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Histoire de l'Afrique subsaharienne
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L'Afrique atlantique ; des origines au siècle d'or (XVIIIe siècle)
Jean-michel Deveau
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 23 Septembre 2021
- 9782811127978
Depuis quelques décennies historiens, archéologues, et anthropologues mettent au jour l'existence de brillantes civilisations sur l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. Si l'histoire de ce continent, berceau de l'humanité, a longtemps été sous estimée voire niée, il est temps d'en reconnaître aujourd'hui toutes les richesses. Dans cet ouvrage, l'auteur présente la spécificité de la partie occidentale, bornée par l'Atlantique. Face à cet océan hostile, seuls les plus hardis ont osé s'aventurer sur de frêles pirogues monoxyles, limitant toute vocation maritime à cet occident africain.
C'est donc le long des fleuves que se sont constitués, entre autres, les puissants empires du Niger et du Congo suzerains de royaumes vassaux dont l'histoire intérieure comme celle de la géopolitique suit une logique d'adaptation aux milieux naturels de la savane ou de la forêt dense. Les hommes y ont répondu en développant des systèmes agricoles et artisanaux qui permettaient des échanges interrégionaux prolongés jusqu'en Méditerranée grâce aux caravanes transsahariennes. Cet ensemble économique très élaboré était sous tendu par une organisation politique et sociale qui reposait sur des monarchies secondées par des administrations et des aristocraties tout à fait comparables aux systèmes européens. Devant la puissance de la nature, les religions et les philosophies développèrent des systèmes d'explication sous formes de mythes qui font toute la richesse d'une littérature orale que se sont transmis les griots.
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L'archipel de São Tomé et Príncipe, situé dans le golfe de Guinée et découvert en 1471 par des navigateurs portugais, fut d'abord peuplé par des repris de justice, avant d'être mis en culture sur le modèle de Madère et de devenir « une grande et triste auberge sur l'océan », selon l'expression de l'écrivain santoméen Francisco Tenreiro. Là, les caravelles s'approvisionnaient afin de continuer leur course à la recherche de la route des Indes.
Ces îles de l'équateur, où se mélangèrent les origines africaines et portugaises, réceptives aux influences du monde entier, étonnent le voyageur. Une végétation luxuriante, des paysages montagneux, un relief étrange et une architecture d'une richesse exceptionnelle leur confèrent un charme indéniable. Pays des roças, dernier vestige d'un système agraire unique fondé sur la servitude, c'est aussi le pays du Tchiloli qui, de manière inattendue, met en scène l'empereur Charlemagne en un long plaidoyer pour la justice.
Premier producteur de cacao au début du XXe siècle, São Tomé et Príncipe, à présent micro-État dont l'indépendance date de 1975, s'efforce aujourd'hui d'élever le niveau de vie de sa population et entend accroître ses ressources en les diversifiant. L'essor d'un tourisme de qualité devrait, entre autres, servir cette volonté de développement.
L'auteur livre ici une présentation détaillée de ce pays méconnu et un guide pour une découverte sensible de ces îles du milieu du monde.
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Le défi de l'ethnisme : Rrwanda et Burundi
Jean-Pierre Chrétien
- Karthala
- 12 Janvier 2012
- 9782811105945
La première édition de ce livre, en 1997, se présentait comme le prolongement intellectuel du travail de deuil qu'appelaient le génocide des Tutsi et les massacres d'opposants hutu perpétrés au Rwanda en 1994, mais aussi les massacres commis au Burundi en 1993. Seuls les chapitres généraux de la première édition ont été gardés, complétés par une conclusion actualisée.
Quinze ans plus tard, le défi reste le même : celui de la réduction de la réalité génocidaire, qui hante cette région d'Afrique depuis un demi-siècle, à des "colères populaires spontanées" ou à des "guerres ethniques", c'est-à-dire à des massacres sans responsabilités. L'opinion publique reste souvent attachée à des clichés, en fonction de préjugés persistants sur une Afrique exotique, "continent des ténèbres" et des "violences ataviques". Toute une littérature, en France, continue étrangement à jouer de cette ignorance.
Jean-Pierre Chrétien, qui a travaillé sur ces pays depuis plus de 40 ans, montre que l'ethnisme relève soit d'une illusion théorique, soit d'une propagande raciste qui, en l'occurrence, débouche sur des pratiques d'exclusion et des massacres de masse. Ce livre rappelle que l'impératif de la recherche, en Afrique comme ailleurs, est de décrypter les fausses évidences. Par-delà les cas rwandais et burundais, il permet de penser autrement les rapports complexes qui s'établissent entre mobilisation politique, violence et construction identitaire.
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Rwanda demain ! une longue marche vers la transformation
Jean-paul Kimonyo
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 19 Octobre 2017
- 9782811118594
Plus de 20 ans après le génocide de 1994 au Rwanda, c'est aujourd'hui le processus de reconstruction du pays qui suscite de vifs débats. Pourtant les études approfondies de ce processus sont encore rares. C'est cette lacune que l'ouvrage de Jean-Paul Kimonyo tente de combler.
Plus de 20 ans après le génocide de 1994 au Rwanda, c'est aujourd'hui le processus de reconstruction du pays qui suscite de vifs débats. Pourtant les études approfondies de ce processus sont encore rares. C'est cette lacune que l'ouvrage de Jean-Paul Kimonyo tente de combler.
Comment ce pays parmi les plus pauvres au monde, totalement déchiré, a-t-il pu se reconstruire aussi rapidement ? Comment la population divisée a-t-elle fini par vivre, travailler ensemble et participer à la reconstruction du pays ? Quels liens existent-ils entre le succès à consolider mais inespéré du pays et sa gouvernance sujette, elle, à controverse ? De façon succincte mais couvrant une longue période historique et un large spectre de domaines, ce livre tente d'apporter une réponse à ces question et à fournir une explication précise sur les modalités de mise en place de ce processus de reconstruction post-génocide au Rwanda.
A cette fin, l'auteur retrace les origines et les évolutions du Front patriotique rwandais (FPR), la force politique dominante au Rwanda. Il relate comment des communautés réfugiées, chassées de chez elles à la veille de l'indépendance, éparpillées dans toute la région des Grands Lacs, en sont arrivées 35 ans plus tard à prendre le pouvoir dans leur pays, dans des conditions calamiteuses.
Ce travail montre comment les choix politiques et idéologiques qui menèrent à la formation du FPR à l'extérieur du Rwanda ont fortement orienté la reconstruction du pays. Sa narration couvre toutes les étapes de celle-ci, jusqu'à la période actuelle, plus focalisée sur les activités de développement.
L'auteur situe son analyse dans le débat sur les reconstructions post-conflit de cette décennie, dans la région des Grands Lacs, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, le poussant à prendre ses distances avec les catégories normatives qui avaient été élaborées en ce domaine à la suite de la chute du mur de Berlin.
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Le Soudan dans tous ses états ; l'espace soudanais à l'épreuve du temps
Michel Raimbaud
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 4 Février 2019
- 9782811125929
Taillé à l'échelle d'un mini-continent (quatre fois et demie la France), l'ex- Soudan anglo-égyptien est structuré autour du Nil et de ses affluents. Bien doté en voies d'accès par ce puissant réseau hydrographique et sans frontières naturelles très dissuasives, il est depuis toujours une terre de passage, largement ouverte sur les neuf pays de son voisinage : l'Égypte, la Libye, le Tchad, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, l'Ouganda, le Kenya, l'Éthiopie, l'Érythrée. Cette position stratégique constitue un atout précieux, mais l'expose à tous les dangers et à toutes les convoitises, d'autant plus qu'il est bien doté en richesses naturelles.
À l'indépendance, proclamée le 1er janvier 1956, les gouvernants (nordistes) se trouvent confrontés à un défi redoutable : comment reconstruire cet espace immense - fruit d'une épopée « égypto-ottomane » bicentenaire - dont le devenir a été fragilisé par 56 années de colonisation britannique ? Le Soudan vivra son demi-siècle d'existence dans une instabilité chronique, sur fond de coups d'État et de guerre civile, à la recherche d'une identité controversée (arabo-musulmane ou arabo-africaine), en quête d'une paix insaisissable entre l'État « nordiste » et les mouvements sudistes. Par un mauvais coup du destin, l'accord signé à Naivasha entre Khartoum et le SPLM de John Garang, censé privilégier l'unité, débouchera sur la partition (par référendum), sans même amener une paix véritable, la « communauté internationale » se débarrassant cyniquement d'un conflit qu'elle avait attisé et laissant aux protagonistes le soin de régler les modalités de leur divorce.
La République du Soudan du Sud est née le 9 juillet 2011, sonnant ainsi le glas de l'unité pour le géant arabo-africain. Le nouvel État, le plus déshérité de la planète, est déjà sous la coupe américano-israélienne et sous la menace des prédateurs (multinationales, financiers...). Pour sa part, le « Soudan maintenu », amputé en territoire, en population et en ressources, est au pied du mur, sous pression des « pays de l'arrogance », l'Occident ayant trouvé au Darfour le nouveau Sud-Soudan dont il rêvait et dans la Cour Pénale Internationale un nouvel instrument d'ingérence. Dans ce contexte, l'établissement de relations « fraternelles » entre les deux Soudans paraît illusoire. Pourtant, l'espace soudanais demeure, à l'épreuve du temps...
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Les esclavages en Afrique
Marie-Pierre Ballarin, Klara Boyer-Rossol
- Karthala
- Esclavages
- 24 Octobre 2024
- 9782384092642
La recherche sur l'esclavage en Afrique s'est profondément renouvelée ces dix dernières années. Y a-t-il une ou des mémoires de l'esclavage en Afrique ?Cet ouvrage est une somme issue des travaux d'un vaste réseau de chercheurs et de chercheuses qui se sont rencontré·es à Nairobi lors de la conférence internationale « L'esclavage en Afrique : histoire, héritages et actualités ».
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Royaume du Waalo : le Sénégal avant la conquête
Boubacar Barry
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 24 Octobre 2014
- 9782811112431
Par sa position géographique à l'embouchure du fleuve Sénégal, et surtout grâce à son ouverture sur la façade atlantique, le Waalo a été, très tôt, en contact avec l'Europe.
Commandées par l'évolution des besoins commerciaux, les relations avec les Européens ont connu successivement la phase du commerce de troc sans occupation territoriale, celle des comptoirs de commerce fortifiés, celle de la colonisation agricole, et enfin celle de la conquête territoriale qui aboutit à la colonisation directe dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le poids de ce facteur externe - l'arrivée des Européens et l'évolution de leurs besoins commerciaux - commande en grande partie l'histoire interne du pays, en particulier la fondation du comptoir français de Saint-Louis, vers 1659, et son corollaire, la traite négrière, qui constituera, avec le commerce de la gomme, le fondement économique du rapport des Européens avec le Waalo et les royaumes voisins.
Les habitants du Waalo cependant chercheront constamment à résoudre, au sein d'institutions propres, les problèmes que posait l'évolution de leur société. Cette évolution sera marquée par l'affirmation d'une monarchie centralisée et forte de l'appui de l'armée permanente des captifs de la couronne, mais dont le pouvoir sera contrebalancé par celui, notamment, des grands chefs de province, jaloux de leur indépendance. Puis, plus tard, devant un pouvoir de plus en plus dominé par le commerce atlantique, une nouvelle force, liée cette fois à l'islam, tentera de résoudre la crise de la société et s'opposera, très souvent et de multiples manières, à la présence étrangère.
La nouvelle édition de cet ouvrage, publié pour la première fois en 1972, bénéficie d'une longue postface de l'auteur, qui met en rapport le projet ancien, de la colonisation du Waalo et celui, moderne, des barrages sur le fleuve Sénégal. -
L'invention de l'Afrique des Grands Lacs
Jean-Pierre Chrétien
- Karthala
- 2 Septembre 2010
- 9782811104009
La région des lacs de l'Afrique orientale est devenue synonyme de catastrophes. Pourtant son histoire multiséculaire est particulièrement riche : des densités humaines impressionnantes, un potentiel agro-pastoral remarquable, une inventivité politique et religieuse étonnante. Le regard européen qui se porte sur elle depuis la fin du XIXe siècle, fasciné au premier abord par la civilisation qu'il découvrait en plein coeur du continent, n'a pas tardé à piéger ces peuples africians dans ses calculs et ses fantasmes. il fallait conserver cette réserve humaine dans un ordre "féodal", qui convenait apparemment si bien à la vision raciale de l'histore dans laquelle se complaisait la pensée coloniale.
Ce qu'on appelle aujourd'hui "Afrique des Grands Lacs", avec ses haines fonctionnant en boucle, s'est forgée dans ce contact, où acteurs étrangers et locaux portent des responsabilités spécifiques. Comment réfléchir sur cette région et son avenir sans démêler cette histoire complexe, qui est celle du XXe siècle, l'âge des extrêmes comme l'a écrit Hobsbawn ?
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Histoire des Mandingues de l'Ouest : le royaume du gabou
Djibril-Tamsir Niane
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 3 Mai 2000
- 9782865372362
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Gitega capitale du burundi, une ville du far west en Afrique orientale allemande (1912-1916)
Jean-Pierre Chrétien
- Karthala
- 2 Octobre 2015
- 9782811115098
En 1912 les colonisateurs allemands, présents au Burundi depuis 1896, fondent au centre du pays une nouvelle ville, Gitega, destinée à en devenir la capitale. Quatre ans après, la Guerre mondiale les force à abandonner ce chantier aux conquérants belges venus du Congo. Gitega offre un exemple de création ex nihilo d'une ville à vocation administrative et commerciale. A partir des archives coloniales et des témoignages de vieux Burundais, cette histoire a pu être reconstituée au ras du sol : le choix du site sur un plateau herbeux, la difficile collecte des matériaux et le recrutement d'une main-d'oeuvre, le désarroi de la population locale face aux nouvelles disciplines et les calculs de ses chefs, le lancement du commerce dans une région où la monnaie était quasi absente, l'ébauche d'une scolarisation. Gitega, de 1912 à 1916, est comme un microcosme de la logique coloniale, avec sa brutalité et ses ouvertures. Par delà tout exotisme, cette situation à l'ouest de l'Afrique orientale allemande évoque aussi celle du Far west américain à la même époque. On y retrouve les agents d'un ordre impérial en construction sur le terrain, mais aussi les jeux d'aventuriers de toutes origines (ici asiatiques et africaines), habituels dans les situations porteuses de nouvelles frontières économiques et culturelles qui rêvent de profits souvent illusoires. Jean-Pierre Chrétien, historien, a mené des recherches au Burundi depuis une cinquantaine d'années et publié de nombreux ouvrages sur la région des Grands lacs. Il est directeur de recherche émérite au CNRS, dans le cadre du CEMAF (Paris 1) et associé au LAM (Bordeaux).
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Récits d'origine ; contribution à la connaissance du passé ouest-saharien (Mauritanie, Maroc, Sahara occidental, Algérie et Mali)
Pierre Bonte
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 18 Juillet 2016
- 9782811115678
En s'inspirant de l'analyse structurale des mythes, Pierre Bonte propose une méthode de traitement des « récits d'origine » ouest-sahariens dont le statut est resté imprécis dans le champ de la littérature orale (légendes, mythes, épopées, saga). Ces récits d'origine ont trait aux fondations, celles des tribus dans des sociétés organisées sur un mode tribal, celles des villes anciennes, mais ils se rapportent également aux grands mouvements religieux et à l'introduction des « confréries » dans l'ouest du Sahara (Mauritanie, Maroc, Sahara occidental, Algérie et Mali).
Pierre Bonte s'interroge sur le « régime d'historicité » de ces récits, dont certains participent à la légitimation de l'islamisation et, plus encore, de l'arabisation des populations locales d'origine berbère. Parfois écrits et transmis localement, parfois rassemblés par des chercheurs s'intéressant à la littérature orale - il en a lui-même recueilli un grand nombre au cours de ses missions -, ces textes, publiés en annexe de l'ouvrage, constituent un corpus inédit. La contribution de Pierre Bonte à la connaissance du passé ouest-saharien vient aussi éclairer les mutations profondes que connaissent ces sociétés depuis quelques décennies.
La riche collecte à laquelle il a procédé concerne notamment l'examen des topoï mytho-historiques suivants : al-Imâm al-Hadramî et les Almoravides (XIe s.), les bafûr, la guerre de Sharr Bubba (XVIIe s.) et le Sharîf Bûbazzûl.
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Mai 1968 au Sénégal ; Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical
Omar Guèye
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 2 Octobre 2017
- 9782811117023
Lors du mouvement de contestation sociale qui balaya le monde en mai 1968, allant de Paris à Prague en passant par Rome et Chicago, Dakar a été, elle aussi, au coeur de ce mouvement et le Sénégal connut des protestations violentes de la part des étudiantes et des syndicats qui ont fait vaciller le pouvoir. Comme ailleurs, ce sont les étudiants de ce qui était encore appelée, huit ans après l'indépendance, la « 18e université française » de Dakar, qui furent le détonateur d'une des plus profondes crises politiques du pays. Rapidement soutenus par les lycéens, puis par les travailleurs et certaines franges de la population indépendante, le mouvement de contestation, parti de la capitale, se généralisa à l'ensemble du pays et prit ainsi la tournure d'une défiance à l'égard du régime du président Léopold Sédar Senghor.
Grâce à de riches et nouvelles sources d'archives et de nombreux témoignages des acteurs de Mai-68, l'auteur donne ici tout le relief à cet évènement qui a mis le Sénégal au coeur du monde. Il apporte les clefs pour saisir avec précision le déroulement des faits, les rapports de force qu'ils en découlent et les causes internes à la société sénégalaise qui ont porté ce mouvement de révolte. Sa perspective est, d'abord, de replacer le mouvement des étudiants dakarois au coeur du mouvement social mondial et d'en montrer la spécificité, ensuite, de mettre en relief le face-à-face entre le régime du pésident Senghor et son opposition syndicale dans le contexte de tension idéologique internationale et des paradigmes en débat dans les années soixante en Afrique.
Cet ouvrage est essentiel pour saisir la complexité de ces évènements politiques qui ébranlèrent à cette époque le Sénégal, et dont le président Senghor sut finalement habillement maitriser pour se maintenir en place.
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Congo ; ambitions et désenchantements ; 1880-1960
Jean-luc Vellut
- Karthala
- 16 Décembre 2021
- 9782811128197
Congo. Ambitions et désenchantements est un livre consacré au déroulement d'une étape, à la fois courte et décisive, dans le long passé de cette région. Au point de départ, les années 1880. Elles virent la concrétisation de vieux rêves de découpage de l'Afrique en grands ensembles transcontinentaux. Rien n'annonçait toutefois que le fleuve Congo devienne un marqueur géopolitique. Ce coup de crayon sur la carte porte la griffe de Léopold II, personnalité hors normes, grand rêveur et maître-manoeuvrier au sein de différents mondes, ceux de la diplomatie, du capital et des « affaires », mais qui fut aussi porté par les grandes inspirations de l'époque, le mouvement scientifique, le réveil chrétien, la vague antiesclavagiste tout comme par les recompositions alors en cours en Afrique même. Sans lui, il n'y aurait eu ni « Congo belge », ni page congolaise dans l'histoire de Belgique.
Le livre rassemble un bouquet d'essais et de questions. Quels furent les grands seuils de la période ? Quelles ambitions économiques, technocratiques, scientifiques, morales, mais aussi quels itinéraires, plus humbles ? Quelle place de la région sur l'échiquier mondial des puissances et du mouvement des idées ? Quid de l'insubmersible Afrique, de son économie de production et de trafics, mais aussi de sa pauvreté ? Quid de sa vie spirituelle toujours renouvelée mais jamais contrôlée, de sa vie artistique, elle aussi toujours novatrice ? Autant de coups de projecteur portés sur trois générations, avec d'occasionnelles excursions dans leurs passés et dans les représentations portées par le présent.
En 1960, au sortir de l'épisode colonial, une semaine d'indépendance confirma que le « Congo belge avait été conquis mais non soumis.
On ne trouvera ici ni complaisances ni ressentiments, mais le sillage d'une génération d'historiens dont l'engagement fut d'inscrire le passé de l'Afrique dans les grands chapitres de l'histoire universelle. De nouveaux chantiers s'ouvrent désormais, ceux des sensibilités, des mémoires. Le défi reste de repérer les ruptures, mais aussi le long fil des généalogies qui, en Afrique comme ailleurs, relient le présent au passé.
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Les missionnaires face au nationalisme à Madagascar ; parcours et enjeux (1920-1960)
Luc Garcia
- Karthala
- Histoire Des Mondes Chretiens
- 8 Décembre 2017
- 9782811118815
À Madagascar, la «Grande Île», le colonisateur français a exporté et imposé sa langue mais aussi sa religion simple et complexe, en somme le modèle culturel européen.
Après 1945, à la suite des transformations dues à la modification des mentalités et des jugements de valeurs, la transmission de ce modèle a été assurée efficacement, et même accélérée, par l'action multiforme des congrégations religieuses catholiques et des sociétés missionnaires protestantes anglo-saxonnes et françaises.
Pourtant, leur place et leur rôle dans le processus de décolonisation et dans la lente montée des Malgaches vers leur émancipation ont été très souvent ignorés, en tout cas peu soulignés, surtout en ce qui concerne l'action des communautés féminines.
Comment les missionnaires ont-ils perçu les évolutions du contexte malgache qui les ont poussés à infléchir progressivement leur position dans le sens des nationalistes? Tel est le thème que le présent ouvrage propose de découvrir ou de revisiter à travers les archives parfois inédites des autorités religieuses. Le terrain religieux présente l'avantage appréciable d'apporter à la fois un éclairage et une grille de lecture inhabituels sur les changements qui ont affecté Madagascar entre 1920 et 1960.
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Identités et changement socioculturel dans l'Ouest saharien (Sahara occidental, Mauritanie, Maroc)
Pierre Bonte
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 6 Janvier 2018
- 9782811112066
Cet ouvrage traite de l'évolution de l'Ouest saharien à l'intérieur des frontières imposées aux populations locales par les colonisateurs espagnols et français, une évolution marquée par un processus de décolonisation tardif et encore inachevé selon les organisations internationales. Il s'interroge sur les identités sociales et politiques dont se réclament les populations, autrefois pastorales et nomades, actuellement inscrites dans le cadre de ce territoire.
La démarche anthropologique conduit Pierre Bonte à avancer, sur des points précis, des analyses comparatives de l'évolution de ces populations réparties entre le Sahara occidental, la Mauritanie, le Maroc et les camps gérés par le Front Polisario, mais relevant d'un même ordre social et culturel. Elle restitue ces phénomènes identitaires dans le mouvement historique contemporain, sans négliger les événements plus anciens qui ont accompagné la formation de la société baydhân hassanophone dans ses parties septentrionales et qui ont joué un rôle majeur dans l'histoire du peuplement de cette région.
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La geste d'El-Hadj Omar et l'islamisation de l'épopée peule
Samba Dieng
- Karthala
- Tradition Orale
- 5 Juillet 2018
- 9782811119157
El-Hadj Omar Tall est né vers 1794 à Halwâr, village du Foûta-Tôro sénégalais situé à quelques dizaines de kilomètres en amont de Podor, dans une famille maraboutique. Il est mort mystérieusement à Déguembéré, dans la falaise de Bandiagara, le 12 février 1864.
La genèse du jihâd d'El-Hadj Omar le rattache aux mouvements similaires qui l'ont précédé : Sokoto, Foûta-Djallon, Mâcina, Foûta-Tôro entre autres. À l'instar de ses illustres devanciers, Omar prépara sérieusement son action en multipliant lettres, discours, sermons, messages, largesses et prières, puis il réussit à lever une armée avec laquelle il se lança à la conquête de ce qu'il est convenu d'appeler le Soudan central.
L'action d'El-Hadj Omar, érudit musulman et redoutable conquérant, a profondément modifié l'aire du jihâd et détourné le cours de son histoire jusqu'à la conquête coloniale. Cela lui valut d'être au centre d'une vaste littérature, et en particulier d'une épopée toujours vivante, aux multiples versions, où l'oralité interfère sans cesse avec l'écriture.
Après avoir quadrillé systématiquement l'espace géographique omarien - Sénégal, Mauritanie, Gambie, Guinée, Mali - Samba Dieng a recueilli une quantité très importante de ces versions orales et manuscrites de textes se rapportant au jihâd et à la geste d'Omar. Puis, il a organisé l'analyse de cette vaste documentation autour de trois grands axes. Le premier étudie les rapports entre l'épopée d'El-Hadj Omar et l'épopée peule traditionnelle. Envisagée sous l'angle de l'intertextualité, la geste d'Omar apparaît en effet comme une formalisation de la tradition épique peule et le produit de formes littéraires alors dominantes en milieu pulaar. Mais la geste du jihâd déborde le modèle peul traditionnel, là où l'Islam affirme sa présence. L'analyse littéraire du corpus occupe la deuxième partie du livre. L'étude du héros et des personnages conjoints éclaire certains mécanismes d'islamisation de l'épopée peule traditionnelle. Enfin, la dernière partie, consacrée à l'édition de textes, donne la transcription et la traduction annotée des principales pièces inédites du corpus.
Samba Dieng est professeur titulaire au Département de Lettres modernes de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l'Université Cheikh Anta Diop (Dakar). Spécialiste de l'Islam et expert en soufisme, il a déjà publié à Dakar, sur le même thème, El-Hadj Omar la perle de l'Islam (2010) et Sur les traces d'El-Hadj Omar (2009) aux Nouvelles Éditions africaines du Sénégal (Dakar).
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être métis ; en Imerina (Madagascar) aux XIXe-XXe siècles
Violaine Tisseau
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 23 Mai 2017
- 9782811118556
L'histoire de Madagascar est marquée, depuis l'origine de son peuplement, par l'importance des courants migratoires. De ce fait, les relations intimes entre vazaha (étrangers) et malgaches y sont anciennes. La colonisation de l'île, en 1896, va pourtant conduire à l'émergence de la « question des métis », commune à l'ensemble de l'empire français. Soucieuses de maintenir une situation coloniale hiérarchisée, ordonnée et cloisonnée, les autorités entreprirent une politique particulière à l'égard des métis, qui s'est concrétisée notamment par leur dénombrement, leur prise en charge dans des institutions spécifiques et l'aménagement de la législation pour faciliter leur accès à la citoyenneté française.
Parce que les institutions recueillant les métis y étaient localisées, parce que ces derniers y étaient les plus nombreux et parce que les relations avec l'étranger y étaient ambivalentes, l'Imerina devint le lieu principal d'expression de cette « question métisse ». Or, cette société était organisée en groupes statutaires hiérarchisés dont les unions étaient réglementées. Son fonctionnement en foko (dèmes) associait en outre territorialité et ancestralité. Dès lors, comment les métis, dont l'origine dérogeait en partie à ces règles, ont-ils pu inscrire leurs trajectoires dans cette région ?
Si cet ouvrage est centré sur le moment colonial (1896-1960), il remonte néanmoins au XIXe siècle précolonial pour montrer comment la colonisation a construit la catégorie « métis ». Il intègre aussi des prolongements contemporains, en analysant, notamment à travers les récits de vie, comment les métis ont su contourner ou se réapproprier cette catégo-risation en jouant de leurs appartenances multiples.
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Les hussards noirs de la colonie ; instituteurs africains et "petites patries" en AOF (1913-1960)
Céline Labrune-badiane, Etienne Smith
- Karthala
- Recherches Internationales
- 16 Mai 2018
- 9782811119171
En Afrique Occidentale Française (AOF), l'école coloniale a tenté de justifier sa mission par l'adaptation de son enseignement aux nouvelles « petites patries » de l'empire, selon la terminologie de la IIIe République. La création de savoirs « adaptés » ne s'est pas faite en un jour. La tâche en incombait aux instituteurs, en majorité africains, et devenus les principaux ethnographes des terroirs arpentés dans le cadre de la « mise en valeur scientifique » des colonies. Ceux-ci ne furent pas de simples informateurs ou auxiliaires des sciences coloniales. Ils ont mené leurs propres recherches et fait oeuvre d'auteurs à part entière. Ils ont ainsi jeté les bases d'une affirmation culturelle, concomitante de la négritude parisienne, mais ancrée dans une « négritude de terrain », profondément ambivalente. Leur prise de parole était en effet soumise à la censure tatillonne de la hiérarchie administrative, dont le livre retrouve la trace dans les archives. Il démontre ainsi comment se négocie, au fil des pages, une transaction hégémonique impériale.
Première exploration systématique du corpus des publications des instituteurs ouest-africains, ce livre pionnier offre un aperçu inédit de la « bibliothèque coloniale ». Il bouleverse notre compréhension du faitimpérial, et met au centre de l'analyse une catégorie d'acteurs intermédiaires en les reconnaissant pour ce qu'ils ont été : de vrais intellectuels, au coeur des contradictions de leur époque.
Céline Labrune-Badiane est historienne, associée au laboratoire AIHPGEODE de l'Université des Antilles.
Étienne Smith est politiste, chercheur associé à SciencesPo-CERI. Il est l'auteur de Afrique : histoire et défis (Ellipses, 2009).
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La société militaire à Madagascar ; une question d'honneur
Olivier Vallée
- Karthala
- Terrains Du Siecle
- 23 Octobre 2017
- 9782811118358
Ce livre est né d'une interrogation, voire d'un paradoxe, suite au renversement en 2009 à Madagascar de Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina. Alors que le pays traverse de nouveau une grave crise politique, économique et sociale, pourquoi l'armée n'a-t-elle pas conservé le pouvoir que lui avait remis le président déchu et préféra-t-elle le confier au maire de la capitale ? La sociologie historique de la société militaire malgache offre de nombreuses réponses à ce choix, tout en révélant la nature symbolique et les faiblesses réelles des « Forces de sécurité » de ce pays.
La genèse de l'armée malgache débute au cours de la période précoloniale avec les guerres entre les différents royaumes de l'île. L'occupation française infléchira alors son rôle jusqu'à l'Indépendance. Les différentes phases politiques postcoloniales parachèveront la formation d'une corporation d'officiers qui ne se caractérise pas uniquement par le fait d'être des « hommes en armes ». Une élite « martiale » spécifique s'est bien constituée, perpétuée et adaptée à travers l'histoire.
Loin de représenter une continuité identitaire, il s'agit plutôt ici de formes de réinventions selon des contextes, rapidement globaux, mais dépendant cependant de la structure sociale et économique insulaire et des références à la communauté imaginée malgache. Se consolide ainsi une société militaire située ailleurs, dans une hétérotopie qui alimente ses répertoires d'action et de représentation et la disculpe de ses failles et de ses échecs.
Le néo-libéralisme des années 2000 ouvre alors la voie à une « bureaucratie galonnée » où s'encastrent les officiers et suscite une gouvernance criminelle accentuée sous le régime de la Haute Autorité de Transition. La figure du chef militaire se retrouve ainsi à la croisée des réseaux de pouvoir et d'affaires, poursuivant des trajectoires singulières dans les registres de la coercition, de la gestion et de la complicité avec l'accumulation oligarchique des richesses.
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La Tijâniyya ; une confrerie musulmane à la conquête de l'Afrique
Jean-louis Triaud, David Robinson
- Karthala
- 1 Novembre 2003
- 9782845860865
Confrérie souvent controversée, la Tijâniyya a été fondée en l'année 1195 de l'Hégire (1781-1782 de notre ère), à la suite d'une vision du Prophète, dans l'oasis algérienne d'Abû Samghun, par le savant et mystique Ahmad al-Tijânî (1737-1815).
Depuis cette date, la Tijâniyya s'est imposée comme la grande confrérie africaine des XIXe et XXe siècles. Au sud du Sahara, son nom est associé au jihâd d'al-Hajj Umar al-Fûti (m. 1864). Pendant la période coloniale, c'est la confrérie qui a connu, en Afrique de l'Ouest, les plus grands développements. C'est aussi celle qui suscite les passions les plus vives, de la part de tendances soufies rivales ou de mouvements anti-confrériques.
La Tijâniyya apparaît comme une voie exceptionnelle. Elle offre la chaîne de transmission la plus courte possible entre son fondateur et le Prophète. Parce que cette transmission est dite avoir eu lieu " à l'état de veille ", elle fait de Ahmad al-Tijâni l'interlocuteur privilégié du Prophète en personne et de la Tijâniyya une voie ordonnée par le Prophète lui-même. Dans cette même logique, Ahmad al-Tijânî se présente comme khatin al-awliyâ'.
Sceau des saints, analogie évidente avec le statut du Prophète Muhammad, Sceau des Prophètes. D'autre part, les promesses formelles de salut faites aux adeptes et à leurs proches, la protection contre les risques du Jugement Dernier, l'assurance d'une " place réservée " auprès du Tout-Puissant offrent une sécurité absolue au pratiquant fidèle. Sur le " marché confrérique " des biens de salut, la Tijâniyya s'impose donc par cette " surenchère " dans l'accumulation des signes et des moyens.
L'histoire de la Tijâniyya est marquée, dans ses segmentations principales, par une longue fréquentation avec la puissance coloniale française. Mais, alors qu'en Algérie, cette convergence d'intérêts avec la puissance coloniale se traduit par une désaffection progressive des fidèles et un affaissement de la puissance confrérique, en Afrique occidentale, le compromis avec les Français favorise l'essor des réseaux tijânî et fait de cette confrérie l'une des grandes bénéficiaires de la période coloniale.
Cet ouvrage n'a pas le caractère d'une Histoire générale de la confrérie, et il ne prétend pas davantage à l'exhaustivité. Il s'agit de reconnaître à travers l'écheveau d'un certain nombre de situations les principales lignes de force d'une aventure historico-rnystique qui a marqué le monde africain de l'islam et fait de la Tijâniyya une confrérie pas tout à fait comme les autres.
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Entreprises religieuses transnationales en Afrique de l'ouest
Laurent Fouchard, André Mary, René Otayek
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 2 Juin 2005
- 9782845866539
La plupart des études menées à ce jour sur les mouvements religieux en Afrique de l'Ouest ont un cadre d'étude monographique qui privilégie l'entrée par une région ou un pays, alors que les Églises, les associations islamiques, et même les confréries, développent un prosélytisme à l'échelle de la région, du continent, voire de la planète.
L'objet spécifique de cet ouvrage porte sur l'analyse comparative des réseaux transnationaux tissés par de nouveaux acteurs religieux : docteurs, prédicateurs et entrepreneurs. Il fait d'abord place à la variété des formes que prennent les réseaux religieux : entreprises missionnaires supranationales, voire centralisées, associations nationales et réseaux transfrontaliers informels, ou encore diasporas religieuses, migrantes ou commerçantes.
Dans tous ces cas de figure les conflits identitaires, culturels ou générationnels, que suscite la tension entre les ancrages locaux ou nationaux de ces traditions religieuses historiques et leurs prétentions transnationales, encouragent la promotion de jeunes lettrés, passeurs de frontières. Dans un second temps, les auteurs rappellent que, parallèlement à la présence d'entreprises transnationales, l'État Nation reste un cadre d'analyse pertinent de l'étude des réseaux religieux, essentiellement parce que les ressources matérielles, symboliques et sociales de la mondialisation religieuse sont largement réinvesties dans un contexte local ou national, et dans l'espace public autant que sur la scène politique.
Quel que soit le caractère polycentré de certains réseaux religieux contemporains, la singularité du Nigeria en tant que nation missionnaire en Afrique méritait enfin d'être interrogée. La domination économique de ce pays sur les pays frontaliers, le dynamisme des réseaux migratoires nigérians et le rôle historique du Nigeria comme pôle de formation ecclésiale et universitaire en Afrique de l'Ouest ont favorisé la formation de véritables entreprises religieuses transnationales plus ou moins centralisées.
Si Églises et confréries d'origine nigériane influencent de manière contrastée les paysages religieux nationaux, les entrepreneurs nigérians s'affirment volontiers comme une avant-garde missionnaire d'un nouvel ordre religieux mondial.
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Didier Ratsiraka ; transition démocratique et pauvreté à Madagascar
Cécile Lavrard-meyer
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 7 Juillet 2015
- 9782811114312
« Faut-il voir en Didier Ratsiraka un nationaliste sourcilleux façonné par ses études françaises et ses rencontres avec les milieux progressistes internationaux ? Sa formation chrétienne a-t-elle, au contraire, laissé des traces durables, avec cette ambition, latente, de réconcilier socialisme et religion ? Serait-il plutôt un de ces « rêveurs éveillés - qu'évoque Sartre - dont le propre est, comme on sait, de ne pouvoir s'adapter au réel » ?
Gaullien pour les uns, manipulé pour les autres, séduisant pour tous, intelligent assurément, le président de la République Démocratique de Madagascar n'est pas de ces chefs d'État qui laissent indifférents, sortis de leur environnement national.
Peut-être, après tout, est-il à l'image de son pays : orgueilleux mais ouvert, complexé mais habile, produit composite du métissage culturel et de la tradition. ».
Direction des Affaires étrangères et malgaches.
Notice biographique sur Didier Ratsiraka, août 1982.
Archives du ministère des Affaires étrangères de la France.
Ainsi s'interrogeait le Quai d'Orsay sur Didier Ratsiraka, six ans après son investiture en 1976 comme président de la République de Madagascar. Trois ans plus tôt, en 1973, alors tout jeune ministre des Affaires étrangères, Didier Ratsiraka avait acté l'indépendance réelle de Madagascar par la révision de ses accords de coopération avec la France. Après avoir présidé aux destinées de la Grande Île pendant un quart de siècle et avoir été exilé en France à deux reprises, Didier Ratsiraka est pour la première fois amené ici, dans un dialogue sans concession, à livrer sa part de vérité sur sa destinée et celle de son pays.
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Les mutations sorcières dans le bassin du Congo ; du ventre et de sa politique
Patrice Yengo
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 4 Juillet 2016
- 9782811115272
Dans les sociétés bantoues où les relations de parenté constituent le noyau rationnel de l'économie de la vie, toute atteinte à la structure du lignage ébranle non seulement le fondement social des droits et des obligations de chacun mais aussi son rapport au monde. La conséquence immédiate en est le retour du fait sorcellaire qu'un certain africanisme attribue à la dynamique de la modernité africaine ou à l'emprise de la retraditionnalisation. Mais la sorcellerie (kindoki), au sens que les Bantous lui accordent, relève d'une conception derrière laquelle se profile toujours l'armature parentale au coeur de laquelle se trouve la notion centrale de ventre. Au-delà de sa désignation anatomique (vumu), le Ventre symbolise le lignage (moyo), lieu de localisation de la force vitale protectrice du groupe sous la forme d'une substance spécifique, kundu (witchcraft substance), émanation de l'ancêtre dont il assure la permanence, l'ordre et la force de la loi.
En partant de la crise structurelle qui frappe les sociétés matrilinéaires du bassin du Congo, cet ouvrage étudie les mutations sociales et politiques en cours, de leur genèse coloniale à leur expression globalisée contemporaine. Il montre combien le délitement des structures lignagères laisse jaillir toute la souffrance qu'elles canalisaient chez l'individu et comment la société, irriguée désormais par des tensions inédites, aspire à de nouveaux équilibres. D'où le souci de se ressourcer à un idéal-type dans lequel la relation sorcellaire traduit le désir de retrouver un cadre où tout semblait réglé par une force tutélaire. C'est sous l'emprise de cette idéalité, fascinante mais illusoire, que le sujet lignager postcolonial se construit, en reproduisant par la défensive ce que la rapidité des mutations sociales et politiques ne lui permet pas de symboliser.
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économie arachidière et dynamiques du peuplement au Sénégal ; Kaffrine et le Saloum oriental de 1891 à 1960
Valy Faye
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 25 Janvier 2016
- 9782811115692
À travers une approche renouvelant la démographie historique à partir de l'étude d'une région qui a cristallisé les mouvements de population les plus significatifs dans la colonie du Sénégal, ce livre reconstitue l'histoire du Saloum oriental en le situant dans l'histoire globale de la colonie et du capitalisme industriel français. Il projette un éclairage neuf sur l'histoire économique du Sénégal colonial, en exploitant une riche documentation, écrite et orale sur les divers aspects de l'histoire des peuplements, de l'économie, de la société et de la culture, pour rendre compte des transformations et des ruptures enregistrées sur une période de près de 70 ans.
Valy Faye établit les étapes de l'évolution démographique du Saloum oriental, largement marquées par des interventions de l'administration coloniale, mais aussi par des dynamiques autochtones révélatrices de choix politiques et économiques des chefs religieux à la recherche d'autonomie économique. Il analyse ainsi les diverses mesures administratives qui ont encadré le cheminement, souvent forcé, des diverses communautés ethniques, mais aussi l'organisation par les confréries religieuses des déplacements des travailleurs et de leurs familles pour tirer profit des revenus monétaires procurés par l'arachide.
Il montre à l'échelle locale un modèle de mise en valeur extraverti et fondé sur une surexploitation des ressources naturelles et humaines de ces terroirs. La fièvre de l'arachide s'est développée au détriment des cultures vivrières et avec la marginalisation des activités de l'élevage. Ce modèle a subi les contrecoups de la crise de l'agriculture sénégalaise et du capitalisme industriel français.
Cette contribution permettra sans aucun doute aux décideurs, aux élus et aux citoyens de la région de Kaffrine de tirer le meilleur profit des matériaux de l'histoire de leur territoire. À un moment où le grand pôle de développement du Sine-Saloum se met en place et se cherche une identité, qui devra se forger avec une pleine conscience de ses diversités et des héritages du passé.