louis marin
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Cet ouvrage est une réflexion historique et philosophique sur le pouvoir en général et le pouvoir politique en particulier lorsqu'il s'exerce à son plus haut régime en s'affirmant absolu. D'où le sujet central du livre : Louis XIV ou le roi comme monarque illimité ou plutôt qui se représente tel. D'où les questions non moins centrales parce que toujours actuelles qu'il pose et auxquelles il tente de répondre : comment le portrait du prince réalise-t-il le miracle permanent de la transsubstantiation d'un individu en monarque ? Comment la représentation légitime-t-elle cette présence dans la loi d'un nom universel et unique ?
En appliquant à des objets aussi divers que l'histoire officielle du roi ou son éloge, la médaille du prince, son palais ou ses divertissements, le modèle théologique du corps eucharistique hérité d'une longue tradition religieuse, politique et juridique de l'Empire et de l'Église, l'auteur montre comment s'institue le fantasme d'un corps unique du prince, comment s'exerce et se reproduit la violence symbolique de son nom propre.
Il montre également comment ce modèle travaille à mettre en question ce qu'il vise à fonder et à légitimer, dans les réflexions de Pascal sur les rapports de la force et de la justice ou sur la légitimité politique de l'autorité royale, le roi présent réellement sous ses espèces représentatives ne trouvant l'absolu de son pouvoir qu'en devenant, en fin de compte, son image, qu'en signant son nom.
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Ces cinq entretiens, enregistrés avec Francesca Piolot entre novembre et décembre 1991 soit moins d'un an avant la mort de Louis Marin, ont été diffu- sés dans l'émission À voix nue de France Culture entre le 13 et le 17 avril 1992.
La transcription de cette parole nous rappelle ce que fut cette voix, ce que Louis Marin fit entendre, donna à connaître, à réfléchir, et ce qu'étaient ses manières de faire, sa méthode.
Dans le premier entretien, Louis Marin présente les champs d'activité de ses recherches, ses rencontres marquantes (Greimas, Barthes, Eco, Derrida, Dumézil...) ainsi que l'ou- verture d'esprit et les découvertes intellectuelles que ses cours à l'étranger ont entraînés.
Dans le deuxième entretien, il développe l'un de ses thèmes favoris : l'opacité de la représentation dans la peinture à l'époque moderne.
Dans le troisième entretien, il évoque l'utopie, depuis la définition de Thomas More jusqu'à son étude sur le parc Disneyland en Californie.
Dans le quatrième entretien, à partir d'exemples d'analyses sémiotiques des tableaux de Kandinsky, Klee, Picasso, il lie l'image, le texte et le jeu de sens qui en découle.
Dans le dernier entretien, il montre comment le pouvoir s'exprime à travers des signes en donnant des exemples de sa représentation en France à l'époque moderne.
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événements de contemporanéité et autres écrits sur l'art au XXe siècle
Louis Marin
- Les presses du réel
- 2 Avril 2021
- 9782378960018
Le recueil des écrits sur l'art du philosophe, historien, sémiologue et critique d'art Louis Marin (1931-1992).
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Des pouvoirs de l'image ; gloses
Louis Marin
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 6 Janvier 1993
- 9782020189644
Sous le titre Des pouvoirs de l'image s'affirme le projet de reconnaître, dans sa diversité historique et anthropologique, l'efficacité de l'image, les régimes et les registres variés de ses pouvoirs : forces des fétiches et des leurres dans la constitution et l'identification du Moi ; puissances du " faire-croire " dans les représentations du pouvoir d'Etat ; prégnances irrésistibles de l'invisible dans les théophanies de la lumière et de la voix.
Des textes qui, pour la plupart, appartiennent à l'âge de la représentation sont ici lus et récrits selon le genre de la glose : lectures, récritures qui les déplacent et les ouvrent sur un objet qui se dérobe et dont pourtant ils ne cessent de parler et d'écrire : l'image.
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Propagande expression roi, image idole oracle ; lisibilité et visibilité des images du pouvoir
Louis Marin, Paul Veyne
- Arkhe
- 12 Octobre 2011
- 9782918682127
Partis tous deux d'un même objet, Paul Veyne et Louis Marin ne sont pas en conflit ; ils prennent des voies "traversières" et cherchent l'un et l'autre, non seulement à situer l'oeuvre qui est au centre de leur propos, la colonne Trajane, mais surtout l'histoire des procédures de regard et d'interprétation qui accompagnent un tel monument.
Si la sociologie de l'art et la simple iconographie y laissent quelques plumes, la réflexion sur les formes de réception de l'image, sur la valeur du médium et la transposabilité de l'image y gagne beaucoup. Au lecteur à présent d'aller tourner à son tour autour de ces deux textes.
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Publié en cachette au début du XVIIe siècle et imprimé à douze exemplaire seulement, ce livre propose une réflexion extrêmement originale sur le coup d'État entendu comme cette action politique d'exception qui transgresse les lois et les règles pour sauver l'État. Gabriel Naudé (1600-1653), qui fut notamment secrétaire de Mazarin, déploie ici une réflexion stimulante sur cette action décisive, extrême et violente, par laquelle le prince tranche tout en posant les limites de son pouvoir. Ce texte manifeste est annoté et magnifiquement préfacé par Louis Marin qui en montre l'immense portée historique, politique et philosophique.
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" Représenter, c'est mettre en signes une force, qu'il s'agisse des gardes et des tambours du roi ou des ambassadeurs du prince ; le pouvoir, c'est montrer ces signes, les faire voir afin de faire connaître les choses dont ils sont les signes, afin de faire croire naturellement et sans violence à la force (la violence) qu'ils représentent.
Le grand arc de la représentation ici se prolonge de la peinture et de la comédie à la politique ; de la métamorphose de l'image et de la métamorphose de scène à la transsubstantiation et à l'eucharistie du politique. " L. M.
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Mon intention n'est pas de présenter Pascal, encore moins d'offrir une introduction à sa pensée. Cette perspective impliquerait une conception totalisatrice de l'oeuvre pascalienne, la volonté d'en retrouver la logique d'ensemble, le désir d'en produire le système achevé. Mon propos est inverse : insister sur la détotalisation du texte pascalien, montrer comment les logiques différentes y sont à l'oeuvre, s'offrir aux effets de rupture et de discontinuité qui s'y indiquent » (L. Marin).
Ce n'est donc pas une présentation de Pascal et de Port-Royal que le lecteur trouvera dans ce recueil, mais un ensemble d'études de quelques représentations produites par Pascal et Port-Royal, un parcours à travers certains discours et certaines images.
Table des matières I - UN TEXTE NOMMÉ « PASCAL », 1 / « Pascal » : du texte au livre, 2 / L'écriture fragmentaire et l'ordre des Pensées de Pascal, II - LA FORCE DU DISCOURS, 1 / De l'interprétation du langage ordinaire : une parabole de Pascal, 2 / Secret, dissimulation et art de persuader chez Pascal, 3 / Discours du pouvoir / Pouvoir du discours : commentaires pascaliens, 4 / Usage pragmatique et valeur théorique du terme « presque » dans le discours pascalien sur les sciences de l'homme, 5 / Une rhétorique « fin de siècle » : Pascal, de l'art de persuader (1657-1658 ?), III - LA CRITIQUE DE LA REPRÉSENTATION, 1 / La critique de la représentation classique : la traduction de la Bible à Port-Royal, 2 / « Une ville, une campagne, de loin... » : paysages pascaliens, 3 / Le corps-de-pouvoir et l'Incarnation à Port-Royal et dans Pascal ou de la figurabilité de l'absolu politique, 4 / La critique de la représentation théâtrale classique à Port-Royal : Commentaires sur le Traité de la comédie de Nicole, IV - LA QUESTION DU PORTRAIT, 1 / Figurabilité du visuel : la Véronique ou la question du portrait à Port-Royal, 2 / Masque, portrait, image : sur quelques textes du XVIIe siècle français, 3 / Les fins dernières de la peinture : deux tableaux à Port-Royal pour un portrait invisible, V - DANS UN INDISCERNABLE RETRAIT, 1 / L'indiscernable rencontre, 2 / L' « invention » du corps mystique, sur deux textes de Pascal, 3 / Voix et énonciation mystique : sur deux textes d'Augustin et de Pascal, VI - DES FONDEMENTS DE PORT-ROYAL, 1 / Passages, 2 / Le tombeau de la représentation tragique : notes sur Racine historien du roi et de Port-Royal, 3 / Biographie et fondation, Index des noms propres -- Index thématique -- Index des fragments des pensées
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« Comment est-il possible d'écrire, au même moment dans le même lieu, les deux énoncés fondateurs de l'écriture d'une vie, «je naquis» et «je mourus», pour enfin la faire sienne ? L'autographie, d'Augustin à Leiris, ne se constituerait que d'essayer de répondre à cette question : délicates machinations d'écriture - Stendhal, Rousseau, Montaigne, Stendhal surtout - qui n'ont peut-être d'autre effet que de laisser entendre dans de surprenantes figures une voix brouillée, excommuniée, de personne ; plus ancienne que les souvenirs parce qu'elle est l'écho de cette écriture. D'où ces essais de mémoires nés de cette écoute, qui s'écoutent «ainsi» parfois. » L. M.
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Les peintures et gravures ou dessins de Jean-Charles Blais (né en 1956 à Nantes) sont aujourd'hui internationalement reconnues. Depuis 1981 (date de sa première exposition à Rennes) il a successivement exposé à Bordeaux, Paris, Rome, Amsterdam, Bâte, New-York, etc...) De Jean-Charles Blais la critique a surtout jusqu'ici reconnu l'aspect anecdotique des grands personnages sans tête qui courent dans un espace démesuré, les supports constitués d'épaisseurs d'affiches arrachées, les corps aux gestes impossibles.
Louis Marin s'interroge ici sur cette dimension du figurable et de la figuration en laquelle s'inscrit et se déploie l'oeuvre de Blais. Prolongeant te travail tout artisanal et manufacturier de la grande peinture (celle des Titien, Cézanne, Malevitch...) les oeuvres jouent sur des éléments fort complexes, enchevêtrements et trouées spatiales, lucarnes et ocutil, ubiquité ou apesanteur des personnages qui flottent ou tombent, diversité dans le traitement des bords et bordures de l'image, fragmentation de signes qui conservent - intacts en chaque partie - leur force et plénitude initiale.
Comportant une part importante d'oeuvres nouvelles ou peu connues, l'ouvrage est mis en page par l'artiste.
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Philippe de champaigne ou la presence cachee
Louis Marin
- Éditions Hazan
- 22 Janvier 2004
- 9782850253867
Entre les grandes figures du XVIIe siècle, celle de Philippe de Champaigne demeure assez méconnue. L'étude de Louis Marin vient combler cette lacune, mais elle fait beaucoup plus. On y trouvera retracée l'histoire du peintre: ses origines flamandes, son rôle à la cour, ses rapports avec Port-Royal. Mais avant tout, ce livre, fruit d'un travail considérable, est tout entier tendu vers une question dont l'auteur aborde toutes les facettes: celle de la contradiction entre une attitude qui appartient en plein à " l'âge de la représentation " et la possibilité - ou le désir- de donner présence à l'infigurable, à la " présence cachée " de Dieu. Cette tension entre peinture et mystique - et la façon dont Champaigne la résout - Louis Marin la relie aux grands textes religieux qui irriguent la pensée du peintre, tout en ponctuant son analyse par une série de " contrepoints " qui la montrent à l'oeuvre chez d'autres artistes de l'époque, Poussin, Vélasquez, Rubens ou Van Dyck.
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La célébration des oeuvres d'art
Louis Marin, Dominique Poulot
- Editions De La Sorbonne
- 1 Décembre 2022
- 9791035108373
Extrait d'une revue ou d'un ouvrage relié à part en un petit livret. Destiné habituellement à faire connaître un article récemment publié, la collection détourne l'usage et la fonction du tiré à part pour inviter à la (re)découverte d'un texte. En lieu et place du traditionnel mot d'accompagnement de l'auteur, Dominique Poulot partage ici, dans une courte présentation, son expérience de lecture de : « La célébration des oeuvres d'art » de Louis Marin.
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Opacité de la peinture ; essais sur la représentation au Quattrocento
Louis Marin
- EHESS
- 1 Septembre 2006
- 9782713221057
Qu'on ne s'y trompe pas. Le terme " opacité ", qui brille d'un éclat noir au titre de l'ouvrage, ne renvoie ni à une ineffabilité supposée ou prétendue de la peinture, ni non plus à des énigmes que comporterait la mise en peinture ou en figure, mais à la pragmatique contemporaine, en un sens dont on trouvera l'élaboration dans La Logique de Port-Royal ou dans la sémiologie augustinienne. Tout signe est à la fois une chose et une représentation considéré comme chose, le signe focalise sur lui-même la " vue de l'esprit ", il ne représente rien mais se présente lui-même. Comme représentation, il se dérobe à la considération et déplace la vue de l'esprit de lui-même à l'objet qu'il signifie. Le signe est alors comme la vitre transparente qui laisse voir autre chose qu'elle-même : lorsqu'elle s'opacifie, elle cesse de se dérober dans sa diaphanéité pour s'offrir à la vue et l'arrêter. Ainsi la représentation de peinture qui, tout en représentant l'univers naturel, les hommes et les fracas de leur histoire, les créatures invisibles, le monde surnaturel, n'a de cesse de déployer les dispositifs complexes de présentation de ses représentations, de travailler et de faire travailler, dans ses " images " et ses " signes ", leurs divers modes de présentation et jusqu'au sujet-peintre qui les met en oeuvre dans les " sujets " qu'il représente : opacités de la peinture.
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Ces Études sémiologiques portent sur deux grandes régions du monde des signes : le visible et le lisible. La question dominante est de déterminer si le principe et les règles de la lecture sont applicables aux objets de la mimèsis que sont les oeuvres d'art. Louis Marin analyse l'image, celle des tableaux comme celle des figures littéraires, comme un système de signes, en relation avec d'autres qui constituent la culture d'une société.
Ce livre n'existe pas comme tel, et l'ordre qu'il indique est une apparence qui n'a pour elle, ni la chronologie des textes qu'il contient, ni la logique du discours dont ils seraient les morceaux fragmentaires. Car selon l'antique étymologie, ce discours, ce logos n'est point le flux d'une parole continue et unitaire, mais un recueil, un recueillement de fragments qui n'ont de sens que les uns par les autres, que par leurs écarts, mais qui, parce qu'ils sont fragments en recueil peuvent être lus dans n'importe quel sens. Et en fin de compte, c'est peut-être là leur avantage : lus dans n'importe quel sens, ils auront une chance - celle qui ne leur a pas été donnée lors de leur première rédaction - de produire d'autres sens. -
L' Imaginaire bâtisseur : les villes nouvelles françaises
Sylvia Ostrowetsky
- Klincksieck
- 1 Septembre 1983
- 9782865630684
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La Parole mangée : et autres essais théologico-politiques
Louis Marin
- Klincksieck
- 1 Avril 1986
- 9782865631452
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Ce volume est le second recueil d'études de Louis Marin après Pascal et Port-Royal paru dans la même collection en1997. Publiés entre1982 et1996, ces textes sont présentés, comme pour le précédent, dans l'ordre chronologique de leur parution, afin de laisser apparaître l'évolution de la manière et des problématiques entre les textes consacrés à Roland Barthes (1982) et à Ignace de Loyola (1991) et, ceux, intermédiaires, consacrés à Stendhal et Montaigne. Conformément à ce qui fut toujours une constante des recherches de Louis Marin, ces études constituent une réflexion sur le genre autobiographique à partir des apports de « la théorie du texte », l'un des actes forts étant un précipité de l'autobiographie dans l'autographie, dans « l'écriture de soi ». Des index permettent au lecteur de circuler et nouer des fils, d'un texte à l'autre et même d'un volume à l'autre.
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Traquant ce qui traverse les cultures, Louis Marin chemine à la recherche d'une trace perdue dans la ville et dans les livres, sur l'asphalte et sur le papier, écho d'une symphonie des sens toujours à déchiffrer. Lectures traversières s'ordonne selon la flânerie de l'auteur parmi les signes observés rue Traversière à Paris.
De l'illustration à la ponctuation, le monde des pages est scruté avec érudition et tendresse. Toute lecture n'est-elle pas un voyage vers l'utopie d'une compréhension pleine, une logique à la recherche d'un dire sans mystère ? Avec Perrault, Pascal, Corneille, Descartes, La Fontaine, Rousseau et Balzac, mais aussi Ovide, Augustin, More et Paul Klee, l'auteur articule les grands créateurs de la tradition française et européenne le long d'un fil subtil et spirituel.
Philosophe, sémiologue et historien des représentations de l'âge moderne, directeur d'étude à l'E.H.E.S.S., Louis Marin s'est attaché dans une quinzaine d'ouvrages à la critique des signes des discours culturels depuis le XVIe siècle. Ses essais de philosophie et d'esthétique, dont La Critique du discours, Le récit est un piège, Portrait du roi, Études sémiologiques, écritures, peintures, témoignent d'une recherche parmi les plus originales de notre temps. -
L' Acte critique : Un colloque sur l'oeuvre de Peter Szondi
Jacques Derrida, Timothy Bahti, Jean Bollack, Martine Broda, Avital Ronell, Michael Hays, Thomas Fries, Karl Grob, Louis Marin, Glenn Most, William V. Spanos, Wolfgang Fietkau, Hélène Stierlin, Bernhard Boschenstein
- Pu Du Septentrion
- Cahiers De Philologie
- 1 Mai 1995
- 9782859392765
Peter Szondi, né en 1929 à Budapest, mort à Berlin le 18 octibre 1971, a enseigné à l'Université Libre de Berlin la littérature générale et comparée. Sa position, où la philologie la plus précise et la plus "matérielle" s'allie à un projet de théorisation rigoureux, illustre les impasses qu'à entraînées la crise des sciences humaines. Autour de l'oeuve exemplaire de ce lecteur de Hölderlin et d'Adorno s'étaient réunis quelques essayistes, philologues et philosophes, dont les réflexions et les discussions sont reproduites dans ce livre.
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Poussin, à rome, dit du caravage qu'il était venu au monde pour détruire la peinture et cependant il est dit aussi qu'il possédait l'art de peindre tout entier.
Ce livre cherche non point à résoudre une contradiction mais plutôt à développer une inconsistance du système représentatif dans le procès de peindre de poussin au caravage et vice versa. il y sera donc question de mimésis et de fantaisie, d'histoire et d'action, de perspective et de ténèbres, de mort et de décapitation.
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L' Homme et la brute au XVIIe. : Une éthique animale à l'âge classique ?
- Ens Lyon
- 10 Février 2022
- 9791036204920
On sera sans doute déçu si l'on cherche au XVIIe siècle les prémisses d'une éthique animale. Les « bêtes brutes », comme on les appelle alors, sont exclues de la sphère des obligations, et pas seulement par quelques cartésiens mécanistes. De nombreux auteurs soutiennent que les bêtes sentent, ou qu'elles ont une âme qui n'est pas trop différente de la nôtre, ou encore qu'elles sont dotées de raison, les prenant parfois même comme point de comparaison afin de rabaisser l'orgueil humain. Nombreux sont ceux qui s'indignent de la cruauté à leur égard, et d'autres vont jusqu'à leur reconnaître des droits. La diversité des positions, des représentations et des arguments coïncide assez rarement avec les accusations adressées de nos jours à l'âge classique. Tous ne sont pas cartésiens, et la « théorie » de l'animal-machine est peut-être un petit peu plus que l'effet d'un préjugé. Paradoxalement, les plus affranchis de tout anthropocentrisme affirment radicalement l'absence de lien éthique avec les bêtes. Lire ces oeuvres d'un autre âge à l'aune d'une question qu'elles ne pouvaient pas formuler permet d'inquiéter les évidences qui sont les nôtres, et d'y trouver des ressources pour poser et résoudre des problèmes qui n'étaient pas les leurs.