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Vivre avec les hommes : Réflexions sur le procès Pelicot
Manon Garcia
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- 5 Mars 2025
- 9782080478160
«Je suis philosophe, je m'intéresse aux rapports entre les femmes et les hommes : après un premier livre sur la soumission des femmes aux hommes, j'ai écrit un ouvrage sur le consentement et les injustices de genre dans la sexualité hétérosexuelle. Je suis aussi une femme de bientôt quarante ans, qui voudrait pouvoir exister dans le monde sans s'inquiéter sans cesse des violences sexistes et sexuelles dont mes amies, mes filles ou moi pourrions être victimes. J'ai vu les changements apportés par le mouvement #MeToo, je vois le backlash masculiniste qui s'efforce de renvoyer les femmes à leur position de deuxième sexe. Lorsque je découvre les crimes commis sur Gisèle Pelicot, je sais que se condensent dans cette histoire toutes les questions philosophiques qui sont les miennes. J'hésite à aller au procès de Mazan. Puis je me rends à l'évidence : il me faut écrire ce procès et l'expérience que j'en fais, comme philosophe et comme femme. Et tenter de répondre à cette question qui me hante : peut-on vivre avec les hommes ?»
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La Conversation des sexes : philosophie du consentement
Manon Garcia
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- 6 Octobre 2021
- 9782080242365
L'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo ont mis la question des violences sexuelles au premier plan. Depuis, le consentement renvoie naturellement au consentement sexuel et amoureux, envisagé comme un sésame de l'égalité entre femmes et hommes. Pourtant, il est bien difficile à définir, et soulève trois problèmes. Le problème juridique, bien connu de celles et ceux qui suivent l'actualité, peut être résumé ainsi : que faire pour que les cas de viol, d'agression et de harcèlement sexuels soient efficacement punis ? Le deuxième problème est moral : comment penser des relations amoureuses et sexuelles qui ne soient pas fondées sur des normes sociales sexistes et inégalitaires ? Enfin, le problème politique : comment ne pas reconduire les injustices de genre qui se manifestent dans les rapports amoureux et sexuels ? La magistrale analyse du consentement que propose Manon Garcia revisite notre héritage philosophique, plongeant au coeur de la tradition libérale, mettant à nu ses impensés et ses limites. De John Locke aux théoriciennes féministes françaises et américaines, en passant par Michel Foucault et les débats sur la pratique du BDSM, c'est une nouvelle cartographie politique de nos vies privées que dessine cet essai novateur. Au terme de ce livre, il s'agira en somme, pour reprendre la formule de Gloria Steinem, d'«érotiser l'égalité» plutôt que la domination : en ce sens, le consentement sexuel, conçu comme conversation érotique, est sans doute l'avenir de l'amour et du sexe.
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Même les femmes les plus indépendantes et les plus féministes se surprennent à aimer le regard conquérant des hommes sur elles, à désirer être un objet soumis dans les bras de leur partenaire, ou à préférer des tâches ménagères - les petits plaisirs du linge bien plié, du petit-déjeuner joliment préparé pour la famille - à des activités censément plus épanouissantes. Ces désirs, ces plaisirs sont-ils incompatibles avec leur indépendance ? Est-ce trahir les siècles de féminisme qui les ont précédées ? Peut-on attendre que les hommes fassent le «premier pas» et revendiquer l'égalité des sexes ?Les récents scandales sexuels qui ont agité le monde entier ont jeté une lumière crue sur ces ambivalences et sur l'envers de la domination masculine : le consentement des femmes à leur propre soumission.Tabou philosophique et point aveugle du féminisme, la soumission des femmes n'est jamais analysée en détail, dans la complexité des existences vécues.Sur les pas de Simone de Beauvoir, Manon Garcia s'y attelle avec force, parce que comprendre pourquoi les femmes se soumettent est le préalable nécessaire à toute émancipation.
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Quelque chose a changé dans nos démocraties concernant la liberté d'expression, mais quoi ? On entend souvent qu'on ne pourrait plus rien dire et, en même temps, que les mensonges et les fake news ne cessent de prospérer, si bien qu'on ne serait plus en démocratie. Or, en s'interrogeant sur les conditions d'émergence de ces discours, il apparaît au contraire que, sans pouvoir tout dire, on n'a jamais pu autant s'exprimer qu'aujourd'hui, et que si le relativisme est nécessaire à la démocratie et au développement de la connaissance humaine, la vérité en politique ne l'est pas moins pour qu'un État démocratique le reste.
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Un pamphlet écrit par le gendre de Karl Marx et paru pour la première fois en 1880 dans l'hebdomadaire L'Egalité. La présente édition comporte en appendice une présentation de Paul Lafargue par Amédée Dunois et le discours de Lénine aux funérailles de l'auteur.
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Récit de deux années passées dans les bois, près de Concord, dans le Massachusetts. Publié en 1854, cet ouvrage influença de nombreux courants de pensée et servit de référence à ceux qui cherchaient à renouer avec des valeurs fondamentales.
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Capabilités ; comment créer les conditions d'un monde plus juste ?
Martha Nussbaum
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- 1 Septembre 2012
- 9782081270770
Si le produit intérieur brut d'un pays augmente chaque année et que le pourcentage de personnes privées d'instruction et de soins médicaux grandit lui aussi, ce pays est-il vraiment en progrès ? Nos indicateurs économiques échouent à saisir la réalité des vies individuelles. Nos théories du développement ignorent les plus élémentaires besoins de dignité. Mais il existe une alternative : l'approche des capabilités, sans doute la plus novatrice et la plus prometteuse des contributions de la philosophie politique à la question de la justice sociale.
Que sont les capabilités ? Ce sont les réponses à la question : « Qu'est-ce que cette personne est capable de faire et d'être ? ».
Au fil d'une passionnante discussion, Martha Nussbaum propose une liste de capabilités, garantes de domaines de libertés si centraux que leur absence rend la vie indigne. Son approche se présente comme une contribution au débat national et international, et non comme un dogme qui devrait être accepté en bloc. Une fois évaluée, soupesée, comparée avec d'autres, si elle résiste à l'épreuve de l'argument, elle pourra être adoptée et mise en oeuvre. Autrement dit, les lecteurs de ce livre seront les auteurs du prochain chapitre de cette histoire du développement humain.
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«Il ne la regardait pas parce qu'il craignait son attirance, mais c'est justement à cause de cela que ce qu'il avait à peine entrevu lui semblait particulièrement attirant. [...] Il partit pour ne pas la voir, mais étant monté au premier, sans savoir lui-même ni comment ni pourquoi, il s'approcha de la fenêtre et tant que les femmes demeurèrent devant le perron il se tint près de la fenêtre et il ne cessait de la regarder.»
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Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
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- 1 Mars 2017
- 9782081408746
Simone Weil (1909-1943) est engagée dès 1927 dans le syndicalisme révolutionnaire. Elle rejoint le monde ouvrier en 1934-1935 pour vivre sa condition, soutient le Front populaire, participe à la guerre d'Espagne, rallie enfin la Résistance et meurt en Grande-Bretagne en laissant une masse d'écrits inédits dont sa Note sur la suppression générale des partis politiques. Pour que le peuple vive dans la justice et la vérité qui ne peuvent être qu'une, deux grandes conditions sont requises selon elle : l'absence de passion collective et la possibilité d'exprimer une pensée sur les problèmes fondamentaux de la vie publique.
Or, les partis politiques comme les Églises s'opposent systématiquement à cette double exigence. Ayant un dogme, ils fonctionnent sur la base de la discipline et leur seul mobile réside dans leur propre développement. Autrement dit, ils sont « décerveleurs », d'où l'urgence de supprimer les partis qui enferment le peuple dans le danger manichéen du pour et du contre et qui l'empêchent de penser par lui-même.
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Vivre sans : une philosophie du manque
Mazarine Pingeot
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- 24 Janvier 2024
- 9782080427915
Le manque est au coeur des relations humaines et de la pensée, de l'économie et de la recherche, du désir et de la quête, de l'attente et de l'espoir. Peut-on réellement s'en passer ? Qu'appelons-nous au juste «manque» ? Nous pouvons manquer d'une chose, nous pouvons manquer de sens, nous pouvons manquer à quelqu'un ou quelqu'un peut nous manquer. Ce manque a trouvé son expression dans un terme devenu incontournable en marketing : le «sans». Sans sucre, sans gluten, sans lactose, sans calorie, sans nicotine, sans adjuvant, sans huile de palme, sans colorant, sans contact : par un tour de passe-passe extraordinaire, nous avons su transformer l'absence en valeur, le manque en objet de convoitise. Et si, sous cet angle, nous pouvions relire l'histoire de la pensée, entre plein et manque, désir et néant ? Et si l'histoire de nos sociétés de consommation révélait en creux une autre histoire, celle de la métaphysique de nos temps troublés ?
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L'esprit ludique du capitalisme
Guillaume Dagorret, Thibault De Vesinne-Larue
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- 19 Février 2025
- 9782080461841
Et si le capitalisme s'effondrait non pas sous le poids des inégalités ou de la crise climatique, mais faute de progression ? Autrement dit, si sa véritable fragilité résidait non dans un excès, mais dans un défaut de croissance ? C'est ce qu'affirme cet essai en proposant une hypothèse originale : le capitalisme s'organise comme un jeu vidéo réussi. Il repose sur un Core gameplay, l'échange, et un Meta gameplay, l'enrichissement. Ces deux composantes produisent une expérience immersive, structurée autour d'une courbe de progression. Dans la logique du jeu, le principal risque n'est pas qu'il devienne addictif... mais qu'il lasse ses joueurs jusqu'à finir par les perdre. Le sentiment de progression individuelle et collective disparaît, comme c'est le cas aujourd'hui dans les économies avancées. Veut-on encore jouer lorsque le jeu ne permet plus de progresser ? S'appuyant sur les enseignements de l'industrie du jeu vidéo et sur ceux des théories économiques, Guillaume Dagorret et Thibault de Vésinne-Larüe soulèvent une question audacieuse : si le capitalisme ne permet plus de progresser, peut-il être supplanté par d'autres jeux, et quels seront-ils ?
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Ce livre n'est pas un réquisitoire contre la cancel culture. C'est un livre-manifeste qui appelle au sursaut d'une gauche universaliste, éprise de justice et de progrès. Qui appelle aussi à la création d'un front populaire, seul capable de lutter contre les nouveaux fascismes qui gagnent le monde. Susan Neiman combat, argument contre argument, l'autocritique accusatoire qui rend la pensée des Lumières coupable des maux que sont le colonialisme et l'esclavage, coupable aussi d'aveuglement et d'eurocentrisme. Elle montre combien les revendications identitaires se révèlent réductrices et essentialistes, en un mot dangereuses. Elle critique le renoncement à l'idée de progrès qui encourage les politiques d'intérêt personnel et condamne toute action d'intérêt général. En quatre brefs chapitres, Susan Neiman redistribue les cartes d'une conversation intellectuelle nécessaire à nos démocraties.
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Manifeste des espèces compagnes : plaidoyer pour le partenariat chiens-humains
Donna Haraway
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- 30 Janvier 2019
- 9782081451483
Ce livre propose un pari audacieux : prendre notre relation avec les chiens au sérieux et apprendre «une éthique et une politique dévolues à la prolifération de relations avec des êtres autres qui comptent». Car la catégorie des espèces compagnes est bien plus vaste que celle des animaux de compagnie, elle inclut en effet le riz, les abeilles, la flore intestinale, les tulipes... «Vivre avec les animaux, investir leurs histoires et les nôtres, essayer de dire la vérité au sujet de ces relations, cohabiter au sein d'une histoire active : voilà la tâche des espèces compagnes.» Pas de grands récits, donc, mais des histoires, dont le but est avant tout, dit Donna Haraway, de mettre des bâtons dans les roues au projet humain d'écrire seuls cette histoire. Des histoires d'amour, mais également de pouvoir, de conflits raciaux et d'idéologies coloniales, des histoires qui aident à élaborer des manières positives de vivre avec toutes les espèces qui sont apparues comme nous sur cette planète.Quelle est notre capacité humaine à construire des relations d'altérité qui ne soient pas marquées par des rapports de domination, mais par des relations de respect, d'affection, d'amour - sans qu'il s'agisse d'anthropocentrisme ou d'anthropomorphisme ? Voilà l'une des questions centrales que soulève ce livre devenu incontournable.
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"Le propos est simple : élucider le paradoxe qui veut que la contestation des valeurs bourgeoises débouche sur le renforcement inégalé de cette classe sociale. (...) Il n'est pas un théoricien qui n'ait été influencé par ces analyses au cours des vingt dernières années." Pascal Bruckner, Le Nouvel Observateur.
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La révolte des élites et la trahison de la démocratie
Christopher Lasch
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- Sisyphe
- 28 Septembre 1999
- 9782841580361
Le problème des élites politiques et intellectuelles qui ont perdu le contact avec la réalité et ont renoncé au rôle civique lié à leur statut et au pouvoir. L'auteur défend la valeur du mot populisme, synonyme à l'origine de combat radical pour la liberté et l'égalité au nom des vertus populaires
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C'est en 1825 qu'est déclenchée une guerre sans merci contre le peuple tchétchène, qui s'achèvera en 1864 sous Alexandre II. Le personnage principal de ce livre, Hadji Mourat, fut l'un des lieutenants de l'iman Chamyl (1834-1859), redoutable adversaire des Russes.
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L'empire du moindre mal ; essai sur la civilisation libérale
Jean-claude Michéa
- Climats
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- 7 Septembre 2007
- 9782081207059
L'auteur se livre ici à une analyse du pessimisme fondateur du libéralisme, de sa critique de la "tyrannie du bien" qui oblige à considérer la politique idéale comme un art purement négatif, celui de définir la moins mauvaise société possible. Il offre ainsi un portrait de l'empire du moindre mal qui régit les sociétés pour le meilleur et pour le pire.
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Quarante ans après la révolution d'Une voix différente, le livre qui a fait entendre la voix des femmes dans le domaine de la vie morale, Carol Gilligan fait le bilan de ses travaux précurseurs sur l'éthique du care. La voix de l'empathie, du soin des autres, cette voix trop souvent réduite au silence, n'est pas uniquement celle des femmes. Elle est avant tout une voix humaine, qui s'oppose à celle du patriarcat. « Cela faisait plusieurs années déjà que j'avais commencé à relire mon premier ouvrage d'un autre oeil, à la faveur de nouvelles recherches et des changements advenus récemment dans le champ social et politique. J'ai été surprise de constater à quel point j'avais mis longtemps à percevoir ce qui, avec le recul, semble pourtant évident : la voix de l'éthique du care est une voix humaine, et le fait de l'avoir qualifiée de "féminine" pose problème. » Contre une hiérarchisation binaire du féminin et du masculin, ce livre développe une éthique de résistance et de libération, destinée à tous. De Greta Thunberg à Spike Lee, des femmes qui avortent aux jeunes filles qui se rebellent, Carol Gilligan analyse les discours les plus subversifs de notre temps et inscrit définitivement son oeuvre dans notre XXI? siècle.
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Cette trilogie de romans reflète la vie aventureuse de leur auteur, le révolutionnaire Victor Serge (1890-1947). Né à Bruxelles de parents russes anti-tsaristes, il s'engage à 15 ans dans l'anarchisme. En 1913, Victor est condamné à 5 ans de pénitencier à la suite de l'affaire dite des « bandits tragiques ». Expulsé de France en 1917, il rejoint à Barcelone les anarcho-syndicalistes, puis répond à l'appel de la révolution russe. Après avoir une nouvelle fois été arrêté en France, il arrive à Petrograd en 1919. Ce périple est la trame de Naissance de notre force. Mais la révolution que rejoint Serge connaît la famine, le froid et la Terreur blanche, et y répond par la Terreur rouge. Serge relate cette tragédie dans le dernier volet de la trilogie, Ville conquise.
Opposant inconditionnel au régime totalitaire, Serge est arrêté en 1928, puis relâché par Staline en 1936 grâce à l'intervention de Romain Rolland. De retour en Europe, il dénonce les Procès de Moscou, s'engage avec le POUM dans la révolution espagnole, et traduit Trotski. En juin 40, il quitte Paris, vit un moment à Marseille aux côtés de Varian Fry et d'André Breton, et part en exil au Mexique. Il y termine deux autres de ses chefs-d'oeuvre, Mémoires d'un révolutionnaire et L'Affaire Tulaèv avant de mourir dans la misère en 1947. Longtemps marginalisé sous l'influence des communistes, Serge jouit désormais d'un grand regain d'intérêt : il est traduit dans une dizaine de langues et régulièrement réédité en France.
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Tableaux unicolores commentés par l'humoriste : Combat de nègres dans une cave, la nuit, Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer Rouge, etc.
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Le viol redéfini : vers l'égalité contre le consentement
Catharine a. Mackinnon
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- 25 Octobre 2023
- 9782080435170
Lorsque l'on parle de violences sexuelles, la notion de consentement est partout. De nombreux pays l'ont même intégrée dans la loi : un viol y est alors avant tout défini comme un acte sexuel auquel la victime « n'a pas consenti ». Pour la juriste américaine Catharine A. MacKinnon, ce concept est inopérant, voire hors sujet dans un monde traversé par l'inégalité de genre. Est-on réellement libre de dire « oui » ou « non » lorsqu'il existe des rapports sociaux de domination et de subordination fondés sur le sexe ? En France, le sujet est sur la table : de Vanessa Springora à Adèle Haenel, nombreuses sont les femmes qui prennent la parole afin de mettre en lumière les limites du consentement pour caractériser les violences sexuelles. Se fondant sur une analyse approfondie et comparée de la jurisprudence française, américaine et internationale, MacKinnon propose un changement de perspective. Plus qu'un acte sexuel non consensuel, le viol doit être considéré comme un crime d'inégalité de genre lorsque cette inégalité - souvent ajoutée à la race, à l'âge et à d'autres inégalités de statut social - est utilisée comme moyen de coercition. Intégrer l'inégalité en tant que source de contrainte dans la définition juridique du viol, plutôt que d'exiger des preuves qu'un acte sexuel soit non consensuel, voilà le projet de ce livre ambitieux, qui propose une réforme du Code pénal et ouvre la voie à une utilisation plus efficace et à une meilleure prise en compte des inégalités dans la loi - premier pas indispensable pour aboutir à une véritable liberté sexuelle.
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Si l'on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d'un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la «confiance aveugle dans l'idée de progrès», dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type "parti de demain" - celui de la Silicon Valley - contre "parti d'hier" - celui de l'agriculture paysanne ou de la culture du livre) ne cessent d'offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d'une lutte "citoyenne" permanente contre toutes les idées «réactionnaires» et "passéistes".
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«Il y a une réalité qu'il faut regarder en face : renoncer aux distinctions de classes revient à renoncer à une part de soi-même. Prenons mon cas particulier : je suis représentatif de la classe moyenne, et rien ne m'est plus facile que de proclamer mon désir d'abattre les barrières de classes. Or, presque tout ce que je pense et fais découle de ces distinctions sociales. Toutes mes valeurs - mes conceptions du bien, du mal, de l'agréable et du désagréable, du comique et du sérieux, du laid ou du beau - sont des valeurs de la classe moyenne. Mes goûts littéraires, culinaires et vestimentaires, mon sens de l'honneur, mes manières de table, mes tournures de phrase, mon accent et jusqu'à ma gestuelle propre, sont le produit d'une éducation particulière, d'un segment spécifique à mi-chemin de l'échelle sociale. Une fois que j'ai pris conscience de cela, je comprends qu'il ne sert à rien de taper amicalement dans le dos d'un prolétaire et de lui assurer qu'il vaut autant que moi. Si je veux établir avec lui un vrai contact, je dois déployer un effort auquel je ne suis certainement pas préparé. Car pour m'extraire du schéma d'oppression de classes, je dois faire abstraction non seulement de mon propre sentiment de supériorité, mais aussi de la plupart de mes autres penchants et préjugés. Je dois opérer une telle transformation sur moi-même qu'au bout du compte, j'en serais à peine reconnaissable.» Écrit en 1937, Le Quai de Wigan symbolise pour le critique Simon Leys la «transmutation du journalisme en art». Reportage sur un lieu réel au nom imaginaire (Wigan n'existe pas), il consacre les efforts d'Orwell pour décrire et comprendre la société de son temps, mais aussi l'exigence morale d'un journalisme engagé.