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Littérature
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La raison graphique la domestication de la pensée sauvage
Jack Goody, Jean Bazin, Alban Bensa
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Janvier 1979
- 9782707302403
À partir de recherches entreprises « sur le terrain » pour comprendre le fonctionnement de sociétés du Nord du Ghana, le professeur Jack Goody qui enseigne actuellement l'anthropologie sociale à l'université de Cambridge, se demande si l'on peut parler d'une spécificité de la pensée écrite.
À l'encontre de la tradition qui considère généralement la parole comme le lieu de la vérité, Jack Goody se demande comment la linguistique - la science du langage parlé - peut exister sans l'écriture, étant entendu qu'écrire ce n'est pas seulement noter la parole mais aussi en découper et en abstraire les éléments. Reprenant ainsi les analyses de Jacques Dérida dans De la grammatologie, l'auteur montre que la langue parlée est déjà une écriture dans la mesure où elle nécessite un ton, une ponctuation - ce qui le conduit à soutenir que la parole dans son contenu comme dans son statut marque toujours des références multiples à l'écrit.
Il étudie ensuite, à partir d'exemples empruntés à Durkheim et à Mauss, mais aussi à Griaule et à Needham, les transformations que l'on fait subir à la parole et plus généralement à toute information par la transcription écrite sous la forme de tableau de correspondances entre parties du monde, parties du corps etc., ce qui a conduit toute une tradition ethnologique, dont le mouvement structuraliste et notamment Lévi-Strauss, à supposer que la pensée sauvage obéit à des contraintes logiques qui sont en fait, en grande partie, le produit de techniques de transmission et de transcription de la pensée.
Prendre conscience que le savoir écrit des sociétés sans écriture, cela ne va pas de soi, c'est ce que montre Jack Goody : parce qu'ils se posent peu la question, les ethnologues, pour connaître la pensée sauvage, commencent souvent par la domestiquer.
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Naissance de l'écrivain ; sociologie de la littérature à l'âge classique
Alain Viala
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Avril 1985
- 9782707310255
La littérature n'est pas seulement jeu de formes ou libre exercice de l'imagination ; elle est aujourd'hui valeur sociale de premier plan. Aussi la réflexion critique doit-elle s'interroger sur l'histoire de cette valeur : l'âge classique représente à cet égard un moment décisif.
C'est alors que l'espace littéraire s'est constitué en champ social. C'est alors qu'a pris forme le réseau de ses instances spécifiques : académies, mécénat d'État, droits des auteurs et censure, mais aussi salons littéraires, presse ... C'est alors qu'au sein d'un public plus nombreux et divers, la littérature est devenue objet d'échanges multipliés, tant dans l'ordre marchand que dans l'ordre symbolique. Et, avec une rapidité étonnante, l'École et les palmarès culturels ont consacré les novateurs de l'époque, en ont fait des « classiques » au sens strict du terme. L'art d'écrire est ainsi devenue une fonction sociale reconnue.
Statut ambigu cependant, lourd de tensions et de conflits entre les écrivains et les pouvoirs. Exemplaire des effets de prisme qui président aux relations entre le littéraire et le social, cette ambiguïté induit l'équivoque et la duplicité au coeur même des textes. Décapés des mythes du « Grand Siècle », les oeuvres illustres, comme les tragédies de Corneille ou les pamphlets de Pascal, mais aussi les ouvrages peu connus, comme les essais critiques de Guéret ou les mazarinades de Dubosc-Montandré, laissent voir dans leurs formes la marque de ces tensions.
La sociologie de la littérature classique ouvre ici la voie de la pragmatique des textes. Car l'imaginaire d'un écrivain c'est, aussi, l'image qu'il construit de lui-même au sein de l'espace littéraire, et son esthétique, la forme qu'il lui donne.
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