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Joseph K
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Meckert « croit au théâtre », écrit Raymond Queneau en 1949.
Connu comme romancier, Jean Meckert est aussi l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont la plus ancienne, Les Radis creux, date de 1943, peu de temps après la parution de son premier roman, Les Coups, salué par Gide et Queneau.
La lecture-spectacle des Radis creux au Vieux-Colombier est chaleureusement applaudie, le critique Thierry Maulnier soulignant alors la « valeur dramatique incontestable » de la pièce, dont le héros, Albert, est un jeune chômeur qui vit misérablement en faisant pousser des légumes sur les tombes abandonnées d'un cimetière. Albert empêche le suicide d'une jeune fille venue se tuer sur la tombe de son amant, Madeleine, qui lui confie son désespoir mais aussi sa révolte contre la tyrannie bien pensante d'une famille de bourgeois parisiens.
Si un lien semble naître entre les deux êtres que rapproche la solitude, Albert est rapidement rejeté et humilié par Madeleine, puis par sa soeur Édith : « Entre celui qui garde en lui le besoin des échanges humains, mais que la société, qui l'écrase, rejette comme un déchet, et ceux chez qui les plus grands sentiments, la pitié, la vertu, l'amour et la révolte ne sont plus que des simulacres derrière lesquels la première secousse un peu brutale fait apparaître le visage hideux des préjugés et des conventions de caste, la communication n'a pu s'établir. » Montée en novembre 1951 au Théâtre de Poche, la pièce est interprétée par Sylvia Monfort dans le rôle d'Édith, Marie-France Rivière dans celui de Madeleine, Étienne Bierry dans celui d'Albert, et Marcel Cuvelier, qui a mis en scène Nous avons les mains rouges, dans celui du gardien du cimetière.
Meckert voulait que son théâtre soit publié. Les éditions Joseph K., qui ont déjà fait paraître plusieurs inédits de l'auteur, exaucent ce souhait, révélant une facette méconnue de son oeuvre, indissociable de la singularité et de « l'énergie intérieure » qui habitent ses premiers romans. -
Comme il le fera avec Nous avons les mains rouges, la pièce de théâtre L'Ange au combat est l'adaptation d'un de ses premiers romans, La Lucarne (1945), qui est le résultat de divers écrits, souvent autobiographiques, dont certains remontent à 1938, tandis que d'autres ont été rédigés pendant la « drôle de guerre » ou l'Occupation. Ce roman, à la « langue parlée », met en scène Édouard Gallois, dont la vie ressemble beaucoup à celle qu'a connue Jean Meckert avant-guerre : à peine âgé de vingt-cinq ans, Édouard vit avec Gisèle dans un petit logement au septième étage d'un modeste immeuble parisien ; elle travaille dans une maison de publicité, alors que lui est au chômage et tente de gagner un peu d'argent comme camelot. Universaliste, il lutte pour la création d'une « armée de la paix » qui empêchera, en cette année 1939, la guerre qui s'annonce. Un engagement aux allures mystiques qu'il veut partager avec Gisèle qui ne le comprend pas, le méprise et tente de le tuer.
La pièce, quant à elle, souligne le lien singulier d'Édouard, « un fou, un prophète, un type qui n'est pas comme tout le monde », et de Lucette, dont l'amour « prend la vigueur d'un sacrifice et le poids d'une folie ». Face à eux, se dresse le conformisme de Gisèle qui se moque de leur naïveté et les rejette brutalement : « Tous les deux possédés ! Moi, j'ai peur, tu m'entends ! J'ai peur et je m'en vais ! Peur de vous tuer tous les deux ou de vous jeter des pierres ! » Meckert adresse une copie de l'adaptation pour la scène de La Lucarne à Gaston Gallimard en avril 1948, espérant une publication de sa pièce, puis une autre l'année suivante à Jean-Louis Barrault, lequel propose à la Radiodiffusion française de la jouer avec sa troupe. Proposition acceptée, L'Ange au combat est diffusé sur les ondes le 6 février 1 950. Mais la pièce ne sera jamais mise en scène. -
Adaptée de son roman paru en 1947, la pièce est créée au théâtre Verlaine en 1950, l'année de la sortie de son premier titre d'une longue production à la « Série Noire », Y'a pas de bon Dieu !, signé du pseudonyme de John Amila.
Les critiques comparent la pièce à celle de Sartre, Les Mains sales (1948) et à celle de Camus, Les Justes (1949), le titre de l'un des articles consacré à Nous avons les mains rouges s'intitulant même : « Les Justes aux Mains sales ». Mais Meckert ne s'est inspiré ni de l'une ni de l'autre. L'idée est ancienne : dès 1946, il fait paraître une courte nouvelle, « Les Spectres », dont l'intrigue et les enjeux sont déjà ceux du roman et de la pièce, que Jean Meckert rappelle au public : « Le drame se joue dans un village savoyard, deux ans après la Libération, mais cela pourrait se placer en n'importe quel temps et n'importe quel lieu. C'est avant tout la tragédie des purs qui n'acceptent aucun compromis et ne connaissent qu'un seul mot : la Justice. Dans un chalet montagnard, les circonstances ont réuni autour de M. d'Essartaut et de ses deux filles une bande de gars qui prétendent poursuivre une oeuvre d'épuration publique qu'ils jugent nécessaire. [...] Leur passion vient des tripes et s'ils deviennent des justiciers c'est qu'une indignation vraie les y amène, et non un simple esprit de système. Mais rien n'est pur, rien n'est absolu. La chaleur humaine pousse à la violence, et la violence tourne rapidement à la dernière perversion. » « Oh ! nous savons bien que tout n'a pas été rose dans la résistance et qu'elle n'a pas compté que des anges », écrit un critique d'alors, qui ajoute : « Mais était-il nécessaire de l'étaler en public, de le montrer sur une scène ? » Oui, répond Jean Meckert, qui porte un regard sans concession sur cette période mais plus profondément sur la terreur du fanatisme politique au nom de la Justice et de la Pureté. -
Chez les anarchistes : reportages, nouvelles et autres textes
Jean Meckert
- Joseph K
- 15 Avril 2021
- 9782910686826
Lorsque paraît son premier reportage, en janvier 1946, Jean Meckert a déjà publié Les Coups, L´Homme au marteau et La Lucarne chez Gallimard où il fait figure de jeune auteur prometteur. Ses reportages, pour la première fois réunis en recueil, mettent à la une d´Essor les conditions matérielles des « humbles », désenchantés par les lendemains de la Libération en laquelle ils avaient mis tous leurs espoirs. Brutalement ramenés à la réalité des restrictions, du marché noir et de la misère, ils sont confrontés aux « puissants du moment », profiteurs de guerre, affameurs, politiques ou fonctionnaires. Dans le style brut qui est la marque de ses romans, eux-mêmes inspirés d´une réalité vivante et autobiographique, Jean Meckert recueille témoignages et confidences, ou brosse les portraits ironiques des révolutionnaires de tous ordres. Les nouvelles et autres textes qui complètent ce recueil, où l´on retrouve ces «?humbles » que rien n´épargne, sont écrites d´une même encre noire.
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Entretiens, conférences, textes rares, inédits
Georges Perec
- Joseph K
- 28 Novembre 2019
- 9782910686789
En permettant de découvrir plus largement un Georges Perec commentateur de son oeuvre ainsi que son discours sur la littérature et l'art dans leurs manifestations les plus diverses, les documents ici réunis témoignent de l'émergence et de l'affirmation progressive de l'esthétique de lécrivain, tout en la situant par rapport à l'actualité littéraire, culturelle et sociopolitique de l'époque.
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à vingt ronds. Non, ce qu'il y a de terrible, c'est que insidieux, ça vient petit à petit, en douce, comme une vache de tuberculose, on se croit encore bien portant, on crâne et puis on tombe en pourriture. Là, c'est pas le poumon, la vessie ou le pancréas qui est atteint, c'est le moral et tout le reste par contrecoup.
Je ne saurais pas dire exactement comment cela a commencé, ça date probablement de bien loin, il y a fort longtemps qu'on m'a privé de la plus élémentaire confiance en moi. Sur les bancs de l'orphelinat d'abord, avec cette odieuse morale qui faisait de moi un petit saint dont tout le monde profitait. En apprentissage ensuite, puis dans de vastes bureaux de comptabilité, au régiment, partout à se faire engueuler, amoindrir par des types dont je n'osais plus croire qu'ils ne me valaient pas.
Cette chambre pouilleuse, c'est devenu rapidement pour moi autre chose qu'un abri, c'était mon dernier retranchement, mon refuge contre le monde qui voulait me bouffer.
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De l'hospitalisation qui n'effacent pas les séquelles de deux heures de coma, il veut comprendre ce qui le laisse ainsi anéanti. Débute alors une lente enquête et une profonde méditation sur son passé, puis naît peu à peu l'idée d'un roman dont le narrateur serait un écrivain devenu amnésique.
Abandonnant ses habituels personnages de série noire, ce romancier choisit de faire de l'enfant qu'il fut, et que la mémoire a gardé intact alors que le souvenir des événements récents a disparu, le protagoniste de son prochain ouvrage, la mort de la mère puis celle de la soeur de Jean Meckert vont brutalement rendre l'écriture de l'oeuvre plus impérative encore, ces deux êtres disparus devenant les figures centrales de l'entreprise romanesque, la fiction se mêle alors intimement aux réalités saillantes de son existence.
Jean Meckert faisant de sa biographie l'essence même de Comme un écho errant. Adressé en 1986 aux Editions Gallimard, l'ouvrage est chaleureusement accueilli par Roger Grenier, mais refusé par les autres lecteurs qui lui reprochent de n'avoir pas choisi entre la biographie documentée et le roman psychologique. Terminé moins d'une dizaine d'années avant sa mort, ce roman autobiographique est ainsi resté inédit jusqu'à ce jour.
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Temps noir : dictionnaire des littératures policières Tome 1
Collectif
- Joseph K
- Temps Noir
- 22 Novembre 2007
- 9782910686444
Saluée unanimement par la presse, la première édition du Dictionnaire des littératures policières, parue en octobre 2003, a été épuisée en quelques semaines.
Claude Mesplède et son équipe (qui compte plusieurs dizaines de nouveaux collaborateurs) proposent aujourd'hui une édition revue, mise à jour et augmentée de 500 nouvelles entrées !
Amoureux des dictionnaires, Daniel Pennac dit dans sa préface l'extrême importance de cette édition : «Si les littératures policières décrivent le monde et l'individu tels qu'ils ne vont pas, Le Mesplède, lui, décrit le monde des littératures policières tel qu'il va et où qu'il aille.
Ce ne sont pas seulement des auteurs, des titres, des personnages, ou des thèmes qui sont répertoriés ici, mais tout ce qui constitue la vie même autour de ces romans et de ces nouvelles :
Leurs collections, leurs séries, leurs maisons d'édition, leurs librairies, leurs fanzines, leurs historiens, leurs dessinateurs, leurs films, leurs festivals, leurs prix locaux et internationaux...
Oui, c'est bien Le Mesplède que j'emporterais sur une île déserte ; ce dictionnaire si minutieusement achevé est un roman sans fin. »
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À côté des rares volumes de nouvelles qu´il publie, Franz Kafka songe, à partir de 1917, faire paraître un recueil d´aphorismes. On trouvera ici les deux grandes séries collationnées par lui de ses ""pensées"" éparses, délimitées par Brod et Schoeps, et conformes à l´édition allemande. Comme en marge de la visée littéraire de Kafka, mais l´éclairant singulièrement, l´enjeu et la nature de ces aphorismes ne laisseront pas de surprendre. Et on pourrait dire, avec Claude David qui attira l´attention sur leur extrême importance, que c´est en effet, pour une réelle connaissance de Kafka, là sans doute «le fond permanent de sa pensée qui apparaît».
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L'extermination des Juifs de Varsovie et autres textes sur l'antisémitisme
Victor Serge
- Joseph K
- 10 Février 2022
- 9782910686840
Lorsque le Maréchal Pétain se rendit en visite officielle à Marseille en décembre 1940, la Préfecture de Police procéda à nombre d'arrestations « préventives » afin d'assurer la sécurité du susnommé.
L'écrivain Victor Serge figure parmi ceux qui furent contraints à « prendre le large ». Son patronyme russe, Kibaltchitche, ainsi que la mention « apatride » apposée sur sa carte de séjour, perturba l'un des policiers chargés de l'embarquement qui demanda à Victor Serge s'il était Juif. Sans s'émouvoir, celui-ci répliqua avec calme et fermeté : « Je n'ai pas l'honneur ! » Cette solidarité, il n'avait pas attendu la fin de l'année 1940 pour la traduire en actes. Depuis plusieurs années - comme le lecteur pourra le découvrir avec les textes réunis dans ce volume -, il informait régulièrement militants et citoyens sur le sort inhumain infligé aux Juifs de par le monde et il dénonçait aussi bien les idéologies que les politiques xénophobes et antisémites.
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Temps noir : dictionnaire des littératures policières Tome 2
Claude Mesplède, Collectif
- Joseph K
- Temps Noir
- 22 Novembre 2007
- 9782910686451
Saluée unanimement par la presse, la première édition du Dictionnaire des littératures policières, parue en octobre 2003, a été épuisée en quelques semaines.
Claude Mesplède et son équipe (qui compte plusieurs dizaines de nouveaux collaborateurs) proposent aujourd'hui une édition revue, mise à jour et augmentée de 500 nouvelles entrées !
Amoureux des dictionnaires, Daniel Pennac dit dans sa préface l'extrême importance de cette édition : «Si les littératures policières décrivent le monde et l'individu tels qu'ils ne vont pas, Le Mesplède, lui, décrit le monde des littératures policières tel qu'il va et où qu'il aille.
Ce ne sont pas seulement des auteurs, des titres, des personnages, ou des thèmes qui sont répertoriés ici, mais tout ce qui constitue la vie même autour de ces romans et de ces nouvelles :
Leurs collections, leurs séries, leurs maisons d'édition, leurs librairies, leurs fanzines, leurs historiens, leurs dessinateurs, leurs films, leurs festivals, leurs prix locaux et internationaux...
Oui, c'est bien Le Mesplède que j'emporterais sur une île déserte ; ce dictionnaire si minutieusement achevé est un roman sans fin. »
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Règlement de comptes : et autres nouvelles policières
Jean Meckert
- Joseph K
- 11 Janvier 2024
- 9782910686918
Après Les Coups, qui connaît un succès critique et public, Jean Meckert, soutenu par Raymond Queneau, quitte son métier de fonctionnaire pour se consacrer entièrement à l'écriture. Sous les pseudonymes de Duret ou Duvivier, il fait paraître une vingtaine de fascicules policiers ou sentimentaux.
Le présent ouvrage rassemble les récits policiers offrant une facette méconnue de la production littéraire du jeune auteur de la NRF qui, quelques années plus tard, publiera, sous le pseudonyme de John Amila, Y'a pas de Bon Dieu ! à la «â€‰Série Noire », le premier d'une longue série de romans noirs dont Didier Daeninckx et Patrick Pécherot revendiqueront l'influence.
Règlement de comptes et autres nouvelles policières apparaît ainsi comme le lien entre la littérature blanche de Jean Meckert et la littérature noire de John Amila, l'auteur prenant ses distances avec le récit de détection pour puiser son inspiration dans le réalisme de la vie quotidienne ou l'intensité sanglante du fait divers. -
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Temps noir n.21 : le roman policier sous l'Occupation
Temps Noir
- Joseph K
- Temps Noir
- 28 Mars 2019
- 9782910686772
Au sommaire de son vingt et unième numéro, Temps Noir publie un important dossier consacré au roman policier sous l'Occupa- tion. Michel Chlastacz, à qui l'on doit déjà plusieurs articles sur cette période, propose une étude générale sur l'édition des livres et fascicules policiers des années 1940-1944 qui, malgré les difficultés politiques et économiques du moment, n'a jamais cessé d'alimenter les kiosques et les librairies.
Hervé Bismuth mène une réflexion sur l'évo- lution du discours «masculin» dans la série des aventures de San-Antonio: discours virilisant de ses débuts, en 1949, mis à mal tout au long du demi-siècle qui s'écoule, notamment par la forte déstabilisation du discours masculin dans la France des Trente Glorieuses.
Benoît Tadié, spécialiste du roman noir américain, s'entretient avec Richard Layman, l'auteur de la biographie de référence sur Dashiell Hammett, et l'éditeur d'un recueil capital qui vient de paraître aux États-Unis, qui rassemble pour la première fois l'ensem- ble du corpus des histoires du premier détective de Hammett, Continental Op, dont la plupart des histoires a été publiée dans le célèbre pulp Black Mask.
Patrice Allain, quant à lui, nous fait décou- vrir un Louis Chavance inédit. Associé aux plus grands noms du cinéma français:
Marcel L'Herbier, Henri-Georges Clouzot, Jean Vigo, Marcel Carné ou André Cayatte, on ignore souvent qu'il dirigea aussi durant les années de guerre une collection de romans policiers pour l'éditeur Georges Ventillard et qu'il écrivit à cette occasion une petite dizaine d'ouvrages sous les pseudonymes de John Irving et de Jack River, et qu'il permit à Léo Malet de publier sa première oeuvre noire.
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ça ne me regarde pas : reportages, nouvelles et contes inédits
Michel Audiard
- Joseph K
- 14 Octobre 2021
- 9782910686819
1946, Michel Audiard revient au journalisme. Il signe alors une série de reportages sur le Paris de l'après-guerre, fortement marqué par les années de l'Occupation : tickets d'alimentation, marché noir et crise du logement n'ont pas disparu. Pour L' Étoile du Soir, il se rend aux quatre coins de la Capitale, mais n'ignore pas les banlieusards ou les habitués des bords de la Marne. Il « couvre » l'actualité politique, sportive ou culturelle, et ne manque ni les bals populaires ni les fêtes foraines. Jeune reporter infatigable, Michel Audiard prend aussi la plume pour écrire des contes et des nouvelles. Sombre avec « Deux hommes sur le quai », il se montre autobiographique et sentimental avec « La plus belle fille du monde », ironique et mordant avec les confidences fielleuses de la concierge qui en sait beaucoup sur le fou du quatrième, un existentialiste, ou sur la petite du second, une créature.
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Cet ouvrage n'entend pas remplacer les deux volumes réunissant les entretiens et conférences donnés par Georges Perec entre 1965 et 1981, et publiés par Joseph K. en 2003 dans une édition critique établie par nos soins. Il vise tout simplement à présenter un aperçu des commentaires de Perec sur son oeuvre et son activité d'écrivain.
Les documents réunis dans ce florilège permettent ainsi de suivre à grands pas le cheminement de l'écrivain à partir de l'automne 1965, où son premier roman publié, Les Choses, obtient le prix Renaudot, jusqu'à l'automne 1981, où très sollicité depuis La Vie mode d'emploi qui lui a valu le prix Médicis en 1978 et l'a imposé définitivement sur la scène littéraire, Perec effectue plusieurs séjours à l'étranger.
Si au tournant des années 80 La Vie mode d'emploi reste au coeur de nombreux échanges, l'heure est souvent aux entretiens thématiques (le jeu, la judéité, le rôle de la mémoire et des contraintes), mais aussi aux bilans et retours en arrière : ses interlocuteurs l'invitent ainsi à jeter un regard rétrospectif sur son oeuvre et à s'interroger sur son évolution. Autre aspect important des propos de cette époque : l'écrivain s'identifie de plus en plus nettement à la cause de l'Ouvroir de littérature potentielle réuni depuis 1960 autour de Raymond Queneau et François Le Lionnais et au sein duquel Perec a été coopté en 1967.
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Début 1933, paraît un nouvel hebdomadaire, Pamphlet. Ils ne sont que trois pour rédiger l'ensemble des seize pages que compte le périodique : Alfred Fabre-Luce, Pierre Dominique et Jean Prévost. Trois hommes et des parcours qui divergent après le 6 février 1934, date charnière qui agit comme un révélateur. Après l'explosion de la violence, chacun choisit son camp pendant la montée des périls, avant le déclenchement des hostilités. Les deux premiers adhéreront au Parti populaire français de Jacques Doriot, puis verseront dans le vichysme ou la collaboration. Quant à Jean Prévost, résistant, il connaîtra une fin tragique dans le Vercors, abattu par les Allemands le 1er août 1944. Dans les cinquante numéros de Pamphlet parus de février 1933 à mars 1934, Jean Prévost compose le panorama de son singulier éclectisme et exprime sa volonté de comprendre son époque : Pamphlet marque le point culminant de son engagement " politique " dans la presse; il y pratique un journalisme de combat, exigeant, critique et sans idéologie. Exhumés et réunis pour la première fois en volume, les textes qui composent le présent recueil résonnent par leur modernité et leur extrême indépendance à l'égard des systèmes et de tous les " ismes " dont les années 30 firent grande consommation. Lucide sur les événements, Jean Prévost ne l'était pas moins sur lui-même ; raison supplémentaire pour lire ou découvrir cet écrivain hors-norme dont le maître mot était liberté, nécessairement conjugué au verbe résister.
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L'écrivain qui, à la manière de Baudelaire, dispense des Conseils aux jeunes littérateurs et signe, au printemps de 1929, un Traité du débutant, n'a que vingt-huit ans. Voici donc un garçon précoce doublé d'un outrecuidant. C'est qu'il ne lui déplaît point de poser en cicérone, de feindre d'avoir assez de métier pour l'enseigner aux novices. Il ne déteste pas non plus profiter de l'exercice pour s'imposer à lui-même quelques règles de conduite. Bref, notre jeune auteur a du caractère. Il est vrai, que, à l'âge où certains de ses contemporains finissent encore leurs études, Jean Prévost a déjà bien vécu et beaucoup écrit. Si son Traité du débutant se lit si bien plus de quatre-vingts ans après sa parution, ce n'est pas seulement que son auteur écrit vite, clair et moderne, c'est aussi qu'il donne des conseils pratiques qui valent toujours et portent, sur la société littéraire, des jugements que le temps a rendus plus aigus. Bien avant La littérature à l'estomac, de Julien Gracq, il écrit : " La hâte que ce siècle a voulu mettre en toutes choses, il l'a mise aussi dans sa lecture ". Mais aussi : " Étant donné que le public est bête, tout grand et immédiat succès d'une belle oeuvre est le fruit d'un malentendu ". Mais encore : " Les critiques n'ont aucune espèce d'influence (...) ; ils n'ont même pas d'avis ". Une fois pour toutes, Jean Prévost a décrété que le public des vrais lettrés ne dépassait pas, en France, les six cents âmes. Pour ce début de siècle, nous ne serons guère plus généreux.
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L'occupation rassemble des oeuvres majeures de Georges Perros parues dans des tirages confidentiels aujourd'hui, pour la plupart, épuisés : Lettre-préface, En vue d'un éloge de la paresse, Échancrures, Notes d'enfance, Lexique, Gardavu, Huit poèmes, L'occupation, Télé-Notes. À l'instar des Papiers collés, les oeuvres rassemblées dans ce volume explorent tous les registres de l'écriture fragmentaire de Georges Perros. Formes multiples et enchaînées de l'aphorisme, poème ou note, éloge de la paresse, portrait à vif d'une adolescence ordinaire ou encore pathétique testament de jeunesse constituent ici l'itinéraire littéraire et le journal mental de l'écrivain.
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Au bout de l'effort de connaître " en vérité ce qui est " trente années de mise à l'épreuve active du poétique et de sa pensée -, Jean-Paul Michel formule aujourd'hui une attente.
Il en appelle à une " Bonté seconde ", la " justice " d'oeuvres qui " tiennent ". " Comment juger un homme sinon à sa hauteur d'attente ? ", demande ce livre. Le paradoxe est que le pari sur un au-delà de tous les savoirs n'enlève pas à l'exigence de lucidité, mais lui ajoute. La nudité du réel reconnue nudité, sur quelles puissances parier encore, sinon cette générosité d'après les épreuves ? Le cahier dirigé par Tristan Hordé (inédits, entretiens, lectures, dossier critique, documents, bibliographie) découvre les voies qui rendent nécessaires ce " coup de dés ".
Les études de Jean-Luc Nancy, Pierre Bergounioux, Robert Bréchon, Jean-Baptiste Para, Vincent Pélissier et une dizaine d'autres témoins privilégiés, ainsi que les importants entretiens avec Tristan Hordé éclairent les moments cruciaux d'une vivante " traversée du négatif ".
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Il y a une ligne de force souterraine qui m'a bouffé le cerveau depuis quelque temps : quand mon père est décédé, je me suis mis à écrire (à trente-cinq ans) ; quand ma mère l'a suivi (huit ans après), je me suis décidé à devenir père. Étonnant, non ? Je n'adhère pas aux diktats générés par cette vérité sous-jacente, mais je me méfie toujours.
L'essentiel, ici, est d'avouer que l'on ne sait pourquoi l'on se retrouve à aligner des mots, des phrases, que l'on se jette, tête baissée, dans une production tous azimuts de textes disparates. -
Détective, fabrique du crime ?
Amélie Chabrier, Marie-Eve Thérenty
- Joseph K
- 26 Janvier 2017
- 9782910686727
En 1928, Détective, lancé par Gallimard avec l'aide des frères Kessel, prétend être le premier hebdomadaire de faits divers,à la fois journal et magazine : chaque jeudi, la petite fabrique de crimes alimente les kiosques de ses numéros sanglants pour des lecteurs venus chercher leur dose d'énigme et d'horreur.
Ses photographies impressionnent, ses reportages passionnent, ses signatures prestigieuses attirent. Détective devient l'atelier où se forge une certaine vision de la France criminelle des années trente et où certaines affaires emblématiques (les soeurs Papin, la parricide Violette Nozière, Stavisky) sont exposées au public. Véritable succès de vente pour les éditions Gallimard mais aussi cible numéro 1 des critiques qui condamnent son immoralité et son manque de fiabilité, le journal ne laisse pas indifférent. Mais que connaît-on vraiment de son histoire ? Comment expliquer une telle réussite ? C'est cette composition savante que cet ouvrage se propose de redécouvrir.