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vincent pieri
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Classiques du XIXème
Emmanuelle de Boysson, Valentine Del moral, Vincent Pieri, François Taillandier, Sigolène Vinson
- Plon
- 12 Mai 2022
- 9782259310833
François Taillandier se souvient de sa découverte émerveillée de Balzac à l'âge où ses camarades se passionnaient pour le football. Sigolène Vinson raconte comment Victor Hugo a nourri son adolescence dans la corne de l'Afrique. Valentine del Moral nous évoque un Zola intime, comme elle parlerait d'un ami. Vincent Pieri s'interroge sur l'amour déraisonné qu'il éprouve pour Flaubert. Emmanuelle de Boysson, enfin, prétend avoir parlé à un certain Henri Beyle sur les bords du lac de Côme : le spectre de Stendhal ?
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Jean est violoncelliste et joue dans les plus grands orches- tres. Mais il entend en permanence une voix étrange et sublime.
Elle le comble par sa perfection autant qu'elle l'obsède par sa présence entêtante. Jean est sujet à des crises violentes et n'est pas loin de sombrer dans la folie. Son ami Nathanël, un luthier Gitan, intervient alors. Il le met dans un train, et l'envoie vers le Sud, vers un étrange personnage, un certain Manuel d'Algirdas, qui pourrait l'apaiser. Nathanaël ne peut pas accompagner son ami, car il a depuis longtemps été banni par sa famille. C'est donc seul que Jean ira à la recherche de ce « guérisseur » connu de tous mais difficile à trouver, à la découverte d'un monde in- connu de lui, celui des Gitans, à la fois inquiétant et fascinant, avec ses codes sévères et ses rituels étranges.
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« Dans quatorze minutes, je suis dehors, sans argent, et je n'ai plus qu'une seule cigarette. Il va falloir renflouer les caisses, aller faire la manche. La corvée. Récupérer une quinzaine d'euros : cinq pour les clopes, sept pour ce soir et trois pour demain. Je déteste mendier. Ce n'est pas tant le geste, la position humiliante qui me gêne. Non, ça, on s'y fait, avec le temps. Mais les regards. Mauvaise humeur, haine, pitié écoeurante, terreur, tous les sentiments les plus dégueulasses y passent. Ce qui m'atteint le plus, c'est cette indifférence feinte, ce coup d'oeil rapide, en coin, avant d'accélérer le pas, cette peur de me regarder dans les yeux, comme un des leurs. » Au métro Rome, au coeur de l'hiver, un clochard écrit son journal : il y raconte ses journées et ses nuits, les passants, les humiliations et les petites victoires quotidiennes contre le froid, la faim, contre les autres aussi. Parmi tous les visages qui défilent sur le quai de sa station et qu'il se plaît à observer, l'un se détache, relié à son passé, celui d'une jeune musicienne qu'il guette tous les jours, pour le simple plaisir de la voir passer.
Au fil des pages, sa vie d'avant la rue ressurgit par bribes et prend une place de plus en plus importante. Il était pianiste, autrefois, plutôt doué, mais il n'a pas su saisir sa chance. Il est devenu l'accompagnateur d'Ariane, jeune violoncelliste prodige mais instable, et a fini par apprendre son lourd secret : depuis un malaise sur scène, elle ne ressent plus rien ; elle mène ses auditeurs à des émotions inouïes, mais elle-même n'en éprouve plus.
Un événement tragique et mystérieux a fini par les séparer, de manière irrévocable, et c'est ce que le personnage cherche à oublier en dormant, en buvant de plus en plus, en s'enfouissant dans des musiques mentales.
Porté par une langue tour à tour crue et poétique, Station Rome est un roman âpre qui ne peut pas laisser indifférent. Le lecteur est tenu en haleine jusqu'aux toutes dernières pages et la révélation finale, différée avec un art consommé de la tension dramatique, ne peut que le surprendre.