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WILLIAM BARTRAM (1739-1823) fut et reste l'un des premiers et l'un des plus grands naturalistes américains. Sa renommée, toujours immense aux États-Unis, il la doit à ses Voyages (1775-1778) qui demeurent l'un des livres les plus étonnants du 18 ème siècle (il fut traduit en France au moment de la Révolution).
Bartram, sans le savoir, est un précurseur, car ses Voyages constituent un témoignage de première main sur des régions encore inexplorées du Nouveau-Monde (les deux Caroline, la Georgie et la Floride du Nord). Son apport sera décisif pour certaines disciplines (géographie, histoire naturelle, anthropologie, ornithologie, botanique). Ses descriptions précises, subtiles de la nature, des paysages, des Indiens, de la flore, des animaux, du vivant en général, anticiperont une nouvelle façon de voir et de parler du monde. S'il est surtout connu en Europe pour avoir inspiré Chateaubriand et les romantiques anglais (Wordsworth et Coleridge, notamment), son oeuvre aura une influence non négligeable sur les écrivains américains de la nature, Emerson, Thoreau, etc.
Bartram est aussi un visionnaire, car bien avant que les idées de Darwin aient conquis les esprits, il a l'intuition que l'observation du monde permet de l'appréhender et de donner à chaque chose sa place dans le cycle de la vie, d'où son respect des Indiens, sa condamnation de l'esclavage, son amour de la nature et sa défense des animaux.
Pour toutes ces raisons, la collection Biophilia accueille la première édition naturaliste des Voyages dans la traduction d'époque remaniée. Elle comprend en outre un cahier en couleur de ses dessins et des photos prises sur le terrain de quelques paysages typiquement bartramiens d'aujourd'hui.
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L'objectif principal de la paléontologie est de reconstruire l'histoire de la vie et des environnements passés, en plongeant dans les profondeurs du temps, là où l'histoire se compte en millions, dizaines et centaines de millions, et même en milliards d'années. Un temps vertigineux, celui de notre planète, qui conserve en elle-même les archives de sa propre histoire vivante, les fossiles, restes minéralisés, d'êtres disparus. Chaque banc de roche sédimentaire à la surface de la planète est comme une page du grand livre de l'histoire de la Terre, contenant potentiellement les vestiges d'écosystèmes anciens. À la croisée des sciences de la Terre et des sciences de la Vie, la paléontologie est une discipline scientifique aux multiples facettes, faisant appel à tous les moyens d'investigation, toutes les techniques d'étude disponibles permettant de faire parler roches et fossiles issus des profondeurs du temps. Tour à tour géologue, anatomiste, écologiste, chimiste, etc., le paléontologue est éminemment polymorphe et touche à tout, tant les champs d'investigation sont nombreux.
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Donner une idée des écrits de Fredrik Sjöberg est à la fois facile et très difficile. Facile parce qu'il suffit d'évoquer la prose envoûtante et mélancolique de W. G. Sebald et de dire : voici la même famille d'esprits, en plus humoristique, plus ludique, mais tout aussi fascinant et profond. Difficile, parce que, comme chez Sebald, c'est une prose inénarrable : la décrire c'est comme décrire un morceau de musique, c'est-à-dire passer à côté de l'essentiel.
L'histoire ? Bien sûr, il y a une histoire : le narrateur, un entomologiste (comme l'auteur lui-même) commence à s'intéresser au destin d'un homme à facettes multiples : un scientifique, spécialiste des vers de terre, qui fut également historien d'art, viticulteur de renom, photographe, aquarelliste, mais aussi théosophe, ami de Strindberg et un des pionniers du mouvement écologique aux Etats-Unis. Gustaf Eisen (1847-1940) est le nom de cet étonnant personnage dont Fredrik Sjöberg raconte la vie - et en faisant cela, il raconte également la sienne propre : sa passion de collectionneur (d'insectes et de destins énigmatiques), son rapport à son travail, scientifique et littéraire, ses méditations sur la nature, sur la collecte et les collectionneurs, l'art et la science.
Point de spéculations abstraites, il ne s'agit pas de bâtir un système ; des histoires drôles, des anecdotes, des saynètes constituent la matière première de cette prose à la fois légère et profonde. Une pensée qui vagabonde sans jamais s'égarer ; des rêveries d'un « promeneur solitaire », mettant en scène une foule de personnages, aux destins souvent rocambolesques.
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« Je définirais la "biophilie" comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques. Depuis notre prime enfance, nous nous préoccupons avec bonheur de nous-mêmes et des autres organismes. Nous apprenons à faire le départ entre le vivant et l'inanimé et nous nous dirigeons vers le premier comme des phalènes vers une lampe. Nous apprécions en particulier la nouveauté et la variété. Tout cela se conçoit d'emblée, mais il y a encore beaucoup à en dire. J'entends démontrer qu'explorer la vie, s'affilier à elle, constitue un processus profond et complexe du développement mental. Dans une mesure encore sous-évaluée par la philosophie et la religion, notre existence repose sur cette inclination.
La biologie moderne a conçu une façon toute nouvelle de considérer l'univers, laquelle s'accorde du avec ce point de vue de la biophilie. En d'autres termes, l'instinct, pour une fois, s'aligne sur la raison. J'en tire une conclusion optimiste : c'est pour autant que nous en viendrons à comprendre d'autres organismes que nous leur accorderons plus de prix, comme à nous-mêmes. » Edward O. Wilson
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Pour la santé de la Terre
Aldo Leopold, Ianna Andréadis
- Corti
- Biophilia
- 16 Octobre 2014
- 9782714311252
Aldo Leopold n'est pas inconnu en France, où Aubier avait publié déjà en 1995 son Almanach d'un comté des sables. Ce recueil était constitué en grande partie du texte éponyme, qu'accompagnaient plusieurs essais. L'Almanach est un texte posthume : Leopold venait tout juste d'en apprendre la publication future lorsqu'il mourut d'une crise cardiaque le 21 avril 1948. Il avait 61 ans et laissait, outre ce dernier manuscrit, une oeuvre considérable comprenant plus de mille textes publiés et inédits, articles, essais, recherches, études. Pour l'essentiel conservés à l'Université du Wisconsin, les écrits de Leopold témoignent aussi de sa contribution essentielle à la structuration de l'écologie comme science et pratique.
Les textes rassemblés dans ce volume conservent tous un écho aujourd'hui : la déforestation des campagnes (et la destruction des haies, maladie décidément contagieuse) ; l'érosion des terres pauvres ; la destruction des marais ; l'expansion incontrôlée des villes à des fins purement économiques (Leopold a sur le dieu Automobiliste des considérations on ne peut plus lucides) ; la disparition des zones inexplorées ; l'importance des fermiers comme gardiens et conservateurs de la terre ; la surexploitation des forêts ; la bonne gestion du gibier ; la destruction parfois ignare des mauvaises herbes (ou de ce que l'on considère à tort comme telles) et des espèces sauvages. Également au sommaire de notre Pour la santé de la terre, trois essais fondamentaux sur l'écologie de Leopold, "Quelques principes essentiels de la conservation dans le Sud Ouest des États-Unis" (1923), "Éthique de la préservation de la nature" (1933) et "Considérations biotiques sur la terre" (1939) : il y aborde les grands équilibres écologiques et les chaînes alimentaires, à la compréhension desquels il a largement contribué. Pour la santé de la terre fait aussi découvrir un autre "Almanac", celui, dédié à la conservation de la nature, qu'ont reconstitué le philosophe J. Baird Callicott et l'environnementaliste Eric T. Freyfogle, à lire dans le droit fil de L'Almanach d'un comté des sables, avec lequel il partage quelques chroniques. Et l'inclassable "Les prophètes forestiers", où Leopold s'interroge avec la douce ironie qui est l'un de ses registres favoris sur les pratiques écologiques et sylvicoles des anciens Hébreux. Avec les 14 textes, largement inédits en français rassemblés dans Pour la santé de la terre, nous espérons contribuer à la redécouverte en France d'un immense penseur et acteur de l'écologie, dont les écrits à la langue magnifique ont encore valeur d'enseignement.