rémi brague
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Nous vivons sous le poids écrasant du moralisme, alors que nous nous éloignons de plus en plus de la morale commune. Plus nous moralisons et moins nous savons de quoi nous parlons. Cette ignorance nous rend moroses, indécis et violents. La morale est une mais elle se prête à différents usages que ce livre entend explorer en parcourant son histoire sinueuse jusqu'à ses origines lointaines. Elle n'a nul besoin d'adjectifs ; elle n'est ni «traditionnelle» ni «moderne» et surtout pas «judéo-chrétienne». Mais bien qu'elle se suffise à elle-même, elle a ses pratiques et ses différentes interprétations, sociale, ascétique, légaliste, que la tradition chrétienne accorde en une synthèse originale. La morale, qui est recherche du Bien, première condition de l'Être, donne à l'existence humaine et au lien social leur fondement indispensable, leur souffle, leur rythme, leur sens. Les perdre, ce serait, à terme, se condamner à la dissolution de toute vie commune, voire à la disparition de l'humanité. Rien de moins.
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Les religions font-elles plus de bien que de mal ?
Rémi Brague, Pierre Conesa
- Desclée de Brouwer
- 22 Janvier 2025
- 9782220098784
Que ce soit par les tragédies actuelles au Moyen-Orient, la persécution des Rohingya par des bouddhistes au Myanmar ou encore la politique antimusulmane du gouvernement indien, l'actualité contemporaine amène légitimement à nous interroger : sommes-nous entrés dans une phase de radicalisation religieuse générale ? Les religions légitiment-elles la violence ou peuvent-elles être, au contraire, porteuses d'espérance et de paix ? Les religions font-elles plus de bien que de mal ? Ces questions s'immiscent dans notre quotidien, suscitant les passions et entraînant les débats les plus virulents.Ce livre, lui, offre un échange apaisé entre Rémi Brague et Pierre Conesa, né de leur rencontre au Collège des Bernardins. De l'étude du radicalisme via une « désislamisation du débat », des liens entre religions et politique, de la notion de « guerre juste », en passant par les thèses de René Girard sur la « violence mimétique », diverses grilles de lecture nous sont ici proposées pour comprendre la manière dont les religions, malgré les risques d'instrumentalisation, continuent de marquer notre temps.
Rémi Brague, philosophe, historien de la philosophie, membre de l'Institut de France, auteur de nombreux livres dont Sur l'islam (Gallimard, 2023) ; Sur la religion (Flammarion, 2018).Pierre Conesa, agrégé d'histoire et ancien administrateur civil au ministère de la Défense, est auteur de divers essais sur les fondamentalismes religieux, dont Avec Dieu on ne discute pas (Robert Laffont, 2020) ; État des lieux du salafisme en France (Éditions de l'Aube, 2023). -
Le règne de l'homme : genèse et échec du projet moderne
Rémi Brague
- Gallimard
- L'esprit De La Cite
- 26 Février 2015
- 9782070775880
C'est à l'époque moderne que l'homme en est arrivé à se dire le créateur de sa propre humanité. Autrefois, il se croyait l'oeuvre de la nature ou l'enfant de Dieu. Désormais, il entend conquérir l'une et s'affranchir de l'autre. Il veut rompre avec le passé, se donner souverainement sa loi, définir ce qui doit être, dominer. Telle est l'ambition vertigineuse que raconte cet ouvrage. Descartes rêvait d'un homme maître et possesseur de la nature; deux siècles plus tard, Nietzsche allait décréter que l'homme doit être dépassé, n'étant plus à la hauteur des attentes que lui-même avait définies. Rémi Brague interroge les origines de ce projet et retrouve les traits qui vont progressivement dessiner la nouvelle humanité dont nous sommes les héritiers. Pour reconstituer la longue trajectoire de l'homme moderne, ce livre convoque aussi bien la philosophie que la littérature; il y découvre les espoirs et l'enthousiasme qui portent ses débuts, mais aussi, à l'épreuve de cette expérience impossible, l'angoisse et les désillusions qui en marquent l'échec. Le Règne de l'homme clôt une longue enquête sur la manière dont l'homme, de l'Antiquité à nos jours, a pensé successivement son rapport d'abord au monde, ensuite à Dieu et, pour finir, à soi-même.
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L'islam suscite des controverses sans fin et prête à bien des confusions. Mais qu'est-ce que l'islam ? Une manière d'être face à Dieu ? Une religion avec ses dogmes et ses normes ? Une civilisation ? Des personnes et des peuples ? Au fond de cette réalité plurielle se pose encore la question des fins : que veut obtenir l'islam et par quels moyens, violents ou pacifi ques, cherche-t-il à y parvenir ? Rémi Brague retrouve ces questions fondamentales pour explorer la vision islamique de Dieu et du monde. Il interroge l'usage de la raison, le rapport à la loi, la subordination intégrale qu'elle requiert, l'attitude envers l'autre, la légitimation et l'emploi effectif de la force. Cet ouvrage redessine à frais nouveaux le tableau de la civilisation islamique et ses apports à la culture européenne. Mais il réfute, en scrutant faits et textes, les constructions légendaires qui y voient la source vive de toutes les avancées, Renaissance et Lumières, dont se flatte l'Occident. L'islam, écrit l'auteur, n'est pas une religion au sens où nous l'entendons. C'est avant tout une loi qui conçoit la croyance comme une évidence innée qu'on ne saurait refuser sans mauvaise foi. Un monde où le non-croyant n'a pas sa place. Par où il se distingue radicalement des religions bibliques.
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À chacun selon ses besoins : petit traité d'économie divine
Rémi Brague
- Flammarion
- 4 Octobre 2023
- 9782080412096
Si vous vous jetez dans un précipice sans avoir vérifié que l'élastique était bien attaché, croyez-vous qu'un matelas va apparaître tout au fond ? C'est ainsi que beaucoup s'imaginent que fonctionne la Providence : je fais n'importe quoi, et «tout s'arrangera». En fait, Dieu a déjà donné. Au bout de tout un processus, partant du Big Bang et passant par la naissance de la vie et son évolution, Il a commencé par créer un vivant doté d'assez de jugement pour ne pas prendre de risques inutiles. Selon Rémi Brague, qui s'inspire ici d'intuitions de Thomas d'Aquin, c'est ainsi que Dieu procède envers tout ce qu'Il a créé. À chaque être, Il donne d'emblée ce dont il a besoin pour atteindre le bien qui lui convient, et pour l'atteindre par lui-même. À l'élément, Il donne assez de consistance pour qu'il reste ce qu'il est, là où il est. À la plante, de quoi tirer sa nourriture du sol et du soleil. À l'animal, l'instinct qui lui fait assurer sa survie et la reproduction de son espèce. Dans chaque cas, Il donne une latitude plus grande de mouvement : la plante croît ; l'animal se déplace ; l'homme, qui subsiste comme une personne libre et intelligente, peut accumuler son passé en une mémoire et se construire une histoire. Avec l'homme, où culmine la liberté, la providence devient prudence, sagesse pratique. Chez Dieu, elle devient économie du salut. Là où l'homme a blessé sa liberté et perdu la force de voir clairement son bien et d'en vouloir vraiment les moyens, Dieu combine de quoi libérer la liberté de l'homme en la retournant de l'intérieur.
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Modérément moderne ; les temps modernes ou l'invention d'une supercherie
Rémi Brague
- Flammarion
- Champs Essais
- 5 Octobre 2016
- 9782081366572
Cet essai philosophique aborde de manière érudite et humoristique les paradoxes de la modernité à travers les notions de culture, d'histoire, de sécularisation, de progrès...
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L'Europe, lorsqu'il s'est agi de définir son identité, a très tôt été rapportée à une double origine, grecque et juive. C'est, sous la plume des historiens des Lumières comme des romantiques du siècle dernier, la célèbre opposition entre Athènes et Jérusalem. Rémi Brague reprend à nouveaux frais la question de l'identité, en s'intéressant à la «voie romaine», à la latinité de l'Europe.Le propre de l'Europe ? C'est une appropriation de ce qui lui est étranger. Historiquement, philosophiquement, l'Europe prend, en effet, sa source hors d'elle. À partir d'emprunts à d'autres civilisations, la voie romaine a opéré une synthèse fondatrice de la première unité culturelle qui fut le premier espace européen. Au point que, aujourd'hui encore, définir l'Europe, c'est marquer comment elle se distingue de ce qui n'est pas elle par son caractère originairement latin.
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Réflexion centrée sur la question de l'humanisme et sur la façon dont, depuis plusieurs décennies, celui-ci a connu un bouleversement radical. R. Brague montre en effet que la pensée moderne est à court d'arguments pour justifier l'existence même des hommes. Il démontre et proclame l'échec du projet athée des temps modernes.
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Après l'humanisme : l'image chrétienne de l'homme
Rémi Brague
- Salvator
- Philanthropos
- 24 Février 2022
- 9782706721939
Un exposé magistral sur la spécificité du regard chrétien porté sur l'homme.
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Il y a trente ans, quand on voulait être pris au sérieux, on parlait politique ; évoquer la religion, en revanche, était le meilleur moyen de faire rire. Aujourd'hui, la situation s'est inversée ; la religion fascine, inquiète, et la peur s'installe à l'égard de certaines de ses formes, voire de la violence que, suppose-t-on, elles fomentent.
Il importe d'essayer d'y voir un peu clair. Poursuivant le travail d'élucidation qu'il a entrepris depuis une dizaine d'années, Rémi Brague s'interroge sur la légitimité même du terme « religion », puis sur le contenu propre des religions - avant tout sur celui des « trois monothéismes ». Qu'est-ce que la religion nous dit de Dieu, et de l'homme en tant qu'il est doué de raison ? Qu'est-ce qu'elle nous dit d'autres domaines de l'humain comme le droit, la politique ? En quoi garantit-elle - ou menace-t-elle - la liberté morale, sinon l'intégrité physique, des individus ?
Un essai salutaire pour délaisser nos a priori et prendre de la hauteur.
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La condition des Juifs et des chrétiens sous l'islam : la connaissance historique du « dhimmi » a pu être une découverte, un sujet de controverses, le mot est devenu une sorte de lieu commun politique et social trop rarement et peu rigoureusement défini. Or en prétendant conférer une forme définitive à l'ordre social, l'islam a employé pour cela une forme juridique qui donne à sa doctrine tout entière « une fixité qui fait que son étude historique est essentielle » (Jacques Ellul). Connaître, ici, ce n'est donc pas seulement connaître l'histoire, mais c'est aussi l'anticiper, comprendre le présent et discerner l'avenir des « dhimmi ».
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La controverse ; dialogue sur l'islam
Rémi Brague, Souleymane bachir Diagne
- Stock
- 18 Septembre 2019
- 9782234088122
L'islam est-il une religion différente des autres, arc-boutée sur un texte provenant directement de Dieu, une théologie éminemment politique qui tolère la violence ? Ou bien l'opinion dominante est-elle tout simplement devenue islamophobe, incapable de voir dans cette tradition religieuse la rationalité, la spiritualité et la liberté de penser et de pratiquer qui s'y trouvent ?
Opposés sur presque tous ces points, Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne discutent les extraits du Coran qu'ils connaissent tous deux en arabe, l'histoire de l'expansion de l'islam et son entrée dans la modernité. Ils n'éludent aucune question, de l'islamisme à la place des femmes, en passant par la question du djihad et le rapport aux autres religions.
Un débat au sommet, érudit et vivant, sur le sujet le plus polémique de notre époque.
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« Sauver ? » : telle est la question à laquelle les membres de l'Académie des sciences morales et politiques ont consacré pendant un an des interventions et des débats, sous la présidence de Rémi Brague. Un tel sujet, volontairement polysémique, a permis d'aborder des questions aussi variées que l'économie, le malthusianisme, la pensée réactionnaire, le salut en religion ou l'urgence en écologie. Autant de thèmes qui reflètent les différents défis caractéristiques de notre époque, et dessinent ses limites et ses spécificités, dont s'emparent ici les intervenants. Qu'ils soient philosophes, chimistes, historiens, économistes, anthropologues, chacun apporte un point de vue éclairant sur le sujet. Cet ouvrage est le résultat d'un an de réflexion au sein de l'ASMP autour d'un thème qui met en lumière des grandes questions, intemporelles ou actuelles, qui nous concernent tous.
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«On n'a pas besoin de métaphysique, et encore moins de sa version populaire, la religion. Il suffit d'une bonne morale pour savoir quoi faire, d'un droit et d'une politique efficaces pour la faire respecter.» Cela a pu être vrai, et cela reste vrai là où il s'agit de fournir des règles pour que les hommes vivent en paix les uns avec les autres. Mais aujourd'hui, l'homme a réalisé le projet moderne et pris son destin en main. Il peut décider librement d'être ou de ne pas être. Désormais, une nouvelle question se pose : celle de la légitimité de l'humain. Il ne suffit pas que la vie soit agréable ou intéressante pour ceux qui sont déjà vivants - ce que nul ne nie. Il faut encore que la vie soit un bien tellement grand que l'on ait le droit d'y appeler d'autres. Et affirmer que l'être vaut toujours mieux que le néant, c'est une décision métaphysique. Pour que la vie humaine reste possible, il faut donc une métaphysique forte. La métaphysique n'est pas, ou plus, un édifice dans les nuages. Elle est devenue l'infrastructure même de la vie humaine. «Animal métaphysique», l'homme est en train de le devenir le plus littéralement du monde.
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Dans ce livre, qui n'avait jamais été traduit en français, Étienne GILSON, pour étudier le problème métaphysique de Dieu, brosse un panorama des rapports entre la philosophie et l'idée que les hommes se sont fait de Dieu. Partant de la philosophie grecque, il aborde successivement la philosophie chrétienne, la philosophie moderne et la pensée scientifique contemporaine. Sa grande culture et sa profonde vision métaphysique lui permettent de synthétiser en quelques pages la pensée philosophique d'auteurs aussi divers que Platon, Plotin, saint Augustin, saint Thomas, Descartes ou Spinoza.
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L'homme démantelé : Comment le numérique consume nos existences
Baptiste Detombe, Rémi Brague
- Artège
- 7 Mai 2025
- 9791033616337
Une tragédie se joue sous nos yeux, nous dit le jeune penseurBaptiste Detombe : le sacrifice d'une génération dévorée par l'ogrenumérique.Nous assistons ainsi au démantèlement de l'homme : l'enfance n'aplus accès ni à l'émerveillement ni à l'innocence, la jeunesse estprivée de sa fougue comme de ses premières expériences, l'âge adulteest cantonné à l'insatisfaction permanente, tandis que la vieillesse estjugée dépassée.À s'enfermer dans « ses communautés », l'homme est condamnéau conformisme et à mesurer chaque jour « sa valeur » aux yeuxde celles-ci. De sujet, il devient objet. D'homme libre et digne, ildevient marchandise et, avec elle, la singularité humaine s'abaisse etse consume dans ce même mouvement mercantile.Comment surmonter ce bouleversement anthropologique, cettedisparition de l'émerveillement ? Un autre monde est pourtantpossible, à portée de mains. La culture comme moyen de sortir desoi, la singularité du christianisme comme religion de l'incarnation,la force de la décision politique, notre propre vie intérieure ouverte à l'espérance sont à même de redonner à l'homme toute sa plénitude fondatrice.
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Critique impitoyable de son époque, Chesterton n'hésitait pas à voir dans les valeurs du monde moderne des « vérités chrétiennes devenues folles ». Dans le sillage de l'écrivain anglais, Rémi Brague n'hésite pas à reprendre cette expression en ouverture de son propos. Car le problème avec la modernité, selon lui, c'est que nous ne considérons plus le monde créé et l'humanité comme un don intrinsèquement précieux. Nous ne savons plus pourquoi nous poursuivons le Bien, privés que nous sommes de toute référence ultime. Les développements positifs de la modernité dont nous bénéficions - la santé, la liberté, la connaissance ou la paix - n'obéissent plus à une dynamique rationnelle, car même la notion d'existence humaine est remise en question. Face à cela pourtant, un sursaut est possible, le désespoir n'a rien d'une fatalité. Se référant aux auteurs médiévaux, Rémi Brague plaide ici, non pour un retour à un Moyen Âge obscur, mais pour que nous retrouvions un sens plus juste de l'homme et du monde, sans évacuer la question de Dieu. Oui, il est possible de guérir les « vérités folles »... AUTEUR Rémi Brague, de l'Institut, est philosophe. Il a notamment publié chez Flammarion Modérément moderne (2014) et Sur la religion (2018), ainsi qu'un livre d'entretiens chez Salvator, Où va l'histoire ? (2016).
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Où va l'histoire ? entretiens avec Giulio Brotti
Rémi Brague
- Salvator
- Forum
- 12 Mai 2016
- 9782706713637
C'est peu dire que notre époque se caractérise par un sentiment de lassitude et de scepticisme à l'égard de l'histoire humaine : on considère même comme naïve la tentative d'y retrouver des lueurs de sens ou des raisons d'espérer. Dans cet entretien avec Giulio Brotti, Rémi Brague se livre à un examen sans concession de cette attitude, contestant avec force bien des stéréotypes sur la relation que nous autres postmodernes entretenons avec nos racines. Les considérations philosophiques sont étroitement liées ici aux questions les plus concrètes, de dramatique actualité, comme celles de la coexistence entre les grandes religions, de la possibilité d'un dialogue avec l'islam, de la « vocation » de l'Europe, de l'avenir des biotechnologies et de la tentation - qui s'insinue dans la culture de notre temps - d'« en finir avec l'homme », au nom d'un idéal de perfection mortifère. Ce livre est aussi l'occasion pour Rémi Brague de revenir sur son parcours intellectuel, lui qui se définit volontiers comme « modérément moderne », selon l'expression d'une de ses publications récentes.
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Revue Communio n.50 : Le don de la communion
Jan-Heiner Tück, Jean-Robert Armogathe, Emilie Tardivel, Francis Russell Hittinger, Florent Urfels, Andres Di Cio, Jean Duchesne, Tibor Gorfol, Rémi Brague, Ivan Ilin, Marie-Eve Benoteau-Alexandre, Christophe Bourgeois
- Communio
- Revue Communio
- 10 Avril 2025
- 9782494087088
La société est morcelée, l'unique vérité divisée. Pour qui ne s'y résigne pas et cherche l'amour qui rassemble, il faut trouver comment fonder l'authentique communion. La réponse à cette quête ne peut être qu'un don - que Dieu a par avance communiqué aux hommes. Pour fêter ses cinquante ans, l'édition francophone de Communio (1975-2025) revient sur cette intuition de Hans Urs von Balthasar. Avec les contributions de Rémi Brague, Jean-Luc Marion, Émilie Tardivel, Jean-Robert Armogathe, Florent Urfels, Nathan Betz, Christophe Bourgeois, Ivan Ilin et le cardinal Kurt Koch. Deux entretiens exceptionnels, avec l'écrivain Pierre Michon et avec Francis Russell Hittinger. Pour compléter ce numéro-anniversaire, plusieurs contributions françaises et étrangères évoquent l'actualité du programme de Communio pour répondre aux défis contemporains - avec notamment des articles de Corinne Marion, Jean Duchesne, Jan-Heiner Tück, Lambert Hendricks, Andres di Ció, Tibor Görföl.
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L'oeuvre d'Aristote fait la synthèse du courant de la pensée grecque dont l'influence domine toute l'histoire de la métaphysique. Ses choix continuent d'orienter la tradition philosophique ; il importe donc de les voir comme tels, dans ce qu'ils ont de décisif, mais aussi de problématique. Les plus importants se regroupent autour du concept de " monde ". Ce terme désigne soit l'ensemble de ce qui est présent en son arrangement ordonné, soit, de façon plus énigmatique, ce dans quoi nous sommes, ce à quoi nous venons en naissant -; notre présence irréductible à tout autre dans le monde. Fascinée par le concept cosmologique de monde, la pensée grecque a le plus souvent enjambé son concept phénoménologique. L'oeuvre d'Aristote témoigne ainsi du refoulement du second par le premier : la présence durable de l'univers devient le modèle de ce que signifie " être ". La façon dont nous " sommes " est alors masquée au profit d'un étant particulier, l'homme. À chaque fois, le caractère total de la présence le cède à un étant souverain : la sphère cosmique englobe l'univers, l'homme récapitule le vivant, la contemplation accomplit l'activité. Aristote laisse pourtant deviner aussi le concept phénoménologique de monde qui lui fournit son point de départ : la théologie de la pensée de la pensée, l'ontologie de l'acte et du mouvement, la psychologie de l'intellect agent transposent, mais évitent aussi bien l'expérience que nous faisons de notre être-dans-le-monde. -- The works of Aristotle synthesize Greek philosophy, whose influence has dominated the history of metaphysics. His choices continue to guide philosophical tradition; it is therefore important to see his work in view of its decisive but also its problematic content. His most important works are focused on the concept of 'world'. This term refers either to the ensemble of what is present in the world's formal arrangement, or, in a more enigmatic vision, what we exist in, what we come into when we are born - our irrefutable presence to all others. Fascinated by the cosmological concept of the world, Greek philosophy often skipped over its phenomenological concept. The work of Aristotle is a testimony of the former eclipsing the latter: the lasting presence of the universe becomes the model for what 'being' signifies. The way we 'are' is masked by a particular being: Man. In every instance, the total nature of presence gives way to a sovereign being: the cosmic sphere encompasses the universe; man sums up living things; contemplation fulfils activity. Yet Aristotle also implicitly evokes the phenomenological concept of the world, which gives him his departure point: the theology of thinking about thinking; the ontology of the act and movement; the psychology of the agent intellect, transpose, but also avoid the experience we make of our being-in-the-world.
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Comment la philosophie ancienne est-elle née ? Comment s'est-elle imposée en Grèce ? Comment s'est-elle peu à peu émancipée du mythe ? Explorant les concepts et le déploiement de cette philosophie en train de se faire, qui caractérise les premiers temps de la pensée, Rémi Brague nous convie à un dialogue passionnant avec les plus grands auteurs - de Parménide aux Stoïciens en passant par Platon et Aristote - traçant ainsi un chemin entre passé et présent, indispensable à quiconque veut commencer à comprendre la philosophie.
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Articles et contributions à des colloques, revus, sur les thèmes communs aux philosophes médiévaux des cultures chrétienne, juive et musulmane, leurs rapports avec la religion, l'apport de la philosophie médiévale au monde moderne, etc...
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A l heure du dialogue interreligieux, à un moment où la religion musulmane se rend de plus en plus visible, il apparaît nécessaire de trouver un chemin sûr entre deux écueils. Tout d abord, le chrétien ne peut s enfermer dans un splendide isolement et refuser de reconnaître ce que les autres sagesses et traditions religieuses peuvent enseigner de juste et de vrai. En sens inverse, le risque existe de tomber dans un relativisme qui n a, en fait, que l apparence du dialogue. C est pour mettre en lumière ce que le visage de Dieu a d original pour les chrétiens que, chacun à sa façon, les deux auteurs nous invitent à sortir des confusions et approximations, trop courantes aujourd hui.