et scénariste. Son roman Mon village à l'heure allemande a été couronné par le prix Goncourt en 1945.
Né en 1960, Damien Chavanat est dessinateur de presse et auteur de plusieurs carnets de voyage et albums jeunesse.
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Deux zèbres, au bord d'un marigot, regardent boire un troupeau de zèbres. «Tout de même, dit l'un à l'autre, il faut convenir que nous sommes des créatures pas comme les autres.» Qui, nous ? Il y a mille façons de se sentir hors la loi commune. La plus radicale façon de remettre en question la morale, l'ordre social admis, est toujours celle qui s'enracine dans la nuit du corps : l'hétérodoxie sexuelle.Mais ce roman est surtout une histoire d'amour, aussi simple et terrible que n'importe quelle autre histoire d'amour. Un peu plus difficile, c'est tout.
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Rectangle multiple ; chroniques cinématographiques 1975-1976
Jean-Louis Bory
- Memoire Du Livre
- 19 Septembre 2001
- 9782913867253
" jean-louis bory écrivait avec une alacrité, mais aussi une rage, voire une férocité dont notre indifférence correcte a perdu le sel.
Il appartenait à un temps où le papier était une mitraillette, où la liberté d'écrire était trop mal partagée pour qu'on n'en abusât pas sans réserve. bory, malgré sa bonne humeur, pensait que le cinéma est un combat. qu'on ne cherche pourtant pas ici ces éreintements de salon, ces assassinats au vitriol qu'ont toujours pratiqués les arrivistes instinctifs, lesquels savent que l'odeur du crime attire les promeneurs qui s'ennuient.
Bory avait la lutte constructive. ses diatribes - rares -, il les réservait au cinéma commercial, à celui qui n'est fait que pour remplir les caisses, pour lequel il n'avait pas de mots assez durs. il ne supportait pas qu'on filmât sans passion. rectangle multiple apparaît comme un vivant et vivifiant témoignage d'histoire, une suite de coups de cour, de coups de force et de coups de sang reflétant l'état du monde il y a un quart de siècle et les moyens à mettre en oeuvre pour le changer radicalement.
Dans la mutation de la société, le cinéma n'a pas pris toute la part, mais a joué tout de même un certain rôle : on devine à travers bory que les tyrannies morales et politiques sont alors en recul. je ne dis pas que de tels écrits ont suffi à jeter bas des forteresses dictatoriales. du moins ont-ils servi à faire comprendre à quel point l'oppression, la violence policière si répandues alors, et dans l'indifférence générale, constituent avant tout des grossièretés profondes.
Et c'est ainsi qu'on change, en faisant courir les mots et les idées comme des fourmis dans une fourmilière, toute une façon de penser. il me semble aujourd'hui que bory n'aurait pas détesté les temps que nous vivons. peut-être qu'il les a quelque peu façonnés. il me semble qu'ils ont gagné en tolérance. hélas, tout en perdant en liberté de ton. ".
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Trois ans après les événements rapportés dans le premier tome de La Peau des zèbres, en 1961, vers la fin de la guerre d'Algérie, François-Charles et ses amis vivent parallèlement la violence et les désordres de la vie politique française et celle de leur vie privée. François-Charles s'aventure dans l'exploration attentive du plaisir dont la femme est exclue, mais qu'il est impossible d'ignorer complètement comme le suggère le titre. Il entre dans le cercle vicieux de la clandestinité; il essaie de la briser par sa lucidité et sa franchise. Ce roman, très différent du premier tome, surprend par son audace. Il montre que l'obsession sexuelle, remplaçant les tabous anachroniques d'une morale bâtie sur l'imposture et l'hypocrisie, devient une autre forme d'aliénation.
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«Ma mémoire est un ramasse-miettes», écrivait Jean-Louis Bory dans son roman Usé par la mer. Et ces miettes, morceaux d'un puzzle, sont «célibataires» et condamnées à rester isolées. Tous les passants dont la vie nous est racontée avec la verve et la sensibilité coutumières de l'auteur n'ont rien, en apparence, de commun. Mais l'air du temps les rend solidaires. À travers toutes ces histoires passe l'Histoire.
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En 1789, la bourgeoisie soupirait:«Qu'est-ce que le Tiers-État? Rien. Que veut-il être? Tout.» Avec juillet 1830, voilà qui est fait. Trois journées de tumulte spontané où règnent un désordre et une confusion inouïs, et au terme desquelles, escamotant une République dont elle gardait un mauvais souvenir, la bourgeoisie s'installe elle-même sur le trône, par Louis-Philippe interposé. C'est alors au tour du quatrième état, le prolétariat en train de naître, de pousser le soupir de 1789.
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Dernières chroniques cinématographiques 1977-1979
Jean-Louis Bory
- Memoire Du Livre
- 11 Octobre 2000
- 9782913867109
Au Nouvel Observateur et au " Masque et la Plume", sur France-Inter, Jean-Louis Bory fut un ardent défenseur du nouveau cinéma.
On retrouve dans chacune de ses phrases sa voix et son enthousiasme. Alors que tant de critiques hésitent à regrouper leurs articles qu'ils jugent trop liés à des événements déjà passés, ce livre démontre de façon évidente que la critique peut ne pas vieillir. Ces textes, publiés dans Le Nouvel Observateur de 1977 à 1979 et inédits en volume, rejoignent, à juste titre, l'oeuvre littéraire de Jean-Louis Bory.
Même style, même jaillissement, même regard sur la société. De même que les critiques de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol sont déjà des créations, les articles de Jean-Louis Bory existent en eux-mêmes. Ils s'imposent à nous comme des " short stories ". Les " histoires " de Bory défient ainsi le temps en nous parlant de films majeurs: Providence de Resnais, Casanova de Fellini, L'Homme qui aimait les femmes de Truffaut, Padre Padrone des frères Taviani, Une journée particulière d'Ettore Scola, Un ami américain de Wim Wenders, Le Diable probablement de Bresson, L'oeuf du serpent de Bergman, La Petite de Malle, Le Goût du saké d'Ozu, Intérieurs d'Allen, Nosferatu de Herzog...
" Une critique enthousiaste de Bory sur un film déclenchait automatiquement la venue dans les salles du Quartier latin d'un public qu'on pouvait évaluer à près de 50 000 personnes dans les années 70. Ce qui déterminait Bory, devant les films comme devant les gens, c'était la passion. La passion totale, incontrôlée ". YVES BOISSET
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L'obstacle et la guerre ; chroniques cinématographiques 1973-1974
Jean-Louis Bory
- Memoire Du Livre
- Essais Documents Memoire Du Livre
- 2 Décembre 2002
- 9782913867444
« L'obstacle, c'est l'écran. Et il fait obstacle à la gerbe qu'est le faisceau lumineux jailli de l'appareil de projection. Le film naît de la re n c o n t re de cette gerbe avec cet obstacle», dit Jean-Louis Bory. Grande période que ces années 1973- 1974. Le recueil s'ouvre avec un a rticle intitulé « Gil Blas sur le tro tto i r » et consacré à Flesh de Paul M o r i s s e y. Il s'achève avec un texte titré « Rumeur des âmes, grondement du m o n d e » et centré sur Les Hautes Solitudes de Philippe Garrel et Chinatown de Roman Polanski. Au cours de cette période, Jean-Louis B o ry visionne également État de siège de Costa-Gavras, Français, si vous saviez de Harris et Sédouy, La Maman et la Putain d'Eustache, Le Limier d e Mankiewicz, Cris et Chuchotemendt es B e rgman, Nathalie Granger d e M a rguerite Duras, Lucky Lucianod e Rosi, Lacombe Luciedne Malle, Portier de nuit de Cavani, A m a rc o rd de Fellini, Les Mille et Une Nuidtse Pasolini, Sw e e t Movie de Makavejev, Contes immoraux de Borowczyk, Le Fantôme de la libt éer de Bunuel, Lancelot du ladc e Bres s o n , Céline et Julie vont en batedaeu R ivette, Vincent, François, Paul et les autrde es Sautet. Au passage, le critique salue des classiques : Murnau, René Clair, Laurel et Hardy... L'humeur batailleuse, Bory dénonce a l l è g rement le cinéma commerc i a l , renchérit sur les provocations qui naissent au festival de Cannes, il raconte la bataille de La Grande Bouffseu r la C roisette, prend la défense d'autre s cinématographies (Le Moineau d e Youssef Chahine le passionne), d é c o u v re des jeunes (Ve c c h i a l i , Doillon), s'amuse de la nouvelle audace du cinéma vis-à-vis de la sexualité -« le catéchisme du sexe », dit-il à propos du film de Borowczyk -, nous parle autant de la société que du cinéma. Avec le brio que lui donne sa fureur contre « l'art vautré».
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Ce manuscrit retrouvé de Jean-Louis Bory, il l'avait écrit un an avant de disparaître. C'est un vagabondage, très libre, très personnel, au pays de son enfance. À Méréville, en Beauce, quand il y avait la distribution des prix, Jean-Louis recevait toujours le prix d'excellence. Et c'est ainsi qu'on lui remet en récompense Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, livre magique qui provoque la rêverie. À son tour, Jean-Louis voyage sur le dos d'une hirondelle, au gré de sa fantaisie. De la vie familiale et ses orages, il saute en Corse, qu'il explore en compagnie d'un âne. Il évoque son lycée Henri-IV, où il fut élève, puis professeur. Il raconte avec infiniment de drôlerie une visite qu'on lui fit faire à Colette, pour la remercier de lui avoir donné le prix Goncourt. Le vagabond fait halte pour nous raconter des histoires. Des contes et des nouvelles parsèment son récit, comme les cailloux jalonnant l'itinéraire du Petit Poucet. C'est l'histoire parodique, freudienne et britannique d'un exhibitionniste londonien ou celle d'une demoiselle des Postes qui détourne des lettres par amour. Ou encore une histoire d'anges gardiens qui se joue entre Montmartre et les Tuileries. À chaque ligne, à chaque phrase, on retrouve, avec bonheur et nostalgie, la voix d'un véritable écrivain.
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Les cinq girouettes ; ou servitude et souplesse de son altesse sérénissime le prince chancelier Jean-Jacques Régis de Cambacéres, Duc de Parme
Jean-Louis Bory
- Memoire Du Livre
- Essais Documents Memoire Du Livre
- 20 Février 2002
- 9782913867314
Second personnage de l'Etat français sous le Consulat puis sous l'Empire, Jean-Jacques Régis de Cambacérès fut l'un des plus proches collaborateurs de Napoléon.
Homosexuel, il sut faire accepter sa différence, qu'on appelait alors " le petit défaut ". Grand juriste - on lui doit le Code civil ou Code Napoléon -, il fut, politiquement, d'une souplesse extrême : il servit la Royauté, la Révolution, l'Empire, la Royauté à nouveau, l'Empire le temps des Cent-Jours, puis une nouvelle fois la monarchie. Une girouette ? Non. Cinq maîtres du retournement de veste à l'intérieur d'un même personnage, selon Jean-Louis Bory qui a composé son livre en cinq temps : Première girouette : A comme Ancien (régime).
Deuxième girouette : B comme Bouleversement, Barras, Bonaparte, Brumaire. Troisième girouette : C comme (second) Consul, Code civil, Couronnement. Quatrième girouette : D comme Désastre. Cinquième girouette : E comme Exil, Exit. Autour de cet " a-héros ", l'écrivain revisite l'Histoire loin des images d'Epinal. Son ironie fait feu des quatre fers. Au gré d'une liberté insolente de poète polémiste, le portrait de Cambacérès éclate et se dissout dans un éblouissant tableau de l'Empire et des moeurs politiques d'hier et de demain.
Paru en 1978, Les Cinq Girouettes est le dernier livre que Jean-Louis Bory publia de son vivant.
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" relisons ma moitié d'orange, non comme un acte de foi militante, ce qu'on a cru à tort qu'étaient ces pages souvent drôles, toujours brillantes, mais comme le moment d'un combat que menait un homme profondément tourmenté pour surmonter ses mauvais génies et donner à ses lecteurs, à ses admirateurs, l'exemple du courage.
C'était un naufragé en sursis, mais qui eût jugé indigne de faire partager son désespoir. "il y a toujours à travailler contre l'abrutissement de l'homme, pour son réveil, c'est-à-dire sa libération. et même si le monde devenait ce miracle où l'homme serait socialement libre et heureux, il resterait à le libérer de lui-même en l'éclairant sur ses démons. et même si l'homme devenait pur, limpide, il resterait la tâche exaltante de le maintenir alerté, conscient de son triomphe, de cette victoire.
Le visage lumineux. " ses démons ont vaincu bory, sans l'empêcher de rester pour nous lumineux. " dominique fernandez.
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Vivre à midi fut écrit en 1977, quatre ans après la parution de Ma moitié d'orange. Jean-Louis Bory y dénonce les préjugés et les hypocrisies d'un système encore largement marqué par l'interdit et répond point par point aux sempiternels arguments des détracteurs de la reconnaissance sociale de l'homosexualité. " La force de ce texte se nourrit d'une écriture nette, limpide, sauvée de tout sentimentalisme, délivrée des tabous, précise et ciselée d'humour. Pas la moindre tentative de quémander l'absolution ou la compassion. Bory se démarque de la littérature qui le précède par son attitude sereine : le bonheur est d'abord individuel, ne perdons pas notre vie à nous soumettre aux ukases défensifs d'une société hypocrite et masochiste. Si lire Jean-Louis Bory est salutaire et tonique, c'est parce qu'il aborde toutes les questions suscitées par l'homophobie. " Hugo Marsan