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Histoire de l'Italie : Des origines à nos jours
Pierre Milza
- Fayard
- Divers Histoire
- 12 Octobre 2005
- 9782213623917
Y a-t-il en Europe une terre qui ait connu en quatre millénaires davantage de bouleversements que l'Italie ? La Péninsule aura expérimenté tous les modèles d'organisation politique et elle les a souvent exportés. Elle aura subi aussi, de tous temps, des bouleversements démographiques et des brassages sans équivalents combien d'invasions, d'occupations, de descentes, de raids ? Quel invraisemblable empilement de civilisations sur un même sol, où presque tous les peuples du continent et tous les empires se sont un jour donné rendez-vous.
En dépit de cette instabilité, c'est en vain qu'on chercherait une époque où l'Italie aurait cessé d'illustrer le génie humain : de l'Empire romain à la Cité-Etat, du latin au toscan qui a été fixé bien avant les autres langues vernaculaires, des sciences à la peinture et à la sculpture, de l'architecture au cinéma et à la musique, etc., elle n'a pas souffert d'avoir eu dix ou douze villes capitales rivales (la France n'en a jamais eu qu'une seule !), au contraire, elle en a fait une force qui l'a transformée en institutrice des autres nations qu'elle féconde depuis des siècles et des siècles... A la différence de quelques autres « miracles » que les historiens relèvent ici ou là dans l'espace et le temps mais qui sont souvent éphémères, le miracle italien est permanent.
Il fallait toutes les connaissances, toute la culture et toutes les affinités électives de Pierre Milza avec le pays de ses aïeux pour faire le récit le plus documenté et le plus vivant qui soit de cette histoire longue et complexe. De l'âge du bronze à Berlusconi, il guide son lecteur sur tous les fronts : l'événement bien sûr, le portrait d'une longue cohorte d'hommes d'exception, mais aussi la civilisation, c'est-à-dire les champs culturel et spirituel. Le biographe de Mussolini accomplit, en à peine un millier de pages, un véritable tour de force qui fait de cette somme le livre de chevet des francophones qui visitent l'Italie, qui travaillent avec elle, qui aiment leur « soeur latine » et veulent la comprendre. -
Qui était Francisco Franco Bahamonde, dernier survivant parmi les grands dictateurs du xxe siècle, né en 1892 et mort en 1975? «Un militaire chimiquement pur», répondait un prêtre qui le connaissait depuis l'enfance. À l'âge des radars et des fusées, des missiles atomiques et des bombes à laser, pouvons-nous comprendre un militaire du temps de la baïonnette?
À travers ce portrait qu'il travaille comme il l'a fait pour Colette et Dostoïevski, Michel del Castillo longe et commente les grandes étapes de la vie de Franco, enfance, études, guerre coloniale au Maroc, direction de l'académie de Saragosse, etc. Il ne traite pas directement de la guerre, mais l'évoque par rubriques: soulèvement des gauches, mort de la République, les partis et l'État, la Phalange, l'Église, la répression, les Juifs, la nuit noire, sans oublier la reconnaissance internationale, le décollage économique, l'instauration de la monarchie avec Juan Carlos, l'épilogue interminable de la mort...
Attentif au mouvement d'une vie, Le Temps de Franco brosse à travers l'homme un demi-siècle de l'histoire d'un pays. Ce témoignage hautement littéraire est l'analyse d'un mythe non dénué d'une ironie amère envers les légendes, affabulations et trompe-l'oeil auxquels il a donné lieu.
Né à Madrid, de père français et de mère espagnole, Michel del Castillo a évoqué son enfance et son adolescence chaotiques dans nombre de ses livres. Membre de l'Académie royale de Belgique, de nombreux prix ont couronné son oeuvre, dont récemment le prix des Écrivains croyants, reçu pour La Vie mentie (Fayard, 2007). -
Sauvegarder la grandeur de la France tout en faisant le bonheur des Français: le défi qu'eut à relever en 1715 Philippe d'Orléans, neveu de Louis XIV, était redoutable. Il s'en acquitta avec un sérieux et un succès que l'on a longtemps niés, oubliés ou dénigrés. Si nul aujourd'hui ne s'avise plus d'en faire un ambitieux ayant empoisonné une partie de la descendance du Grand Roi pour s'emparer du pouvoir, on le voit encore volontiers sous les traits d'un libertin veule, blasé de lui-même et de son rang, se désintéressant de l'Etat, bref comme ordonnateur des plaisirs d'une société raffinée mais corrompue, alors que se multipliaient les signes avant-coureurs de la Révolution.
Ce cliché reste bien léger. Comment ne pas voir que le Régent, personnalité complexe et insaisissable, fut un prince à l'intelligence lumineuse, aux dons aussi surprenants que multiples, curieux de tout, et aussi un travailleur acharné, un soldat brillant en même temps qu'un politique d'une habileté extrême
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Les Romanov ; une dynastie sous le règne du sang
Hélène Carrère d'Encausse
- Fayard
- Biographies Historiques
- 15 Mai 2013
- 9782213677590
En 1613, les Romanov ont été portés sur le trône de Russie à l'issue de siècles tragiques où le pouvoir a été transmis ou conquis par le meurtre. De 1613 à 1917, quinze souverains dont trois femmes ont incarné la dynastie. Les Romanov ont gouverné un empire devenu le pays le plus étendu du monde - ce qu'il est encore en 2013. Cette dynastie exceptionnellement brillante, certains empereurs - Pierre le Grand, Catherine II, Alexandre II - comptent parmi les plus hautes figures de l'histoire universelle, a permis à la Russie de devenir une très grande puissance européenne puis mondiale. Pourtant, le sang n'a cessé de couler au pied du trône. De là, trois questions, l'histoire russe a-t-elle créé les conditions de cette violence ininterrompue ? Le destin tragique de cette dynastie était-il écrit dans son passé : invasions, cultures, religions diverses qui se mêlaient sur la terre russe ? Ce rapport inédit du pouvoir légitime et de la violence conduisait-il inéluctablement à la tragédie finale et au système totalitaire dont la capacité de durer et la violence furent non moins exceptionnelles ?Historienne de la Russie, Hélène Carrère d'Encausse est membre de l'Académie française depuis 1991 où elle a été élue Secrétaire perpétuel en 1999. Elle a reçu le prix Aujourd'hui pour L'Empire éclaté (Flammarion) en 1978, le prix Louise-Weiss en 1987, et le prix Comenius en 1992 pour l'ensemble de son oeuvre. Sa biographie de Nicolas II (Fayard 1996) a obtenu le prix des Ambassadeurs en 1997.
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« Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! » Loin de donner les clés de l?énigme, cette exclamation d?un magistrat du parlement de Paris montre l?importance d?une affaire marquée au coin de l?invraisemblance. Quel auteur dramatique aurait imaginé un scénario mettant en scène la reine Marie-Antoinette et le cardinal prince de Rohan, grand aumônier de France, avec une bande d?aventuriers et de charlatans tels que Cagliostro ? Le scandale dépassait largement l?imbroglio romanesque des liaisons dangereuses et des intrigues de cour où la politique, l?escroquerie et le sexe se trouvaient étroitement mêlés. Le retentissant procès qui s?ensuivit fut pourtant un véritable procès politique, mettant en cause le régime, la société et la personne de la reine. Cette étrange aventure projetait sous les feux de l?actualité une société aristocratique isolée du monde extérieur, prête à n?importe quelle extravagance pour échapper à l?ennui qui la délitait. Révélée dans sa faiblesse, elle se profilait comme un bouc émissaire à abattre. Evelyne Lever a repris toutes les pièces de la procédure, interrogé les écrits du temps relatifs à cet événement, qui « remplit d?épouvante » le jeune Goethe « comme l?aurait fait la tête de Méduse ».
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Voyage en Europe ; de Charlemagne à nos jours
François Reynaert
- Fayard
- 23 Janvier 2019
- 9782213711423
Notre histoire est européenne S'arrêter face au trône de Charlemagne, dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, pour rêver d'un empire qui fonda l'Europe. Se promener dans les rues de Nuremberg, de Bruges, de Gênes pour raconter la résurrection des villes et l'invention de l'économie, au Moyen Âge. Arpenter les falaises de Sagres, au sud du Portugal, pour imaginer le prince Henri le Navigateur guettant à l'horizon le retour des caravelles. Retrouver, en Pologne, le chanoine Copernic, qui chamboula notre rapport à l'univers. Chercher, dans les couloirs de Westminster, l'âme du parlementarisme et dans la salle du Jeu de Paume à Versailles celle de la Révolution française. Profiter d'une promenade d'un bout du continent à l'autre, pour explorer son passé.
En ce début de XXIe siècle, les passions nationales flambent de nouveau. Nombre d'Européens n'imaginent plus l'avenir que dans le repli alors que notre histoire est indissociable de celle du continent. Un Espagnol et un Polonais, un Allemand et un Français ont en commun le Moyen Âge et ses châteaux, la Renaissance, les Lumières, les bouleversements consécutifs à la Révolution française, la révolution industrielle, les deux guerres mondiales. C'est une évidence, et elle est oubliée. Le but de cette promenade est de lui redonner force et vie.
François Reynaert est journaliste et écrivain. Le premier livre d'histoire qu'il a publié, Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises (2010), est devenu un best-seller. Avec La Grande Histoire du monde arabe (2013), puis La Grande Histoire du monde (2016, prix des lecteurs Essais 2018 du Livre de Poche), l'auteur continue d'inciter le lecteur à changer de regard sur le passé.
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Tout pousse Clément V, le Gascon sujet du Capétien et fidèle du Plantagenêt, à retarder son voyage vers Rome. Porté à la temporisation, effrayé par les troubles qui ne cessent d'agiter Rome, soucieux d'en finir d'abord avec tant d'affaires qui concernent la France et de les mettre à l'ordre du jour d'un concile, il s'installe en 1309 à Avignon, hors du royaume de France mais aux portes de celui-ci. Ses successeurs trouveront commode d'y demeurer. Ils en feront la capitale d'une énorme machine politique, administrative et financière largement dominée par les Français mais non aux ordres du roi de France.
La cour pontificale sera le foyer d'un rayonnement intellectuel et artistique sans précédent. Mais le pape d'Avignon, c'est d'abord le pape. Et « là où est le pape, là est Rome ». Les choses changent en 1378, quand une double élection donne à l'Église deux papes. Il en est un à Rome, un à Avignon. Ce Grand Schisme d'Occident sera pendant trente ans l'une des plus terribles épreuves de l'Église. L'Occident chrétien en sortira changé. -
Histoire du Portugal
Jean-françois Labourdette
- Fayard
- Biographies Historiques
- 1 Mars 2000
- 9782213605906
"Toutes les nations sont des mystères", écrivait Pessoa. Cette affirmation s'applique au Portugal plus qu'à toute autre. Comment, en effet, ce territoire sans unité naturelle et dont la population était si diverse est-il devenu l'un des premiers Etats-nations de l'Occident ? Comment expliquer que ce petit royaume se soit lancé dans les grandes découvertes qui allaient bouleverser l'Europe de la Renaissance ?
L'épopée singulière des Portugais se dessine au XIIe siècle, pendant la Reconquête, quand leur premier roi répand l'idée que Dieu l'a élu pour combattre les païens et les Infidèles. La vocation impériale, qui traverse toute l'histoire du Portugal, s'est nourrie de cet esprit de croisade, inséparable d'une forme particulière de messianisme, le sébastianisme.
Dès le XIVe siècle, les Portugais commencent à se lancer sur les mers. Sous le règne de Manuel de Fortuné, ils sont à la tête du plus grand empire maritime et commercial du monde, mais celui-ci sombre avec l'Union ibérique, imposée par Philippe II. Une autre chance s'offre au pays, qui retrouve son indépendance en 1640, grâce au sucre et à l'or du Brésil, mais ce deuxième empire s'effondre avec les invasions napoléoniennes. Pendant près de deux siècles, le Portugal cherche à fonder un empire en Afrique. Mais ni la monarchie, ni la courte expérience républicaine, ni la dictature militaire de Salazar ne peuvent ressusciter le rêve impérial. Jusqu'à la révolution des Oeillets, en 1974, le pays s'enfonce dans une irrémédiable décadence et s'accroche obstinément à ses derniers domaines d'outre-mer. Une nouvelle époque allait bientôt s'ouvrir : celle du Portugal européen.
Jean-François Labourdette est professeur émérite de l'université Charles-de-Gaulle-Lille-III. Spécialiste des relations internationales à l'époque moderne, il est aussi l'auteur de trois livres sur le Portugal.
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L'URSS n'est plus. Pourtant, son histoire nous concerne toujours, aujourd'hui plus que jamais. Une histoire longtemps impossible à écrire, non seulement faute de documents fiables, mais aussi parce qu'elle a été au coeur d'affrontements idéologiques qui, entre réquisitoire et apologie, ont largement contribué à occulter les soixante-quinze années qu'a duré le régime soviétique.
Il y a peu, l'ouverture des archives a de nouveau rendu
possible cette entreprise. Dans Le Siècle soviétique, Moshe Lewin s'attache à cerner ces années dans toute leur complexité. Multipliant les éclairages - démographie, économie, travail,
culture, camps et répression -, il nous conduit dans les
« entrailles » d'un système encore largement méconnu et bouscule les idées reçues sur les dirigeants, le parti-Etat ou encore la bureaucratie, pieuvre tentaculaire qui détenait le véritable
pouvoir.
Histoire sociale de l'URSS, Le Siècle soviétique montre que, même aux pires heures de la dictature stalinienne, la société a conservé, par de multiples biais, une certaine autonomie. Profondément rurale au début de la période, elle a aussi connu de gigantesques bouleversements, devenant en quelques
décennies une société moderne à dominante urbaine.
Aux antipodes d'une histoire linéaire, ce livre permet de prendre toute la mesure des continuités et des ruptures qui mènent, à travers un cheminement complexe, de la révolution fondatrice d'octobre 1917 à l'implosion finale, en passant par la dictature stalinienne et les impossibles réformes des années khrouchtchéviennes.
Né en 1921, Moshe Lewin a été, entre 1978 et 2000, professeur d'histoire à l'université de Pennsylvanie (Etats-Unis). Parmi ses ouvrages traduits en français : Le Dernier Combat de Lénine (Minuit, 1967), La Formation du système soviétique (Gallimard, 1987).
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Denis Paillard et Florence Prudhomme. -
Les discriminés ; l'antisémitisme soviétique après Staline
Sarah Fainberg
- Fayard
- 12 Mars 2014
- 9782213662848
L'Union soviétique s'est voulue le pays de l'égalité démocratique et de l'« amitié entre les peuples ». Pourtant, Lénine puis Staline ont initié des discriminations ethniques qui se cristallisèrent en racisme d'État. Certaines minorités, tels les Tchétchènes et les Tatars de Crimée, furent déportées quand d'autres furent promues. Les Juifs, d'abord bénéficiaires de la révolution, firent l'objet d'une violente répression officielle orchestrée par Staline après la Seconde Guerre mondiale. À la mort du Pharaon rouge, le Kremlin poursuivit à leur encontre un système tacite d'exclusion. Pourquoi l'empire soviétique a-t-il discriminé les Juifs jusqu'à sa chute en 1991 ? Et comment les victimes inventèrent-elles de nouveaux chemins pour survivre ? Cette enquête, forte d'entretiens menés auprès de quatre générations de Juifs originaires d'ex-URSS et d'archives inédites, dévoile la mécanique de ce monde kafkaïen où la pseudo-correction des inégalités devient une machine à broyer des minorités. Sarah Fainberg démonte les ressorts de la domination étatique, du racisme ordinaire et de la compétition interethnique, source de réflexion pour nos démocraties du XXIe siècle.
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Les impériaux, administrer et habiter l'Europe de Napoléon
Aurélien Lignereux
- Fayard
- 25 Septembre 2019
- 9782213710297
Taillé à coups de sabre dans le continent pour nourrir les guerres et venir à bout de l'Angleterre, et pourtant destiné à offrir aux Européens un espace de droit et de civilisation, le Grand Empire de Napoléon fascine autant par ses proportions que par les tensions qui le parcouraient. Or que sait-on des fonctionnaires chargés de lui donner corps ? Les états d'âme de ces hommes, à la fois missionnaires impériaux et pères de famille désorientés par de tels déplacements, sont ceux de toute une génération partagée entre souci de stabilité et désir de mobilité, et reflètent les contradictions d'une France portée à 130 départements, qui se construit simultanément en État-Nation et en État-Empire. En s'attachant à l'expérience sensible, sociale et culturelle de l'expatriation, ce livre entend réintégrer l'ère napoléonienne au sein d'une histoire toujours plus ouverte et connectée des circulations d'hommes et de savoirs.
L'enquête suit, pas à pas, une cohorte de 1 500 Impériaux, du préfet au préposé des douanes, depuis leur départ hors des vieilles frontières jusqu'à la mémoire d'un épisode ayant conjugué l'épreuve intime du dépaysement au sentiment gratifiant d'avoir écrit l'Histoire. Se dessinent alors une sociologie de ces agents happés par le marché impérial des emplois publics ainsi qu'une anthropologie de l'expatrié au fil d'une immersion au sein des correspondances privées. À leur retour en France, ces experts occupent des postes clefs dans les administrations fiscales, les Eaux et Forêts ou les Ponts et Chaussées ; la leçon qu'ils ont tirée de la domination napoléonienne contribue à redéfinir le rapport au monde de leurs compatriotes : ces praticiens du droit d'un peuple à disposer des autres se font, après 1815, les partisans du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tout en poussant au rebond mondial de l'expansionnisme français. -
La cour de France
Jean-françois Solnon
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 26 Août 1987
- 9782213020150
Pour beaucoup de nos contemporains, la Cour n'est qu'un lieu de divertissements et de plaisirs, les courtisans, des gens oisifs et inutiles. L'escadron volant de Catherine de Médicis, le scandale des Poisons, l'affaire du Collier résumeraient son histoire.En réalité, loin d'être un archaïsme, la cour de France est, depuis François Ier, une création de l'Etat moderne. Instrument de pacification nobiliaire, elle a permis à la monarchie de s'affermir. Foyer de culture et de civilisation, elle a été un modèle imité de l'Europe entière. Trois siècles durant, les Valois puis les Bourbons ont ainsi forgé une subtile mécanique, portée à son apogée par Louis XIV, rayonnante mais déjà dénaturée sous ses successeurs.Réfutant les légendes et les clichés, Jean-François Solnon montre dans cet ouvrage _ le premier consacré à la cour de France _ les forces et les faiblesses de l'institution la plus brillante des temps modernes. Tant il est vrai qu' "un monarque sans cour est un grand arbre déraciné que le moindre coup de vent renverse".Jean-François Solnon est maître de conférences à l'université de Franche-Comté.
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Ce livre survole les onze cent cinquante années d'histoire qui nous séparent des origines de la Russie. Initialement exposés à de multiples sources d'insécurité que le « joug tartare » des années 1248-1480 illustre parfaitement, les Russes se sont ensuite trouvés embarqués dans une vaste épopée impériale : de quoi sublimer leurs affres en grandeur, ont dit leurs chefs et leurs chantres. Et cela, en dépit du gros retard de développement d'abord créé par le « joug », perpétué ensuite par des modernisations trop politiques pour ne pas rester inachevées.
Au fil des siècles, le pays s'est ainsi éloigné d'une Europe à laquelle il avait appartenu mais qui s'est laissé gagner par la raison et la modernité, tandis que lui-même semblait voué à une orgueilleuse démesure. Pourtant, la Russie change progressivement elle aussi. Et la crise mondiale que nous subissons ensemble pourrait préparer son retour au sein de la famille européenne.
Mieux comprendre la Russie, si proche et si lointaine, en décryptant son histoire : telle est l'ambition de ce nouvel ouvrage de Georges Sokoloff.
Georges Sokoloff est professeur émérite des universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales et conseiller au CEPII (Centre d'études prospectives et d'informations internationales). Il a notamment publié L'Economie obéissante (Calmann-Lévy, 1976), The Economy of Detente (Berg, 1987), 1933, l'année noire (Albin Michel, 2000). Il est l'auteur aux éditions Fayard de La Puissance pauvre (1993) et de Métamorphose de la Russie (2003). -
La personnalité de Philippe II (né en 1527 et mort, il y a tout juste quatre siècles en 1598) ne laisse pas indifférent ; il n'a, à vrai dire, pas bonne presse et la "légende noire" forgée de son vivant par ses adversaires français, anglais et hollandais lui colle à la peau. Le présent ouvrage n'entend pas réhabiliter sa mémoire en offrant une nouvelle biographie, mais plutôt montrer comment quarante ans de gouvernement ont durablement engagé le destin de l'Espagne et de ses possessions. C'est sous l'égide de Philippe II qu'ont pris forme les grandes orientations politiques, économiques et idéologiques qui ont eu des effets profonds dans la péninsule et en Amérique.
La définition qu'on donne souvent de l'Espagne de ce temps - un empire au service de la Contre-Réforme - est à l'évidence trompeuse et réductrice. Ce qui la caractérise en effet ce n'est pas la défense acharnée du catholicisme, mais une volonté obstinée de puissance, l'obsession chez le roi de garder sa réputation d'homme le plus puissant de la chrétienté ; s'il a été intolérant, Philippe II ne l'a pas été davantage que les autres monarques de son temps. En revanche, pour protéger ce qui à ses yeux constituait un ensemble de droits patrimoniaux inaliénables - aux Pays-Bas, au Portugal et même en France -, il a compromis voire sacrifié les intérêts bien compris de l'Espagne.
Mettant en oeuvre une ample documentation et surtout faisant la synthèse de nombreuses recherches inédites en France, Joseph Pérez revient sur les idées recues et propose une appréciation radicalement nouvelle du règne de Philippe II.
Joseph Pérez est professeur honoraire de civilisation de l'Espagne et de l'Amérique latine à l'université de Bordeaux-III. Fondateur et premier directeur de la Maison des pays ibériques à Bordeaux, ancien directeur de la Casa de Velasquez de Madrid, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire et la culture espagnoles, en particulier d'Isabelle et Ferdinand, Rois Catholiques d'Espagne (Fayard, 1988) et de l'Histoire de l'Espagne (Fayard, 1996). -
Pirates et membres du Parlement, marchands et ménestrels, nobles et notaires, grandes dames enamourées, roturiers ambitieux, religieuses boudeuses: voilà les personnages de cette fresque de la seconde moitié du XVe siècle anglais, dans laquelle, avec son remarquable talent d'écriture, P.M. Kendall démontre que, contrairement à ce que l'on a longtemps soutenu, la guerre des Deux-Roses n'a pas été un plongeon dans l'anarchie mais bien une remontée des profondeurs de l'anarchie. L'histoire de l'Angleterre moderne ne commence pas avec les Tudors mais avec les York, en cette période d'équilibre et de prospérité qui suit les soulèvements de la fin du XIVe siècle et précède les temps difficiles et les rancoeurs du début du XVIe.Idées, attitudes, craintes, aspirations, la " vieille danse " de l'amour et de la mort, le costume, la tenue de la maison, en ville et à la campagne, les affaires: autant de sujets traités à partir de sources contemporaines, récits de voyageurs, correspondances, rapports des diplomates français et italiens, comptes privés et publics, testaments, etc., qui restituent la couleur et le parfum de l'époque.Professeur d'histoire et d'anglais, Paul Murray Kendall (1911-1973) a enseigné pendant plus de trente ans à l'université de l'Ohio, puis, après sa retraite, à l'université du Kansas. Il a consacré plusieurs ouvrages à l'histoire du XVe siècle, dont trois grandes biographies: Richard III, Louis XI et Warwick, le Faiseur de Rois.
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Depuis bien longtemps, l'Histoire de France est devenue une espèce de genre littéraire avec tout ce que cela comporte de conventions. Comment faire du neuf en accumulant toujours les mêmes événements censés avoir infléchi le destin du peuple français?Sur une trame légère _ mais bien présente _ de faits, Pierre Goubert a préféré donner de notre passé une vue cavalière qui lui permet de faire apparaître les lignes principales, les temps forts et les temps morts, donc de donner à un passé souvent trop figé du relief et de l'animation. Nourri d'histoire nouvelle (économie, démographie, mentalités), ce livre renouvelle en profondeur notre vision: il s'agit bien de la même histoire et du même peuple mais comme ils parlent mieux ici à l'intelligence et à l'imagination!Pour donner un manuel complet, l'auteur a également joint en annexe une chronologie précise, des tableaux généalogiques, une bibliographie, des cartes.Professeur d'université à Rennes puis à Paris, Pierre Goubert est l'un des pionniers de la démographie historique et l'un des meilleurs spécialistes du XVIIe siècle et de l'Ancien Régime. Sa thèse sur Beauvais et le Beauvaisis a fait date, tout comme ses ouvrages sur l'Ancien Régime, sur Louis XIV et vingt millions de Français et la Vie quotidienne des paysans au XVIIe siècle.
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L'Empire d'Eurasie : Une histoire de l'Empire Russe de 1552 à nos jours
Hélène Carrère d'Encausse
- Fayard
- 5 Octobre 2005
- 9782213623122
« Tout empire est condamné à périr ! » Celui de Russie constitue une extraordinaire exception à cette règle. Dans toute l?histoire des empires il fut l?un des plus vastes. Des plus durables aussi, battu seulement par les empires romain, byzantin et ottoman. Il est le seul qui ait péri (1917) puis se soit reconstitué pour reprendre ses conquêtes. Disparu encore une fois en 1992, il a laissé place à la Russie qui ressemble à maints égards à l?Empire tel qu?il naquit en 1552. Comme celui-ci, la Russie est étendue sur deux continents, l?Europe et l?Asie ; comme lui, elle conserve dans ses frontières une multitude de civilisations et de peuples différents. Comme lui, elle est un Etat chrétien, mais aussi formé de musulmans et même de bouddhistes ; et comme lui encore, la Russie doit assurer la paix de ce monde si divers. Elle doit aussi décider si elle est un Etat européen ou si elle est d?Eurasie.L?histoire agitée de cet empire devenu Russie pose une question décisive pour l?avenir du continent appelé Europe et pour celui de l?Union européenne qui s?interroge encore sur ses frontières. L?Eurasie est-elle une nouvelle entité des relations internationales au moment où tous les pays cherchent à rejoindre de grandes formations ? ou bien s?agit-il d?un ensemble déjà dépassé dont chaque composante s?en ira vers l?univers auquel elle appartient : l?Europe ou l?Asie ?Les questions posées par ce livre sont bien au coeur de l?actualité géopolitique des prochaines décennies.
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L'invention des Français ; du temps de nos folies gauloises
Jean-françois Kahn
- Fayard
- Documents Fayard
- 27 Février 2013
- 9782213668208
Entre 600 avant Jésus-Christ et 500 après, dans ce qu'on appelle aujourd'hui la France, que s'est-il passé ? Faites l'expérience, posez la question : au mieux on vous citera la défaite de Vercingétorix à Alésia et le baptême de Clovis. Le reste est comme un immense trou de plus de mille ans. Or, c'est au fond de ce trou, dans ce creuset, qu'en vérité tout se passe : que, d'un invraisemblable capharnaüm de bandes et de hordes, de tribus et de peuples, de cités et de nations, va peu à peu surgir, se cristalliser, s'affirmer quelque chose d'étrange, mille-pattes à mille têtes, qu'on appellera les Français. Aventure improbable, inouïe, parfois démentielle. Nul réalisateur hollywoodien n'oserait imaginer la dramaturgie de cette épopée dont Jean-François Kahn retrace ici la dynamique et l'effervescence, tant y tonitruent la fureur et l'hilarité, le fracas des armes et le sifflement des intrigues, l'héroïsme des sacrifices et l'ignominie des forfaitures, la fulgurance des intelligences et l'étalement des médiocrités. La France, déjà ! Incroyable roman vrai qui ne ressemble pas toujours, rarement même, à la chronique officielle qu'en ont congelée nos écoles. C'est aussi le mérite de ce livre que de révéler une réalité parfois plus grise, parfois plus lumineuse, que les mythes.Essayiste, polémiste, auteur de nombreux ouvrages dont, aux Éditions Fayard, Tout change parce que rien ne change, Les Bullocrates, Comment on y va... Jean-François Kahn est le fondateur de l'hebdomadaire Marianne.
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Les passions intellectuelles Tome 3 ; volonté de pouvoir (1762-1778)
Elisabeth Badinter
- Fayard
- 18 Avril 2007
- 9782213626437
Les savants et les philosophes qui constituaient auparavant la République des Lettres écrivaient principalement pour convaincre leurs pairs. Ils dépendaient du pouvoir et des grands. Avec l'émergence, au milieu du XVIIIe siècle, d'une opinion publique éclairée et de plus en plus puissante, le pouvoir change de camp. On voit naître chez les intellectuels trois passions successives qui ont fait l'objet de cette trilogie d'Elisabeth Badinter.
Dans les deux premiers volumes, qui évoquaient respectivement le désir de gloire et l'exigence de dignité, nous avons vu les intellectuels solliciter les applaudissements du public puis revendiquer à la fois leur indépendance à l'égard des grands et un statut d'autorité morale.
Dans le dernier volume que nous publions ici, on observe la naissance de la troisième grande passion intellectuelle : la volonté de pouvoir. Dans les années 1760, l'aura des philosophes est telle qu'ils sont de plus en plus courtisés par les rois et les princes étrangers. On recherche leur onction pour se faire une réputation de souverain éclairé. Ils se rêvent conseillers du prince, voire souhaitent entrer eux-mêmes en politique...
Diderot, d'Alembert, Helvétius ou Voltaire vont mesurer, chacun à sa façon, les limites de leur pouvoir.
Philosophe, observatrice de l'évolution des mentalités et des moeurs, Elisabeth Badinter clôt ici sa réflexion sur ces passions intellectuelles du siècle des Lumières qui sont encore les nôtres aujourd'hui. -
Le siècle des Platter Tome 1 ; le mendiant et le professeur
Emmanuel Le Roy Ladurie
- Fayard
- Divers Histoire
- 25 Janvier 1995
- 9782213014449
Peut-on rêver plus beau _ et plus rare _ corpus de textes que les écrits autobiographiques de trois générations d'hommes du XVIe siècle (1499-1628), plus belle étude de cas aussi de l'apparition d'une dynastie de la bourgeoisie urbaine caractéristique des sociétés d'Ancien Régime?Au commencement est le père, Thomas Platter, dit le Vieux (1499-1582), petit berger misérable du Valais qui va tenter sa chance comme mendiant itinérant dans une partie de l'Europe germanique puis à Bâle. Il y est ouvrier cordier et bientôt devient un authentique intellectuel sur le mode humaniste: l'ancien illettré est un professeur renommé de latin, de grec et d'hébreu. Mieux encore, il s'établit comme patron imprimeur dans une ville très tôt et largement (mais avec modération) passée à la Réforme: c'est de ses presses que sortira la première édition latine de l'Institution chrétienne de Calvin en 1536. Assez à l'aise pour acquérir un domaine à la campagne, il peut aussi payer à son fils (né en 1536) des études de médecine à Montpellier, université très réputée en ce domaine, et lui offrir une pérégrination (à cheval, alors que lui-même circulait à pied dans sa jeunesse) en France et dans certaines contrées circonvoisines _ une sorte de voyage initiatique. Investissement judicieux: Felix Platter, " médecin de ville " à Bâle, brûle les étapes. Le voilà professeur de médecine, doyen, recteur, auteur de livres médicaux et de physique, nouant des liens avec le réformateur David Joris comme avec Montaigne. Il épouse la fille d'un grand chirurgien bâlois. Le praticien est à présent un patricien.L'histoire ne s'arrête pas là. Sur le tard, à près de soixante-dix ans, en 1574, Thomas a, d'une seconde femme, un autre fils (prénommé Thomas également), qui représente en quelque sorte la troisième génération _ il sera élevé en partie par son aîné. Thomas II lui aussi voyage, lui aussi embrasse la carrière médicale, lui aussi racontera certains épisodes de sa vie.A eux trois, les Platter traversent en tous sens le temps et l'espace de l'Europe de la Renaissance, de la Réforme et du Baroque. Leurs souvenirs et les informations recueillies par ailleurs jettent sur leurs personnalités et sur le monde dans lequel ils se meuvent une lumière incomparable. Acteurs (et bénéficiaires) d'une ascension sociale remarquable (le mendiant a fait de son fils un grand professeur et un médecin des princes), nés dans l'Europe rhénane (l'un des foyers les plus novateurs de la civilisation du temps), voyageurs, écrivains, collectionneurs, ces protestants répondent pleinement au portrait de l'homme de la première époque moderne.Comment l'historien aux mille curiosités qu'est Emmanuel Le Roy Ladurie _ l'analyste attentif de la vie des habitants de Montaillou au XIVe siècle, le chercheur qui a décrit l'histoire du climat depuis l'an mil, le spécialiste des paysans du Languedoc et l'évocateur du Carnaval de Romans, l'auteur de deux des cinq volumes d'une ample Histoire de France _ aurait-il résisté à la fascination exercée par cette famille? A partir des récits qu'elle a laissés, il dresse avec verve, à travers ses trois héros, une chronique pittoresque et savante de treize décennies durant lesquelles l'Europe du Moyen Age a donné naissance au Grand Siècle.Professeur au Collège de France, administrateur général de la Bibliothèque nationale (1987-1994), Emmanuel Le Roy Ladurie est membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques).
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La France conteste ; de 1600 à nos jours
Charles Tilly
- Fayard
- Espace Du Politique
- 26 Février 1986
- 9782213015767
De 1600 à nos jours, la France n'a jamais cessé de connaître, avec une intensité variable selon les époques, des agitations populaires. Charles Tilly s'est attaché à restituer dans toute son ampleur l'histoire de ces groupements de personnes agissant ensemble, réunies par des griefs et des espoirs communs, défendant des intérêts partagés. Ces actions collectives ont leur propre histoire, puisque les mots d'ordre changent, les capacités d'agir évoluent, les moyens de l'action se transforment et que les possibilités de s'organiser ne se présentent pas toujours. L'histoire de la contestation est donc une histoire discontinue. A priori, il n'est rien de semblable entre le Lanturlu de février 1630 à Dijon, violente émeute antifiscale, les manifestations ouvrières répétées de la Nation à la République, les défilés étudiants de mai 68, ou les saccages des préfectures aujourd'hui par les agriculteurs.Pourtant, l'étude de la contestation a tôt fait de révéler que les actions collectives, si elles ne se répètent pas à l'identique sur des siècles, répètent néanmoins pendant de longues périodes des signes, des pratiques, des formes d'organisation définies. Elles puisent à un répertoire selon les groupes, les lieux et les époques _ 1848 marquant en ce domaine une rupture décisive. La contestation, c'est donc la conjugaison d'intérêts, d'une occasion, d'une organisation et d'une action.Pour autant, ces quatre éléments fondamentaux, s'ils sont nécessaires, ne suffisent pas à expliquer, ni par un lieu précis, ni par une population particulière, ni même par un événement spécifique, pourquoi la France a contesté. Charles Tilly livre ici le secret de cette alchimie sociale. Ecrire l'histoire des actions collectives en France depuis le XVIIe siècle, c'est simplement répondre à la question: comment la formation de l'Etat et le développement du capitalisme ont-ils influencé les modalités de l'action _ et de l'inaction _ collective des gens du commun?Charles Tilly, professeur d'histoire et de sociologie à la New School for Social Research, est notamment l'auteur d'un ouvrage désormais classique, La Vendée (Paris, trad. française Fayard, 1970).
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Européens, Anglo-Saxons ou Asiatiques, anonymes et personnalités célèbres, ils furent nombreux à sillonner l'Allemagne de 1933 à 1939. Flânant de Brême à Heidelberg, ces touristes parcoururent les lieux de pèlerinage du nazisme en action, Munich-Nuremberg-Berchtesgaden, jusqu'au camp de concentration de Dachau.
Quelles furent leurs impressions face à ce pays aussi séduisant qu'effrayant, doté de structures d'accueil performantes ? Tantôt parodie de voyages-Potemkine, riche en mises en scène, tantôt fenêtre entr'ouverte sur l'autoritarisme, l'Allemagne nazie a su attirer des sphères aussi variées que les cercles mondains, les anciens combattants, les diplomates, les journalistes, le monde des arts ou les grands dirigeants économiques. Des préparatifs, véritable tour sur soi avant la confrontation au nazisme, à la diffusion du retour, les différents temps du voyage révèlent une chronologie propre aux méthodes de séduction mises en place par le Troisième Reich à l'égard de l'étranger.
En s'appuyant sur une riche documentation littéraire, Frédéric Sallée dresse un tableau nuancé et novateur des relations internationales de l'Allemagne des années trente. De l'approbation aveugle au rejet inconditionnel d'un séjour en « Hitlérie », la gamme variée des réactions des voyageurs révèle comment le pays façonna son image aux yeux du monde.
Agrégé, Frédéric Sallée est docteur en histoire de l'université de Grenoble-Alpes. Spécialiste de l'Allemagne nazie et de ses représentations, il est membre associé au laboratoire universitaire Histoire Cultures Italie Europe (LUHCIE).
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Grenade résonne comme un Eden profane. Au gré de ce livre se découvre l'histoire d'une ville monde où tout commence et tout finit sur la colline de l'Alhambra qui la domine. A ses pieds s'étalent des monuments insignes, peuplés du souvenir de ses Illustres : Ibn Zamrak, Salomon ibn Naghrila, Diego de Siloe, El Gran Capitán, Alonso Cano, Charles Quint et García Lorca... Ils sont maures, juifs, chrétiens ou athées.
Ils sont artistes, poètes, vizirs ou empereur. Pour la première fois dans l'histoire, une civilisation - celle de l'Europe - accueillait un chef-d'oeuvre étranger à ses propres critères pour ce qu'il était, précisément parce qu'étranger, parce qu'il ne ressemblait à rien de ce qu'on admirait ailleurs, c'est-à-dire l'art antique. L'Alhambra fut reçue en palais arabe, et destinée à le rester. Ainsi, la conquête de Grenade rejoint la découverte de l'Amérique.
L'une et l'autre témoignent d'un enchantement du monde, d'une piété rendue à la diversité des héritages humains et aux chemins innombrables de la beauté. Sophie Makariou est conservatrice générale du Patrimoine. Après avoir créé le département des arts de l'Islam dont la nouvelle aile a été inaugurée en 2012, elle a été nommée à la direction du musée national des arts asiatiques - Guimet en 2013. Ses recherches ont largement porté sur les interactions artistiques entre civilisations.
Auteur de nombreux ouvrages, elle a assuré plusieurs commissariats d'exposition. Gabriel Martinez-Gros est professeur émérite d'histoire médiévale de l'Islam à l'université de Nanterre. Il a dirigé avec Lucette Valensi l'Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM/EHESS) à sa fondation, entre 1999 et 2002. Ancien membre de la Casa de Velázquez, il est spécialiste de l'histoire d'al-Andalus.
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Propagande et persécution ; la résistance et le "problème juif" ; 1940-1944
Renée Poznanski
- Fayard
- 21 Mai 2008
- 9782213635705
Les dits - et les non-dits - de la propagande développée par la Résistance nous mènent au plus profond de l'imaginaire social de la France de l'Occupation. Dans la guerre du verbe entre les Français de Londres - émissions de la BBC renforcée par la presse clandestine - et la voix officielle de Vichy, l'enjeu était de séduire une opinion qui au début avait soutenu Pétain avec ferveur.
Quant aux juifs, ils ont subi presque tout de suite les effets d'une double persécution, l'une pilotée par Vichy, l'autre imposée par les Allemands. À la marginalisation à laquelle les procédures d'exclusion les acculèrent se superposèrent bientôt pour beaucoup l'internement puis la déportation vers un inconnu terrifiant. Des explications circonstanciées en même temps qu'un tapage haineux précédèrent et accompagnèrent chacune des étapes de leur calvaire. En face, la propagande de la Résistance a parfois mené et souvent esquivé la bataille sur ce front dans une guerre des mots.
Aucune étude d'ampleur ne s'était encore penchée attentivement sur la façon dont la Résistance s'est exprimée sur les persécutions antisémites en France et/ou sur le sort des Juifs déportés à l'Est. Comparer les publications des organisations juives, les émissions de Londres et la presse des mouvements montre que l'ignorance invoquée (a posteriori) sur le sort promis aux Juifs n'explique rien ; c'est dans les priorités des uns ou des autres que se trouve la clé des thèmes avancés, des expressions ambiguës ou des silences obstinés. Pour la première fois est examiné ici - force citations à l'appui - ce qui a contribué à en fixer l'échelle dans les médias de l'époque - collaborateurs ou résistants, autorisés, tolérés ou clandestins, radiophoniques ou écrits. Ces choix de propagande, mis en regard des études d'opinion circulant dans les milieux résistants, jettent une lumière crue sur la place qu'occupa « le Juif » dans l'imaginaire de la société française, comme dans l'esprit des élites en lutte contre l'occupation nazie.
En cela, ce livre apporte aussi une contribution majeure à l'histoire de l'antisémitisme et à celle de la Résistance.
Professeur de science politique à l'université Ben Gourion à Beer Sheva (Israël) où elle est titulaire de la chaire Yaacov and Poria Avnon d'étude de l'Holocauste, Renée Poznanski a édité le Journal de Jacques Biélinky (1992) et est l'auteur de Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale (« Pluriel », 2005).