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yves di manno
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Les techniciens du sacré : Anthologie de Jérôme Rothenberg
Jerome Rothenberg
- Corti
- Littérature Étrangère
- 20 Mars 2025
- 9782714313560
Chants maoris ou altaïques, cérémonies indiennes, épopées et louanges d'Afrique, hymnes d'Egypte ou du Pérou, cosmogonies d'Asie centrale, du pays Dogon, d'Australie, légendes d'Irlande et de Chine, inscriptions sumériennes, rites de possession, définitions aztèques, «?poèmes en prose?» esquimaux...
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À la fin des années 1920, George Oppen rencontre Charles Reznikoff et Louis Zukofsky, avec lesquels il fonde la confrérie secrète des « objectivistes », dans le sillage d'Ezra Pound et de William Carlos Williams. Avec Mary, la compagne de sa vie, il s'établit près de Toulon en 1930. C'est en France que seront d'abord imprimés les livres de l'Objectivist Press, avant le retour à New York et la publication de son premier recueil : Discrete Series, en 1934. L'année suivante, Oppen adhère au Parti communiste américain et cesse d'écrire pour se consacrer à ses activités militantes. Après la guerre, victimes de la répression maccarthyste, George et Mary Oppen sont contraints de s'exiler au Mexique, où ils vivront jusqu'à la fin des années 1950. C'est là qu'Oppen renoue avec l'écriture, après vingt-cinq ans de silence.
« Je garde de cette lecture inaugurale un souvenir ébloui. Cette oeuvre était d'une concision et d'une densité exemplaires. Et elle s'accompagnait d'une exigence d'écriture que les derniers poèmes poussaient à l'extrême, en démembrant la syntaxe et les vers pour mieux en souligner le vacillement central, l'absence de certitude et l'avancée inquiète, obstinée, parallèle, vers des territoires qui avaient toutes les apparences d'un nouveau monde prosodique. » (Yves di Manno). -
La découverte inattendue d'un ensemble de 21 poèmes de George Oppen, datant de la fin des années 20, n'est évidemment pas un mince événement, étant donné le peu de données concrètes dont nous disposons concernant cette période fondatrice de l'oeuvre du poète américain.
New Directions a publié en 2017, dans sa collection de « Poetry Pamphlets », une première édition de ces 21 Poems, présentés par David Hobbs. C'est bien sûr ce texte dont nous proposons la traduction en ouverture du présent volume. Mais nous avons profité de la circonstance pour compléter notre travail antérieur.
Lors de la publication de la Poésie complète de George Oppen en 2011, dans cette même collection, nous avions écarté les deux sections de poèmes épars (Uncollected Poems) ou inédits (Unpublished Poems) que Michael Davidson avait regroupés à la fin de son édition des New Collected Poems. La découverte de cette séquence de jeunesse nous a donné l'opportunité de réunir dans le présent volume l'ensemble de ces poèmes retrouvés. Il nous a paru approprié de leur adjoindre les 26 fragments posthumes, regroupant les notes qu'Oppen avait épinglées dans sa chambre, à la fin de son existence, et que Mary, son épouse, a recueillies après sa mort.
Avec cet ensemble désormais exhaustif, qui vient s'arrimer au navire principal de la Poésie complète, le lecteur français dispose donc de la totalité d'une oeuvre poétique qui s'impose avec une évidence croissante à mesure que s'éloigne le siècle dont elle est l'une des émanations les plus poignantes.
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Un nouveau monde ; poésies en France, 1960-2010
Yves Di Manno, Isabelle Garron
- Flammarion
- Mille Et Une Pages
- 22 Février 2017
- 9782081272651
Un panorama de la poésie en France depuis 1960, regroupant une centaine d'auteurs sur trois générations, d'une grande diversité. Offre aussi un récit chronologique retraçant les moments forts de cette histoire et des notices sur les auteurs. L'histoire et l'anthologie, complémentaires, permettent de comprendre les inflexions d'un mouvement collectif, les courants et les apports solitaires.
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Depuis la fin des années 1970 et sa traduction prémonitoire du Paterson de William Carlos Williams - la poésie nord-américaine occupe une place particulière dans le travail et la réflexion d'Yves di Manno : sans doute parce qu'elle permettait alors de définir un principe, une visée, et même de nouveaux modes de composition, très éloignés de notre tradition.
" Une poésie proche de l'archéologie, en quelque sorte, soucieuse de l'histoire épar-pillée des hommes et des formes qu'ils auront trouvées pour l'inscrire, dans une insaisissable durée. " Les Objets d'Amérique proposent une traversée personnelle de ce grand continent caché. On y trouvera des études sur la prosodie visuelle de W.C. Williams et le serial poem de Jack Spicer, une introduction aux Cantos d'Ezra Pound, une méditation sur l'ethnopoétique.
Mais aussi, insérés ici au titre de la critique active, quelques pages traduites des " objectivistes " (George Oppen, Louis Zukofsky), des extraits de L'ouverture du champ de Robert Duncan, un oracle de Jérôme Rothenberg, une image de Rachel Blau DuPlessis... Le livre s'ouvre sur une série d'autoportraits évoquant les liens de l'auteur avec ces oeuvres et le rôle de la traduction dans son propre parcours.
Il s'achève par un texte rétrospectif, L'Epopée entravée, qui retrace les étapes majeures de cette révolution poétique, de la fin du XIXe siècle à l'aube du XXIe.
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Les Tablettes se présentent comme la traduction de tablettes sumerio-akkadiennes vieilles de 4000 ans. Le Chercheur/Traducteur se propose au lecteur d'approcher certaines de ses importantes découvertes en accompagnant ses traductions de ses annotations et de ses commentaires.
Tout cela formerait un ouvrage - certes passionnant - d'assyriologie, s'il ne s'agissait d'une imposture! Le chercheur, le traducteur, les recherches savantes, les découvertes révolutionnaires, les tablettes vieilles de 4000 ans, tout cela est faux!
Ouvrage écrit sur plus de trente années, dans la grande tradition des long poems américains, Les Tablettes croisent génialement archéologie, anthropologie, philosophie, sémiologie et poétique. En interrogeant, via une imposture, les rapports qui régissent le réel au langage, Armand Schwerner explore les fondements mêmes de ce qui nous constitue en tant que sujet. Et, à l'époque où se développait un nouveau langage qui révolutionnerait notre rapport aux choses - l'informatique - il cherchait dans les origines de l'ancien ce qui ce fait de nous ce que nous sommes.
Mais aussi et surtout, tout en nous confrontant, aussi facétieusement que subtilement, à ces questions vertigineuses, il nous convie à une superbe leçon de poésie. Et c'est sans doute là que réside le tour de force de ses Tablettes. D'avoir réussi en quelque sorte à effacer ces milliers d'années qui nous séparent de ces premiers émois écrits, et de nous permettre de nous en émouvoir à nouveau. Comme si ces faux scribes étaient nos contemporains.
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Le poète a tout emprunté : terreau, pelle, gravier - et jusqu'à son vocabulaire Puis il a saisi l'épée (un jouet Surgi du passé) Et traversé les Terres en chantant Les étangs d'est en ouest Arrachant par poignées de ses poches Les pages déchirées Des cahiers qu'il jetait En riant vers le ciel
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Depuis une vingtaine d'années, et parallèlement à son oeuvre « proprement dite », Yves di Manno développe une réflexion très singulière autour des questions que soulève la poursuite de l'aventure poétique moderne, à la croisée de plusieurs héritages et des mutations qui caractérisent le monde actuel. Les premiers résultats de cette enquête attentive et impliquée ont été recueillis dans « endquote » (Flammarion, 1999) et Objets d'Amérique (Corti, 2009).
Terre ni ciel reprend cet arpentage sous un angle plus personnel, livrant même quelques fragments d'une « autobiographie de lecture » qui éclaire de manière inattendue le paysage contemporain, des rues affligées de Grenoble jusqu'aux rives du Gange : mais c'est pour mieux souligner l'émergence d'une nouvelle invention de la poésie dont l'auteur voudrait faire percevoir l'exigence et la richesse. Un long entretien au centre de l'ouvrage esquisse un premier bilan de cette déjà longue équipée, qui a bien sûr nécessité l'appui de quelques complices - comme ici J. Stéfan, P.L. Rossi, M. Bénézet, M. Etienne, I. Ch'Vavar, Ph. Beck ou N. Pesquès - mais aussi la traversée « éclairante et bouleversée » d'un territoire dont on ne mesure pas encore précisément les perspectives qu'il ouvre vers d'autres contrées intérieures, d'autres prosodies imaginables, d'autres vies à réinventer.
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digressions admettons que l'on donne à la nuit le temps d'imaginer la nuit - que la poésie cesse de réfléchir à l'aune des anciens «critères» - et reflète une terre plus essentielle dont précipitée la langue serait le don sacrificiel - admettons qu'il s'agisse à la croisée d'un ciel et du poème d'un monde sans lettres et dès lors moins de rhétorique que d'un plus inconcret - possible ? énoncé confondant le mur l'azur l'encre la neige : admettons qu'il soit ici question d'écrire et de vivre autrement -
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Une femme est seule ou presque face à la douleur - aux tourments dont elle est la proie, aux maladies qu'elle s'invente - et arpente sans les comprendre les infimes détours de son appartement : à moins qu'elle ne reste alitée, des jours durant, dans le silence et les ténèbres de sa chambre.
Son corps est trop présent.
Un homme qui pourrait l'avoir épousée s'absente, traverse des vallées, se perd dans les montagnes et les bourrasques de neige, passant des semaines loin d'elle et prétextant d'un travail astreignant pour s'inventer une vie solitaire, ascétique, irréelle.
Son corps est trop absent.
Entre eux, à mi-chemin, ouvrant les bras sans les atteindre, déjà reclus dans une écriture inaudible et muette, un enfant cherche à comprendre qui sont ces gens.
Qui disent être ses parents.
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Le Colloque de nuit
Paul-Louis Rossi, Philippe Beck, Yves Di Manno
- Le Temps Qu'Il Fait
- Littérature
- 7 Novembre 2000
- 9782868533388
Pour dire clairement les choses, il nous a paru qu'il était temps, concernant la Poésie (et la Littérature), d'interrompre cette sorte de fuite en avant qui caractérise l'Art de notre temps, et qui ne vise qu'à précipiter la destruction des formes - de l'intellect, et de la création.
Il est temps, nous semble-t-il, d'interroger à nouveau l'esthétique (et donc, la politique) et de tenter une définition neuve de la modernité. On ne verra ici qu'une organisation libre de la pensée. Il ne s'agit ni d'une déclaration, ni d'un manifeste. Mais d'un simple geste, destiné à indiquer que chacun peut l'accomplir et par là même se solidariser avec ceux qui veulent connaître le visage du futur que, tous, nous inventons.
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Yves di Manno a publié sept livres chez Flammarion, où il anime depuis 1994 la collection Poésie. Parallèlement à ses poèmes, il est l'auteur d'essais et de récits. Un nouveau traité de poétique : Terre ni ciel, paraît aux éditions Corti en même temps que la réédition de Champs. Du temps passe, un livre persiste - dont on espère qu'il aura su préserver dans sa lumière et ses ombres d'alors l'urgence qui l'avait dicté. À l'orée de son périple, et au fil d'une dizaine d'années, l'auteur imaginait un livre-de-poèmes qui aurait relevé d'une narration morcelée, traversant les strates de la conscience et explorant les espaces - intérieurs ou extérieurs- que l'écriture lui révélait. Le ciel était encore à l'orage, si les premières éclaircies s'annonçaient : il s'agissait aussi, dans ces temps agités, de repenser la poésie sur des bases nouvelles, dans l'espoir qu'elle participe à une mutation plus essentielle de la «réalité». C'est Bernard Noël qui avait accueilli Champs dans la collection «Textes», voici tout juste trente ans. Cette nouvelle édition propose la version définitive (et élaguée) des deux volumes parus chez Flammarion en 1984 et 1987.
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Un homme était seul et regardait une île. Le vent était tombé, dans le ciel ne passait aucun oiseau, la barque qui avait remonté le fleuve jusqu'à l'embouchure de la baie disparaissait au loin, sans rame ni rameur. La rumeur qui montait vers le ciel dans le soir parlait de rives et de terres qu'un autre homme aurait pu nommer, s'il l'avait su - ou cru - dans une langue sans objet dont il avait eu soin d'oublier chaque lettre, et l'écriture, et le tracé. Quiconque l'aurait su, dans la nuit primitive, et façonner de ses mains dans l'argile une brique, un vase, un bol ou un mortier. Puis tracer dans l'abri, sur l'encre des nuages, le signe de l'orage, les prémices du coq ou du faucon, et la mémoire de l'alphabet. Un autre jour alors aurait pu se lever, et les navires tanguer sur cette plage au cours d'un nouveau siècle. Mais lui s'était couché, bien avant l'aube et l'ultime murmure d'un caboteur, regardant le ciel vide, et la jetée, et la faible lueur au loin d'un phare, d'un édifice, d'une cité.
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Le but premier de ce livre était de restituer sur l'instant, pour le lecteur moderne, des mots gravés voici des centaines d'années mais dont le message (c'est-à-dire la forme ET le sens) me semblait toujours actuel, contemporain, universel. Et d'échapper parallèlement, quant au Poème, à toute donnée biographique, à toute inspiration subjective, toute demeure «centrale» ou secrète - l'auteur travaillant dès lors un matériau commun (ou collectif, ou anonyme si l'on préfère) qu'il n'avait plus qu'à distordre, reconstruire, émonder, jusqu'à ce que les textes atteignent sans lui à leur plus juste forme - ce que je serais tenté de nommer aujourd'hui, une fois le livre achevé, derrière le masque du vers et l'absence innée de sujet - la vraie lumière de poésie...
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Architecte, Paul Dalhmann est nommé pour une mission au Cambodge. Quelque temps après son arrivée, il découvre par hasard un fragment de bas-relief et décide d'en déterminer la provenance. Mais ce qui débute comme une simple enquête archéologique se trouble progressivement : l'énigme de la pierre sculptée semble renvoyer Dalhmann aux cendres d'un secret qu'il espérait scellé. Retrouvera-t-il, au-delà des ruines d'Angkor, dans une forêt jonchée de cadavres et de stèles ensanglantées, le temple qu'il recherche, sur la montagne sacrée où a été fondé l'empire khmer ? Renouant avec la tradition du réalisme magique, La Montagne rituelle est un roman d'aventures à l'écriture envoûtée, mais aussi un voyage initiatique où passé et présent se confondent, dans l'émergence d'une vérité dévastée.
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C'est sans doute vers un seul paysage - immuable, tangible - que l'on s'avance en écrivant et que le poème sans fin recommencé tente de circonscrire - en vue d'une lumière, ou d'un apaisement. Un Pré, donc - où aurait eu lieu une scène que l'on hésite à transcrire mais dont l'ombre ne cesse de planer, dans la nuit arrêtée, comme un long cri muet. Et dont l'image se répète, au fil des ans : on se dirige obstinément vers elle, sans l'atteindre jamais. Trouée dans le décor - et dans la prose ordinaire- le poème reproduit cette marche immobile, inventant pour la décrire un nouveau tracé prosodique, dont on percevra peut-être ici l'avancée : car si ce sont des corps qui tombent, à la croisée des pages, le périple menant au Pré fut bien d'abord ce chemin vers qui nous y reconduit sans cesse - avant la traversée.
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Prose poétique d'une exceptionnelle beauté, Discipline est un court récit hanté par le blanc, le sang, la grâce et la violence.
Nuit. Lenteur. Répétition.
Il s'avance, cherche à la rejoindre.
Elle hésite, le regarde.
Les corps s'étreignent. La chambre s'élargit dans l'outremer.
Cauchemar.
Ils sont sur les litières. Blafards. Démantelés.
Est-ce la même nuit que le texte tente de fixer, ou s'agit-il de sept nuits ? De sept songes oe
Les images circulent. Les impressions se superposent. Elles ne sont ni toutes à fait les mêmes ni tout à fait différentes.
Par cette écriture aussi somptueuse que rare, Yves di Manno signe un texte ébloui. Ses phrases, dénudées, s'assemblent en une danse envoûtante.
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Le fouet s'abat pour la seconde fois
et accroupis ils dansent
les femmes les chevauchent et mangent
les orties.
Un chien lèche sa plaie. -
(Au poème l'ordre incessant, l'affirmation d'un règne, le bonheur de la soumission. A l'Etranger l'amour d'une patrie - au rebelle la Loi - au Muet la science des danses - et l'initiation douloureuse où le Poème nous ramène.)
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" Ce que Prison veut dire ? " Combat de l'être avec lui-même, duel interne sur fond d'Apocalypse urbaine. La figure amoureuse, ici asiatique, lointaine, prend un temps le rôle de la liberté, mais " nous sommes ramenés devant l'ensemble des Machines fouillant nos blessures ".
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